Braque allemand à poil court

Standard FCI Nº 119

Origine
Allemagne
Traduction
Dr. J-M. Paschoud et Prof. R. Triquet
Groupe
Groupe 7 Chiens d'arrêt
Section
Section 1.1 Chiens d'arrêt continentaux type Braque
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
vendredi 01 janvier 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 25 octobre 2000
Dernière mise à jour
mercredi 25 avril 2001
In English, this breed is said
German Shorthaired Pointing Dog
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Deutsch Kurzhaar
En español, esta raza se dice
Braco Alemán de pelo corto
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Duitse Staande Korthaar

Utilisation

Chien de chasse polyvalent.

Bref aperçu historique

L’histoire du Braque allemand à poil court remonte à l’utilisation, surtout dans les régions méditerranéennes, de chiens pour la chasse aux filets du gibier à plume et pour la chasse au vol. Ces chiens d’arrêt atteignirent les cours princières allemandes en passant par la France, l’Espagne et les Flandres. La qualité la plus importante de ces chiens était leur faculté d’arrêter le gibier. Avec la mise au point du fusil à deux coups (1750), leur utilisation devint encore plus nécessaire : on tirait la plume au vol devant le chien. Cette technique marqua le début de la transformation du chien d’arrêt pur en un chien de chasse polyvalent. Le document décisif pour l’organisation et le développement de l’élevage du Braque allemand à poil court, le « Zuchtbuch Deutsch-Kurzhaar » ( livre des origines du Braque allemand à poil court), a paru en 1897. C’est le prince Albrecht de Solms-Braunfeld qui établit les caractéristiques de la race, les prescriptions pour le jugement de la morphologie et, enfin, les règles simples des épreuves de travail pour chiens de chasse. Aujourd’hui, le Braque allemand à poil court est sélectionné grâce à un règlement d’élevage et à des épreuves de chasse élaborées. Le standard décrit le phénotype caractéristique de ce chien de chasse polyvalent, qui lui permet d’accomplir jusqu'à un âge avancé un travail cynégétique varié.

Aspect général

Chien racé harmonieusement proportionné, dont la construction assure puissance, endurance et rapidité. Son port fier, ses lignes sans heurt, sa tête sèche, sa queue bien portée, son pelage serré et brillant et ses allures dégagées et de grande amplitude soulignent sa noblesse.

Proportions importantes

La longueur du tronc doit dépasser de peu la hauteur au garrot.

Comportement / caractère

Ferme, équilibré, digne de confiance, aux réactions contenues, ni nerveux, ni timide, ni agressif.

Tête

Région crânienne

Tête
Sèche, bien ciselée, ni trop légère, ni trop lourde ; correspond en puissance et en longueur à la forme du corps et au sexe.
Crâne
Suffisamment large, légèrement bombé, avec une protubérance occipitale faiblement marquée, un sillon médio-frontal pas trop profond et des arcades sourcilières manifestement bien développées. 
Stop
Seulement moyennement marqué.

Région faciale

Truffe
Un peu saillante. Narines suffisamment ouvertes, larges et mobiles. En principe de couleur marron, la truffe est cependant noire chez les chiens à robe noire ou présentant un mélange de poils noirs et de poils blancs ; une truffe de couleur chair ou ladrée n’est admissible que chez les chiens dont le fond de la robe est blanc.
Museau
Long, large, épais et puissant pour permettre au chien de porter aisément le gibier. De profil, le chanfrein est légèrement convexe, offrant tous les degrés intermédiaires entre une forme noblement busquée (nez de bélier) et une éminence très discrète par rapport à la ligne droite. Ce phénomène est beaucoup plus marqué chez les mâles.
Lèvres
Ajustées, pas trop couvrantes, bien pigmentées. A partir de la truffe, les lèvres tombent presque verticalement jusqu'à leur point de séparation pour rejoindre ensuite en une légère courbe la commissure labiale modérément marquée.
Chanfrein
Parfaitement droit est également admis, mais est moins apprécié. Un chanfrein concave est un défaut grave.
Mâchoires et dents
Mâchoires puissantes avec une denture parfaite, régulière et complète formant un articulé en ciseaux, c'est-à-dire que la face postérieure des incisives supérieures est en contact étroit avec la face antérieure des incisives inférieures, les dents étant implantées à l'équerre dans les mâchoires, 42 dents saines correspondant à la formule dentaire.
Joues
Fortes et bien musclées.
Yeux
De grandeur moyenne, ni proéminents, ni enfoncés dans les orbites. La couleur idéale est marron foncé. Les paupières épousent bien la forme du globe oculaire.
Oreilles
Avec une attache haute et large, elles sont d'une longueur moyenne et tombent sans tourner, à plat, le long des faces latérales de la tête ; elles sont arrondies à leur extrémité. Ni trop charnues, ni trop fines. Tirées vers l'avant, elles doivent à peu près atteindre la commissure labiale.

