Farandole de chiens, Amour sans fin…


de la part de

NM – janvier 2005

 
  Si loin que je remonte dans mon enfance,
De chiens toujours, je retrouve la présence.
C’est une superbe chienne berger allemand
Qui accompagnait ma solitude d’enfant,
Si imposante, mais au regard si doux,
Elle s’appelait Rita, c’était un gentil loup ;
Au bout d’une chaîne, elle a passé sa vie
Et c’est un gros tonneau qui lui servait de lit ;
De rentrer au coin du feu, elle n’avait le droit
Que seulement les nuits d’hiver, par très grand froid.

Je ne savais pas encore comment l’aimer
Et n’ai pas donné ce qu’elle aurait mérité…
Trop tard, j’ai compris son fidèle attachement,
Et plus jamais, je n’ai caché mes sentiments ;
Du train arrière, totalement paralysée
Dans une écurie, seule, mon père l’a reléguée,
Et j’ai pris conscience de ce cruel abandon
Car d’amour, elle m’a donné une grande leçon.
Quand j’allais lui parler et la caresser
Je la trouvais sur ses deux pattes avant, dressée,
Tentant de se traîner vers moi, péniblement,
Le ventre plaqué au sol, épuisée pourtant ;
Elle poussait de petits gémissements de joie
Oubliant d’un coup souffrance et douleur pour moi...
Elle est partie...
j’ai pleuré...
comment l’oublier ?...
Je garde souvenir de ses yeux pleins de bonté...
C’est dans ma vie de femme, que j’ai trouvé Michka ;
Sans y être invité, il a suivi mes pas
Il s’est de suite employé à me conquérir
Et ce fut un jeu pour lui que de réussir...
Michka, c’est un chien croisé briard et griffon
Un cadeau du ciel merveilleux et si trognon,
Une fourrure blanche, épaisse et toute douce,
Tachée de noir sur les reins, la barbiche rousse,
Une queue en panache toujours dansante,
Le masque et deux longues oreilles noires pendantes...
Un trésor de compagnon, fidèle et loyal
Qui, les moments où je n’avais pas le moral
Savait se faire pour moi si tendre et si câlin,
Confident discret, derrière son regard coquin ;
Au jeu des enfants, il était plein de malice
Partageant bagarres et amusements complices ;
Il nous accompagnait dans toutes nos virées
Faisant partie intégrante de la maisonnée,
Il détestait que nous soyons tous dispersés
Se démenait comme un fou pour nous rassembler...
Il était partout remarqué pour sa sagesse
Et suscitait toujours compliments et caresses.

