Epagneul bleu de Picardie

Standard FCI Nº 106

Origine
France
Groupe
Groupe 7 Chiens d'arrêt
Section
Section 1.2 Chiens d’arrêt continentaux, type Epagneul
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
lundi 06 décembre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
jeudi 08 juin 2023
Dernière mise à jour
jeudi 10 août 2023
In English, this breed is said
Blue Picardy Spaniel
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Blauer Picardie-Spaniel
En español, esta raza se dice
Spaniel azul de Picardia
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Blauwe Spaniel van Picardie

Utilisation

Chien d’arrêt.

Bref aperçu historique

En Picardie, des récits de différents auteurs du 19ème siècle décrivaient des épagneuls noirs ou noirs et blancs appelés épagneuls du Nord. Ce n'est qu'au début du 20ème siècle que le bleu de Picardie concourut dans une seule et même catégorie jusqu'à la reconnaissance de son identité. Lors de l’enregistrement du standard en 1938, la description de l’apparence générale et des aptitudes du bleu de Picardie étaient : « Chien assez près de terre, bien bâti pour le travail ». Des deux chiens de Picardie, ce qui différencie le Picard, du Bleu de Picardie, c'est avant tout la couleur de la robe.
Chien de contact, de quête moyenne à portée de fusil, il s’adapte à toutes les chasses du petit gibier et reste un spécialiste de la bécasse.
Au quotidien, une sortie sera nécessaire pour le détendre et garder sa forme. Ce docile compagnon amoureux des enfants saura se faire câliner. En promenade, il ne passera pas inaperçu, de par sa robe bleutée, si caractéristique, qu'il porte avec élégance.

Aspect général

Chien médioligne, de type braccoïde, à poil plat légèrement ondulé sa couleur de robe caractéristique lui donne une élégance toute particulière. Chien assez près de terre, bien bâti pour le travail. Ligne d’ensemble bien Epagneul de France.

Proportions importantes

La longueur scapulo-ischiale du corps est supérieure d'environ 1/10 à la hauteur au garrot.
La poitrine bien développée doit descendre aux niveaux des coudes.
La longueur du museau doit être égale à celle du crâne.

Comportement / caractère

Chien souple et doux, de caractère facile, s'adapte facilement à la vie de famille. Il doit se présenter calmement, sans aucune agressivité. Sportif, il aura néanmoins besoin d'une promenade quotidienne au cours de laquelle il pourra se défouler.

Tête

Région crânienne

Tête
Les faces latérales sont presque parallèles. Les axes du crâne et du chanfrein sont parallèles ou légèrement convergents.
Crâne
Ovale, relativement large sans pariétaux saillants, protubérance occipitale apparente. 
Stop
Moyennement accentué, mais bien marqué.

Région faciale

Truffe
Noire, large, narines bien ouvertes de couleur en harmonie avec la robe, comme les bords des paupières et orifices naturels.
Museau
Long et assez large.
Lèvres
Babines épaisses, larges et bien descendues, formant un museau relativement carré.
Mâchoires et dents
Articulé complet en ciseaux.
Joues
Peu chargées, peau adhérente.
Yeux
Expression calme, yeux foncés, grands, bien ouverts.
Oreilles
Doivent être attachées approximativement au niveau de la ligne de l’œil. Assez épaisses, encadrant la tête ; belles soies ondulées. Les oreilles tirées simultanément, sans force, vers l'avant, les extrémités des pavillons auriculaires doivent affleurer la naissance de la truffe.

Cou

Encolure bien sortie. Un très léger fanon est permis.

Corps

Ligne du dessus
Droite, bien soutenue en action comme en statique.
Garrot
Sec, bien sorti et large.
Dos
Dos et rein bien soutenus. La longueur du corps est légèrement supérieure à la hauteur au garrot.
Croupe
Plutôt un peu avalée.
Poitrine
De bonne profondeur moyenne.
Côtes
Harmonieusement galbées et descendant jusqu’au niveau du coude.
Ligne du dessous
Légèrement relevée.

Queue

Ne dépassant pas sensiblement la pointe du jarret et souvent sans crochet. Garnie de belles soies.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Les antérieurs sont d’aplomb. L’arrière du membre antérieur est garni de franges ondulées de moyenne longueur au-dessus du coude, mais nettement plus longues au niveau de l’avant-bras et retombant jusqu’au niveau du métacarpe.
Epaules
Bien appliquée contre la poitrine et assez oblique (50° par rapport à l’horizontale).
Bras
Légèrement oblique. Son obliquité sur l’horizontale est voisine de 60°.
Avant-bras
Fort et bien musclé.
Carpe
Bien dessinés, secs.
Métacarpe
Le métacarpe est très légèrement oblique vu de profil.
Pieds antérieurs
Plutôt ronds, un peu larges mais pas plats, bien garnis de poils dans les espaces interdigitaux bien serrés. La couleur de pigmentation des coussinets est en accord avec les caractéristiques génétiques de la couleur de la robe.