Cou

D'une longueur en harmonie avec l'ensemble, s'élargissant progressivement vers son attache au tronc. Nuque très musclée et légèrement galbée. Peau de la gorge bien ajustée.

Corps

Ligne du dessus
Droite et légèrement inclinée.
Garrot
Marqué.
Dos
Ferme bien musclé. Les apophyses épineuses doivent être recouvertes par les muscles.
Rein
Court, large, musclé, droit ou légèrement voussé. La transition du dos au rein bien couplé est solide.
Croupe
Large, bien musclée et suffisamment longue, pas brusquement avalée, ne s'inclinant que légèrement en direction de l'attache de la queue.
Poitrine
Plus haute que développée en largeur, avec un poitrail bien marqué et un sternum, qui s'étend aussi loin que possible vers l'arrière. Le sternum et l'articulation du coude doivent être situés à la même hauteur.
Côtes
Côtes bien cintrées, ni plates ni en tonneau. Les dernières côtes doivent être bien descendues.
Ligne du dessous
Nette, légèrement relevée en courbe élégante vers l’arrière.

Queue

Attachée haut, forte à sa base, puis s'amincissant progressivement, d'une longueur moyenne. Ecourtée environ de moitié pour la chasse. Au repos, elle est pendante, en action elle est portée à l'horizontale, pas trop haut au-dessus de la ligne de dos, ni fortement. recourbée. (Dans les pays où la loi interdit la coupe de la queue, elle peut être maintenue dans sa longueur naturelle : elle devrait atteindre le jarret et être portée droit voire légèrement en forme de sabre).

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Vus de face, droits et parallèles, vus de profil, membres bien placés sous le corps.
Epaules
Omoplates bien appliquées contre la paroi thoracique, obliques et inclinées vers l'arrière musculature puissante et sèche. Bonne angulation entre l'omoplate et le bras.
Bras
Le plus long possible, bien musclé et sec.
Coudes
Bien au corps mais pas serré, tourné ni en dedans, ni en dehors, placé loin en arrière. Bonne angulation entre le bras et l'avant-bras.
Avant-bras
Droit, suffisamment musclé; ossature forte, sans être grossière.
Carpe
Fort.
Métacarpe
Inclinaison minimale du métacarpe par rapport à l'avant-bras. Jamais vertical.
Pieds antérieurs
Arrondis, pouvant aller jusqu'à la forme d’une cuillère, avec des doigts bien serrés et suffisamment cambrés. Ongles forts. Coussinets solides et résistants. En station et en mouvement, les pieds ne sont tournés ni en dedans ni en dehors.

Membres postérieurs

Généralités
Vus de derrière, droits et parallèles, bonnes angulations, ossature puissante.
Cuisses
Longues, larges et musclées bonne angulation entre le bassin et la cuisse.
Grassets
Fort, avec une bonne angulation entre la cuisse et la jambe.
Jambes
Longue, musclée et nerveuse, bonne angulation entre la jambe et le métatarse.
Jarret
Fort.
Métatarse
Vertical, fort.
Pieds postérieurs
Comme les pieds antérieurs.

