Pointer anglais

Standard FCI Nº 1

Origine
Grande-Bretagne
Traduction
Prof. R. Triquet
Groupe
Groupe 7 Chiens d'arrêt
Section
Section 2.1 Chiens d’arrêt britanniques et irlandais, pointer
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mardi 05 mars 1963
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 28 juillet 2009
Dernière mise à jour
lundi 23 novembre 2009
In English, this breed is said
English Pointer
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Englischer Pointer
En español, esta raza se dice
Pointer inglés
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Engelse Pointer

Utilisation

Chien d’arrêt.

Aspect général

Le pointer est harmonieux, bien construit de toutes parts. Il donne une impression de force et de souplesse. Son profil général décrit une série de courbes gracieuses.

Comportement / caractère

Aristocratique. Actif tout en dégageant une impression de force, d’endurance et de rapidité. Bon caractère ; d’un naturel égal.

Tête

Région crânienne

Crâne
D’une largeur moyenne, en rapport avec la longueur du chanfrein. La protubérance occipitale est bien prononcée. 
Stop
Bien marqué.

Région faciale

Truffe
De couleur sombre, mais elle peut être plus claire dans le cas de la robe citron et blanche. Elle est douce et humide, les narines sont bien ouvertes.
Museau
Quelque peu concave, il se termine au niveau de la truffe, donnant un aspect légèrement creux. Légère dépression sous les yeux.
Lèvres
Bien développées, souples.
Mâchoires et dents
Les mâchoires sont fortes et présentent un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c’est-à-dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d’équerre par rapport aux mâchoires.
Joues
Les arcades zygomatiques ne sont pas proéminentes.
Yeux
A égale distance de l’occiput et de la truffe. Vifs avec une expression de bonté. Les yeux sont de couleur noisette ou marron selon la couleur de la robe. Ils ne sont ni saillants ni hagards. Le regard n’est pas fuyant. Le pourtour des yeux est de couleur sombre, mais il peut être plus clair dans le cas de la robe citron ou blanche.
Oreilles
Le cuir est mince. Les oreilles sont attachées assez haut. Elles sont placées contre la tête, de longueur moyenne ; elles sont légèrement pointues à l’extrémité.

Cou

Long, musclé, légèrement roué, offrant une belle sortie d’encolure, exempt de fanon.

Corps

Rein
Fort, musclé et légèrement harpé. Il est court.
Poitrine
Juste de largeur nécessaire à bonne ampleur de la région sternale. Elle est bien descendue au niveau des coudes. Les côtes sont bien cintrées, bien développées vers l’arrière du thorax, diminuant graduellement vers le rein.

Queue

De longueur moyenne, épaisse à la base, allant en s’amincissant graduellement vers l’extrémité. Elle est bien couverte de poils serrés et portée au niveau du dos, sans présenter de courbure vers le haut. Quand le chien est en action, la queue doit battre d’un côté et de l’autre.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Les membres antérieurs, du coude au sol, sont droits et fermes avec une bonne ossature. Les os sont ovales ; les tendons sont forts et apparents.
Epaules
Longues, obliques et bien inclinées en arrière.
Carpe
L’articulation ne dépasse pas le profil antérieur du membre et fait une très légère saillie sur la face interne.
Métacarpe
Assez long, fort et élastique ; légèrement incliné.
Pieds antérieurs
Le pied est ovale ; les doigts sont bien serrés et cambrés, pourvus de bons coussinets.

Membres postérieurs

Généralités
Très musclés. Les os de la hanche sont bien espacés et proéminents, mais ils ne dépassent pas le niveau du dos.
Cuisses
Bien développée.
Grassets
Bien angulé.
Jambes
Bien développée.
Jarret
Bien descendu.
Pieds postérieurs
Le pied est ovale ; les doigts sont bien serrés et cambrés, pourvus de bons coussinets.

Allures

Unie. Le chien couvre beaucoup de terrain. Impulsion donnée par l’arrière-main. Les coudes ne sont ni en dedans ni en dehors. Ne doit absolument pas lever haut les membres à la manière d’un cheval Hackney (pas d’allures relevées ou sautillantes).

Robe

Qualité du poil
Fin, court, dur et également réparti, parfaitement lisse, droit et bien luisant.
Couleur du poil
Les couleurs habituelles sont citron et blanc, orange et blanc, foie (marron) et blanc, et noir et blanc. Les robes unicolores et tricolores sont également correctes.

Taille et poids

Hauteur au garrot
La hauteur au garrot recherchée est, chez le mâle, de 25 à 27 pouces (63 à 69 cm) et chez la femelle de 24 à 26 pouces (61 à 66 cm).

