Chien de Leonberg

Standard FCI Nº 145

Origine
Allemagne
Traduction
Prof. R. Triquet et Dr. J-M. Paschoud
Groupe
Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer - Molossoïdes - Chiens de montagne et de bouvier suisse
Section
Section 2.2 Molossoïdes, type montagne
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
jeudi 17 février 1955
Publication du standard officiel en vigueur
jeudi 04 janvier 1996
Dernière mise à jour
vendredi 20 septembre 2002
In English, this breed is said
Leonberger
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Leonberger
En español, esta raza se dice
Leonberger
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Leonberger

Utilisation

Chien de garde, d’accompagnement et de famille.

Bref aperçu historique

A la fin des années trente et au début des années quarante du 19ème siècle, Heinrich Essig, conseiller municipal à Leonberg près de Stuttgart croisa une chienne Terre-Neuve noir et blanc avec un mâle du nom de « Barry », chien St- Bernard originaire de l’hospice du même nom. Plus tard un chien de montagne des Pyrénées enrichit ce croisement. Il en résulta de très grands chiens à poil blanc, en majorité à poil long. Le but recherché par Essig était de créer un chien à l’aspect léonin, le lion étant l’emblème héraldique de la ville de Leonberg. Les premiers chiens vraiment dignes de porter le nom de « Chiens de Leonberg » naquirent en 1846. Ils cumulaient les excellentes qualités des races dont ils descendaient. Peu de temps après, vu leur caractère de symbole, un bon nombre de ces chiens furent exportés de Leonberg et disséminés sur toute la terre. A la fin du 19ème siècle, en Bade-Würtemberg, le Chien de Leonberg était de préférence utilisé comme chien de ferme ; ses qualités de chien de garde et de trait étaient très appréciées. Pendant les deux guerres mondiales et vu les pénuries des années d’après-guerre, le nombre des chiens d’élevage diminua de façon dramatique.
Aujourd’hui, le « Chien de Leonberg » est un excellent chien de famille qui répond parfaitement à toutes les exigences imposées par la vie moderne.

Aspect général

Conformément à sa destinée utilitaire d'origine, le Chien de Leonberg est un grand chien puissant et bien musclé, mais qui reste élégant. Il se distingue par l'équilibre de ses proportions et par la maîtrise de son tempérament plein de vivacité. Les mâles sont tout spécialement imposants et forts.

Proportions importantes

La hauteur au garrot se rapport à la longueur du tronc comme 9 à 10.
La hauteur de la poitrine correspond environ à 50% de la hauteur au garrot.

Comportement / caractère

En tant que chien de famille, dans les conditions actuelles de vie et d’habitat, le Chien de Leonberg est un compagnon agréable qu’on peut emmener partout sans difficultés et qui se distingue par son amour prononcé pour les enfants. Il n’est ni craintif ni agressif. En tant que chien d’accompagnement, il est un compagnon agréable, docile et impavide dans toutes les situations de la vie pratique. L’équilibre caractériel recherché s’exprime par
- son assurance et son sang-froid sans faille
- son tempérament moyen ( aussi en ce qui concerne l’instinct de jeu)
- sa disposition à l’obéissance
- sa capacité d’apprendre et sa mémoire, et par son indifférence au bruit

Tête

Région crânienne

Tête
Dans l’ensemble elle est plus haute que large et plutôt allongée que ramassée. Le rapport entre la longueur du chanfrein et celle du crâne est de 1 :1. La peau est partout bien appliquée ; pas de rides sur le front.
Crâne
Vu de face et de profil, le crâne est modérément bombé, puissant pour bien correspondre au tronc et aux membres, mais pas lourd. Sa partie postérieure n'est pas sensiblement plus large qu'au niveau des yeux. 
Stop
Nettement visible mais modérément marqué.