Allures

Couvrant beaucoup de terrain, avec beaucoup d'impulsion et une foulée correspondante. Membres antérieurs et postérieurs droits et parallèles, le port restant bien droit. L'amble est indésirable.

Peau

Bien ajustée sans former de plis.

Robe

Qualité du poil
Court et serré il doit être sec et dur au toucher. Sur la tête et les oreilles, le poil doit être plus fin et plus court ; il est visiblement plus long à la face inférieure de la queue. Il doit couvrir tout le corps.
Couleur du poil
• Marron, sans marques.
• Marron, avec de petites marques blanches ou des mouchetures sur la poitrine et aux membres.
• Rouanné marron foncé avec tête marron, plaques ou mouchetures marron. La couleur de fond d’un chien de cette robe n’est ni marron avec du blanc ni blanc avec du marron, mais le poil présente un mélange si intime de marron et de blanc qu’il en résulte une robe de couleur peu voyante hautement appréciée dans la pratique cygénétique. A la face interne des membres postérieurs et à l’extrémité de la queue la couleur est souvent d’une nuance plus claire.
• Rouanné marron clair avec tête marron et plaques ou mouchetures marron, ou sans plaques. Dans ce cas, les poils de couleur marron sont moins nombreux et les poils blancs dominent.
• Blanc, avec marques marron en tête, et plaques ou mouchetures marron.
• Noir, avec les mêmes nuances que pour la couleur marron ou rouannée.
• Des marques feu jaunâtres sont admises.
• Une liste et une pelote blanche avec des lèvres mouchetées sont admises.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Pour les mâles de 62 à 66 cm et pour les femelles de 58 à 63 cm.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts généraux

 Défaut général de construction, caractère sexuel trop peu marqué.
 Museau trop court.
 Lèvres trop lourdes ou trop légères.
 Absence de deux dents en tout (PM1 et M3), ce qui revient à dire que sur les quatre PM1 et les deux M3, seules au maximum deux dents peuvent manquer.
 Oeil trop clair, œil d’oiseau de proie jaune-clair.
 Oreilles trop longues, trop courtes, trop lourdes, à l’attache trop étroite, papillotées.
 Présence de fanon.
 Dos légèrement voussé ( de carpe).
 Croupe trop courte.
 Poitrine trop descendue.
 Queue portée trop haut au-dessus de la ligne du dos, ou trop recourbée.
 Coudes tournés en dedans ou en dehors.
 Pieds panards ou cagneux.
 Chien serré ou ouvert du devant.
 Angulation arrière droite.
 Jarrets légèrement en tonneau, jarrets de vache peu prononcés, jarrets clos.

