Field Spaniel

Standard FCI Nº 123

Origine
Grande-Bretagne
Traduction
Prof. R. Triquet et M. Bridou, mise à jour par le Dr. Paschoud et le Dr. C. Guintard
Langue faisant foi : (EN)
Groupe
Groupe 8 Chiens rapporteurs de gibier - Chiens leveurs de gibier - Chiens d'eau
Section
Section 2 Chiens leveurs de gibier et broussailleurs
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
lundi 27 décembre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 27 juillet 2021
Dernière mise à jour
vendredi 01 octobre 2021
In English, this breed is said
Field Spaniel
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Field Spaniel
En español, esta raza se dice
Field Spaniel
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Field Spaniel

Utilisation

Leveur et rapporteur de gibier. Idéal pour la chasse devant soi ou comme compagnon de celui qui vit à la campagne. Ne convient pas à la ville.

Bref aperçu historique

Le dressage de chiens de chasse à tir pour trouver du gibier vivant et/ou rapporter du gibier tiré et blessé est une tradition très ancienne, notamment en Grande-Bretagne. Le Field Spaniel appartient à la catégorie des Spaniels leveurs de gibier, autrefois appelée « Spaniels de terrain », bien que les Spaniels soient capables d’effectuer les mêmes tâches que les chiens rapporteurs de gibier. Le Field Spaniel est le résultat du croisement de l’ancien Sussex Springer et du Cocker Spaniel à la fin du XIXe siècle. Par deux fois la race a failli disparaître : en premier lieu, des mouvements de mode au début du XXe siècle ont pratiquement entraîné la perte de la race. Ensuite, en raison des effectifs très restreints de la race dans les années 50, le Kennel Club décida de lui retirer le statut de championnat, qui ne fut restauré qu’en 1969 grâce à la détermination farouche des éleveurs à maintenir la race. Le Field Spaniel ne jouit toujours pas d’une grande popularité au regard des normes modernes mais il s’avère être néanmoins un compagnon agréable pour l’habitant des campagnes.

Aspect général

Spaniel de chasse bien proportionné, noble, bien planté, construit pour l’activité et l’endurance.

Comportement / caractère

Exceptionnellement docile, actif, sensible, indépendant.

Tête

Région crânienne

Tête
Donne une impression de haute lignée, de caractère et de noblesse.
Crâne
Bien ciselé, à l’occiput nettement dessiné, sec sous les yeux. Cette région, si elle est épaisse, donne un aspect grossier à toute la tête. Sourcils légèrement levés. 
Stop
Modéré.

Région faciale

Truffe
Bien développée à narines bien ouvertes.
Museau
Long et sec, ni en sifflet ni coupé au carré. De profil, il offre une courbe douce de la truffe à la gorge.
Mâchoires et dents
Les mâchoires sont fortes et présentent un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c’est-à-dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d’équerre par rapport aux mâchoires.
Yeux
Grands ouverts, mais en amande ; les paupières bien tendues, ne laissent pas apparaître la conjonctive. Expression grave et douce. Couleur noisette foncé.
Oreilles
Modérément longues et larges, attachées bas et bien frangées.

Cou

Long , fort et musclé, permettant au chien de rapporter son gibier sans fatigue excessive.

Corps

Dos
Dos et reins forts, droits et musclés.
Poitrine
Bien descendue et bien développée. Côtes modérément bien cintrées. La longueur de la cage thoracique représente les deux tiers de la longueur du corps.

Queue

Auparavant la coutume était d’écourter la queue. Attachée bas et jamais portée au-dessus du niveau du dos. Joliment frangée et animée d’un mouvement vif.
Queue coupée : Ecourtée d’un tiers.
Queue non coupée : Elle atteint approximativement le jarret. De longueur moyenne, proportionnée au reste du corps.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Membres antérieurs de longueur moyenne. Ossature de l’avant bras droite et plate.
Epaules
Longues et obliques, bien inclinées en arrière.
Pieds antérieurs
Serrés, ronds, pourvus de forts coussinets ; pas trop petits.

Membres postérieurs

Généralités
Fort et musclé.
Grassets
Modérément angulés.
Jarret
Bien descendus.
Pieds postérieurs
Serrés, ronds, pourvus de forts coussinets ; pas trop petits.

Allures

Le pas est long, sans précipitation, avec beaucoup d’impulsion de l’arrière. La démarche courte et piquée est un défaut.