Région faciale

Truffe
Toujours noire.
Museau
Plutôt long, jamais s'amenuisant en pointe. Chanfrein de largeur uniforme, jamais concave, plutôt légèrement voussé (nez busqué).
Lèvres
Bien appliquées, noires, commissure non éversée.
Mâchoires et dents
Mâchoires fortes avec un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c'est à dire que la face postérieure des incisives supérieures est en contact étroit avec la face antérieure des incisives inférieures, les dents étant implantées d'équerre par rapport aux mâchoires. 42 dents saines conformément à la formule dentaire (on tolère l'absence des M3). Un articulé en pince est admis. Pas de rétrécissement de la mandibule au niveau des canines.
Joues
Elles ne sont que peu développées.
Yeux
De brun clair à brun aussi foncé que possible, de grandeur moyenne, ovales, ni enfoncés ni saillants, ni trop rapprochés ni trop écartés. Les paupières épousent bien la forme du globe oculaire. Pas de conjonctivite visible. Le blanc de l'oeil (partie visible de la sclérotique) n'est pas rougi.
Oreilles
Attachées haut et pas trop loin en arrière, tombantes, de grandeur moyenne, charnues et bien accolées à la joue.

Cou

Légèrement galbé, il se fond sans heurt dans le garrot. Il est plutôt un peu long que court. Peau sans laxité exagérée ou fanon.

Corps

Garrot
Marqué, surtout chez les mâles.
Dos
Solide, droit, large.
Rein
Large, puissant, bien musclé.
Croupe
Large, relativement longue, doucement arrondie, se fondant progressivement dans l'attache de la queue, en aucun cas sur-bâtie.
Poitrine
Large, bien descendue, atteignant au minimum le niveau des coudes, pas trop en forme de tonneau, plutôt ovale.
Ligne du dessous
Seulement légèrement relevée.

Queue

Très richement fournie, elle tombe droit en station et n'est que très légèrement recourbée quand le chien est en mouvement, si possible portée pas plus haut que le niveau du dos.

Membres

Très forts, spécialement chez les mâles.

Membres antérieurs

Généralités
Droits, parallèles et pas trop rapprochés.
Bras
Longs, obliques, ne formant pas un angle trop obtus, bien musclés.
Coudes
Bien au corps.
Métacarpe
Forts, solides, vus de face droits, vus de profil presque verticaux.
Pieds antérieurs
Ni tournés en dedans ni en dehors, arrondis, aux doigts bien serrés et cambrés ; coussinets noirs.

Membres postérieurs

Généralités
Vus de derrière pas trop serrés, parallèles.
Bassin
Oblique.
Cuisses
Assez longue, en position oblique, fortement musclée. La cuisse et la jambe forment un angle bien défini.
Jarret
Jarrets et pieds tournés ni en dedans ni en dehors ; il faut procéder à l’ablation des ergots. Solide, angulation marquée entre la jambe et le métatarse.
Pieds postérieurs
Dirigés droits devant, longs sans exagération ; doigts cambrés ; coussinets noirs.

Allures

Enjambées étendues, mouvement régulier dans toutes les allures. Les antérieurs se portent bien en avant sous la forte poussée des postérieurs. Au pas et au trop, vu de devant et de derrière, les membres se meuvent en ligne droite.

Robe

Qualité du poil
D'une texture moyennement douce à rude, d'une bonne longueur, bien couché, sans former de raie. Malgré la présence d'un sous-poil bien développé, les formes du corps restent bien reconnaissables, le poil est droit, une légère ondulation étant cependant admise. Surtout chez le mâle, le poil forme une belle crinière sur le cou et le poitrail, des franges fournies aux antérieurs et une culotte abondante aux postérieurs.
Couleur du poil
Jaune lion (fauve clair), fauve rouge, fauve foncé (rouge brun) également sable (jaune pâle, couleur crème) et toutes les gradations entre ces couleurs, avec masque noir. La pointe des poils noire est admise, mais le noir ne doit pas prédominer. L'éclaircissement de la robe à face antérieure de la queue, à la crinière, aux franges des antérieurs et à la culotte des postérieurs ne doit pas être marquée au point de nuire à l'harmonie de l'ensemble de la couleur de la robe. Une petite tache blanche ou une petite marque blanche en forme de trait étroit sur le poitrail sont tolérées, ainsi que du poil blanc entre les doigts.