Défauts graves

 Construction générale lourde, lymphatique, ossature grossière.
 Stop marqué.
 Truffe de couleur chair ou tachée de ladre ( sauf chez les chiens dont la robe est de couleur blanche).
 Museau pointu, chanfrein concave.
 Articulé en pince ou partiellement en pince ( chez les chiens de plus de quatre ans, un articulé en pince développé avec l’âge n’aura aucune influence sur le jugement pour autant qu’un club du Braque allemand confirme que lors d’une précédente exposition, l’articulé était correct).
 Dos de carpe prononcé, dos légèrement ensellé.
 Hauteur de poitrine nettement insuffisante, poitrail peu marqué ; cage thoracique trop plate ou en tonneau.
 Coudes fortement tournés en dehors ou en dedans.
 Carpe mou ou bouleté.
 Métacarpe droit.
 A l’arrière fortement panard ( jarrets de vache prononcés) ou cagneux ( jarrets en tonneau prononcés), en station comme en mouvement.
 Arrière-main surbâti.
 Doigts écartés.
 Pieds affaissés.
 Allures lourdes.
 Différence de plus de 2 cm par rapport aux tailles prescrites par le standard.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Déviation grave du caractère sexuel.
 Absence de plus de 2 dents parmi les quatre PM1 et les deux M3.
 Absence de toute autre dents ( à part les PM1 et M3) ; les dents non visibles sont considérées comme absentes sauf si un club du Braque allemand atteste leur présence à l’occasion d’un examen ou d’une sélection des antérieurs.
 Prognathisme supérieur ou inférieur, arcade incisive déviée ou tout autre articulé défectueux du même ordre.
 Dents en surnombre, hors de l’alignement dentaire normal.
 Bec de lièvre, palais fendu.
 Paupières très lâches, ectropion, entropion, distichiasis (double rangée de cils).
 Dos fortement ensellé, colonne vertébrale déformée.
 Cage thoracique déformée, par exemple poitrine retranchée.
 Ergots avec ou sans squelette osseux.
 Tout défaut caractériel.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Le Deutscher Kurzhaariger Vorstehhund ; en français, son nom officiel est Braque Allemand à poil court ; est le chien de chasse germanique le plus réputé et le plus répandu dans le monde, et ses compétences débordent de beaucoup celles que l'on attend habituellement de ce genre de chien d'arrêt. Il faut savoir, en effet, que les chasseurs allemands, n'ayant pas de tradition de vénerie, ont toujours chassé le lièvre, le chevreuil ou le cerf avec des armes à feu (depuis le XVIe siècle). Ils ont donc eu besoin, à côté d'un chien d'arrêt pour le gibier à plume, d'un chien traqueur et pisteur qui soit aussi chien de rouge, c'est-à-dire apte à suivre le gibier perdant son sang.

D'abord réservée à une élite, la chasse se démocratisa quelque peu outre-Rhin à partir du XIXe siècle, et de petits propriétaires fonciers purent ainsi y accéder. N'ayant toutefois pas les moyens d'entretenir d'imposants chenils, ils durent recourir à un chien polyvalent, capable de s'adapter à toutes sortes de gibier et à différents styles de chasse. C'est ce chien à la fois traqueur et pisteur, robuste et puissant ; quoiqu'un peu « viandeux » et lymphatique ; et que l'on pourrait nommer le « Vieux Braque Allemand », qui est sans aucun doute l'ancêtre du Deutscher Kurzhaariger Vorstehhund actuel.

Pour beaucoup de spécialistes, ce Braque originel n'est pas né du terroir allemand. Il serait plutôt issu de races méridionales qui, comme lui, se caractérisent par un poil ras adapté à des conditions climatiques plus chaudes et par une grande finesse de nez. Les défenseurs de cette thèse évoquent deux provenances possibles : soit la péninsule Ibérique ; où aujourd'hui encore, sont présents deux proches cousins du Braque Allemand, le Perdiguero de Burgos et le Perdigueiro Portugais, races réputées très anciennes; soit le nord de l'Italie, et plus précisément la Lombardie et le Piémont, d'où est très vraisemblablement originaire un autre proche parent du Braque Allemand, le Braque Italien, dont il est fait mention dans d'antiques manuscrits. Tous ces chiens, épais, aux tissus lâches mais aux qualités reconnues, furent d'abord utilisés comme limiers et comme auxiliaires de fauconnerie, puis, grâce à un dressage approprié, comme chiens de rêts (les rêts étant des filets employés pour attraper les oiseaux) et enfin comme chiens d'arrêt et chiens immobiles.

Il existe toutefois une autre hypothèse expliquant la présence du Braque en Allemagne. Certains auteurs pensent, en effet, que ce chien aurait pour ancêtres les célèbres Molosses appelés Alans (en référence sans doute au peuple des Alains) qui avaient accompagné les hordes barbares venues de l'est peu avant la chute de l'Empire romain. Chasseurs d'aurochs, d'ours et de sangliers, certains de ces chiens, plus fins de nez que d'autres, furent peu à peu utilisés comme limiers et se répandirent dans toute l'Europe du Moyen Age, sous l'influence des seigneurs mérovingiens puis carolingiens, tous fort passionnés de chasse.

Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'à partir de ce qui concerne la seconde moitié du XIXe siècle que l'histoire du Braque Allemand est mieux connue des cynologues. A cette époque, en effet, les chasseurs d'outre-Rhin, en particulier les chasseurs de plaine, cherchaient un type de chien plus actif, plus entreprenant et plus adaptable, à l'image des Setters et des Pointers sélectionnés par les éleveurs britanniques, qui dominaient alors la cynophilie européenne.

L'aristocratie allemande, sous la houlette notamment du prince Albrecht zu Solms-Bauenfels, de la maison de Hanovre, s'efforça de répondre à ce besoin en créant un chien susceptible de concurrencer les races anglaises. A partir de 1860, on s'appliqua donc-à améliorer le Vieux Braque Allemand ; à qui l'on avait déjà injecté un peu de sang Bloodhound pour lui donner plus de nez (au détriment toutefois de sa rapidité d'action) ; en le croisant avec des Fox-Hounds et surtout des Pointers.

En 1880 ; certains spécialistes avancent même une date plus ancienne ; ce Braque Allemand moderne était devenu un chien de chasse et de sport tout à fait efficace, au point de supplanter la souche originelle dans beaucoup de régions d'Allemagne. Un sujet répondant au nom de Nero et appartenant à Julius Mehlich de Berlin devait même tenir la dragée haute aux Pointers et aux Setters lors d'un field-trial organisé à Buckow. Ce même Nero devait récidiver en 1883, aux côtés d'un autre sujet baptisé Trief, lors d'un grand concours de chiens d'arrêt. Nero et Trief sont d'ailleurs considérés comme les premiers archétypes de la race nouvelle (Flora, la fille de Nero, ayant donné naissance l'année suivante à Waldin, Waldo et Hertha, dont l'influence se révéla déterminante sur les Braques Allemands, et Era Hoppenrade, elle-même petite-fille de Nera, ayant remporté de nombreuses victoires en field-trials entre 1890 et 1900).

Peu avant la Première Guerre mondiale, le Braque Allemand bénéficia d'un apport de sang de Dobermann, qui permit d'alléger sa morphologie, et peut-être de lui conférer une aptitude plus grande à la garde et à la défense. Au début des années vingt, la race avait atteint en Allemagne sa pleine maturité, avec des étalons remarquables comme Edelmann Gif tif. Et, si certains cynophiles font état d'une infusion Pointer dans les années trente, celle-ci n'eut guère d'influence sur un type déjà bien fixé.

Les chasseurs d'outre-Rhin allaient toutefois demeurer assez réticents à l'égard du « Braque Allemand nouveau », et pendant très longtemps certains irréductibles lui préférèrent l'ancien type, très fin de nez et obstiné, même s'il était jugé un peu lent. Il fallut attendre les excellents résultats de la race moderne dans des épreuves pratiques pour qu'elle fût enfin adoptée à l'unanimité. Dès lors, et comme l'écrivait le distingué cynologue A.-L. Blatt, le Braque Allemand pouvait sans peine soutenir la comparaison avec « un Pointer, un Bloodhound, un Labrador, un Airedale, un Springer, un chien de défense et un Briquet ».

Si l'on excepte l'Autriche, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie où il s'implanta assez vite, le Braque Allemand mit assez longtemps a être reconnu hors de son pays d'origine, en raison de la mainmise encore exercée à l'époque par la Grande-Bretagne sur toute l'Europe. La France se rangea peu après parmi les supporters du « Nouveau Braque Allemand ». Un club de la race fondé à Strasbourg dès 1891 devint français après la Grande Guerre, et, bien que ce chien fût surtout répandu dans l'est de la France, la SCC reconnut dès 1924 l'association qui avait succédé au club alsacien. Depuis 1958, le très dynamique Club français du Braque Allemand a permis à ce superbe animal de conquérir tout l'Hexagone, grâce notamment aux très bons résultats obtenus dans les field-trials organisés sur le continent, au cours desquels nombre de sujets se ,sont révélés des concurrents très dangereux pour les Epagneuls Bretons, pourtant habitués aux premières places du podium.