Robe

Qualité du poil
Long, plat, luisant, de texture soyeuse. Jamais bouclé, court ni dur. Il est dense et résistant aux intempéries. Franges abondantes au poitrail, sous le corps et à l’arrière des membres, mais pas de franges du jarret au sol.
Couleur du poil
Noir, noir et feu (noir marqué de fauve), bleu de Picardie, bleu de Picardie et feu, marron (foie), foie et feu (marron marqué de fauve), rouan foie, rouan foie et feu.
Chez les chiensunicolores, du blanc ou du rouan est admis sur le poitrail.
Toutes les autres couleurs, notamment blanc et noir clair (blanc et bleu), blanc et foie clair (blanc et beige), orange, doré ou sable, sont à proscrire (voir paragraphe d’introduction).

Taille et poids

Hauteur au garrot
Approximativement 45,7 cm au garrot.
Poids
Entre 18 et 25 kg.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Agressif ou peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Le Field Spaniel est l'un des plus anciens spécimens de Spaniels et certainement l'un des plus beaux, doté en outre d'incontestables qualités cynégétiques. « L'un des plus anciens Land Spaniels d'Angleterre connaît aujourd'hui un déclin tel qu'il semble voué à l'extinction. Ce chien victime d'un long oubli n'a jamais retrouvé sa popularité, et les inscriptions de plus en plus rares enregistrées par le Kennel Club laissent prévoir sa disparition prochaine. » Ces propos alarmants, que l'on peut lire dans l'Encyclopédie internationale des chiens de S. Dangerfield, sont heureusement un peu exagérés, car, en fait de disparition, le Kennel Club enregistre depuis plusieurs années quelque quatre-vingts naissances annuelles, ce qui met le Field Spaniel hors de danger. Par ailleurs, ce chien bénéficie d'un noyau d'amateurs fidèles aux Etats-Unis ainsi qu'en Europe occidentale, notamment en France où il est présent depuis 1982.

L'histoire du Field Spaniel a été des plus confuses et mouvementées. En effet, jusqu'à la fin du siècle dernier, les Britanniques marièrent sans vigilance les différentes variétés de Spaniels. Ainsi, Obo, le célèbre ancêtre de la race Cocker né en 1879, avait pour père un Sussex Spaniel et pour mère une Field.

Pendant longtemps, les spécialistes n'avaient distingué que les Spaniels travaillant à terre ; les Land Spaniels ; et ceux que l'on utilisait au marais ; les Water Spaniels.

En 1859, lors des premières expositions, une tentative fut faite pour différencier les plus légers des Land Spaniels, mais la cynophilie n'était alors qu'à ses débuts, et cette séparation ne fut retenue qu'en 1870, le Field Spaniel étant ainsi le premier type caractérisé parmi les Land Spaniels. Puis on créa une classe séparée pour les Fields pesant moins de vingt-cinq livres, que l'on nomma bientôt Cocker Spaniels. Compte tenu de leur petite taille, ces chiens étaient particulièrement aptes à chasser sous le couvert le plus épais, ce qui leur valut un grand succès en Angleterre, où on les appréciait également pour leur tempérament. A l'étranger, la race fut aussi rapidement reconnue.

Les puissants et robustes Spaniels, quant à eux, étaient surtout prisés des chasseurs fortunés, disposant de grands domaines giboyeux. Ainsi, le Clumber Spaniel fut adopté par le roi Georges V. Seul, le Springer Spaniel, avant de devenir le maître des field-trials, resta alors en marge de la cynophilie.

Le Field Spaniel était trop beau, surtout dans sa robe noire, la plus fréquente, pour rester confiné dans un rôle de chasseur. Il ne pouvait être ni le plus petit ni le plus gros : on chercha donc à en faire le plus long, et c'est d'ailleurs un fait que les différents Spaniels présentent une silhouette plus rectangulaire que leurs homologues continentaux, les Epagneuls.

