Griffon fauve de Bretagne

Standard FCI Nº 66

Origine
France
Groupe
Groupe 6 Chiens courants, chiens de recherche au sang et races apparentées
Section
Section 1.2 Chiens courants de taille moyenne
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mardi 05 octobre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 25 mars 2003
Dernière mise à jour
lundi 05 mai 2003
In English, this breed is said
Griffon fauve de Bretagne
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Griffon fauve de Bretagne
En español, esta raza se dice
Grifón leonado de Bretaña
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Griffon fauve de Bretagne

Utilisation

Chien courant utilisé sur lièvre, renard, chevreuil et sanglier.

Bref aperçu historique

Le Fauve de Bretagne est l’une des plus anciennes races de chiens courants français puisqu’au XIVème siècle un certain Huet des Ventes avait déjà une meute de ce type. Très utilisé jusqu’au XIXème siècle pour chasser le loup en Bretagne, il déclina lorsque ces animaux disparurent. En 1949, le Club du Fauve de Bretagne fut créé par Marcel Pambrun pour s’attacher à conserver la valeur de ces chiens devenus rares. Depuis les années 1980, sous l’impulsion de Bernard Vallée, la place des Griffons Fauves de Bretagne, mais aussi de la race qui en est issue : le Basset Fauve de Bretagne, semble acquise au sein des chiens courants français. La devise « chasse d’abord » reste la ligne de conduite du Club.

Aspect général

Chien osseux, musclé, très résistant et très endurant. C’est un chien actif particulièrement adapté aux terrains difficiles. Il est fin de nez avec une voix de cogneur soutenue (cri court et répété).

Comportement / caractère

Les Fauves de Bretagne sont des chiens passionnés de chasse mais très doux avec l’homme, sociables, affectueux et équilibrés. Ils s’adaptent aisément à tous les territoires et tous les gibiers.
A la chasse, ils se révèlent courageux, débrouillards, tenaces et appliqués. Ils sont entreprenants et efficaces mais font également preuve d’aptitude à rallier. Bien conduits, ils sont obéissants et de retour facile.

Tête

Région crânienne

Crâne
Crâne plutôt allongé, protubérance occipitale marquée. Vu de face, le crâne a l’aspect d’un plein cintre surbaissé, diminuant de largeur jusqu’au niveau des arcades sourcilières qui ne sont pas très accusées. 
Stop
Peu accusé.

Région faciale

Truffe
Noire ou marron foncé. Narines bien ouvertes.
Museau
Plutôt effilé que carré.
Lèvres
Recouvrent bien la mâchoire inférieure mais sans excès. Les moustaches sont peu abondantes.
Mâchoires et dents
Les mâchoires et les dents sont fortes, avec un articulé en ciseaux parfait et régulier. Les incisives supérieures recouvrent les incisives inférieures dans un contact étroit. Les incisives sont implantées d’équerre par rapport aux maxillaires. L’absence des PM1 n’est pas pénalisable.
Yeux
Ni proéminents ni trop enfoncés dans les orbites, de couleur marron foncé. La conjonctive est non apparente. Le regard est vif.
Oreilles
Attachées finement au niveau de la ligne de l’œil, atteignant à peine l’extrémité de la truffe, terminées en pointe, tournées en dedans et couvertes d’un poil plus ras et plus fin que sur le reste du corps.

Cou

Assez court et musclé.

Corps

Dos
Court et large. Jamais ensellé.
Rein
Large et bien musclé.
Poitrine
Haute et large.
Côtes
Assez arrondies.
Ligne du dessous
La ligne du dessous est peu relevée vers l’arrière.

Queue

Portée légèrement en faucille, de moyenne longueur, grosse à la base, souvent espiée et s’effilant bien à la pointe. En action, la queue est portée au-dessus de la ligne de dos et décrit des mouvements latéraux réguliers.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Membres avec une bonne ossature, bien d’aplomb.
Epaules
Oblique, bien attachée au thorax.
Coudes
Dans l’axe du corps.
Avant-bras
Verticaux.
Métacarpe
Vue de profil : légèrement obliques. Vue de face : dans l’axe du corps.

Membres postérieurs

Généralités
Bien musclés. Les aplombs sont réguliers. Vus de derrière les postérieurs sont parallèles, ni serrés ni écartés.
Cuisses
Longues et bien musclées.
Jarret
Descendu et moyennement coudé.
Métatarse
Verticaux.

