Griffon d'arrêt à poil dur Korthals

Standard FCI Nº 107

Origine
France
Groupe
Groupe 7 Chiens d'arrêt
Section
Section 1.3 Chiens d'arrêt continentaux, type Griffon
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mardi 07 décembre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 01 août 2023
Dernière mise à jour
mardi 05 septembre 2023
In English, this breed is said
Wire-Haired pointing griffon Korthals
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Franzõsischer rauhhaariger vorstehund Korthals
En español, esta raza se dice
Grifón de muestra de pelo duro
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Korthals Griffon

Utilisation

Essentiellement chien d’arrêt polyvalent. Est également employé pour la recherche au sang du grand gibier blessé.

Bref aperçu historique

Le Korthals a été créé en Allemagne, dans la province de Hesse, il y a un peu plus de cent ans. Il est l’œuvre du Hollandais Edward Korthals, maître de chenil du compte de Solms Braunfeld. Korthals, ayant remarqué les nombreuses qualités du griffon, docilité, intelligence, robustesse, courage, le choisit pour créer un chien de chasse purement continental, capable de rivaliser avec les chiens britanniques très en vogue à l’époque. Il acheta en Europe sept Griffons appelés les patriarches puis les croisa entre eux : la consanguinité n’avait jamais encore été utilisée de façon aussi systématique pour créer une race de chiens, mais elle permit de fixer les caractères génétiques. Korthals procéda alors à une sélection à la naissance très sévère, ne conservant que dix pour cent environ des sujets, choisis pour leurs qualités morales d’abord, puis pour leurs qualités physiques. Il donna une éducation d’élite à ces sujets, pour perfectionner et améliorer leurs qualités physiques. En 1870, il put ainsi obtenir un type très homogène de Griffon à poil dur auquel on donna son nom. Ce chien, dont le standard fut établi en 1887, était une brillante réussite de la cynotechnie, aussi connut-il très vite le succès auprès des chasseurs non seulement en Allemagne, mais dans toute l’Europe occidentale, et le Griffon Club, créé en 1888, regroupa bientôt des éleveurs de tous les pays. En France, il vient au troisième rang des chiens d’arrêt continentaux, après l’Épagneul Breton et le Braque Allemand.
Serge Dumont, président de l’AQGPDK

Aspect général

Chien vigoureux, rustique, de taille moyenne. Plus long que haut. Le crâne n’est pas trop large. Le museau est long et carré. Les yeux, jaune foncé ou bruns sont surmontés, mais pas recouverts par des sourcils broussailleux et les moustaches et barbe bien développées lui confèrent une expression caractéristique et expriment fermeté et assurance.

Comportement / caractère

Doux et fier, excellent chasseur, très attaché à son maître et à son territoire qu’il garde avec vigilance. Très doux avec les enfants.

Tête

Région crânienne

Tête
Grande, longue ; à poil rude, touffu, mais pas trop long ; moustaches et sourcils bien accusés.
Crâne
Pas trop large. Les lignes du crâne et du chanfrein sont parallèles. 
Stop
Cassure pas trop prononcée.

Région faciale

Truffe
Toujours brune.
Museau
Long et carré, chanfrein légèrement busqué, de même longueur que le crâne.
Yeux
Jaunes et bruns, grands, recouverts mais pas cachés par les sourcils, d’expression très intelligente.
Oreilles
De grandeur moyenne, non papillotées, appliquées à plat, placées pas trop bas ; le poil court qui les recouvre est plus ou moins mélangé à des poils plus longs.

Cou

Passablement long, dépourvu de fanon.

Corps

Généralité
De longueur nettement supérieure à la hauteur au garrot (de 1/20ème à 1/10ème ).
Dos
Vigoureux.
Rein
Bien développé.
Poitrine
Profonde, pas trop large.
Côtes
Côtes légèrement bombées.

Queue

Portée horizontalement ou la pointe légèrement relevée, couverte de poil touffu mais sans panache, elle doit être généralement écourtée du tiers ou du quart. Si elle n’était pas écourtée elle serait portée horizontalement avec l’extrémité légèrement relevée.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Droits, vigoureux, bien d’aplomb de l’épaule, à poil touffu.
Epaules
Bien attachées, plutôt longues, très obliques.

Membres postérieurs

Généralités
A poil touffu.
Cuisses
Longue et bien musclée.
Jarret
Bien coudés.