Mais le choix de ce « look », pour original qu'il ait pu paraître, fut une initiative malheureuse, car l'allongement du corps n'augmentait pas les aptitudes du chien à la chasse, tout en ne favorisant pas son utilisation comme chien de compagnie, ni en l'embellissant. Il aurait été préférable que le Field vît sa morphologie originelle préservée, qu'il restât le grand frère du Cocker, pouvant ainsi convenir aux personnes désireuses de posséder un chien de chasse efficace et ayant cependant de la classe et des coloris avantageux. Au contraire, les éleveurs britanniques le transformèrent à la fin du siècle en un chien bas sur pattes, au corps très allongé, qui devint en quelque sorte un volumineux basset habillé en Spaniel. Cette modification n'allait bien sûr rencontrer aucun succès, et le Field fut l'objet de violentes attaques: « Tête lourde, front bossué, paresseux, évoquant un crocodile, une saucisse allemande, une chenille », telles étaient les qualificatifs que l'on employait pour le décrire. On allait même jusqu'à lui supposer des pattes en surnombre pour éviter que son ventre ne traîne à terre.

L'examen des champions de l'époque, Solus, Matford Daisy, Ace of Trumps, Barum King et Trumpington Dora, confirme d'ailleurs cette exagération, à la fois de la part des éleveurs, qui présentaient même leurs spécimens en extension pour accentuer leur longueur, et de celle des juges, qui distinguaient les sujets les plus démesurés. Si on ne peut contester aux Britanniques le génie de l'élevage, on doit aussi signaler leurs quelques échecs, notamment à propos du Clydesdale Terrier et du Field Spaniel. D'ailleurs, les Anglais eux-mêmes reconnurent leur erreur en supprimant en 1919 les inscriptions de la race au Livre des origines, et en abolissant les classes réservées au Field dans les expositions.

Cependant, la race n'avait pas disparu, et, dans les années vingt, les éleveurs revinrent enfin à un type bien construit, montrant de l'activité et de l'endurance. Mais le mal était fait, de sorte que, dans l'esprit des cynophiles, le Field resta longtemps un animal inapte au travail et physiquement ridicule. Force est de constater que les mauvaises réputations ont la vie dure. Et pourtant, ce chien avait sa place, comme le montrent les efforts plutôt surprenants que firent de leur côté les éleveurs de Cockers pour sélectionner un type agrandi, qui se révéla médiocre.

Touché, comme la plupart des races, par la Seconde Guerre mondiale, le Field se retrouva en fort mauvaise posture dans les années soixante, ce que confirment les chiffres du Kennel Club qui n'enregistrait, alors guère plus de deux portées par an, tandis qu'aux Etats-Unis il n'y avait qu'une naissance annuelle. Heureusement, l'ancienneté de ce chien lui a valu une attention qui lui a permis de passer ce cap difficile. Le succès phénoménal du Cocker a fait sans doute beaucoup de tort à son aîné, le Field Spaniel, et il serait juste que ce dernier profitât à présent de la popularité du Cocker.

En effet, ceux qui ont apprécié le Cocker, notamment pour ses dons de chasseur, pourraient aujourd'hui utiliser avec profit un chien plus grand et plus robuste comme le Field, qui est de plus un broussailleur infatigable et un retriever capable de rapporter les plus grosses pièces. Après avoir possédé un chien aussi racé et élégant que le Cocker, ils ne pourront qu'être séduits par la beauté de la robe du Field et par sa noblesse naturelle. En outre, compagnon sportif, rustique, vif, toujours gai et joueur mais aussi docile, calme, de tempérament équilibré, le Field ; détail non négligeable ; est une race rare.

Le néophyte l'apparente immédiatement au Cocker, mais il sera vite amené à reconnaître sa classe et sa prestance, car, malgré les ressemblances notables entre ces chiens, le Field n'est pas un modèle agrandi du Cocker. Un examen un peu attentif révélera un chien plus fortement bâti, au corps plus long mais sans exagération, à la tête également plus forte et étendue lui conférant une grande distinction.

L'heureux possesseur d'un Field aura, outre le plaisir de posséder un sujet de race ancienne et peu commune, le privilège de faire partie d'un cercle d'amateurs avertis, dont la passion est de sauvegarder les qualités d'un chien encore trop méconnu et qui fut naguère décrié.

Par son gabarit, le Field n'a pas la vocation de mener une existence citadine, car il faut lui ménager une vie active, sportive, à défaut de pouvoir le mener sur sa voie originelle, la chasse. S'il dispose d'espace et d'exercice, cet excellent chasseur se montrera un compagnon d'un caractère stable et facile, très affectueux, en particulier avec les enfants dont il saura se faire l'ami privilégié.