Manchester Terrier

Standard FCI Nº 71

Origine
Grande-Bretagne
Traduction
Valérie Degeeter / Version originale : (EN)
Groupe
Groupe 3 Terriers
Section
Section 1 Terriers de grande et de moyenne taille
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
vendredi 15 octobre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 13 octobre 2010
Dernière mise à jour
vendredi 15 juin 2012
In English, this breed is said
Manchester Terrier
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Manchester Terrier
En español, esta raza se dice
Manchester Terrier
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Manchester Terrier

Utilisation

Terrier.

Bref aperçu historique

Son nom trahit ses origines. Il se peut qu’il y ait aussi du Whippet parmi ses ancêtres. Elégant et gracieux, il fut élevé en tant que ratier et on peut toujours compter sur lui pour chasser la vermine rapidement et efficacement.
La dératisation a atteint son point culminant au milieu des années 1800. Dans ce temps-là, les quelques expositions canines organisées avaient lieu dans des pubs. Ces manifestations se déroulaient chaque semaine, surtout à Manchester, ce qui a fait que des classes à part furent créées pour ce terrier. Ainsi, il fut vite nommé Manchester Terrier.

Aspect général

Compact, élégant et équilibré avec de la substance.

Comportement / caractère

Ardent, éveillé, gai et plein d’allant. Fait preuve de discernement et de fidélité.

Tête

Région crânienne

Crâne
Long, plat et étroit, sans cassure et cunéiforme. Les muscles des joues ne sont pas visibles. 

Région faciale

Truffe
Noire comme du jais.
Museau
Bien rempli sous les yeux, en s’amenuisant vers l’extrémité.
Lèvres
Serrées.
Mâchoires et dents
Mâchoires d’égale longueur, présentant un articulé en ciseaux parfait et régulier, c’est-à-dire que les dents supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées d’équerre par rapport aux mâchoires.
Yeux
Assez petits, sombres et brillants, en amande, non proéminents.
Oreilles
Petites, en forme de V, portées bien au-dessus de la ligne supérieure de la tête et retombant contre la tête, au-dessus des yeux.

Cou

Assez long et s’amincissant de l’épaule à la tête, légèrement galbé au niveau de la crête ; exempt de fanon.

Corps

Généralité
Court.
Rein
Légèrement carpé au niveau des reins.
Côtes
Côtes bien cintrées.
Ligne du dessous
Bien remontée derrière les côtes.

Queue

Courte et attachée où se termine la voussure du dos, épaisse où elle entre en contact avec le corps, s’effilant en pointe, n’est pas portée au-dessus de la ligne du dos.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Le devant est étroit et haut.
Epaules
Nettes et bien inclinées.
Avant-bras
Les avant-bras sont parfaitement droits et bien disposés sous le corps. Leur longueur est proportionnée au corps.

Membres postérieurs

Généralités
Forts, musclés. Les postérieurs ne doivent ni présenter des jarrets de vache ni avoir les pieds tournés à l’intérieur.
Grassets
Bien angulé.

Pieds

Petits, demi-pieds de lièvre, forts avec des doigts bien cambrés.

Allures

Mouvement droit, dégagé et équilibré avec une bonne extension des antérieurs, propulsé par les postérieurs.

Robe

Qualité du poil
Serré, lisse, court et luisant, d’une texture ferme.
Couleur du poil
Noir comme du jais et feu d’un acajou intense distribué comme suit : sur la tête, le museau est feu jusqu’au nez, le nez et la région des os nasaux sont noirs comme du jais. Petite tache feu sur chaque joue et au-dessus de chaque œil ; la mâchoire inférieure et la gorge sont feu en formant un V distinct. Les membres, à partir du grasset vers le bas, sont feu à l’exception des doigts, qui doivent être crayonnés de noir, et d’une marque noire distincte (la marque du pouce) directement au-dessus du pied. La face interne des membres postérieurs est feu, mais l’articulation du grasset est partagée entre le noir et feu. Feu sous la queue et à l’anus, mais la tâche est aussi étroite que possible, si bien qu’elle est couverte par la queue. Une légère marque feu de chaque côté du poitrail. Le feu sur la partie externe des membres postérieurs, communément appelé « culottes », est un défaut. Dans tous les cas, le noir ne doit pas se fondre dans la couleur feu ou réciproquement, mais la séparation entre les couleurs doit être clairement marquée.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Idéale est pour les mâles est de 41 cm et pour les femelles de 38 cm.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Agressif ou peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Le Manchester Terrier est l'une des rares races britanniques à avoir connu un destin chaotique, à tel point qu'il faillit même disparaître complètement, il y a une centaine d'années. Et pourtant, il s'agit là d'un chien incontestablement très ancien qui, au surplus, est membre d'une famille canine fort appréciée Outre-Manche depuis des siècles.

