Puli

Standard FCI Nº 55

Origine
Hongrie
Traduction
Prof. R. Triquet et Dr. J-M. Paschoud
Groupe
Groupe 1 Chiens de berger et de bouvier (sauf chiens de bouvier suisse)
Section
Section 1 Chiens de berger
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mercredi 11 août 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 29 octobre 2013
Dernière mise à jour
vendredi 06 décembre 2013
In English, this breed is said
Puli
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Puli
En español, esta raza se dice
Puli
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Puli

Utilisation

Bouvier.

Bref aperçu historique

Il s’agit d’une race de chiens de troupeau hongroise d’origine asiatique. Très probablement, ses ancêtres primitifs ont accompagné les anciens Magyars, un peuple nomade qui vivait de l’élevage des bovins, dans la plaine entourée par les Carpates.

Aspect général

Chien de taille moyenne et de constitution robuste inscriptible dans le carré. L’ossature est fine sans être trop légère. Le corps, quelque peu sec, est néanmoins bien musclé dans toutes ses parties. La configuration exacte des diverses parties du corps est difficile a apprécier vu que le corps est entièrement recouvert d’une toison fortement développée qui a la tendance à former des flocons ou des cordes. C’est pourquoi, pour juger le chien, il est recommandé de le palper. En tête le poil est si luxuriant qu’il forme un écran devant les yeux et que la tête paraît être ronde. La queue, abondamment fournie, est enroulée vers l’avant sur la croupe, ce qui donne l’impression que la ligne du dessus est légèrement ascendante vers l’arrière.

Proportions importantes

La longueur du corps correspond à la hauteur au garrot.
La hauteur de la poitrine est un peu inférieure à la moitié de la hauteur au garrot.
Longueur du museau correspond environ à un tiers de la longueur totale de la tête.

Comportement / caractère

D’un tempérament vif, il est extraordinairement zélé. Il aime les enfants et est un excellent chien de garde. Sa conformation actuelle s’est adaptée à son utilisation pour le sport canin.

Tête

Région crânienne

Tête
Vue de face ronde; vue de profil elle semble être de forme elliptique.
Crâne
Petit et fin. Les arcades sourcilières sont fortement développées. 
Stop
Faiblement marqué.

Région faciale

Truffe
Relativement petite et de couleur noire.
Museau
Pas pointu.
Lèvres
Tendues, d’une pigmentation foncée.
Chanfrein
Chanfrein droit.
Mâchoires et dents
Articulé en ciseaux, denture complète formée de 42 dents selon la formule dentaire du chien.
Yeux
De grandeur moyenne, de couleur brun-foncé, en position légèrement oblique et moyennement séparés l’un de l’autre. L’expression est vive et intelligente. Les bords des paupières sont fermement appliqués au globe oculaire et sont bien pigmentés.
Oreilles
Attachées à mi-hauteur, elles sont larges à leur base et tombantes. Le pavillon a la forme d’un « V » arrondi à son extrémité.

Cou

De longueur moyenne, tendu et bien musclé. L’encolure, qui forme avec l’horizontale un angle d’environ 45°, est couverte d’un poil touffu.

Corps

Ligne du dessus
Droite, à cause de la position de la queue elle donne l’impression d’être légèrement ascendante.
Garrot
Il ne ressort que très peu de la ligne du dessus.
Dos
De longueur moyenne, droit, ferme, musclé.
Rein
Abondamment musclé, court.
Croupe
Courte, légèrement inclinée.
Poitrine
Bien descendue, longue, les côtes bien cintrées.
Ligne du dessous
Ventre : Il remonte graduellement vers l’arrière.

Queue

Attachée à mi-hauteur, elle forme une boucle rabattue à plat sur la croupe et est couverte d’un poil touffu. Si on l’étire, sa longueur atteint le niveau du jarret.