Membres postérieurs

Généralités
Vus de derrière, les postérieurs sont verticaux ; les membres sont puissants et musclés de la cuisse à la jambe.
Cuisses
Large et assez longue avec une musculature puissante et très apparente. Son obliquité sur l’horizontale est comprise entre 65° et 70°.
Jambes
Longue, pourvue de muscles apparents et garnie de franges bien fournies.
Jarret
Coudé sans exagération et garni de franges du jarret jusqu’au pied.
Pieds postérieurs
Plutôt ronds, un peu larges mais pas plats, bien garnis de poils dans les espaces interdigitaux bien serrés.

Allures

Elles sont faciles, souples, régulières, puissantes en restant élégantes. Les membres se meuvent bien dans l’axe du corps sans déplacement vertical exagéré de la ligne du dessus. Au galop, la ligne de dos est légèrement basculante en mouvement.

Peau

Souple et bien appliquée contre le corps.

Robe

Qualité du poil
Poil plat ou légèrement ondulé. Franges garnissant bien les membres et le fouet.
Couleur du poil
De couleur grise argentée à gris noir, pouvant être mouchetée formant une teinte bleutée avec ou sans taches noires. (« robe noir et blanc mélangé et/ ou moucheté » réalisant souvent une teinte générale gris argenté noir selon la nomenclature traditionnelle).

Taille et poids

Hauteur au garrot
Mâles : 57 à 62 cm. Femelles : 55 à 60 cm.
Une tolérance de ± 2 cm est admise mais non souhaitée.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts graves

 Crâne trop large ou trop étroit.
 Oreille trop courte ou triangulaire.
 Truffe : Autre couleur que noir ou dépigmentation (ladre important à la truffe).
 Oeil : Clair et trop petit.
 Manque d'ossature.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou peureux.
 Prognathisme supérieur ou inférieur.
 Dents : Absence d'une canine ou absence de 2 incisives ou manque de plus de 2 autres dents (PM ou M) sans tenir compte des PM1 et M3.
 Taille en dehors des limites de tolérance du standard.
 Manque de type (insuffisance de caractère ethnique qui fait que l’animal, dans son ensemble, ne ressemble plus suffisamment à ses congénères de la race).
 Robe atypique (taches blanches ou marron).

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

L'Epagneul Bleu de Picardie, encore trop méconnu par les amateurs de chiens d'arrêt, descend en ligne directe de l'ancienne et vaste famille des Epagneuls de France.

Dès le XIVe siècle, Gaston Phébus et Henri de Ferrières nous donnaient les premières descriptions des « chiens d'oysel » et des « chiens couchants » dans leurs traités de chasse, mais il est probable que l'origine du Bleu de Picardie est bien antérieure, à ces témoignages. Au fil des temps, la famille des Epagneuls s'est dissociée en de nombreux types régionaux, dont la taille, les couleurs, le style de chasse variaient selon les territoires et les habitudes de leurs maîtres.

La Picardie a ainsi été le fief de l'une de ces variétés, qu'elle a façonnée de façon très caractéristique. En effet, la baie de Somme ainsi que les multiples vallées formées de tourbières marécageuses et le bord de mer où les dunes arrêtaient les marais (ou « bas champs ») étaient le paradis des sauvaginiers qui, en employant les Epagneuls, ont façonné leurs nombreuses qualités.

En outre, la région fut souvent visitée par les Britanniques, surtout vers la fin du XIXe siècle, quand le gibier commença à se faire rare en Grande-Bretagne, ce qui fut un des motifs de la sélection de races à la quête plus vaste et rapide et qui incita les chasseurs les plus mordus et fortunés à franchir le Channel pour assouvir leur passion. Ainsi, les marais picards, comme les landes bretonnes, devinrent les terrains de chasse favoris des Anglais qui y firent connaître leurs chiens et spécialement leurs Setters. Ces chiens furent amenés en nombre important avant l'institution de la quarantaine (interdisant le retour des chiens en Grande-Bretagne), qui eut pour effet de limiter leur présence, sans toutefois vraiment la compromettre, dans la mesure où certains propriétaires étaient parvenus à mettre leurs compagnons en pension dans les fermes picardes. C'est ainsi que les Epagneuls de Picardie reçurent sans doute un certain apport de sang anglais qui vivifia leurs qualités.