Pieds

Compacts avec des doigts serrés, cambrés et des ongles solides. Les coussinets sont durs.

Allures

Souples et régulières, jamais sautillantes.

Peau

Assez épaisse, souple. Absence de fanon.

Robe

Qualité du poil
Poil très dur, sec, assez court, jamais laineux ni frisé. La face ne doit pas être trop embroussaillée.
Couleur du poil
Couleur fauve, allant du froment doré au rouge brique. Quelques poils noirs dispersés au niveau du dos et des oreilles sont tolérés. Présence parfois d’une petite étoile blanche au poitrail, ce qui n’est pas à rechercher.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Elle peut varier entre 48 et 56 cm pour les mâles et les femelles avec 2 cm de tolérance en plus pour les sujets exceptionnels.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts graves

Comportement :
 Craintif.
Tête :
 Crâne large, plat.
 Arcades sourcilières trop accusées.
 Museau pointu ou court, lèvres pendantes et épaisses.
 Oeil clair.
 Oreilles plates et larges.
Corps :
 Apparence frêle.
 Dessus insuffisamment tendu.
 Ventre levretté.
Queue :
 Déviée.
Membres :
 Ossature insuffisante.
 Pieds écrasés.
Poil :
 Insuffisant, ras, fin, mou.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou peureux.
 Manque de type (tout sujet dont les caractéristiques le différencient de ses congénères).
 Prognathisme inférieur ou supérieur.
 Oeil très clair.
 Dépigmentation partielle ou totale de la truffe ou au bord des paupières et des lèvres.
 Queue nouée.
 Présence d’ergots aux postérieurs (les ergots n’apparaissent jamais dans cette race).
 Poil long, laineux.
 Toutes autres robes que celles citées dans le standard.
 Taille autre que celle imposée par le standard.
 Tare invalidante repérable ; malformation anatomique.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Selon l'opinion de la plupart des auteurs spécialisés en cynologie, le Griffon Fauve de Bretagne, de même que le Saint-Hubert, le Grand Chien Blanc du Roy et le Gris de Saint-Louis, est l'une des quatre races qui auraient donné naissance à tous les chiens courants français. De fait, Jacques du Fouilloux en parle abondamment dans son traité La Vénerie, publié en 1573, et il indique qu'il s'agit de « chiens antiques » mentionnés pour la première fois dans un manuscrit relatant les exploits du seigneur Huet des Ventes, où l'on peut lire : « Tes chiens fauves, Huet, par les forestz prennent à force cheureulx, biches et cerfz Toy par futstayes emporte sur tout priz de bien parler aux chiens en plaisans cris. »

Jacques du Fouilloux avait raison de juger que ce texte était ancien, car cela se trouve bien confirmé par l'orthographe utilisée. L'auteur raconte aussi l'histoire d'un seigneur de Lamballe, qui, avec des chiens fauves, attaqua un cerf dans une forêt du comté de Painctieure (le Penthièvre, dans les Côtes-du-Nord) et réussit à le prendre après quatre jours de chasse, aux environs de Paris (il ne s'agit pas de prétendre que les chiens du dit seigneur, dont le nom ne nous pas été livré, n'aient fait le change durant ces quatre jours l). Toujours est-il que les Fauves constituèrent le fond des meutes des ducs et seigneurs de Bretagne.

C'est donc avant la seconde moitié du XVIe siècle, puisque du Fouilloux en parle si longuement, que ce sang aurait été introduit dans les meutes qu'utilisait le roi de France : sans doute à la suite du rattachement du duché à la France, qui eut lieu avec les mariages de la duchesse Anne avec Charles VIII (en 1491), puis avec Louis XII (en 1499). François Ier, qui succéda à Louis XII en 1515, employait déjà les Fauves avec ardeur. A cette même époque, la famille de l'amiral d'Annebauld, qui ne semble être passée à la postérité que sous la plume de Jacques du Fouilloux, avait conservé une souche très pure de la race.

Dans les années 1850 - 1860, Charles de Saint-Prix chassait encore le loup en basse Bretagne avec une meute de Fauves qui firent l'admiration du veneur anglais E. W. Davies, en séjour dans la région de Carhaix durant les hivers de 1855 et 1856. En 1860, il restait à Charles de Saint-Prix une vingtaine de Griffons mâtinés de sang vendéen, mais ces chiens étaient « intraitables et ne pouvaient servir que pour chasser le loup. » Cet animal devenant rare en Bretagne ; le dernier y fut tué en 1895, dans le Finistère ; M. de Saint-Prix vendit alors ses chiens à M. Madec de Parceveaux, qui chassait dans la région de Quimper. Et, peut-être, certaines de ses lices avaient-elles reçu du sang anglais de Lanharran ou de Warrior, les deux étalons que lui avait offerts M. Davies?