Il était beau, le savait, ce cher cabotin,
Et paradait, tête haute, auprès de chacun ;
J’avais, pour lui, un amour immense, infini,
Mais le temps qui passe, les années, me l’ont ravi…
Le chagrin au cœur, j’ai décidé de son sort
Je l’ai accompagné, en pleurant, à la mort...
Confiant il s’est endormi au creux de mes mains
Et s’en est parti vers un autre long chemin...
J’ai gardé dans ma mémoire ce jour de détresse
J’ai gardé depuis cette peine et ma tristesse...
Je ne pouvais concevoir vivre sans un chien
Il me fallait donc en quérir un qui serait mien ;
Je suis allée perdre mes pas dans un refuge
Et de désespérances, j’ai trouvé un déluge...
C’est un « Kalin » complètement terrorisé
Qu’à la maison, nous avons ramené,
Un beau Bruno du Jura, au poil noir et ras
Avec les sourcils en forme de petits pois ;
A notre approche, il courbait l’échine, tout tremblant,
Résigné, prêt à tout supporter, comme avant...
Alors, lentement, avec infinie patience,
Tendresse et amour, douceur et persévérance,
Nous lui avons rendu goût et plaisir de vie,
A jouer, à courir, il a retrouvé l’envie
Muré dans le silence durant de longs mois,
Un soir, soudainement, on entendit sa voix :
Dans un jappement grave, il nous a appelé,
Et dans notre cœur heureux, il a résonné...
Il était gauche et maladroit, mais si aimant,
Par un seul regard, tout entier, il se donnait...
Il grimpait les deux pattes avant sur nos genoux
La tête cachée sous notre bras si près de nous,
Paisible et rassuré, à l’ombre de papa,
A nouveau fort, courageux, pour suivre ses pas.
Et puis, comme chez les humains, ses années de stress
Ont provoqué des failles et d’insidieuses faiblesses ;
Il a contracté une grave maladie ;
En quelques jours, et une longue heure d’agonie
Inondé de mes larmes, il s’en est allé ;
Une dernière fois, je l’ai serré dans mes bras...
Il est parti au paradis, près de Michka...
Ils me manquent tous les trois, Rita, Michka, Kalin...
Et je garde de leur absence, tant de chagrin...
C’est un tout petit chiot croisé border collie
Qui redonna à la maison un peu de vie.
Nous voulions un mâle plutôt qu’une femelle
Mais le garçon fut en fait une demoiselle !
Qu’importe, notre seuil elle avait déjà franchi
C’est sans doute le destin qui nous l’a choisie...
Cette boule noire et blanche fut nommée Nouchka
Et nous offrit sa tendresse et bien des tracas...
Durant deux ans, elle nous fit la révolution
Et fit preuve d’une ingénieuse imagination
Pour accumuler chaque jour, les sottises,
Des grosses et des petites, et ce, quoi que l’on dise !
Les fauteuils furent éventrés, les plantes scalpées,
Les livres grignotés, les serviettes mâchonnées,
Les meubles rongés...
c’était la surprise du soir !
Elle s’attaqua même à la cloison du couloir...
Aujourd’hui, nous la retrouvons bien assagie
De toutes ses bêtises désormais affranchie ;
Elle est câline, douce et très affectueuse,
Un rien délicate et même un peu précieuse
Comme une automate, elle penche la tête de côté
Et de droite et de gauche, pour mieux nous écouter ;
Elle aime, autant que son maître, aller pêcher
Et sur les poissons n’hésite pas à sauter,
Ou à titiller les écrevisses avec la patte...
Toujours prête au jeu, mais aussi un peu chatte
Quand elle vient le soir, se lover sur nos genoux
Heureuse et sereine d’être blottie contre nous.
Elle partage tout avec la nouvelle recrue
Jalousant quand même un peu cette dernière venue ;

C’est Micha, la rousse, une belle chienne briard,
Imposante, impressionnante au premier regard,
Mais attachante et généreuse en affection.
Elle me suit pas à pas dans toute la maison,
Se couche sur mes pieds, protège mon sommeil,
Comme un bon ange gardien, en tout lieu pareil.
Cœur sensible sous un air pataud et farfelu
Elle nous fait les yeux doux sous sa tignasse drue ;
Sans souci de son poids et de sa grande taille,
Elle nous grimpe aussi sur les genoux et s’installe,
La tête appuyée sur notre épaule tendrement,
Par trente kilos d’amour pur nous comprimant !...
Chaque matin, elle me salue par un concert,
Aux tonalités et accords les plus divers,
De grognements, semés de jolis trémolos...
Toutes ses preuves d’attachement sont cadeaux ;
Après chaque absence, c’est une fête sans fin,
Elle nous mordille dans le cou, fait des câlins...
Elle est tendre et d’une extrême sensibilité
Ne pouvant s’épanouir qu’en se sentant aimée ;
Au moindre relâchement dans notre affection,
Elle ronge ses poils et se perd en dépression.
Sans méchanceté et sans agressivité,
C’est une chienne modèle qu’on voudrait toujours garder...
A chacune de ces bêtes, j’ai donné mon cœur,
Aucune ne m’a déçue...
je n’ai versé de pleurs
Que lorsque je les ai perdues et s’est enfuit
Ce qu’elles avaient déposé dans mes mains : leur vie