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Agressif ou peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Compléments apportés par les visiteurs

The most famous of the pointing gundogs, the English Pointer is descended from Spanish and Portuguese pointers introduced to the British Isles in the 1600's, as well as a variety of common French and English foxhounds and setters. The blood of Talbot Hounds, St.Hubert Bloodhounds, English Greyhounds and English Bullterriers also played a role in the development of this great bird dog. During the 1800's, when the Dalmatian breed was being established in Britain, many crosses with the Pointer were made, leading some to suggest that the similar colouring encountered in some English Pointers is a direct result of these matings, although most fanciers dismiss these claims, pointing out that the colour was common in the breed long before the Dalmatian appeared. The popularity of this hard worker was immediate, due to its outstanding scenting abilities and serious nature. The English Pointer was instrumental in the creation of quite a few other dogs, from various hunters to many bully breeds. The breed was never expected to actually hunt the hares by itself, but was rather used to find and point to the game, leaving it for the Greyhounds to chase the prey down. Its friendly and relaxed personality made the breed a common companion in England and it eventually found acceptance in many countries around the globe, retaining its fair popularity to this day. The English Pointer was recognized in the early 20th century by the United Kennel Club and has remained a well-loved breed in America ever since. In the United States, it was given the nickname "The Cadillac Of Bird Dogs" for its superb hunting qualities and was always distinguished from the common, but unrecognized American Pointer breed, to which it is related.
The English Pointer is an even-tempered and loving family pet and can live quite comfortably in urban environments, if provided with sufficient excercise. Its alert personality makes it an effective watchdog, although the breed generally isn't very territorial. This is a handsome, balanced and dignified breed, although some poorly bred specimens have uncharacteristic temperaments and can be overly shy and even vicious. Lightly built, muscled and agile, this is a very fast and athletic dog. The body is fairly square, with long legs and a deep chest. The head is elegantly chiseled, with the trademark "dish face" features and slightly pendant lips. The nose can be both black or flesh-coloured. The tail is relatively short and is famously known as the "bee sting". The coat is short, smooth and fine, coming in a variety of white-based bicolours, with black, brown and yellow markings being the only one accepted at Shows. Average height is around 25 inches.

Historique détaillé

Si l'on a coutume de dire que le Pointer est le pur-sang des chiens d'arrêt, ce n'est pas parce que les autres races seraient moins pures, et cela ne signifie pas non plus qu'il ait été exempt, dans un lointain passé, de quelques croisements destinés à hâter son amélioration. D'ailleurs, ses origines gardent, encore aujourd'hui, une bonne part de leur mystère.

Non, si le Pointer est un pur-sang, c'est par la perfection de ses lignes, exactement adaptées à ce qu'on lui demande sur le terrain. C'est par le très haut niveau de ses performances : vitesse, endurance, finesse du flair. Il apparaît comme l'aristocrate dans son domaine, ou mieux, comme la « formule un » du chien d'arrêt.

Certes, très peu de personnes pourraient arriver à piloter correctement une voiture de courses, mais ce serait une grave erreur d'en déduire que le Pointer ne peut être conduit que par une élite de chasseurs ou des dresseurs professionnels, ou qu'il ne conviendrait qu'aux circuits que sont les field-trials de printemps.

Le passé de cette merveilleuse mécanique, sa genèse, en fait, méritent qu'on s'y arrête, ne serait-ce que par les questions qu'ils posent. Une chose est certaine: le Pointer est un continental. Pour lui, comme pour les Braques, il faut donc remonter au « chien chassant en plaine loin des hommes » dont fait état Arrien, au IIe siècle de notre ère. Le paradoxe est que, après être passé entre des mains expertes, il a été considéré comme 100% anglais, et qu'il a servi à améliorer la plupart de ses cousins.

Ce chien est continental, soit mais est-il italien, français ou ibérique? Sur ce sujet, on a écrit, il y a quelques décennies, d'innombrables pages. C'est donc peu dire que les avis divergent. Naturellement, des spécialistes italiens aimeraient bien faire descendre une race aussi estimée de leur Braque, et certains auteurs français ont avancé que notre Braque national n'est pas étranger à l'amélioration du Pointer. Les partisans d'une origine espagnole sont cependant en majorité. Le Braque Espagnol aurait été importé en Grande-Bretagne entre 1705 et 1713 (date du traité d'Utrecht), par des officiers et soldats anglais engagés à la suite du comte de Peterborough dans la guerre de la Succession d'Espagne. Ensuite, à partir de 1720, les chasseurs britanniques se seraient attachés à améliorer les chiens d'arrêt espagnols.