Pieds

Ronds, solides, les doigts bien serrés et cambrés.

Allures

L’allure de chasse est le galop, entrecoupé par des périodes de trot. Le trot est allongé. Le coulé est « félin ».

Robe

Qualité du poil
Dur et grossier, rappelant au toucher la soie du sanglier ; jamais bouclé ou laineux. Sous le poil de couverture long et dur règne du duvet fin et serré.
Couleur du poil
De préférence gris-acier avec taches marron ou uniformément marron, fréquemment marron-rubican ou rouan. Sont admises également les robes blanc et marron, blanc et orange.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Environ 55 à 60 cm pour les mâles, 50 à 55 cm pour les femelles.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Le Griffon d'Arrêt à poil dur Korthals, dénommé le Korthals, pour plus de simplicité, résulte de l'amélioration d'un type de chien fort ancien, particulier à l'Europe continentale, où il était très courant.

L'objectif qui aboutit à la création de cette race, en effet, avait été d'allier les qualités des chiens d'arrêt continentaux ; endurants, tout terrain, polyvalents, maniables, chassant sous le fusil et dont le nez était parfois un peu court ; à celles des chiens d'arrêt anglais, d'une grande finesse de nez, actifs, rapides, idéaux pour la chasse en plaine.

Réunir des « bons à tout faire », pas vraiment de grands sportifs, d'une part, et des pur-sang spécialisés et brillants, pas forcément adaptés aux exigences de la chasse sur le continent, d'autre part, était-ce là une tâche impossible? On peut affirmer le contraire, puisque le projet de Korthals et des « griffonniers » qui l'entouraient réussit au-delà même de ce qu'ils avaient escompté.

Qu'une race porte le nom d'un éleveur n'est pas fréquent. Eduar Karel Korthals (1851 - 1896) n'était pas non plus n'importe qui. Son père était un riche armateur d'Amsterdam qui, semble-t-il, avait un intérêt certain pour l'élevage, au point qu'il favorisa la passion naissante de son fils pour la chasse et les chiens. Aussi, le moment venu, E. K. Korthals ne songea nullement à reprendre les affaires, très florissantes, de son père.

A l'égal de sir Edward Laverack, le fameux créateur du Setter Anglais, il allait devenir un des plus grands éleveurs canins, autant par ses vues, très en avance sur celles ayant cours en son temps, que par l'expérience qu'il acquit sur les terrains de chasse et au chenil. Au surplus, c'était un esprit ouvert, honnête, modeste, dont la correspondance montre qu'il n'était nullement dogmatique mais qu'il recherchait la discussion constructive. Sa maxime, « Fais ce que tu dis, et dis ce que tu fais », le définit bien, de même que sa démarche, assez différente de celle couramment suivie par tout éleveur canin, « qui n'est pas tenu de publier ce qu'il fait dans son arrière-cuisine », selon l'expression fameuse d'A. Hublot du Rivault.

Le jeune E. K. Korthals chassa donc très tôt avec des Griffons, un type de chiens répandu aux Pays-Bas mais aussi en bien d'autres pays, de l'Italie à la Pologne en passant par la France, où l'on connaissait particulièrement les Griffons d'Etampes et ceux de Boulogne. Il s'agit bien d'un « type » plutôt que d'une race, car, dans cette seconde moitié du XIXe siècle, ces chiens étaient plutôt délaissés, et formaient une population assez hétérogène. Ainsi, certains présentaient un poil long, au point que la confusion avec le Barbet était fréquente. Korthals les appréciait néanmoins pour leur aptitude à chasser dans les circonstances les plus défavorables (au marais). Qui peut le plus, peut le moins, aussi il entreprit d'améliorer leur nez, leur vitesse, leur endurance, tout en préservant leur spécificité. Cela se passait en 1873, dans le domaine familial.

Quatre ans plus tard, décidant (à l'âge de vingt-six ans, donc) que, vraiment, les affaires ne l'intéressaient pas, Korthals se rendit auprès d'amis allemands, dans la région fort giboyeuse de la Hesse. Là, le baron Albert de Solms Braunfels lui confia la gestion de son chenil de Bibesheim ; le plus réputé d'Allemagne ; composé surtout de chiens anglais, en lui permettant de continuer parallèlement son propre élevage de Griffons. On peut avoir l'impression, au vu de ses résultats futurs, que Korthals avait une idée préconçue, très précise, sur les méthodes à mettre en œuvre pour faire parvenir les Griffons à poil dur au plus haut niveau. Or, il n'en est rien, et, d'ailleurs, Korthals ne cacha rien de son travail de sélection.