C'est au début du siècle que l'Epagneul Picard fit son apparition dans le monde cynophile : en 1904, un certain M. Ratel présenta à l'Exposition canine de Paris un type parfaitement fixé, qui fut alors classé parmi les Epagneuls Français, puisque la famille n'était pas encore différenciée ; elle ne le fut qu'en 1907, date à laquelle le club de l'Epagneul, qui venait de se constituer, créa des classes d'exposition pour chacune des variétés.

De l'Epagneul Bleu de Picardie, il ne fut vraiment question qu'en 1921, lorsque se forma le Club de l'Epagneul Picard et de l'Epagneul Bleu de Picardie, dont la dénomination est significative: du fait de sa couleur particulière, gris-noir moucheté avec des plaques noires, les cynologues firent en effet de l'Epagneul Bleu une race distincte bien qu'elle ne soit, à l'évidence, qu'une variété de l'Epagneul Picard, avec pour principale particularité sa pigmentation noire et non brune. Cette couleur est certainement due à des infusions de Setter Anglais blue belton, et peut-être de Setter Gordon, après 1900.

De nos jours, le Bleu de Picardie reste confiné, à quelques exceptions près, dans son terroir d'origine, ce qui est regrettable car ce chien fait partie des races nationales les plus performantes à la chasse. Contrairement à une opinion fort répandue, l'Epagneul Bleu de Picardie n'est ni lourd ni lent, à l'instar des anciens Epagneuls, de même qu'il serait injuste de le qualifier, comme on le fait parfois, de « demi sang » d'Anglais, car ce chien possède de nombreuses qualités bien propres aux Epagneuls.

C'est un chien infatigable, capable de parcourir au petit galop ou au trot, selon la nature du terrain, de grandes étendues. Son nez est très fin, certainement plus « long » que celui de l'Epagneul Français. Sa stature près de terre, solide et râblée, va de pair avec sa vélocité et son activité, ce qui ne l'empêche pas d'être aussi un bon chien pour le commun des chasseurs, puisqu'il ne s'éloigne pas excessivement du fusil. L'Epagneul Bleu est d'ailleurs un compagnon hors pair pour la chasse devant soi, car, s'il n'est pas le « buveur d'air » des vastes terrains découverts, il devient en revanche un fameux auxiliaire dès lors qu'il doit fouiller dans les haies et les bois où il se montre insensible aux buissons comme aux ronces grâce à sa solide pelisse. Il est également un chien d'eau remarquable.

Pour autant, ce chien n'est pas spécialisé; au contraire, sa polyvalence permettrait de l'employer dans quasiment toutes les régions de France, de même qu'il peut être utilisé avec succès pour tous les gibiers, du faisan au lapin et du perdreau à la bécasse. Son rapport est le plus souvent presque naturel, mais, avant de l'y engager, le maître doit bien sûr vérifier la fermeté et la sûreté de son arrêt, sans quoi il est fort probable que son enthousiasme à rapporter le gibier lui ferait oublier de marquer l'arrêt.

Le Bleu de Picardie est un chien des plus faciles à dresser, et, hors de la chasse, sa plus grande passion est de faire plaisir à son maître. Son extrême docilité, sa grande stabilité de caractère en font un chien souple à manier, même par une personne peu expérimentée. A la maison, il est vite apprécié par toute la famille, grâce à sa placidité et à sa discrétion. La maîtresse de maison lui sait gré de son calme et elle est sensible à son élégance, à la beauté de sa robe aux reflets bleutés. De même, elle n'hésite pas à l'emmener lorsqu'elle fait ses courses, car elle est sûre de sa patience et de ses bonnes manières. Les enfants sont certainement les premiers à adopter le chien pour sa tendresse naturelle, son goût du jeu, que les parents peuvent d'ailleurs encourager sans inquiétude, compte tenu de l'absence, chez ce chien, de toute brutalité. A l'occasion, cependant, tout en étant peu bruyant, l'Epagneul Bleu saura parfaitement avertir et défendre ses maîtres.

Ce chien fait montre de nombreuses aptitudes qui sont malheureusement trop peu reconnues. Certains ont raison de penser à son propos « qu'on va chercher bien loin ce qu'on trouve à sa porte ». En effet, il serait grand temps de faire honneur à l'Epagneul Picard, et ceux qui cherchent à faire preuve d'un peu d'originalité, tout en désirant un chien français, devraient se tourner vers cette race dont ils ne pourront que louer les talents cynégétiques et le caractère facile. De plus, ils ne pourront qu'être fiers de sa belle robe ardoisée aux subtils reflets bleutés et bien frangée, qui habille avec élégance sa structure très athlétique.