Taille et poids

Hauteur au garrot
De 72 à 80 cm pour les mâles, la taille moyenne recherchée est de 76 cm et de 65 à 75 cm pour les femelles, la taille moyenne recherchée est de 70 cm.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chiens craintifs ou agressifs.
 Défauts anatomiques importants (jarrets de vache prononcés, dos fortement voussé (de carpe), dos fortement ensellé (concave).
 Pieds antérieurs fortement tournés vers l'extérieur, angulaire absolument insuffisantes de l'épaule, du coude, du grasse et du jarret.
 Truffe marron.
 Pigmentation nettement insuffisante des lèvres.
 Absence de dents (à l'exception des M3), prognathisme supérieur ou inférieur, autres défauts de l'articulé.
 Couleur des yeux autre que brun dans ses diverses nuances.
 Entropion, ectropion.
 Queue manifestement enroulée ou portée trop haut et enroulée.
 Coussinets marrons.
 Poil frisé ou nettement bouclé.
 Fausses couleurs : brun avec truffe et coussinets bruns, noir et feu, sable argenté (sable très pâle d'une nuance gris-argent), couleur cerf.
 Absence totale de masque noir.
 Excès de blanc (le blanc des doigts remontant jusqu'au carpe ou au tarse, marque blanche au poitrail dépassant la surface d'une main, panachure blanche à d'autres endroits).

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Compléments apportés par les visiteurs

Le Leonberg est un chien extraordinaire, obéissant si on a su montrer qui est le maître.
Très famille, collant et à la fois indépendant, un chien sportif, mais il faut le pousser un peu.
Il adore l'eau et adore nager, il adore les enfants, moi j'ai toujours eux des mâles et ils sont très gentil avec les enfants.
Question poil pour ma part j'adore ceux qui ont beaucoup de sous poil de la laine. et une crinière, et les couleurs jaune sable, fauve, charbonné, un masque bien noir et une tête expressive... un peu joueur et coquin...
Eclair est un Leo très obéissant, câlin et indépendant, calme et très vif par moment, adorable avec les enfants et les autres gens, il est très bon gardien mais sans agressivité.
Il adore les chats et les hamsters, sociable, un Leo extraordinaire ... un amour de chien, je peux vous dire que je suis passionnée par cette race.
Un mot significatif de la race : SUPER !!!!
Le leonberg peux vivre en appartement, à une condition qu'il sort réguliérement pour ce défouler, le laisser dans un jardin n'est pas le mieux, il a besoin de sortir de ce jardin, il a besoin de beaucoup d'attention, mais vous pouvez aussi lui donner une piéce rien qu'a lui.
Le leonberg peux faire des promenades de 2 à 3 heures de marches, avec un entraînement quotidien, il en a besoin pour ce développer, pour ces muscles et son bien être. Un brossage 1X par semaine, nettoyer les oreilles réguliérement.
Le leonberg son éducation doit ce faire en douceur et fermeté, il se calmera à 2ans et demi il devient plus adulte.
Il a des leonberg qui font du sauvetage dans l'eau et pistage à la recherche de personnes et aussi des leonberg qui font de l'agility.
Ce n'est pas des gros pantouflars, bien au contraire, ce sont des chiens calme, mais des sujets pourrai être plus vif, il en a qui se plaisent dehors le plus possible et d'autres dans le salon, avant tout être avec son maître qui aime avant tout.
Nathalie Pierret (Belgique)

Historique détaillé

Si le majestueux et doux Leonberg connaît le succès, aujourd'hui, ce n'est certes pas grâce à son passé. En effet, rien n'est plus embrouillé, voire douteux, que l'histoire de ce chien. Qu'il soit un digne cousin des grands chiens de montagne européens est évident, et que, par là même, il ait une ascendance asiatique est incontestable. Mais cette race est-elle réellement ancienne, ou sa sélection ne date-t-elle que du milieu du XIXe siècle?

La question mérite quelques éclaircissements, car au centre du mystère des origines du Leonberg se trouve un personnage haut en couleur mais quelque peu équivoque par ses agissements et ses affirmations. Ce personnage, Heinrich Essig (1808 - 1889), était très en vue à Leonberg, la bourgade où il s'était fixé, à une quinzaine de kilomètres de Stuttgart, dans ce qui était alors le royaume de Wurtemberg: il en était un des conseillers municipaux. Heinrich Essig fit connaître le chien Leonberg dans le monde entier, offrant notamment un spécimen à toutes les célébrités du moment (tel l'empereur Napoléon III). S'en prétendant le créateur, il indiquait volontiers de quels chiens il s'était servi pour parvenir à le sélectionner. Essig était d'ailleurs à la tête d'un important élevage, lequel aurait produit annuellement entre deux et trois cents chiens, et cela pendant quarante ans.