Les Terriers présentaient des aspects assez divers, mais, au début du XIXe siècle, aucune véritable sélection n'avait encore été opérée parmi eux. C'est ainsi que Thomas Bell, par exemple, dans son History of British Quadrupeds, en 1837, n'en distinguait que deux sortes : l'un, originaire d'Ecosse, était d'apparence hirsute, à pattes courtes, et se montrait sous des coloris très variés; l'autre, anglais, était nettement plus élégant avec ses longues pattes (il était pourtant de petite taille) et son museau pointu, et il arborait généralement un poil noir et feu. Bref, ce second portrait annonçait assez exactement celui du Manchester Terrier actuel.

A la vérité, la situation était assez confuse, et c'est justement cette grande hétérogénéité qui permet d'expliquer l'apparition de toutes ces races différentes de Terriers britanniques, entre la fin du siècle dernier et les années vingt.

Il est indiscutable qu'il y a eu des Vieux Terriers Anglais noir et feu à poil lisse mais aussi à poil dur, que certains étaient plutôt de couleur brune avec des taches plus claires, que beaucoup étaient fortement bâtis, avec une tête assez ronde et un stop marqué, et ne brillaient donc pas par leur élégance et la symétrie de leurs lignes. Mais ces questions d'aspect n'étaient que très secondaires pour une majorité de leurs propriétaires, que ces derniers aient été des ruraux, chassant les « puants » avec des chiens assez petits pour pouvoir pénétrer dans les terriers, ou bien des mineurs ou encore des ouvriers métallurgistes des grandes cités du centre et du nord de l'Angleterre. C'est d'ailleurs dans les milieux citadins les plus modestes que se développa d'abord l'élevage du Manchester Terrier, et le nom même de ce chien ne le démentira pas.

Dans les zones industrielles, le Terrier Anglais avait essentiellement une fonction de ratier, fonction qui lui convenait particulièrement. De telles dispositions pour chasser les rats donnèrent l'idée aux ouvriers de créer un nouveau sport, les rat-killing matches ou, plus simplement, le « ratting.»

L'ardeur, le courage, la rapidité et le mordant des Manchester Terriers y étaient mis à contribution, donnant lieu à des paris. C'est ainsi qu'un sujet nommé Billy acquit dans ce domaine une grande réputation en réussissant à tuer cent rats en 6 mn 35 s, record qu'il améliora ensuite de 22 secondes. Comme le fait remarquer Stanley Dangerfield, « trois secondes et demie par rat laissent peu de temps au chien pour secouer convenablement sa prise, aussi lui fallait-il tuer ses rats d'un coup de dents et les laisser tomber aussitôt ». C'était là le résultat d'un patient entraînement, sans doute.

La possibilité de parier était également la première raison d'être d'un autre sport, le rabbit-coursing. Il est bien connu que les Fox Terriers furent les participants privilégiés à ces épreuves de vitesse, mais on y vit aussi nombre de Manchester Terriers. Cependant, dans le rabbit-coursing, la pratique de la poursuite du lapin fut abandonnée et on s'orienta vers un sprint derrière un chiffon; du jour où les amateurs eurent l'idée de croiser les Terriers avec des Lévriers, le Whippet s'avança à grands pas et supplanta les Terriers.