Le Braque Allemand est avant tout un chien de chasse qui a su se reconvertir comme animal de compagnie. En effet, les chasseurs ne sacrifiant généralement qu'une vingtaine de jours par an à saint Hubert, ils ont besoin, le reste du temps, d'un animal qui puisse s'intégrer à la vie familiale. Et le Kurzhaar ne manque pas d'atouts pour devenir la coqueluche de la famille. Sage et obéissant, il adore jouer avec les enfants, à l'égard desquels il se montrera toujours doux et patient. D'un naturel gai, doté d'une bonne mémoire, d'une faculté d'observation et d'un esprit d'initiative très développés, il sait étonner son entourage en devinant et en devançant les moindres désirs de ses maîtres. Il a par ailleurs un sens instinctif de son territoire et se montre un bon gardien. Il possède du courage et même du mordant et, après un dressage approrié, peut se transformer en un chien de défense fort utile. Ce rapide portrait du Braque Allemand peut surprendre, s'agissant d'un chien souvent considéré comme difficile, et nécessitant une poigne de fer. Cette réputation est sans fondement si l'on en croit de nombreux cynologues, tels l'abbé Godard, auteur d'un excellent ouvrage intitulé Le Dressage du chien d'arrêt, qui le décrit comme « un chien facile à dresser, mais qui a du caractère », ou A.-L. Blatt, qui ajoute : « Les édiles de la race ont prôné la faculté d'adaptation au dressage qui donne aujourd'hui des sujets équilibrés, intelligents, avec du caractère, certes, mais dont le dressage ne pose aucun problème particulier, et n'exige nullement du dresseur de se comporter en psychiatre canin, comme c'est malheureusement trop souvent le cas avec beaucoup d'autres races. » A. de Monbrisson, auteur de Tel chien, tel maître, précise quant à lui : « Ils font parfois l'objet de critiques quant à leur caractère, ils ont la réputation d'être durs et têtus. En fait, ils sont doux et très affectueux de nature: ils sont tout aussi souples que d'autres et tout autant disposés à apprendre. »

Le Braque Allemand est donc un chien adaptable, malléable et maniable. Un « must» pour ce chien polyvalent qui doit non pas briller sur un seul terrain ; et dans un seul mode de chasse ; mais donner satisfaction dans des genres très variés, à l'arrêt comme au rapport, sur le gibier à poil comme sur le gibier à plume, à terre comme dans l'eau, avec le lièvre comme avec le chevreuil. Le Braque Allemand accomplira brillamment toutes ces tâches s'il a reçu un dressage approfondi et judicieux, davantage fondé sur son intelligence et son sens de l'initiative que sur la répétition fastidieuse d'automatismes contraignants. Le Braque Allemand se dresse très facilement, pour peu que son maître fasse montre d'autorité sans avoir pour autant la main lourde. Et la race a suffisamment de sujets et de lignées de grande qualité pour combler tout cynophile, qu'il soit spécialiste ou simple amateur. Le chasseur de plaine préférera un chien aux ascendants « trialers » pour avoir un sujet galopeur à quête étendue, qui se mesurera sans complexe aux Setters et aux Pointers; celui qui désire un auxiliaire plus calme avec une quête un peu plus restreinte choisira un sujet issu de lauréats en fields d'automne sur gibier tiré (ce sont les concours qui se rapprochent le plus de la chasse pratique); le sauvaginier, enfin, recourra plutôt à un chiot issu de lignées spécialisées dans la chasse à la bécasse ou à la bécassine.