Si l'on en vient maintenant au côté discutable de l'affaire, on peut déjà donner une idée de la probité et de la modestie d'Essig en faisant remarquer qu'il se parait du titre de « baron de Leonberg » quand il se trouvait à l'étranger. En ce qui concerne son élevage, si curieux que cela puisse paraître, on constatera qu'il n'en resta quasiment aucune trace après sa mort, qu'il ne se trouva aucun reproducteur pour en faire perdurer les lignées. Quant aux croisements qui seraient à l'origine de la race, ils relèvent de la pure fantaisie. Essig dit en effet être parti du Landseer et du Saint-Bernard, croisement qu'il aurait ensuite enrichi de Montagne des Pyrénées, tout cela pour aboutir au Leonberg, alors qu'il désirait un chien entièrement blanc. Quoi qu'il en soit, croiser des chiens pie, noir et blanc, fauve et blanc ou blanc et blaireau pour arriver à un chien entièrement coloré de fauve charbonné paraît difficile ; selon les lois de la génétique, c'est même tout à fait impossible.

De toutes ces contradictions, on retiendra qu'Heinrich Essig ne peut être le véritable créateur du Leonberg. Il fut avant tout un commerçant très avisé, doté d'un sens aigu des relations publiques, expert en coups publicitaires. Un fait semble flagrant, en tout cas, c'est qu'il s'ingénia à brouiller les cartes afin de dissimuler la vraie nature de son activité, à savoir qu'il vendait des grands chiens d'origines diverses, dont un bon nombre, sans doute, étaient produits par lui mais ne faisaient l'objet d'aucune véritable sélection dirigée. Ce qu'il créa, c'est un « label », une « marque » : le Leonberg.

Les procédés et les dires d'Essig ont surtout eu pour effet de hérisser les premiers cynophiles (la cynophilie, en Allemagne comme ailleurs, commençait seulement à se structurer) et de jeter le discrédit sur le chien nommé Leonberg. En 1878, le spécialiste allemand Schmie-Deberger écrivit, non sans sévérité : « Les clubs ne prennent plus en considération le Leonberg, et nous renvoyons ces bâtards dans les classes auxquelles ils ressemblent le plus, soit les Terre-Neuve, soit les Saint-Bernard, surtout les Saint-Bernard à poil long. » Et Strebel, en 1905, ne montra pas plus d'indulgence : « Le Leonberg fit illusion pour un temps tandis que les Saint-Bernard se rétablirent et que la demande en dépassa l'offre. Ainsi vint le temps où l'on fit campagne contre l'élevage du Leonberg, en tant que déplaisante imitation de l'élevage du Saint-Bernard. On finit par le mettre à l'index: ce qu'on ne pouvait définir, on le considérait comme un Leonberg. »

Un passage de cette citation laisse même deviner que la « poudre aux yeux » répandue par Essig cachait peut-être une escroquerie très précise. Strebel parle du « rétablissement » du Saint-Bernard. Or, les chenils de l'hospice du Grand-Saint-Bernard furent, vers 1820, décimés par la maladie de Carré, alors que la race était déjà affaiblie par une consanguinité excessive. Pour reconstituer les effectifs de leurs chiens, les moines durent recourir à une autre race, en l'occurrence le Terre-Neuve. De ces croisements est née la variété à poil long de la race Saint-Bernard, mais, inévitablement, une telle union avec des chiens uniformément noirs produisit aussi des sujets qui ne présentaient pas les couleurs classiques du Saint-Bernard. On sait par Heinrich Schumacher, le spécialiste de la race à l'époque, que ces sujets furent vendus ou donnés par les moines aux bienfaiteurs de l'hospice et qu'ils se retrouvèrent en bon nombre en Suisse, mais aussi en Angleterre où l'on a plusieurs exemples de sujets Saint-Bernard à poil long, de couleur uniforme, aux formes élancées. En Suisse même, il s'en trouvait de particulièrement beaux à Löwenberg, « montagne du lion », Leonberg, la couleur fauve, tout cela n'évoque-t-il pas le « lion » de montagne (Lowe en allemand, leo en latin, lion en français)? Et si Essig avait tout simplement tiré parti de ces avatars de la retrempe nécessaire au Saint-Bernard et de la quasi homonymie entre sa ville et la bourgade suisse?

