Mâtin espagnol

Standard FCI Nº 91

Origine
Espagne
Traduction
F.C.I.
Groupe
Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer - Molossoïdes - Chiens de montagne et de bouvier suisse
Section
Section 2.2 Molossoïdes, type montagne
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
samedi 13 novembre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 26 mai 1982
Dernière mise à jour
vendredi 30 août 2002
In English, this breed is said
Spanish Mastiff
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Spanischer Mastiff
En español, esta raza se dice
Mastín español
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Spaanse Mastiff

Utilisation

Garde et défense. Cette race est intimement liée à la transhumance, et spécialement au mouton Mérinos qu’il accompagnait déjà aux temps de la « Mesta » (association moyenâgeuse des éleveurs de troupeaux transhumants) en le défendant des loups et autres déprédateurs, tout au long de ses déplacements et sur les lieux du pâturage, en toute saison et en n’importe quel site. Actuellement il accompagne de nombreux troupeaux, tant sédentaires que transhumants, en accomplissant son rôle ancestral. Il exerce de la même façon sa fonction de garde et de défense des maisons, personnes et propriétés en général.

Aspect général

C’est un chien de grande taille, hypermétrique et de proportions moyennes ; sa structure est sub-longiligne. Bien proportionné, très puissant et musclé. Ossature compacte avec une tête volumineuse et un corps recouvert d’un poil semi-long. On doit rechercher l’équilibre et l’harmonie fonctionnelle, tant à l’arrêt qu’en mouvement. Son aboiement est rauque, grave et profond, très sonore, perceptibles à une distance considérable.

Proportions importantes

La longueur du corps mesurée de la pointe de l’épaule à la pointe de la fesse est supérieure à la hauteur au garrot.
Le rapport entre la longueur du crâne et celle du chanfrein doit être de 3/2.

Comportement / caractère

Il s’agit d’un chien très intelligent, non dépourvu de beauté, dont l’expression manifeste ces deux qualités. Rustique, affectueux, calme et noble, il s’agit d’un chien très décidé devant les bêtes nuisibles et les étrangers, spécialement quand il a l’occasion de défendre fermes et troupeaux. Son comportement met en évidence que c’est un chien sûr de soi, dosant sa force dont il connaît l’énorme puissance.

Tête

Région crânienne

Tête
Volumineuse, solide, en forme de pyramide tronquée à large base. L’ensemble crâne et museau, vu de dessus, doit être carré et uniforme, sans diminution de largeur très marquée entre la base du museau et les temporaux. Les lignes supérieures du crâne et du chanfrein sont modérément divergentes.
Crâne
Large, solide, de profil subconvexe. La largeur du crâne doit être égale ou supérieure à sa longueur. Sinus frontaux accentués. Crête occipitale marquée. 
Stop
En pente douce, peu accentué.

Région faciale

Truffe
Noire, humide, volumineuse et large.
Museau
De profil rectiligne. Vu de dessus, il apparaît modérément rectangulaire, diminuant progressivement de largeur en direction de la truffe, mais conservant une largeur appréciable. En aucun cas pointu.
Lèvres
La supérieure couvre largement l’inférieure ; l’inférieure, avec sa muqueuse flaccide, forme une commissure labiale très lâche. Les muqueuses doivent être noires.
Mâchoires et dents
Articulé en ciseaux. Les dents sont blanches, petites et saines. Grandes canines pointues assurant une bonne prise. Molaires solides et puissantes. Incisives plutôt petites. Toutes les prémolaires doivent êtres présentes. Palais noir, avec crêtes palatines très marquées.
Yeux
Petits par rapport au crâne, en amande, de préférence foncés, de couleur noisette. Le regard est attentif, noble, doux et intelligent, très sévère face à un étranger. Les paupières colorées en noir ont un tissu épais. La paupière inférieure laisse voir une partie de la conjonctive.
Oreilles
De grandeur moyenne, tombantes, plates ; de forme triangulaire. Attachées au dessus de la ligne des yeux. Au repos tombantes et appliquées contre les joues, sans être trop collées contre le crâne. Si le chien est attentif, elles se détachent de la joue et se dressent partiellement en leur tiers supéro-postérieur. Elles ne doivent pas être coupées.

Cou

En forme de cône tronqué, large, solide, musclé, souple. Peau épaisse et lâche. Fanon double amplement développé.

Corps

Généralité
Rectangulaire. Fort et robuste, dénotant une grande puissance ; cependant souple et agile.
Ligne du dessus
Droite, horizontale, y compris quand le chien est en mouvement.
Garrot
Bien marqué.
Dos
Puissant, musclé.
Rein
Long, large et puissant ; ses dimensions diminuent à mesure qu’il se rapproche des flancs.
Croupe
Large et solide. Son inclinaison sur l’horizontale est de quelque 45°. La hauteur de la croupe est égale à la hauteur au garrot.
Poitrine
Large, profonde, musclée et puissante. La pointe du sternum est marquée.
Côtes
Côtes avec de larges espaces intercostaux, arrondies, pas plates. Le périmètre thoracique minimum doit dépasser d’environ 1/3 la hauteur au garrot.
Flanc
Les cordes du flanc sont descendues et les flancs sont très amples.
Ligne du dessous
Ventre très modérément relevé.