Le Braque Allemand est un bel athlète, d'une grande taille, au squelette dense et sans lourdeur, à la musculature sèche mais forte. Puissant et très endurant, il sait quêter au galop, la tête haute, à la recherche de l'émanation directe, prenant fréquemment des arrêts de longueur. En vrai sportif, il passera avec le même entrain de longues journées de chasse en terrain difficile, ce que précise K.-G. le Moing : « Ce chien très sûr se révèle un précieux auxiliaire sur tous gibiers, cet athlète parfait, malgré son poil ras et sa peau fine, ne craint ni l'eau profonde ni la ronce. C'est un chien complet qui sait faire parfaitement équipe avec son maître ». D'ailleurs n'a-t-on pas affirmé que le Braque Allemand est « l'une des plus grandes réussites du siècle, car il réunit un ensemble de qualités morales et physiques qui font que sa formule approche de la perfection ? »

En battue, il devient retriever, ce qui ne l'empêche pas de donner entière satisfaction à la chasse devant soi. Il apporte de grandes joies au sauvaginier : « Au marais, je l'ai expérimenté avec beaucoup de succès, à la chasse des bécassines. Il pistait les sourdes, dans les roseaux, avec dextérité! Et bien sûr les arrêtait dans les endroits dégagés », se souvient P. Baux, et A.-L. Blatt d'ajouter : « Le même chien battra les betteraves de la plaine de Beauce, à l'ouverture, d'une quête ample, rapide et bien réglée, éventant les perdreaux avec beaucoup de sûreté et les bloquant avec autorité. Au mois de novembre, il vous délogera les lapins des ronciers les plus méchants et vous fera tirer le coq le plus vicieux. Je connais un chasseur de Normandie qui utilise deux Braques Allemands pour sortir les sangliers des grands carrés d'une forêt domaniale, les menant à voix comme des Briquets, et les tenant au ferme avec grand courage. Ces deux mêmes chiens arrêtent indéfiniment une mordorée qui tient! »

L'amateur de Braques Français pourra être surpris lors de son premier contact avec ce chien moins placide, un peu moins souple que ses cousins hexagonaux ; mais il aura pour compagnon un chien intelligent et équilibré, n'ayant pas les nerfs « à fleur de peau » comme d'autres races très sportives qui ne satisfont que certains experts. Mais, comme le souligne l'abbé Godard, cela n'empêche pas le Braque Allemand d'être très performant dans les field-trials: « Un jour que je jugeais un field sur perdreaux tirés, je suivais le parcours du champion le plus connu en France. Tout à coup, sa quête devint bizarre, un arrêt non maintenu, il reprenait la quête, puis arrêt non maintenu, il repartait, et cela pendant peut-être sur un kilomètre. Son conducteur n'y comprenait rien. Comme il y avait une ferme toute proche, il pensait qu'un faisan mêlé aux poules avait traîné par-là. Finalement, arrêt ferme. Curieux, nous arrivons, et nous apercevons à un mètre de son nez un beau lièvre au gîte. Il ne faut pas s'étonner que ce chien soit champion de travail. »

Très beau spectacle, le field permet avant tout de sélectionner les lignées d'animaux d'utilité, d'où pourront sortir aussi bien des champions de beauté que des chiens de travail. Toutefois, cette manifestation n'est pas à la portée de tous les chasseurs, et le Club français du Braque Allemand, pour en faciliter l'accès, organise régulièrement des journées d'initiation, qui servent en même temps de support au passage du test d'aptitudes naturelles. Le jeune Braque Allemand doit y montrer qu'il se passionne pour la chasse, qu'il prend l'arrêt en présence de gibier et qu'il ne craint pas le coup de feu.

Le Braque Allemand, enfin, a de la classe, « de la branche » : silhouette élégante, construction ferme au dos droit, à l'épaule oblique, à la croupe presque horizontale ; signes évidents de rapidité ; une encolure exempte de fanon et qui porte une tête longue, ciselée, un peu sévère avec son chanfrein légèrement busqué, nombreux sont les sujets de travail qui remportent des prix en exposition. Le Braque Allemand a tout du « bel et bon chien », en lequel les cynophiles voient l'idéal à atteindre.