Membres

Membres antérieurs

Epaules
L’omoplate est oblique et fermement appliquée à la cage thoracique. Une verticale imaginaire tirée du garrot frôle le devant de la poitrine à son point le plus bas. L’angle formé par l’omoplate et le bras est de 100 à 110°.
Bras
De longueur moyenne et bien musclé.
Coudes
Il est bien accolé à la cage thoracique. L’angle formé par le bras et l’avant-bras est de 120 à 130°.
Avant-bras
Long, droit, pourvu d’une musculature sèche.
Pieds antérieurs
Courts, arrondis, fermes, avec des doigts serrés. Les ongles sont noirs ou de couleur gris-ardoise foncé. Les coussinets sont de couleur foncée et élastiques. Les pieds sont parallèles, dirigés droit devant et moyennement écartés.

Membres postérieurs

Généralités
Les postérieurs sont parallèles et moyennement écartés; l’angle entre le bassin et la cuisse est d’environ de 100-110°; l’angle du grasset mesure 100-110°.
Cuisses
Les cuisses et les jambes sont longues et bien musclées..
Jarret
Sec, nettement dessiné.
Métatarse
Court.
Pieds postérieurs
Un peu plus plats que les antérieurs; à part ça identiques aux antérieurs.

Allures

Les allures sont très vives, pleines de tempérament, souvent trottinantes et sautillantes. Le pas est court. Le chien a tendance à tournoyer et tourbillonner sur place.

Peau

Sans plis, ferme, fortement pigmentée. Dans toutes les variétés de couleur, les surfaces glabres sont noires ou gris-ardoise.

Robe

Qualité du poil
Le poil des chiots est serré, ondulé ou crépu. Plus tard il se forme des touffes de poils qui se développent en flocons fermement structurés ou en mèches à poil cordé. La robe est formée d’un poil de couverture assez grossier et d’un sous-poil plus fin. La proportion respective entre ces deux sortes de poil détermine le caractère de la toison. Quand le poil de couverture est beaucoup plus développé que le sous-poil, la robe présente une structure atypique et les poils sont quelque peu écartés. Si le sous-poil prédomine, - ce qui est indésirable - il se forme une fourrure de structure trop molle et feutrée, qui est difficile à entretenir. La proportion correcte entre les deux sortes de poil, fixée génétiquement, détermine la structure de la fourrure esthétiquement avantageuse, qui est formée de flocons et de cordelettes et qui est facile à entretenir. Les cordelettes les plus longues se trouvent dans la région lombo-sacrée et à la face postérieure des cuisses (20 à 30 cm), les plus courtes à la tête et aux membres (10 à 12 cm). Sur la tête, la composition de la fourrure est idéale quand les poils présentent une structure vigoureusement cordée et forment écran devant la région faciale. Aussi bien le poil soigneusement peigné que le poil négligé et ébouriffé sont indésirables.
Couleur du poil
a) - Noir.
- Noir avec nuance discrète de couleur rouge-rouille ou grise.
- Fauve (fakó) avec un masque noir distinct.
Une marque blanche d’un diamètre qui ne dépasse pas 3 cm est admise sur le poitrail. Du blanc entre les doigts n’est pas considéré comme un défaut.
b) - Blanc perle, sans trace de nuance froment-doré (semmelblond).
Toute les couleurs et marques qui s’écartent des couleurs précitées sont indésirables.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Pour les mâles : 39 à 45 cm, taille idéale 41 à 43 cm et pour les femelles : 36 à 42 cm, taille idéale 38 à 40 cm.
Poids
Le poids est de 13 à 15 kg pour les mâles, et de 10 à 13 kg pour les femelles.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Absence d’une ou de plusieurs dents (incisives, canines, prémolaires 2-4, et molaires 1 et 2).
 Absence de plus de deux PM1 ; les M3 ne sont pas prises en considération.
 Prognathisme supérieur ou inférieur, arcade incisive déviée.
 Queue portée en faucille ou horizontalement.
 Poil court, lisse qui ne forme pas de flocons ni des mêches cordées.
 Couleurs défectueuses, marques et taches indésirables.
 Taille qui s’écarte des normes indiquées dans le standard.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Compléments apportés par les visiteurs