Parallèlement, le Manchester Terrier fit son entrée dans les expositions. Il fallait améliorer son esthétique, aussi divers croisements furent pratiqués : on parle du Vieux Terrier Anglais Blanc, un chien qui eut une existence éphémère (il disparut au début de ce siècle) et qui possédait des lignes assez élégantes, outre une robe entièrement blanche; il y eut aussi un léger apport de Lévriers, Petit Lévrier Italien ou Whippet (en cours de création), peut-être à travers des concurrents de rabbit-coursing.

Un certain John Hulme, établi à Crumpsall, est connu comme l'un des tout premiers éleveurs sérieux de la race. On cite également Mr Hendler, de Lancaster, dont le chien Saff se retrouve dans la plupart des pedigrees. Ainsi, l'avenir du Manchester Terrier se présentait sous les auspices les plus favorables.

Hélas, en 1895, la coupe des oreilles fut interdite en Grande-Bretagne (une idée qui fait son chemin, un siècle plus tard, en Europe continentale). Les éleveurs de Manchester Terrier eurent alors le même choc que celui que connaissent actuellement les amateurs du Dobermann : ils « découvrirent » que les oreilles de leurs chiens étaient fort grandes et lourdes, pour tout dire qu'elles enlevaient une bonne part du chic inhérent à la race (de fait, pour pouvoir être taillées plus aisément et pour être plus belles une fois coupées, les oreilles doivent être grandes et épaisses).

La popularité naissante du Manchester Terrier subit alors une chute brutale. Le temps nécessaire à la sélection de petites oreilles pliées comme chez le Fox Terrier fut mis à profit par les amateurs du Fox Terrier à poil lisse pour conquérir un vaste public. Le Manchester ne s'est jamais relevé de ce mauvais coup (on comprend pourquoi les partisans du Dobermann ne veulent pas entendre parler de l'interdiction de tailler les oreilles.) On notera qu'il n'a jamais été envisagé d'interdire l’otectomie aux Etats-Unis et que le Manchester y fut donc accueilli sous son aspect traditionnel. Dès le début du siècle, il franchit l'Atlantique pour s'établir aux Etats-Unis et au Canada. En 1923, le Club américain de la race était créé.

Ainsi durement frappé, le Manchester Terrier n'en connut pas moins d'autres difficultés. Depuis fort longtemps, il existait parmi les Vieux Terriers Anglais des sujets de petite taille, ne pesant pas plus de 3 ou 4 kilos. Ces petits gabarits étaient recherchés, car une taille modeste n'impliquait pas de moins grandes aptitudes pour chasser les rats; au contraire, elle permettait aux chiens de se glisser dans les moindres recoins. Les éleveurs et le public ne tardèrent pas à s'intéresser à ces « mini Manchester » dont certains, d'ailleurs, croisés avec de Petits Lévriers Italiens, n'atteignaient pas les 3 kilos.

Mais cela ne leur suffisait pas. Il fallait produire des miniatures. C'est ainsi qu'apparurent des spécimens pesant 1 kilo, frêles, glabres sur une partie du corps, au crâne en pomme et aux yeux globuleux, bref, présentant des signes accusés de nanisme. Ces chiens se virent aussi attribuer la dénomination de Manchester Terrier, au début. Cependant, ils ne firent pas disparaître le Manchester Terrier de taille normale, lequel fut lui-même classé en deux catégories : les petits, pesant entre 4 et 7,5 kilos, et les grands, pesant de 7,5 à 10 kilos. La confusion était totale, ce qui, bien sûr, n'arrangea pas les affaires des deux races.

D'aucuns remarqueront que les descendants des anciens ratiers n'ont guère eu de chance, dans quelque pays que ce soit. En France, aucune race de ratier n'a été sélectionnée; en Allemagne, les Pinschers n'ont jamais joui d'une grande popularité (le Pinscher Moyen fut d'ailleurs près de disparaître). Quoi qu'il en soit, il existe incontestablement une explication plus rationnelle au manque d'intérêt manifesté envers le Manchester Terrier, à savoir l'extrême rigueur des exigences concernant sa robe; le standard est à ce sujet d'une longueur et d'une précision inhabituelles.