Même si l'on prend en compte le fait que cette sélection dura un bon siècle, on reste stupéfait devant la transformation radicale qui s'est opérée: le Perdiguero Espagnol (ou Perdiguero de Burgos) est en effet le plus grand et le plus lourd des Braques continentaux, avec son corps et sa tête amples, recouverts d'une peau lâche; il est très fin de flair, mais fort lent et calme, quêtant à proximité immédiate du chasseur.

L'habileté, voire le génie des éleveurs canins d'outre-Manche n'est pas contestable. Quel choix curieux, tout de même, que de prendre le chien le plus débonnaire et le plus pesant, pour fabriquer un galopeur très racé ! On a bien essayé d'expliquer la métamorphose par de savants croisements, dans lesquels seraient intervenus le Bloodhound, le Fox-Hound, le Lévrier, le Bull-Terrier ou le Bulldog. Mais, comme on le verra plus loin, cette énumération est assez étonnante.

Il est certain, en tout cas, que le Pointer a longtemps été appelé Old Spanish Pointer, et qu'il doit bien y avoir une raison à cela. Alors ? Les patientes recherches de M. Martineau, ancien président du Pointer Club français, conduisent à une hypothèse plus que plausible et qui s'accorde en même temps avec l'appellation primitive de la race: ce ne serait pas tant le Braque Espagnol qui aurait constitué la base du Pointer que son homologue portugais, autrement dit le Perdiguero Portuguès. De toute façon, dira-t-on, ces chiens sont cousins germains, et c'est d'ailleurs l'objection que l'on a longtemps faite.

Or, le chien portugais possède des caractéristiques bien différentes de celles de l'Espagnol, et, ce qui est encore plus intéressant, relativement proches de celles du Pointer moderne. C'est en effet essentiellement un chien d'arrêt au caractère pétulant, à la morphologie plutôt nerveuse et légère, aux attitudes empreintes d'une grande souplesse. Sa tête n'est pas lourde, quoiqu'elle soit assez carrée, et sa caractéristique principale consiste dans un stop marqué : on est assez près du profil concave du Pointer ! Quant à ses allures, ce sont celles d'un rapide trotteur. Sa robe renforce encore la probabilité de lai filiation Perdiguero Portuguès Pointer : jaune ou marron unicolore ou tacheté. Du jaune portugais au citron ou orangé anglais, il n'y a qu'un pas, alors que le Perdiguero de Burgos, lui, comme d'autres Braques, est le plus souvent fortement moucheté de marron.

Qui plus est, cette hypothèse n'est pas en contradiction avec l'information fournie par William Arkwright, un grand éleveur anglais qui a fortement marqué l'élevage du Pointer et qui a écrit, en 1902, un ouvrage sur la race, devenu la Bible des pointermen. Selon Arkwright, le premier Spanish Pointer parvenu en Angleterre, en 1705, aurait été amené par un marchand portugais qui le céda à un baron nommé Beekhill, du Norfolk - un personnage original : complètement ruiné, il comptait principalement sur le produit de ses chasses pour vivre. On trouve la même anecdote chez Seydeman, en 1805.

L'ascendance portugaise des premiers Pointers serait alors passée inaperçue parce qu'on désignait indistinctement tous les Perdigueros comme Espagnols. D'ailleurs, il faut rappeler que, peu de temps auparavant (de 1580 à 1640), le Portugal avait été uni à l'Espagne, ce qui a pu renforcer la confusion. En outre, depuis le début du XVIIIe siècle, particulièrement, les relations commerciales entre le Portugal et la Grande-Bretagne étaient très soutenues, plus que les relations anglo-espagnoles.

Monsieur Martineau a poussé plus loin ses recherches. Il a ainsi trouvé des analogies frappantes entre le Pointer et certaines statuettes de bronze représentant des chiens de chasse avec une perdrix à leur pied, et qui proviennent des îles Ténériffe : le Perdiguero Portuguès aurait donc transité par cet archipel avant de prendre pied Outre-Manche.

Le plus ancien témoignage de la présence de l'Old Spanish Pointer en Angleterre paraît être une toile de Stubbs, datée de 1768, qui montre un chien blanc à taches marron. On peut penser que, dès cette époque, les éleveurs anglais avaient eu recours à différentes autres races pour accélérer son perfectionnement.