Sur l'aspect que devait avoir sa race, par exemple, il n'avait pas d'a priori: parmi les premiers spécimens auxquels il fit appel, il y eut un chien de type Barbet, un autre à poil laineux (de type Boulet) et une femelle à poil court. Pour ce qui est du métissage avec des chiens anglais (Pointers), Korthals ne le récusa qu'après l'avoir expérimenté. En effet, de tels croisements pouvaient d'abord faire gagner du temps, mais il s'avéra qu'ils faisaient perdre au Griffon ses caractères « continentaux ». On sait aussi que sept sujets furent retenus par Korthals pour fonder ses lignées. Là non plus, ce ne fut pas un choix intentionnel au départ, mais il se trouve que ces chiens furent les seuls qui, par leurs aptitudes à la chasse et par leurs qualités de raceur ; dont Korthals ne put juger qu'à la longue, sur leur descendance ;, lui donnèrent satisfaction. Ces « patriarches » ont pour nom: Banco, Hector, Janus, Satan, Donna, Junon et Mouche.

Pour parvenir, en moins de vingt ans, à produire des chiens capables de contester la supériorité britannique tout en restant continentaux, et ce, sans avoir jamais recours au sang anglais, Korthals procéda à des accouplements en consanguinité très étroite (on trouve parfois vingt fois le même chien dans certains pedigrees), mais il n'y voyait pas de danger pour la race, car il considérait ses lignées comme faisant partie d'une race réellement internationale, comme un exemple, en quelque sorte. Par ailleurs, il se livra à une impitoyable sélection: sur les six cents chiens qui passèrent par ses chenils, il ne garda en tout que soixante-deux sujets, selon les termes d'une lettre adressée à M. Emmanuel Boulet, qui, lui, sélectionnait un Griffon à poil laineux.

En outre, Korthals soumit ses chiens à un entraînement sévère, que Jean Castaing, dans son livre essentiel consacré à la race (Ed. de l'Orée), a appelé « gymnastique fonctionnelle » : il les fit travailler au bois, au marais et en plaine, par tous les temps, les créançant sur toutes sortes de gibiers, n'hésitant pas à leur faire poursuivre le lièvre (ce qui ne manqua pas de faire jaser, mais ce n'était, après tout, qu'une discipline exigée en Allemagne).

Les sujets obtenus par cette méthode (consanguinité, sélection, entraînement) extrêmement pragmatique furent d'une qualité telle qu'ils stupéfièrent les spécialistes, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en France, autant par l'ampleur et la vitesse de leur quête et par la finesse de leur flair que par leur polyvalence. Les commentaires élogieux des comptes rendus de field-trials en font foi.

En Allemagne, cependant, la hauteur de vue de Korthals allait valoir certains déboires à ses successeurs. En fait, ce passionné n'avait pas eu pour dessein de « créer » une nouvelle race, régionale ou nationale, mais de régénérer l'ancien et international Griffon. Ainsi, dans son esprit, la « famille » de Griffons qu'il avait portée à un tel degré de perfection n'était qu'un modèle, susceptible d'améliorer d'autres familles de la même race. Korthals mit toute son énergie à défendre ce point de vue: tout d'abord, en accord avec d'autres éleveurs, il rédigea un standard, daté de novembre 1887 (le texte d'aujourd'hui est toujours le même). Puis, il mit au point un livre des origines, le Griffon Hund Stammbuch (GSB), dont le premier volume parut en 1889. Cette publication annuelle n'était d'ailleurs pas seulement un studbook, puisque, en plus des origines des chiens, elle mentionnait leurs performances, les appréciations en concours et expositions, avec des documents photographiques à l'appui.

Et, en 1888, pour gérer toutes ces informations, Korthals créa le Griffon Club, un organisme international qui fut bientôt complété par d'autres associations, étant donné le nombre croissant de griffonniers : en 1895 naquirent le Griffon-Club pour l'Allemagne du Sud et le Royal Griffon Club belge; quant au Club français, il vit le jour en 1901, à l'instigation de Ch. Prudhommeaux. Ensemble, ils formèrent le « Cartel des clubs ».