Du point de vue de la génétique, des sujets entièrement fauve charbonné peuvent résulter de l'union du Terre-Neuve (noir) et du Saint-Bernard (rouge et blanc, ou jaune-brun et blanc) : en première génération, tous les chiots qui sont issus de ce croisement sont en général noirs (il est possible, toutefois, qu'il en naisse des noir et blanc) ; si, ensuite, on recroise ces chiots avec un Saint-Bernard, il pourra naître des noirs, des noir et blanc, des fauve ombré et blanc et des tout fauve ombré. Une photo du résultat obtenu a paru dans un ouvrage du généticien américain Leon F. Whitney, How to Breed Dogs. Bien sûr, certains objecteront à cette démonstration que la belle et élégante tête du Leonberg ne ressemble guère ni à celle du Terre-Neuve, ni à celle du Saint-Bernard; on leur répondra que, au XIXe siècle, ces races n'avaient peut-être pas tout à fait leur aspect actuel. Mais ce qui manque surtout, pour appuyer cette audacieuse théorie, c'est la preuve d'une relation entre Essig et la Suisse.

Il reste une hypothèse qui, elle, est tout à fait vraisemblable et plus généralement admise. Le Leonberg doit être issu de l'ancien « Chien des Alpes », une race mentionnée par plusieurs auteurs, tels que Delabarre-Blaine (1803), Gayot (1867), Pertus (1893), et qui était répandue des Alpes rhétiques (les Grisons) à l'Autriche. Cette race aurait peu à peu été délaissée dans ces régions du fait de la disparition des grands prédateurs, ours, loups, lynx. Mais, pendant de nombreux siècles, son principal centre de diffusion pour l'Allemagne aurait été la ville de Leonberg, dont le marché aux chiens est connu depuis le XIIIe siècle. Et c'est ainsi que, du Wurtemberg, de la Forêt-Noire, du Harz, où les incursions de loups décimant les troupeaux étaient fréquentes, on se rendait à Leonberg, en particulier pour se procurer de ces chiens de montagne. En s'adaptant à ces régions de collines, en se mêlant aux chiens locaux et en devenant Bergers, ces spécimens virent leur taille et leur poids diminuer : tout compte fait, ils donnèrent naissance au Hovawart. L'idée que le Leonberg est l'héritier du chien des Alpes se trouve donc corroborée si l'on observe que sa tête s'apparente plus à celle du Hovawart qu'à celle du Saint-Bernard. Par ailleurs, plusieurs éléments permettent de confirmer la localisation autrichienne de ce « Chien des Alpes », ancêtre du Leonberg : le professeur von Schulmuth, de Vienne, a pu retrouver, dans les archives des princes de Metternich, la mention de chenils de chiens de montagne semblables au Leonberg, dès 1625; quant au docteur Luquet, il signale dans une importante étude consacrée à la race que Marie-Antoinette (d'origine autrichienne) en aurait possédé un spécimen, de fort grande taille.

La carrière moderne du Leonberg est heureusement beaucoup mieux connue. De la « période Essig », on retiendra deux dates: en 1846, un spécimen Leonberg est présenté pour la première fois ; en 1863, dans une classe créée à l'intention de la race, plusieurs sujets obtiennent des prix à l'exposition de Hambourg. Le premier standard est défini par Albert Kull en 1895. A peu près au même moment, un Club des chiens Leonberg s'établit à Apolda (Thuringe) ; il se transformera au début du siècle en Club Leonberg, en fixant son siège à Heidelberg.

La race disparaît presque pendant la Grande Guerre, mais elle trouvera en Stadelmann et Josenhans les artisans de son renouveau, à partir de 1922. Une nouvelle association, le « Groupement d'éleveurs de chiens Leonberg », sélectionne alors cinq sujets bien typés et parvient, en quatre ans, à contrôler un cheptel de trois cent cinquante sujets. A cette époque, Stadelmann ouvre le premier Livre des origines. Le Leonberg n'en a pas fini pour autant avec les difficultés : à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, ses amateurs peuvent constater à quel point sa population a été décimée. La Fédération cynologique internationale reconnaît la race en 1949, mais il faut attendre 1958 pour que ses effectifs redeviennent aussi importants que pendant l'entre-deux-guerres, ce qui est à mettre à l'actif de deux passionnés: Albert Kienzle et Otto Lehmann.

