Grand bleu de Gascogne

Standard FCI Nº 22

Origine
France
Groupe
Groupe 6 Chiens courants, chiens de recherche au sang et races apparentées
Section
Section 1.1 Chiens courants de grande taille
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
samedi 10 août 1963
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 24 janvier 1996
Dernière mise à jour
mercredi 24 janvier 1996
In English, this breed is said
Great Gascony Blue
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Grosser Blauer Gascogne Laufhund
En español, esta raza se dice
Gran Sabueso azul de Gascuña
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Grand bleu de Gascogne

Utilisation

Chien utilisé pour la chasse à tir, et parfois à courre, du grand gibier, mais aussi du lièvre, généralement en meute ou individuellement comme limier.

Bref aperçu historique

Il est très ancien; contemporain du Saint-Hubert, il composait, au 14ème siècle, les meutes de Gaston FEBUS, Comte de Foix, qui l'utilisait pour chasser le loup, l'ours ou le sanglier. Très répandu dans le midi et le Sud-Ouest de la France, en particulier en Gascogne d'où il tire son nom, il est à l'origine de toutes les races de chiens courants dites "du Midi".

Aspect général

Chien de vieille race, éminemment de type français quant à la tête, la robe et l'expression. Imposant, donnant une impression de force tranquille et de grande noblesse.

Comportement / caractère

Très fin de nez; doté d'une voix de hurleur, aux tons graves. Très appliqué dans sa façon de chasser. Il s'ameute d'instinct. Calme; se met facilement aux ordres.

Tête

Région crânienne

Crâne
Vu de face, légèrement bombé et pas trop large; la protubérance occipitale est marquée. Vu de dessus, l'arrière du crâne est de forme ogivale. Le front est plein. 
Stop
Peu accentué.

Région faciale

Truffe
Noire, bien développée; narines bien ouvertes.
Lèvres
Assez tombantes, recouvrant bien la mâchoire inférieure et donnant à l'extrémité du museau un profil carré. La commissure est bien marquée sans être lâche.
Chanfrein
De longueur égale à celle du crâne; fort; légèrement busqué.
Mâchoires et dents
Articulé en ciseaux. Incisives implantées bien d'équerre par rapport aux mâchoires.
Joues
Sèches, la peau y dessine un ou deux plis.
Yeux
De forme ovale, ils paraissent un peu enfoncés sous d'épaisses paupières; bruns. La paupière inférieure offre parfois une certaine laxité. Expression douce et un peu triste.
Oreilles
Caractéristiques du chien bleu; elles sont fines, papillotées, se terminent en pointe et doivent pouvoir dépasser l'extrémité de la truffe. L'oreille est étroite à l'attache qui est située bien en-dessous de la ligne de l'oeil.

Cou

Moyennement long; légèrement arqué; fanons développés.

Corps

Dos
Plutôt long mais bien soutenu.
Rein
Bien attaché.
Croupe
Légèrement oblique, faisant ressortir les hanches.
Poitrine
Longue, large; elle descend au niveau du coude. Poitrail ouvert.
Côtes
Côtes moyennement arrondies et longues.
Flanc
Plat et bien descendu.

Queue

Plutôt grosse, parfois un peu espiée, atteignant la pointe du jarret; attache forte; portée en lame de sabre.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Avant-main puissant.
Epaules
Assez longue et musclée, bien oblique.
Coudes
Au corps.
Avant-bras
Forte ossature; tendons saillants.

Membres postérieurs

Généralités
Arrière-main solide.
Cuisses
Longue et musclée.
Jarret
Large, légèrement coudé, bien descendu.

Pieds

D’un ovale peu allongé; doigts secs et serrés. Coussinets et ongles noirs.

Allures

Régulières et nonchalantes.

Peau

Assez épaisse, souple. Noire ou fortement marbrée de taches noires, jamais entièrement blanche. Muqueuses (zones glabres) noires.

Robe

Qualité du poil
Court; assez gros; bien fourni.
Couleur du poil
Entièrement mouchetée (noir et blanc), donnant un reflet bleu ardoisé; marquée ou non de taches noires plus ou moins étendues. Deux taches noires sont généralement placées de chaque côté de la tête, couvrant les oreilles, enveloppant les yeux et s'arrêtant aux joues. Elles ne se rejoignent pas sur le sommet du crâne; elles y laissent un intervalle blanc au milieu duquel se trouve fréquemment une petite tache noire, de forme ovale, typique de la race. Deux marques feu plus ou moins vif placées au-dessus de l'arcade sourcilière viennent "quatroeuiller" les yeux. On trouve également des traces feu aux joues, aux babines, à la face interne de l'oreille, aux membres et sous la queue.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Pour les mâles de 65 à 72 cm et pour les femelles de 62 à 68 cm.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts généraux

Tête :
 Trop courte.
 Crâne trop plat ou trop étroit.
 Oreilles attachées haut; courtes; insuffisamment papillotées.
Corps :
 Manque de volume.
 Dessus mou.
 Croupe avalée.
Queue :
 Déviée.
Membres :
 Ossature insuffisamment développée.
 Epaule droite.
 Pied écrasé.
 Jarrets clos vus de derrière.
Poil :
 Trop fin et ras.
Comportement :
 Sujet craintif.