E. K. Korthals mourut prématurément en 1896, à l'âge de quarante-cinq ans, mais ses idées avaient fait suffisamment d'adeptes pour lui survivre. Ainsi, la fameuse « tendance du club » reprit exactement sa pensée: « Le club part du principe que le chien d'arrêt à poil dur se trouvait depuis des siècles répandu à la surface du continent, mais y était représenté sous des formes très diverses à pelage variable et ne répondant pas ; par suite de son état d'abandon ; aux exigences d'une race pure et homogène. Plusieurs éleveurs se sont donné pour tâche, à l'aide d'une sélection appropriée, de reconstituer au moyen de ces chiens la race du "griffon d’arrêt à poil dur". Le club se place au point de vue que les chiens qui, sous le nom de "Griffons Korthals", se sont acquis une certaine notoriété, les "griffons à poil dur" d'autres origines élevés en d'autres pays et les "chiens d'arrêt allemands à poil dur" présentent tous, dans leurs grandes lignes, les mêmes caractéristiques typiques et peuvent en conséquence être considérés comme appartenant à la même race, en sorte que leur accouplement ; au cas où les éleveurs croiraient y avoir recours ; ne doit pas être considéré comme une mésalliance, mais, bien au contraire, les produits qui en résulteraient devraient être considérés comme les "griffons à poil dur".»

Ce principe, certes, ne souleva pas d'objections en Belgique ou en France. En Allemagne, en revanche, même s'ils étaient en nombre, les supporters du Korthals se heurtèrent à une opposition manifeste. Il y avait en premier lieu les partisans d'un Griffon purement germanique, telle Sichelhaar, qu'un éleveur de Francfort, M. Bontant, avait obtenu en améliorant le vieux Barbe-Sale de la Hesse et que certains intransigeants s'ingénièrent à distinguer des chiens de Korthals (en préférant un poil piquant, plus dur mais bien moins touffu). Il y avait aussi les défenseurs d'un métissage de races ; car le poil dur peut résulter de l'union d'un sujet à poil court et d'un autre à poil laineux ; qui soutenaient le Pudel Pointer (créé à partir du Caniche et du Pointer) et le Drahthaar (version à poil dur du déjà fameux Braque Allemand).

Bref, bien des Allemands ne voulaient pas laisser les « héritiers » de Korthals annexer ce précieux Griffon, dont la polyvalence leur convenait parfaitement. En 1907, le baron de Gingins, alors à la tête du Griffon Club, réussit bien, pourtant, à signer une convention avec les seuls éleveurs de Stichelhaar, excluant le Pudel Pointer et le Drahthaar, mais, quatre ans plus tard, l'accord vola en éclat, et les deux chiens se séparèrent pour former deux races distinctes. Puis survint la guerre de 1914 – 1918. Par la force des choses, le Griffon à poil dur devint donc français. L'année 1919 vit la création du Livre des origines du Griffon (LOG), et, alors que, une dizaine d'années auparavant, ce chien semblait promis à une très vaste diffusion, l'élevage du Griffon se restreignit à la France et à la Belgique. La Seconde Guerre mondiale frappa encore très durement la race, car le risque d'une consanguinité excessive se trouva porté à son maximum.

Cependant, ce chien si performant n'allait pas manquer de prendre un nouveau départ. En 1951, pour rendre hommage à l'œuvre de son créateur, on adjoignit officiellement le nom de Korthals à celui de Griffon d'Arrêt à poil dur. Actuellement, le Griffon Korthals connaît en France une période des plus fastes. Par exemple, ce chien s'est illustré au championnat du monde de gibier tiré en Yougoslavie (en 1980), et il est devenu une des vedettes parmi les races continentales, tant dans les fields d'automne que dans ceux de printemps. L'élite des trialers sert de « locomotive" à l'ensemble de la race, dont les effectifs se confortent avec régularité au fil des ans.

Parmi les initiatives de l'actif Club de race pour valoriser l'image sportive et utilitaire du Griffon, on peut relever la mise au point de fields d'initiation permettant la découverte de nouveaux talents, et un brevet de rapport à l'eau qui fait de la race la spécialiste du marais. Assurément, le Griffon Korthals, ce chien nouveau qui plonge ses racines dans notre vieille Europe, se prépare un avenir illustre.

Le Griffon Korthals est brave, dans tous les sens du terme. A la maison, il est affectueux, gentil, sociable, le grand ami des enfants. Et il montre un grand courage quand il s'agit d'affronter les intempéries à la chasse ou de défendre la propriété.