Depuis, le Leonberg s'est répandu dans toute l'Allemagne, ainsi qu'en Autriche et dans les autres pays germaniques. Il faut noter que les Allemands du Nord ont manifesté une longue réticence avant d'admettre le Leonberg. Le docteur Luquet en donne la raison : selon eux, ce chien risquait de porter ombrage à un autre très grand chien national, le Dogue Allemand. En Grande- Bretagne et dans les pays anglo-saxons, la race s'est heurtée à de vives critiques de la part des spécialistes de la fin du XIXe siècle (Vero Shaw, Hugh Dalziel, Idstone), ce qui explique pourquoi elle ne s'y est pas implantée. En revanche, le Leonberg est présent en France depuis 1896. Pendant plusieurs années, des chiens d'un élevage de la région parisienne furent présentés à l'exposition de Paris et y remportèrent tous les premiers prix. Le docteur Pierre Mégnin, qui étudia de près ces sujets et traduisit le standard rédigé en 1895 par Kull, fit connaître la race dans l'Hexagone. Selon ce premier standard, repris par ailleurs dans le fameux ouvrage du comte de Bylandt, Les Races de chiens, le modèle du Leonberg était de très grande taille, puisqu'il y était précisé que le mâle devait atteindre au moins 80 centimètres au garrot. Par la suite, les éleveurs allemands ont abandonné cette très grande hauteur comme caractéristique de la race: de minimum souhaité, les 80 centimètres.au garrot sont devenus le maximum prévu par le standard officiel.

De là, parfois, certains écarts entre l'élevage français, resté plus ou moins fidèle à l'héritage de Mégnin (pour qui le Leonberg apparaissait comme le plus grand des chiens de montagne européens), et l'élevage allemand, auquel, comme il a été dit plus haut, les difficultés n'ont pas été épargnées tout au long de ce siècle. Ces querelles de spécialistes n'ont évidemment que peu d'intérêt pour la plupart de ceux qui sont attirés par le Leonberg, mais elles expliquent une certaine diversité de types, des divergences de vues, susceptibles de frapper tout esprit un tant soit peu observateur.

Il faut cependant préciser que le rapprochement des clubs appartenant à l'Union internationale du Leonberg, l'interpénétration des élevages français et étrangers tendent à niveler singulièrement ces différences d'aspect et d'appréciation au regard du standard dont la responsabilité, au sein de la Fédération cynologique internationale, relève de l'Allemagne. Il faut que le Leonberg ait été doté d'immenses et évidentes qualités pour, ne pas avoir disparu, au travers des vicissitudes enchevêtrées de son histoire. Il est indéniable qu'il suscite d'emblée l'admiration. Qui n'a pas rêvé de posséder un grand seigneur, tout à la fois empreint de dignité, d'assurance et d'aménité, qui ne soit pas plus un animal lourd et apathique qu'un gardien impétueux et agressif! En un mot, un chien à l'apparence naturelle, par sa robe uniforme bien sûr, mais aussi parce qu'aucune de ses caractéristiques morphologiques n'est exagérée.

Le Leonberg est une « bonne nature », au superlatif bien entendu. Si sa majesté frappe immédiatement, comme son élégante rusticité, l'impression la plus durable qui ressort de l'examen d'un Leonberg est sans aucun doute sa douceur. A la bienveillance du regard correspond un souci constant d'éviter toute démonstration intempestive de force, toute brutalité.

Certes, quand il s'agit de fêter le retour de son maître, on peut le voir, toute retenue rejetée, exprimer sa joie par des bonds, sauter même à son cou pour entreprendre une toilette en règle, à grands coups de langue. Mais, dans le salon, il veille ordinairement à ne renverser aucun meuble ou bibelot, car il a pleinement conscience des contraintes que lui impose son volume. Face à moins fort que lui ; ce peut être un enfant ou un autre animal familier ; il redoublera encore de précautions et se fera d'emblée protecteur, faisant montre d'une extraordinaire patience envers les facéties du petit. Le Leonberg, et pas seulement la femelle, a une incontestable prédisposition à faire la « nounou », rôle qu'il prend très à cœur et pour lequel il délaisse toute autre activité. Le maître peut mettre son enfant en toute tranquillité entre ses larges pattes: le chien se prêtera de bonne grâce à tous les jeux et activités que le bambin pourra inventer; mieux, il veillera à sa sécurité.