Défauts entrainant l’exclusion

 Sujet peureux ou agressif.
 Manque de type.
 Toute autre robe que celle prévue au standard.
 Oeil clair.
 Grave malformation anatomique.
 Tare invalidante repérable.
 Prognathisme.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Compléments apportés par les visiteurs

With origins tracing back to ancient times, the Grand Bleu de Gascogne is one of the oldest scenthounds introduced to France by Phoenician merchants. Established in the Midi region during the Middle Ages as a superb hunter of wolves, boars, deers and other large game, this massive hound eventually became rare in its native land, due in part to the disappearance of wolves. However, its popularity soared in America in the 1700's and the Large Blue Gascony Hound remains more common in the U.S. than France to this day.
This powerful breed is a hard working, resilient and tenacious hunter, valued for its stamina and reliable temperament. The Grand Bleu works equally well as a single gundog and as a pack hound, but it is its intelligence and loyalty that make it an amenable companion when raised and handled properly. Muscular, well-boned and reasonably athletic, this is a healthy and longlived breed, some specimens reportedly reaching over 15 years of age. The weatherproof coat is thick and flat. Although black and blue shades were the most prized in France in the past, the majority of modern dogs come in a range of mottled and blue merle tricolor shades with tan and white markings. Average height is around 27 inches.

Historique détaillé

Le Grand Bleu de Gascogne, ce chien fier et à la nombreuse lignée, est une race qui a été fixée bien avant celles des Anglo-Français et des Poitevins. Cependant, comme pour la majorité des chiens courants, son origine fait encore l'objet de contestations parmi les spécialistes. En effet, si l'on se réfère aux écrits anciens, il apparaît que le type du chien gascon fut défini par Gaston Phébus, comte de Foix, le célèbre auteur du Livre de la chasse (1387), mais, pour ce qui est de savoir quels furent les ancêtres de ce très beau chien courant, les avis restent divergents.

On peut rappeler que, en 1357, Phébus fit une expédition guerrière en Prusse orientale (l'actuelle Pologne), au retour de laquelle il passa par l'abbaye de Saint-Hubert en Belgique, connue en particulier pour ses fameux chiens de Saint-Hubert, qui comprenaient deux variétés, les blancs et les noirs. Les Grands Bleus de Gascogne sont très proches de ces Saint-Hubert noirs, mais il est néanmoins difficile d'affirmer que ce sont les moines qui ont exclusivement fourni à Gaston Phébus la souche de sa race, car il est également possible que certains géniteurs aient été rapportés par le seigneur de Béarn, après sa campagne teutonique: si l'on sait que le prince à la crinière de lion manifesta à son lieutenant Corbeyran de Rabat tout l'intérêt qu'il portait aux « chiens superbes à fourrure argentée » en compagnie desquels on chassait le renne et l'élan de l'autre côté de la Baltique, on peut effectivement supposer que ces derniers ont joué un rôle dans la constitution de la race gasconne.

Mais il existe encore une autre hypothèse, liée à l'histoire de la Belgique, qui n'exclut d'ailleurs pas les précédentes : l'évêque de Tongres et de Liège, qui fut béatifié et devint patron des chasseurs, était, semble-t-il, originaire d'Aquitaine, d'où il serait parti avec ses chiens pour évangéliser la Belgique (il mourut à Liège en 727). Ainsi, les chiens gascons pourraient être les ancêtres des Saint-Hubert, et non l'inverse. Cependant, les archives de l'époque ne permettent pas de trancher la question, car on ne peut savoir avec précision quelle lice fut couverte par quel étalon, et, en tout état de cause, la vérité se situe sans doute entre les différentes versions.

Toujours est-il que ces chiens furent ramenés des Ardennes et que Phébus les croisa avec des races d'origines incertaines, trouvées dans le Béarn, et peut-être aussi avec des chiens de « Barbarie » (du nord-ouest de l'Afrique), ces « chiens Baux » de couleur claire qui, du Maroc à la Tunisie, étaient alors utilisés pour forcer le « rangier », autrement dit la race de cerf présente dans l'ensemble du Maghreb. Il est certain, en effet, que la fantaisie des veneurs du XIVe siècle, qui étaient plus préoccupés par les qualités de chasseurs de leurs chiens que par les prix qu'ils auraient pu remporter dans des expositions canines ; lesquelles ne furent créées de toute façon que plusieurs siècles plus tard ; entraîna des croisements très divers.

Alors, il n'y avait pas de standard homologué. Il n'empêche que, de nos jours, les races gasconnes sont bien déterminées. Ainsi, le Grand Bleu est l'un des plus grands chiens courants, avec une taille qui se situait entre 64 et 75 cm au début du siècle, et que l'on limite maintenant à 65-72 cm pour les mâles et 62-68 cm pour les lices. Sa grande finesse de nez et la façon qu'il a de coller à la voie en font un excellent rapprocheur.