This is a very old Hungarian breed, developed from Eastern herding dogs brought by the Magyars in the 9th century. Some sources suggest that it might have some Tibetan Terrier blood in its lineage as well. Alongside its larger relative, the Komondor, the Hungarian Puli is an ancestor of many European breeds, most notably the Poodle. This powerful sheepdog has traditionally been used as a herder and protector of livestock, as well as a hunter and farm watchdog. Existing in a variety of working types and sizes in the past, the Puli was standardized in the late 1800's and became a popular show dog and companion during the first half of the 20th century. Nearly wiped out by the WW2, the breed was successfuly revived by committed breeders and is now a common worker and family pet worldwide. The Hungarian Puli also makes a capable water retriever and police dog.
Energetic and playful, the Puli is generally friendly towards people, but can be confrontational around other dogs, needing proper socialization. The coat is long, dense and corded, requiring regular care and grooming. Only black dogs were favoured in the past, but the modern Hungarian Puli also comes in solid shades of white, gray and apricot. The average height is around 17 inches.

Historique détaillé

D'où vient le Puli? Si, grâce à son épaisse et originale toison, il ne laisse guère deviner ses formes, on peut dire aussi que le plus répandu des chiens de berger hongrois ne se montre pas très disposé à dévoiler ses origines exactes.

Selon une hypothèse, exposée dans une publication belge, le Puli pourrait être né au IIIe millénaire avant J. -C. En effet, des inscriptions cunéiformes sumériennes auraient fourni trois noms de chiens ressemblant étrangement aux appellations de trois races hongroises actuelles: ku-mun-dur (aujourd'hui, Komondor), ku-assa (Kuvasz) et pu-ly (Puli). Mais peut-être ne s'agit-il que d'une simple coïncidence linguistique, car, outre qu'on ne sait pas à quoi pouvaient ressembler ces chiens sumériens, aucun élément historique ne permet d'expliquer leur arrivée en Hongrie.

La grande plaine hongroise a été le lieu de passage ou d'installation de nombreux peuples nomades originaires d'Asie. Comme le Puli y est connu depuis des centaines d'années, on a donc cherché à situer son arrivée au moment des diverses invasions dont la région danubienne a été le théâtre. Il y a eu notamment les redoutables Huns, au IVe siècle, mais ils n'ont fait que passer, et on ne voit guère ces adeptes de la « politique de la terre brûlée » laisser un grand nombre de leurs chiens de berger. Plus tard, vers 1240 plus exactement, un peuple d'origine turque, les Coumans, ont poussé jusqu'en Hongrie et y ont effectivement laissé quelques souvenirs, mais, pour ce qui concerne les chiens, il s'agirait plutôt du Kuvasz, comme le corrobore le fait qu'il existe encore maintenant des chiens turcs (appelés Akbash dans les pays anglo-saxons) présentant de grandes analogies avec cette race hongroise.

Il faut donc se tourner finalement vers les Magyars du prince Arpàd, arrivés dans la puszta en 896, pour trouver vraisemblablement les premiers maîtres du Puli. Le mot Puli (au pluriel: Pulik) a d'ailleurs une racine magyare et signifie « chien de berger », tout simplement.

On suppose que le Puli d'il y a quelque mille ans devait posséder une taille supérieure à celle des sujets d'aujourd'hui : « Au début, il effectua un travail de bouvier, où il fallait un chien de grande taille (de 50 à 60 cm), afin de pouvoir se mesurer avec les imposants bœufs gris à longues cornes, ou avec les buffles noirs. Même les moutons racka aux cornes torsadées pouvaient présenter des dangers pour les chiens qui n'étaient pas assez vifs, agiles et robustes », précise Bela Szlamka, secrétaire du Club français de la race. Il était plus grand, certes, mais ne risquait pas vraiment d'être confondu avec son imposant parent, le Komondor : ce dernier était, et est toujours, essentiellement un chien de garde et de protection, qui allie en lui la force et la taille, alors que le Puli se voyait chargé de la conduite des troupeaux, activité réclamant beaucoup plus de vivacité.