Cette grande « bonté », cette réserve étonnante qui le rend moins encombrant que nombre de congénères de moyenne ou de petite taille expliquent la vogue actuelle du Leonberg, en France. Par ailleurs, sa sociabilité envers les autres chiens en fait un compagnon très sûr, que, en outre, on peut emmener partout, sans hésitation : il n'a pas tendance à baver; il ne craint pas le froid et n'est pas non plus excessivement gêné par la canicule ; un temps orageux ou vraiment très chaud lui fait rechercher l'ombre et le courant d'air et limite son activité.

Toutes ces qualités de convivialité, de discrétion, ne sauraient aucunement justifier une existence dans un espace trop exigu. Bien sûr, il fera de son mieux pour s'adapter, et il est bien possible qu'il ne cause aucun problème s'il lui faut vivre dans un étroit studio ou dans un appartement situé au douzième étage. Cependant, on conviendra que cet environnement ne constitue pas l'idéal pour épanouir sa généreuse nature. Il est hautement préférable de lui offrir la possibilité de prendre facilement tout l'exercice qui lui est dû, de mettre à sa disposition un coin de jardin, même restreint.

Beaucoup de Leonberg ont une certaine tendance à la nonchalance, et le maître veillera à fournir à son compagnon un maximum d'occasions de se dépenser, de se muscler. De même, son éducation, qui ne pose aucun problème, aura pour objectif de lui faire connaître un grand nombre de situations différentes, afin de lui dégourdir l'esprit autant que les jambes. Car, outre ses capacités physiques, le Leonberg possède d'indéniables facultés pour ce qui est de la vivacité de réactions et de la compréhension. Renoncer à en tirer profit serait vraiment dommage, d'autant que, s'il n'est pas livré à lui-même, le chien n'en sera que plus agréable à vivre et aussi plus heureux.

Avec le mâle, il faut certainement un peu plus de fermeté, non qu'il soit très dominateur ou fugueur de tempérament, mais parce qu'il a gardé une certaine dose de la tendance indépendante propre à la plupart des grands chiens de montagne. Tous les spécialistes du dressage qui ont eu l'occasion de manier des spécimens de la race s'accordent pour lui trouver des aptitudes dans ce domaine et pour estimer que, parmi les chiens géants, il serait probablement un de ceux qui se prêterait le mieux au dressage, même à la défense. Certes, son immense équilibre est, là encore, un précieux atout.

Pour autant, il n'a nul besoin d'être dressé à cette fonction, car, à sa stature dissuasive il ajoute l'instinct de garde, lorsqu'il est placé en situation. Dans un pavillon, par exemple, il fera retentir sa formidable voix et n'hésitera pas à se porter au portail en direction de l'inconnu, en ne manifestant ni crainte ni agressivité exagérée ou dangereuse. Ce n'est pas lui qui tentera d'arracher le bras du passant qui s'approche trop, de l'inconscient qui pénètre dans le jardin.

S'il est essentiellement un chien de famille, compagnon et protecteur, s'il peut aussi devenir le gardien d'une grande propriété, le Leonberg a d'autres cordes à son arc. Ses dons de sauveteur, par exemple, ne sont pas assez connus. On a ainsi expérimenté avec succès, en Allemagne et en Autriche, ses possibilités en tant que chien d'avalanches. Beaucoup de sujets ont aussi un goût prononcé pour l'eau. Ce sont alors de bons nageurs, très puissants, qui, tel un Terre-Neuve ; car leurs palmures interdigitales sont souvent très développées, leur poil bien imperméable ; pourraient devenir de vrais chiens sauveteurs, être capables de remorquer sur l'eau de lourdes embarcations. Cependant, cet attrait de l'eau n'est pas une caractéristique évidente de la race et le travail à l'eau n'est pas reconnu comme une discipline ouverte au Leonberg. En revanche, depuis 1984, l'accès aux épreuves de pistage lui a été officiellement autorisé, car il est incontestable que, en ce domaine, ses aptitudes sont réelles.

Le Leonberg gagnerait à être entraîné plus fréquemment, pour le plaisir ou d'un point de vue utilitaire. Mais il est déjà tellement accaparé par sa vie de famille.

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