W. Arkwright ne réfute pas l'existence des croisements cités plus haut, tout en jugeant leurs effets négatifs. Ainsi, le Bloodhound aurait pu céder un peu de son flair légendaire, mais n'aurait-il pas nui à l'allègement du chien ? De façon analogue, on conçoit que le Foxhound, le fameux chien courant anglais, ait pu donner de la vitesse et de l'endurance, mais cela n'aurait-il pas été au détriment de l'aptitude à l'arrêt et de la réceptivité au dressage, deux qualités essentielles du Pointer ? Il est probable que ces essais n'apportèrent effectivement rien de bon, et qu'il fallut surtout en effacer ensuite les traces.

On a pu parler de miracle quand on a constaté la supériorité du chien anglais sur les Braques continentaux de la fin du XIxe siècle. Mais, plutôt que de l'expliquer par des croisements pour le moins étranges et hétéroclites, il faut surtout invoquer une consanguinité bien conduite. De plus, on n'oubliera pas que les chasseurs anglais, souvent fortunés, n'ont pas privilégié la polyvalence de leurs chiens d'arrêt, préférant avoir des spécialistes pour chaque phase de la chasse. Ainsi, à partir du milieu du XIxe siècle, ils créèrent des Retrievers pour la recherche et le rapport du gibier tiré. Cette évolution n'a pu que faciliter la sélection du Pointer.

Si l'on en vient maintenant à une période beaucoup moins confuse, celle des premières expositions canines, qui fut aussi celle des premiers field-trials (ou épreuves de travail), le tout en Grande-Bretagne, bien entendu, il n'est pas exagéré d'affirmer que ces manifestations virent le jour au bénéfice des Pointers et des autres chiens de chasse au fusil! Il était inévitable, tout d'abord, que les éleveurs et les chasseurs voulussent présenter et comparer les mérites de leurs créations et de leurs élèves. C'est donc sous leur impulsion que furent organisées les expositions canines. La première (au monde) eut lieu à Newcastle, les 28 et 29 juin 1859, et les soixante chiens qui y furent engagés appartenaient exclusivement à deux races: Pointer et Setter. Ce n'est qu'à l'occasion de la troisième exposition canine que furent adjointes des sections pour les non sporting dogs (les chiens ne chassant pas). Ainsi les débuts de la cynophilie sont dus aux pointermen et aux settermen.

Bientôt s'imposa la nécessité de vérifier sur le terrain les aptitudes des races créées pour la chasse au fusil, c'est pourquoi les field-trials furent mis au point, six ans seulement après la première exposition. La toute première épreuve de travail eut lieu le 18 avril 1865 au château de Mr. S. Whitbread, à Southill, Bedford-shire. Pour la petite histoire, signalons qu'elle se déroula par une grande chaleur, fort inhabituelle, qui, si elle gêna beaucoup les chiens (des Pointers et des Setters, évidemment), n'entama pas l'enthousiasme des organisateurs et des participants.

L'institution des field-trials fit sans aucun doute accomplir à l'élevage des chiens d'arrêt anglais de grands et rapides progrès : rien de tel, pour pouvoir opérer une sélection raisonnée, que d'avoir à sa disposition une base de résultats, des notes précises sur les qualités et défauts de tous les spécimens (ou presque). Ces field-trials constituaient le meilleur moyen de vérifier le bien-fondé de tel accouplement, l'emploi de tel étalon. Le Pointer, notamment, fit un bond décisif grâce à eux.

Lorsque les chiens britanniques arrivèrent en France à la fin du XIxe siècle (on ne tarda pas également à importer les field-trials), ils avaient bénéficié, depuis quinze ou vingt ans, d'une méthode de sélection rigoureuse et inconnue sur le Continent. On conçoit que leurs performances suscitèrent la stupeur et l'admiration. Bientôt, tout chasseur un tant soit peu éclairé et fortuné se dut de posséder un Pointer pour battre la plaine.

Cependant, s'il fut couvert d'éloges, le Pointer fut aussi l'objet des critiques les plus acerbes. Par exemple, le marquis de Cherville pouvait prédire : « Nos races de chiens sont en train de disparaître et d'ici un quart de siècle, le chien national des Français sera le Fox-Hound, ou plutôt le Pointer avec une prédominance des qualités du Fox-Hound. » Quant au comte de Grammont, le traducteur des ouvrages du cynologue anglais Hugh Dalziel, il se crut obligé de prévenir les lecteurs français, à propos des Pointers : « Il convient de dire qu'ils sont souvent inutiles et fatigants, et ils ne peuvent remplacer les meilleures races françaises. »

Il convient de replacer cette polémique dans son contexte. Les Anglais avaient alors acquis une incontestable avance en matière d'élevage d'animaux de race pure. Ce savoir-faire avait commencé à produire ses premiers résultats dès la fin du XVIIIe siècle, avec la sélection de la race ovine Dishley, mais c'est surtout l'élevage du cheval de pur-sang qui avait acquis un considérable prestige. Or, dans leur grande majorité, les amateurs de chiens de chasse étaient en même temps des hommes de cheval. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler que, à l'origine, la Société centrale canine était une émanation du Jockey Club, en remarquant aussi que le jargon cynophile est encore tout imprégné d'hippologie.