Il est prescrit, par exemple, que les doigts de couleur feu soient marqués de traces noires (dites « coups de crayon ») et qu'il y ait en outre une pastille noire juste au-dessus des doigts (appelée « marque du pouce »). Il faut encore que la démarcation entre le fauve et le noir soit toujours nette, bien que les alentours de la truffe soient noirs, qu'il n'y ait pas trace de fauve sur les cuisses, que l'écusson feu à l'anus soit le plus discret possible mais que les taches feu au-dessus des yeux et de chaque côté du poitrail (nommés kiss marks) soient parfaitement visibles, et que, enfin, les taches feu à la gorge forment un « V » distinct. Cela dépasse la mesure.

En effet, il suffit d'examiner un grand nombre de représentants de toute race ayant habituellement une robe noir et feu bien définie pour constater que, si la disposition des couleurs est à peu près toujours la même, il y a néanmoins, immanquablement, de légères variations d'un sujet à l'autre. Par ailleurs, comment exiger en même temps qu'il y ait une démarcation nette entre les couleurs et que les plages feu soient marquées de traces noires? Le standard anglais semble avoir imposé là un véritable défi qui n'existe dans aucune autre race. En fait, il a fallu de nombreuses années aux éleveurs pour approcher de cet idéal.

Aujourd'hui, le Manchester Terrier occupe une place modeste, et nul ne saurait s'en étonner. En Grande-Bretagne, on en recense un peu plus d'un millier en tout. Aux Etats-Unis, il est beaucoup plus rare que le Manchester Toy (nommé en Europe English Toy Terrier), qui n'est pas lui-même très répandu. Dans les autres pays, en France notamment, il est confidentiel.

Le Manchester Terrier mériterait d'être remarqué, car il est loin d'être dépourvu de qualités. En plus de ce qui a trait à sa couleur, son standard définit un chien à la fois compact, vigoureux et très élégant. Sa tête grande et longue est portée par une encolure galbée, son corps court comporte un rein arqué et un ventre remonté qui lui confèrent de la classe. C'est un Terrier auquel on ne coupe rien, pas même la queue, et qui n'a besoin d'aucun soin particulier. Il a le même gabarit qu'un Fox à poil lisse, mais une silhouette tout à fait différente, bien que dépourvue de toute extravagance.

Ce chien a certainement gardé des aptitudes au travail. J. Dhers le trouvait « très actif et très mordant sur les puants, et encore employé au déterrage », et il ajoutait : « J'en ai même connu un équipage sur le continent employé pour la chasse sous terre des renards et blaireaux. » Cet avis date d'il y a une trentaine d'années. Actuellement, semble-t-il, la race n'est plus utilisée au travail. En revanche, le Manchester peut rendre de grands services dans la chasse des rongeurs. S'il peut disposer d'un bout de prairie, la guerre qu'il livrera aux taupes et aux mulots démontrera que son atavisme de « ratier » est toujours présent.

Cependant, c'est habituellement comme chien de maison qu'il donne toute sa mesure. C'est un chien très propre, peu encombrant mais non minuscule ou fragile. Malgré sa petite taille, il a beaucoup de présence. Sa grande vigilance en fait en outre un excellent gardien de l'appartement ou du pavillon, une sorte de Dobermann en réduction (les deux races sont apparentées).

Mais le Manchester est à cent pour cent un Terrier. Il est donc doté de beaucoup d'influx et d'ardeur, sans tendance à devenir hypernerveux. Il est réceptif à l'éducation et sait ne pas aboyer à tout propos. Il est plein d'assurance et toujours joyeux, ni agressif ni grognon ou boudeur. Comme les autres membres de la « tribu », il a un sens aigu de l'injustice. Comme eux, également, sous l'apparence de l'effronterie et de l'indépendance, il cache un profond attachement à ses maîtres. Sa connivence avec les enfants est reconnue. Il peut s'adapter à bien des personnalités: il sait être le compagnon plein de fantaisie d'une personne pondérée ou se montrer un vrai sportif, infatigable. Il est citadin ou campagnard. Ce chien à poil ras, d'un gabarit ni grand ni très petit, devra assurément patienter encore un peu pour prétendre à une certaine popularité. En contrepartie, ses caractéristiques sont autant de vrais atouts pratiques, son originalité est discrète mais non surfaite.