Queue

Très épaisse à sa racine, attachées à hauteur moyenne, solide, souple et recouverte d’un poil plus long que sur le restant du corps. Au repos, elle est portée bas, arrivant nettement au jarret ; elle forme parfois un crochet en son quart terminal. Quand le chien est en mouvement ou excité, il redresse sa queue en sabre, avec une courbure limitée à son extrémité, jamais sur toute la longueur ; elle n’est jamais appuyée sur la croupe.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Aplombs parfaits. Vus de face les antérieurs sont droits et parallèles. La longueur de l’avant-bras doit être le triple de celle du métacarpe. Ossature solide avec métacarpe puissant.
Epaules
Oblique, très musclée, plus longue que l’avant-bras. L’angle scapulo-huméral est voisin des 100°.
Bras
Fort, de longueur semblable à celle de l’omoplate.
Coudes
Bien appliqué contre le thorax. L’angle scapulo-radial est voisin des 125°.
Avant-bras
Solide, avec un rayon osseux vertical.
Métacarpe
Vu de profil peu oblique. Il est pratiquement dans le prolongement de l’avant-bras. Ossature solide.
Pieds antérieurs
De chat. Doigts serrés. Phalanges solides, hautes et bien cambrées. Ongles et coussinets robustes et résistants. Membrane interdigitale de développement moyen et pourvue de poils.

Membres postérieurs

Généralités
Puissants, musclés. Vues de profil angulations convenables, sous forme de grands angles articulaires. Aplombs corrects, de derrière et de profil. Jarrets non déviés. Ils doivent être capables de transmettre l’impulsion au chien avec facilité, force et élégance.
Cuisses
Solide et musculeuse. L’angle coxo-fémoral est voisin des 100°.
Grassets
L’angle fémoro-tibial est proche des 120°
Jambes
Longue, musclée et de solide ossature.
Jarret
Angle du jarret ouvert, proche des 130°.
Métatarse
Bien marqué, avec la corde nettement visible. Ergots présents ou non, pouvant être simples ou doubles ; leur ablation est autorisée.
Pieds postérieurs
De chat, légèrement ovales.

Allures

L’allure préférée est le trot qui doit être harmonieux et puissant sans tendance à la latéralisation. L’amble n’est pas admis.

Peau

Elastique, épaisse, abondante et de couleur rose, avec des endroits d’une pigmentation plus foncée. Toutes les muqueuses doivent être noires.

Robe

Qualité du poil
Dru, épais, demi-long, lisse, réparti sur tout le corps jusqu’aux espaces interdigitaux. On distingue deux types de poil ; un poil de couverture sur le dos et un autre de protection sur les côtes et les flancs. Plus court sur les membres et plus long et soyeux à la queue.
Couleur du poil
Indifférente, les couleurs les plus appréciées étant les robes unicolores jaunes, fauves, rouges, noires, louvet et rouge-cerf ; on apprécie de même tout mélange de couleurs, les chiens bringés, pies ou présentant un collier blanc.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Il n’y a pas de limite supérieure de taille, les sujets de la plus grande taille étant les plus estimés quand ils sont de proportions harmonieuses.
Hauteur au garrot : Taille minimum : mâles 77 cm, femelles 72 cm.
Il est désirable que ces tailles soient amplement dépassées ; il convient que les mâles dépassent les 80 cm et les femelles les 75 cm.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts généraux

 Chanfrein busqué, sans excès.
 Articulé en tenailles.
 Absence d’une prémolaire.
 Ligne dorso-lombaire faible, ayant perdu sa rectitude et ondulant à la marche.
 Métacarpes, métatarses et pieds faibles, sans excès.
 Timidité pas trop accentuée.

Défauts graves

 Aspect exagérément fragile ou lymphatique.
 Museau pointu.
 Prognathisme supérieur modéré (bégu).
 Absence d’origine non traumatique de diverses molaires ou canines.
 Entropion ou ectropion excessif.
 Oreilles coupées.
 Queue qui repose sur la croupe.
 Ligne dorso-lombaire ensellée.
 Hauteur à la croupe dépassant notablement la hauteur au garrot.
 Queue amputée.
 Aplombs non corrects, faibles ou déviés.
 Jarrets de vache, à l’arrêt ou pendant la marche.
 Déplacement latéral des membres pendant la marche (chien qui fauche).
 Poil ondulé, frisé, ou de longueur excessive.
 Caractère déséquilibré, timidité ou agressivité excessives.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Truffe ou muqueuses dépigmentées.
 Nez fendu.
 Prognathisme inférieur de quelques degré que ce soit ; prognathisme supérieur marqué.
 Yeux clairs.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Depuis le début des années quatre-vingt, les cynophiles espagnols mettent les bouchées doubles pour rattraper leur retard sur les autres pays européens. Ils se sont naturellement préoccupés en priorité de leur molosse national, le Mâtin Espagnol.