Par ailleurs, cette vogue des chiens de chasse britanniques, et spécialement du Pointer, est l'illustration de « l'anglomanie » qui avait cours en celte fin du XIxe siècle, anglomanie qui avait commencé à se manifester dès le retour des émigrés d'Angleterre et qui avait fini par atteindre toute la bourgeoisie du second Empire (Napoléon III donnait lui-même l'exemple en matière de chiens: ses meutes étaient exclusivement composées de Fox-Hounds et de Bloodhounds). Bien entendu, un tel engouement eut ses contempteurs, qui tentèrent de défendre les vieilles races françaises, issues de « chiens de pays », et qui s'évertuèrent à leur laisser un caractère régional.

Comparer Pointer et races de Braques françaises, comme on le fit souvent, sous-entendait un malentendu fondamental. Le premier avait été conçu pour des chasseurs disposant de vastes chasses bien tenues et gardées, possédant des fusils perfectionnés, et se faisant aider par plusieurs chiens spécialisés, selon les territoires et les gibiers, et affectés à des tâches distinctes : un loisir de luxe, minutieusement organisé. Les seconds étaient destinés à des chasseurs modestement équipés, évoluant sur des territoires très morcelés, et dont le chien, qui était seul pour tout faire, devait posséder des allures très modérées, une quête fort restreinte.

Les chiens français (les autres Continentaux aussi, d'ailleurs) et les chiens britanniques se trouvaient donc aux antipodes. Mais cela n'empêcha pas, dans l'entre deux-guerres, à mesure que l'on s'efforçait de rendre les races françaises de plus en plus sportives, que le Pointer devînt l'exemple à suivre. Cependant, nul ne pouvait prétendre rivaliser en quelques années avec plusieurs décennies de sélection, aussi le Pointer servit plus encore à améliorer d'autres races. C'est un fait que, dans les expositions et dans les fields, un certain nombre de Braques étaient fortement infusés de Pointer, comme en témoigne l'anecdote rapportée par E.L. Blat à propos du Braque d'Auvergne : Dans son ouvrage paru au lendemain de la guerre, Oberthur fait déjà mention de cette pointérisation abusive et raconte comment il acheta, dans les années trente, une chienne lauréate de l'exposition à l'Orangerie des Tuileries où avait lieu à l'époque l'exposition de Paris. Saillie par un de ses étalons, il eut la désagréable surprise d'obtenir dans sa portée des chiots blanc et foie.

Cette pointérisation eut ses inconvénients. D'une part, il en résulta la production de mauvais Braques, d'un tempérament trop ardent pour leurs qualités physiques ou trop vite pour leur nez, mais fallait-il en conclure que le Pointer n'amenait rien de bon ?

D'autre part, on nota l'apparition de mauvais Pointers à queue courte. De fait, il ne suffit pas qu'un chien traverse la Manche pour qu'il se révèle excellent, et il est évident que, la mode aidant, tous les Pointers importés n'étaient pas de grande qualité.

En France, l'implantation de la race a été rapide et solide, puisque le Pointer Club français a été créé dès 1891 ! D'abord adopté par l'élite des chasseurs, le Pointer n'a pas manqué, ensuite, de profiter du développement des field-trials. Il est incontestable, cependant, qu'on l'a destiné un peu trop exclusivement aux compétitions, en particulier celles dites de « grande quête » qui ne correspondent pas tout à fait aux impératifs de la chasse pratique, et que sa diffusion s'en est trouvée quelque peu entravée. Cette opinion est corroborée par un ancien président du Club français, J. - P. Bouin : « Malheureusement, par une politique à courte vue et peut-être trop axée sur la grande quête et pas suffisamment sur la chasse pratique, le club en charge de cette merveilleuse race n'a pas su, durant trop d'années, la vulgariser au sens noble du terme, je veux dire la faire mieux connaître et apprécier. »

Il ne faut pas s'étonner que le Pointer ait gardé longtemps cette image de grand trialer, de sportif de haut niveau réservé à une minorité de chasseurs.