Lorsque les loups parcouraient encore les forêts des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, les Grands Bleus rendaient d'immenses services aux équipages spécialisés dans la chasse de cet animal endurant mais rusant peu; des chiens moyennement rapides, tenaces et collés à la voie convenaient parfaitement pour le traquer, même s'ils ne le prenaient qu'au bout de deux ou trois jours. En 1863, si l'on en croit le grand veneur qu'était le Couteulx de Canteleu, la meute du baron de Ruble, conservée au sein de la même famille depuis Henri IV, restait l'une des plus belles de France pour la chasse du loup.

Mais la voie du lièvre convenait aussi fort bien aux Grands Bleus de Gascogne, comme en témoigne en particulier la meute de M. Léo Ducasse (où l'on retrouvait d'ailleurs des produits de celle du baron de Ruble), qui prenait entre 60 et 70 lièvres par an en Gironde, dans la région de Langon, entre 1860 et 1870 ; tous ceux qui ont chassé le lièvre à courre savent ce qu'une telle performance peut représenter!

Albert de Mérignac utilisait aussi des Gascons, parfois croisés avec des Saintongeois, pour chasser lièvre et chevreuil en Aquitaine, et il ne faut pas oublier qu'il faisait partie de ceux dont la meute était fort réputée, à la fin du siècle dernier. Quelques décennies plus tard, on retrouve le chien de Gascogne dans la voie du lièvre, notamment au rallye Merrein, au rallye Rimbez ou au rallye Pindères. Le premier, à M. Cruze, s'est aujourd'hui remis dans la voie du chevreuil, et le maître d'équipage a croisé ses chiens avec des Saintongeois. MM. de Lacaze, fils du fondateur du rallye Pindères, préférèrent croiser leurs Grands Gascons avec des Virelades, ainsi qu'avec des Gascons-Saintongeois de M. de Mérignac, pour chasser le lièvre dans le Lot-et-Garonne.

Le rallye Rimbez, lui, fondé en 1880, n'a commencé à exposer ses chiens qu'à partir de 1911, date à laquelle ils étaient déjà mâtinés de Saintongeois, ce qui n'empêchait pas l'équipage de prendre entre 25 et 30 lièvres par saison, dans les Landes.

Aujourd'hui, le Bleu de Gascogne figure toujours dans les meutes d'Aquitaine, mais il n'y est plus guère utilisé que pour la retrempe. Si certains équipages déclarent officiellement employer des Gascons, il semble, à entendre M. Bachala, président du Club, qu'il n'existe guère d'équipage français découplant de grands chiens courants dont la meute n'ait point de sang gascon dans les veines. Et, lorsque l'on demande si l'un de ces superbes chiens est à vendre, la réponse est que les adultes n'ont pas de prix.

Si, du point de vue morphologique, les quelques croisements ont différencié les Grands Bleus de Gascogne des Saint-Hubert noirs, au plan du comportement, notamment dans la chasse, les deux races apparaissent très proches. Il s'agit en particulier de chiens moyennement rapides, mais très fins de nez et très accrocheurs, et c'est ce qui fit que les Gascons furent excellents ; et tellement appréciés par Henri IV ; dans la chasse du loup, pour laquelle les chiens doivent avoir des aptitudes qui ne sont pas celles des chiens anglais, rapides mais facilement découragés devant la difficulté. Ainsi, la meute du duc de Beaufort, qui fut renommée en Angleterre à la fin du siècle dernier, connut de cuisants échecs en voulant chasser le loup, lors d'un déplacement dans le Haut-Poitou en 1863. Le vicomte de la Besge, qui assista à ces chasses (et qui chassait quant à lui avec des Poitevins), précise que, pour prendre le loup et les louvards, il faut « des chiens spéciaux doués d'un nez exquis, d'un grand pied et d'un fond inépuisable ».

Toutes ces qualités, le Grand Bleu de Gascogne les possède, et il est capable de relever de délicats défauts par les temps les plus secs, voire sur les chemins où la poussière rend généralement les chiens inaptes à sentir une quelconque voie de gibier. De plus, le Gascon est doté d'une fort belle voix, le plus souvent centrée dans les tons bas. Et, si les louvards que prenait M. de Ruble avec les Grands Gascons ont maintenant disparu de notre territoire, ces chiens sont toujours utilisés dans la voie du chevreuil, du lièvre et même du sanglier.

Aujourd'hui, on les trouve dans la plupart des régions de France, bien qu'ils soient souvent mâtinés de Saintongeois ou de chiens français d'origines diverses, comme c'est par exemple le cas pour la meute du rallye Varena qui chasse le chevreuil en Dordogne. Dans le Lot-et-Garonne, Piqu'avant les Bleus a choisi un nom qui ne fait aucun doute sur la race des chiens avec lesquels il entend chasser également le chevreuil: une noble et vieille race qui a su maintenir les qualités de ses ancêtres.