« Mâtin » sonne mal aux oreilles françaises : outre « chien de forte corpulence » (mais sans race définie), ce terme signifie « bâtard », « chien croisé ». On se trouve dans le même cas que pour le Mâtin Napolitain, race italienne; seulement, le Mâtin Napolitain est un dogue, alors que le Mâtin Espagnol est un chien de montagne.

Malgré son poil court, le molosse espagnol est en effet un cousin du Montagne des Pyrénées, du Saint-Bernard et du Leonberg, plutôt qu'un proche parent du Dogue de Bordeaux et du Mastiff.

Mais laissons ces considérations sur la classification et les dénominations du Mâtin Espagnol. Comme tous les chiens cités, il serait un descendant des grands chiens tibétains. Les spécialistes de son pays lui confèrent au moins quatre mille ans de présence dans la péninsule Ibérique. On ne cherchera donc pas ses ancêtres parmi les chiens amenés par les légions romaines. Quant à la grande popularité du Mâtin Espagnol, elle coïncide avec la période de la mesta.

Qu'est-ce que la mesta ? Il s'agit de la transhumance des troupeaux de moutons, mais organisée à une échelle vraiment gigantesque, unique au monde. Gigantesque par son ampleur géographique: 850 kilomètres depuis le sud de l'Espagne jusque dans le Centre et le Nord, c'est ce que devaient parcourir les troupeaux qui, dès le début du printemps, quittaient les régions chaudes pour rejoindre les pâturages montagnards. Gigantesque par les effectifs: un recensement effectué en 1526 dénombra exactement 3 453 168 moutons, ce qui nécessitait un nombre considérable de bergers ; quelque 40 000, une ville ambulante. La mesta, il faut le noter, a marqué l'Espagne de façon indélébile, ne serait-ce que dans ses paysages: peu à peu, la vaste et sauvage forêt centrale a fait place à une steppe aride.

Le développement de la mesta est sans aucun doute lié à la valeur des bêtes qui la composaient, à savoir les moutons mérinos, qui fournissent la meilleure laine du monde, et dont l'Espagne a eu le monopole jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Et le Mâtin Espagnol, au milieu d'une telle organisation ? Son rôle était évidemment primordial. Il importait que les mérinos de grande valeur fussent parfaitement protégés des prédateurs, aussi nombreux que variés dans les étendues sauvages qu'ils traversaient, c'est-à-dire des lynx, des ours et surtout des hordes de loups, sans parler des « prédateurs à deux pattes ». Les Mâtins étaient donc soigneusement sélectionnés, tant sur leur aspect physique que pour leur courage et leur vigilance extraordinaires.

Leur nombre devait également être imposant. On ne dispose d'aucune statistique ou estimation anciennes, mais, si l'on considère qu'un Mâtin peut assurer la protection d'environ 200 têtes, on obtient, au moment de la prospérité maximale de la mes ta, un effectif de 18 000 chiens. Si l'on se fonde maintenant sur le nombre de bergers, et qu'on suppose que chacun d'eux devait avoir au moins un chien auprès de lui, on arrive à une population canine de 40 000 sujets. On peut admettre que la réalité doit se trouver quelque part entre ces deux nombres; quel que soit celui qu'on choisit, on peut affirmer que le Mâtin Espagnol a été l'une des grandes races les plus prospères au monde.

Véritablement structurée dès le début du XlXe siècle, la mesta déclina à partir du XVIIIe siècle ; et les dernières grandes transhumances furent désorganisées par la guerre civile de 1936 - 1939. Le rôle du Mâtin devint aussi moins essentiel à mesure que les loups se faisaient rares; à la fin du XIXe siècle, tant en raison du déboisement généralisé qu'à cause de la chasse intensive qui leur fut faite (y compris les campagnes d'empoisonnement), ils ne constituaient plus une menace sérieuse pour les troupeaux. Certes, les Mâtins, au moins certains d'entre eux, ont pu se reconvertir à d'autres tâches : la garde des maisons ; la chasse en battue du sanglier ; comme chien militaire, la garde des dépôts de munitions; il fut aussi chien de trait. Mais, naturellement, il n'était pas sélectionné avec autant de soin : sa hauteur au garrot, par exemple, diminua ; le premier standard notait une taille de 60 à 70 centimètres, alors qu'aujourd'hui, le type ancestral ayant été retrouvé, elle ressort à 75-80 centimètres.