Parmi les chasseurs et les non-chasseurs, ce chien dispose d'un extraordinaire capital de sympathie, qu'il mérite amplement. On est attiré par sa bonne bouille de barbu et de moustachu, ses allures de campagnard solide et fidèle. Ses épais sourcils laissent filtrer un regard intelligent et doux, bon, où une étincelle s'allume dès qu'il est question de chasse ou de balades. Cette apparence traduit parfaitement son caractère : franc, s'attachant profondément à sa famille, sachant vite distinguer les amis et les saluer comme il convient, mais aussi capable de se faire impressionnant et menaçant face aux indésirables; c'est un chien très séduisant, en somme. Le seul défaut qu'on pourrait lui trouver, c'est que, si on néglige son pelage, si on le laisse sous les averses et dans la boue, la maîtresse de maison finira par exiger qu'on lui fasse une niche à l'extérieur ou qu'on le mette au chenil. Pour être présentable, un Korthals a besoin d'être étrillé et soigné régulièrement.

Pour ses seules qualités de compagnon, le Griffon ne saurait disparaître, mais ce sont ses dons de chasseur qui lui valent essentiellement sa bonne réputation. L'acquéreur n'aura pas de difficulté à trouver un sujet issu d'honorables lignées de travail ; sans parler des spécimens d'élite, bien entendu ; qui lui donne satisfaction.

« Nul autre ne peut supplanter le Griffon au marais », a écrit J. Castaing. En effet, le Korthals est en premier lieu un spécialiste du marais, l'auxiliaire privilégié du sauvaginier et du bécassier, qui apprécient son incroyable résistance au froïd, à l'eau glacée, au vent du nord, même en plein hiver, à la fatigue. C'est un très bon nageur, un « chercheur » qui repère très bien le point de chute de l'oiseau. Le gibier sauvage devient de plus en plus rare, et que le Griffon soit justement réputé dans la chasse des canards, des bécassines et des bécasses, nos derniers oiseaux sauvages, est une preuve de ses grandes capacités. Pour s'en convaincre, il n'est d'ailleurs que de voir le nombre de Korthals qui sont d'authentiques bécassiers.

Sa passion de la chasse et sa rusticité font du Korthals un broussailleur remarquable, capable de pénétrer dans les halliers les plus touffus. Mais cela n'empêche pas que les avis soient unanimes pour dire qu'il se défend très bien en plaine. En outre, c'est un retriever hors pair, facile à mettre au rapport. Le « maître de Bibesheim » voulait un chien « pour tous les chasseurs, pour tout faire, sous tous les climats », aussi, bien que les meilleurs spécialistes de field-trials sachent en tirer la quintessence pour l'amener au sommet, le Korthals n'en convient pas moins parfaitement à l'utilisateur moyen, à la chasse pratique.

Tout d'abord, ce chasseur-né se dresse très bien, se déclare tôt. On rencontre parfois, il ne faut pas le cacher, des sujets sensibles et d'autres un brin têtus, mais on n'a jamais vu de Korthals dont on ne puisse tirer parti. Un peu de fermeté pour discipliner le côté folâtre propre à la jeunesse, une bonne progressivité dans le dressage (par exemple, ne pas travailler le rapport, sous prétexte que le chien s'y prête, avant d'avoir obtenu en toutes circonstances la fermeté de l'arrêt) permettront d'en venir à bout. Le sérieux, il l'acquerra plus tard (en même temps que la barbe). L'essentiel, pour qui veut un tel compagnon, est de savoir choisir, sur les conseils d'un éleveur qui soit lui-même un chasseur averti, un chiot de bonnes origines, convenant à sa propre personnalité et à ses talents de chasseur.

Le Griffon est un galopeur, qui peut passer de l'allure soutenue, indispensable aujourd'hui en fields, au petit galop régulier en chasse pratique, voire au trot, quand le terrain l'exige. (On rappellera à ce propos qu'il est toujours possible de restreindre « une nature généreuse » mais que l'inverse est beaucoup plus difficile.) Sa quête ample, bien croisée, ne laisse passer aucune pièce, son nez est d'une grande finesse. Il est réputé pour la fermeté de ses arrêts, pris de longueur. Il a un sens inné de la chasse, il se passionne pour tous les gibiers. Avec lui, la polyvalence ne signifie pas être moyen dans toutes les disciplines.