Au même moment, Henri de Mauduit regrettait, dans les correspondances qu'il adressait à ses amis, de n'avoir pas su conserver dans sa meute la pureté du sang de ce qui était l'une des quatre races royales, et cela confirme bien que le Fauve de Bretagne périclitait déjà.

Ensuite, le Fauve de Bretagne est progressivement tombé dans un certain oubli. Le Couteulx de Canteleu, au tournant du siècle, ne lui consacre que douze lignes contre trois pages et demie pour le Saint-Hubert, et il faut se demander, à la lecture de ce passage, si ce spécialiste savait encore où trouver les chiens bretons. On notera cependant que, depuis, les Fauves de Bretagne, à la suite de croisements divers, ont « éclaté », donnant naissance à deux variétés, les Briquets et les Bassets, ces derniers étant les plus répandus.

Quant au Griffon, il est effectivement devenu très rare dans la première moitié du XXe siècle, mais, grâce à quelques éleveurs, dont Marcel Pambrun, qui fut le président du Club du Fauve de Bretagne avant M. Vallée, la race est aujourd'hui fermement réimplantée en France, comme le montrent les estimations du président actuel : le nombre des naissances serait d'environ 300 par an, et il s'agit bien sûr de chiots de pure race.

Comme tous les Griffons, le Fauve de Bretagne est un chien très rustique, idéal pour chasser dans les landes épaisses et remplies d'ajoncs. Et, pour le Couteulx de Canteleu, qui n'aimait pas cette race ou qui la connaissait mal, il s'agit d'un chien très entreprenant, robuste de constitution, brave et intrépide et assez fin de nez, mais qui n'est guère persévérant dès lors que la chasse présente une quelconque difficulté.

Pourtant, cette opinion n'est pas celle du veneur anglais M. Davies lorsqu'il fait remarquer que ce chien est grand, puissant, à poil fort, bien gorgé et ayant beaucoup de fond, et qu'il ajoute, suivant en cela les propos d'un bon veneur anglais : « Cependant, malgré ces caractères anciens et l'absence totale de sang de Fox-Hound dans leurs veines, je ne pense pas avoir vu dans ma vie un train plus sévère. " C'était à l'époque où, selon M. Davies, les derniers loups de Bretagne regardaient encore les chasseurs « avec des yeux sauvages », depuis le haut des talus qui bordaient les chemins bretons, n'attendant que le moment où un cheval buterait et tomberait pour se précipiter sur lui comme sur son cavalier. Et il est vrai que les Fauves de Bretagne se sont toujours montrés excellents pour forcer cet animal, dont la réputation était si mauvaise : nombre de chiens ont d'ailleurs laissé leur vie lors de quelque hallalli difficile. En outre, il n'est pas impossible qu'un peu de sang de loup ne soit entré dans la lignée de la race, ne serait-ce que parce que le comte de Kergoorlas, ami de Charles de Saint-Prix, « fortifiait » sa meute avec de telles infusions.

Quoi qu'il en soit, les Fauves de Bretagne sont d'excellents chasseurs: il y a quelques dizaines d'années, M. Pambrun possédait un Griffon Fauve de Bretagne qui était capable de forcer seul un sanglier de 40 kilos, et il en contait parfois l'histoire. Tayaut, puisque tel était le nom de ce chien, avait appartenu à un marin pêcheur qui, avec tous les risques que cela comportait à l'époque, était parti à Terre-Neuve. Le malheureux homme disparut en mer, laissant Tayaut à sa veuve qui accepta de le vendre à M. Pambrun. Au début, disait encore ce dernier, il fallut nourrir le chien à l'aide d'une fourche, tant il refusait de se retrouver captif, et, lorsqu'on le lâchait, on le voyait parfois revenir avec un lièvre, qu'il avait pris seul.

Le Fauve de Bretagne reste donc un chien exceptionnel, et l'on ne peut que se réjouir de constater que les éleveurs actuels ont sauvé la race, peut-être même en améliorant sa qualité. Pourquoi pas grâce à Tayaut? Aujourd'hui, ce chien chasse aussi bien le renard que le lièvre, le chevreuil ou le sanglier.