Malheureusement, la cynophilie espagnole, très discrète pendant des décennies, n'a pas pu prendre le relais pour assurer une sélection sérieuse. Cela explique que cette race soit si peu connue.

Entre 1912, date de la création du Livre d'origines espagnol (LOE), et 1975, moment où l'élevage de la race prit enfin un certain essor, soit une période de 64 ans, on n'inscrivit que 106 Mâtins au LOE; si l'on ajoute les 126 répertoriés par le RRC (registre initial pour les chiens sans origines connues), on obtient une moyenne de 3 spécimens par an, peut-être mille ou deux mille fois moins que dans la période dorée de la mesta. Le premier standard, imparfait, n'a été rédigé qu'en novembre 1946; un nouveau texte est paru en avril 1981.

L'histoire moderne du Mâtin Espagnol peut être divisée en deux périodes. Jusque dans les années soixante, la race a survécu difficilement. Avant 1971, aucun titre de champion d'Espagne n'a été décerné à un Mâtin Espagnol ; à cette date, un mâle nommé Peter fut le premier à se voir attribuer cette récompense.

Les années quatre-vingt ont vu l'essor spectaculaire de la race : création d'un club de race très actif, multiplication des élevages, présence aux expositions (depuis celui de Peter, plusieurs titres de champion d'Espagne ont été décernés chaque année), premières prestations dans les grandes expositions internationales. Les effectifs traduisent également cette extension: par exemple, entre 1980 et 1985, soit en cinq ans seulement, le nombre de naissances a été multiplié par 3,5, parvenant à plus de 700.

Parmi les éleveurs les plus réputés, on peut relever les noms de Luis Esquire Bolaiios, Manuel Diaz Navarro, Amadeo Alejandro. Parmi les chiens, celui de Tigre, champion mondial à Dortmund (1981) puis à Madrid (1983), et Best in Show à cette même manifestation. On notera encore que, en quelques années, les études sur l'histoire, le comportement et la santé du Mâtin Espagnol se sont multipliées.

Il est difficile de prédire un succès international au molosse espagnol. En effet, il existe déjà beaucoup de races de format gigantesque, et, vu les frais d'entretien de ces chiens, le nombre de leurs acquéreurs est forcément limité. Néanmoins, la race s'est implantée en Allemagne, où sa destinée est prise en main par le « Club du Molosse », et quelques sujets peuvent être comptés en Belgique et aux Pays-Bas. En tout cas, le Mâtin Espagnol est assuré de prospérer dans son pays.

Ce chien, par son format et son énergie, peut tenter les amateurs de sensations fortes. Son pelage relativement court (le protégeant bien des rigueurs climatiques mais ne nécessitant pas d'entretien), la grande diversité de ses coloris (fauve, du beige au rouge, charbonné ou non, louvet, bringé gris ou fauve, noir et feu, plus les robes marquées de blanc ou à fond blanc) sont autant d'atouts.

Au plan du caractère, le Club de race se préoccupe de garder un chien aussi voisin que possible du type ancestral, c'est-à-dire calme dans la journée et gentil avec ses proches, mais capable d'une détermination et d'un courage formidables en cas de danger et devenant extrêmement vigilant dès que le jour décline. La plupart du temps, il est donc discret, malgré sa taille volumineuse, sauf quand il fait retentir sa voix rauque, profonde, très impressionnante.

Ce chien très rustique doit vivre dehors toute l'année, avec seulement un abri sommaire pour la mauvaise saison, et disposer d'un espace assez grand. A défaut de pouvoir protéger les troupeaux, il sera le cerbère intraitable d'une vaste propriété.

Ce n'est pas pour autant un animal agressif et asocial (mais il est dominant envers les autres chiens). Une idée communément reçue est que c'est lui le chien sanguinaire qui accompagnait les conquistadores du XVIe siècle: c'est une erreur, car il n'aurait pas pu supporter la chaleur; contrairement aux apparences, il craint plus la canicule que le froid; d'ailleurs, il ne s'active que lorsque la fraîcheur s'installe à la nuit tombante. Le chien des conquistadores fut le Dogue de Burgos, appelé parfois Alano, qui combattait les taureaux dans l'arène.

Ceux qui désirent une race de très grand format qui soit exempte de dysplasie seront déçus, car le Mâtin Espagnol en est affecté, au même titre que les autres races de poids comparable. Cela dit, sa santé et sa rusticité ne prêtent pas le flanc à la critique. On peut cependant relever que certains sujets assimilent mal la vitamine D3.

Sans aucun doute, le molosse national espagnol présente suffisamment d'avantages pour s'implanter, même modestement, dans l'Hexagone: l'Espagne n'est pas le bout du monde, et l'on peut y rencontrer nombre d'éleveurs très expérimentés.