Le Puli et le Komondor, qui, avec leur poil long et fourni, plus ou moins feutré ou cordé, ont un aspect caractéristique, sont certainement les deux plus anciens représentants du type chien de berger à poil long. De telles races sont nombreuses en Europe (en France, on connaît le Briard et le petit Berger des Pyrénées), et notamment en Europe de l'Est (où existent le Nizinny polonais, le Berger de Russie Méridionale). Plusieurs auteurs pensent que ce type canin vient d'Asie, et qu'il aurait été introduit en même temps que les grands chiens de montagne. Comme l'ancêtre présumé de ces derniers est le Dogue du Tibet, on a pensé que le chien de berger à poil long originel ne serait autre que le Terrier du Tibet (bien mal nommé, puisque sa fonction était de conduire les troupeaux). Cependant, l'hypothèse du Dogue du Tibet comme ancêtre des molosses européens est elle-même bien fragile, aussi il vaut mieux ne pas s'attarder sur celle ayant pour point de départ le Terrier du Tibet.

Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de doute que la toison très protectrice du Puli était bien adaptée au climat fort continental de la puszta hongroise, où la température descend couramment à - 30°C en hiver et peut, en revanche, dépasser les 35 °C en été (c'est pourquoi, on avait l'habitude de la tondre en même temps que celle des moutons, afin que l'activité du chien ne soit pas réduite). L'occupation pastorale typique de la puszta (élevage en plein air toute l'année d'immenses troupeaux de bovins et d'ovins) s'est poursuivie jusqu'au XIXe siècle, et il est donc probable que le Puli n'a pas subi d'évolution notable, depuis son arrivée.

Au cours du XVIIIe siècle, cependant, un événement eut sans doute une répercussion sur le Puli. A cette époque, on commença d'importer d'Europe de l'Ouest des moutons mérinos, aux qualités lainières incomparables. Les chiens de berger qui amenèrent ces troupeaux jusqu'en Hongrie, et qui pouvaient être espagnols, français et allemands, ne manquèrent pas de se fixer dans la puszta et de se mélanger aux Pulik locaux. De ces croisements résulta une nouvelle race, le Pumi, à l'évidence apparentée au Puli pour nombre de ses caractéristiques, mais qui montre aussi une ascendance Spitz bien visible (ses oreilles érigées, par exemple); d'ailleurs, ce chien a eu, avant celle de Pumi, d'autres appellations comme celle de Puli aux oreilles dressées ou celle de Somogy Puli (Somogy étant le nom d'une région de Hongrie). Chez le Puli, cet apport de races étrangères se traduisit par un caractère nouveau: l'apparition de robes foncées, noires ou noir roussâtre. On peut penser également que, devenant spécialiste de la conduite des moutons mérinos, il vit sa taille diminuer quelque peu.

Un autre fait doit être noté: pendant un laps de temps assez long (entre le XVIe et le XVIIIe siècle), le Puli fut employé à une tâche radicalement différente de la conduite des troupeaux, à savoir la chasse au marais, notamment comme spécialiste du canard. Voilà qui peut étonner : sa robe, certes fort protectrice pour évoluer dans les eaux glacées, ne le gênait-elle pas pour nager? Il semble que non; au contraire, elle aurait fait office de flotteur, et on peut remarquer aujourd'hui que de nombreux Pulik ont un goût prononcé pour l'élément aquatique. Par ailleurs, cette fonction témoigne de la formidable adaptabilité de la race. C'est ainsi que le Puli fut appelé également le « chien d'eau hongrois ». En 1751, un auteur allemand du nom de Heppe utilisa cette appellation en lui joignant une description qui correspond parfaitement à celle du Puli.

Si la littérature concernant le Puli dans son activité traditionnelle de conducteur de troupeaux est quasiment inexistante (bien peu de lettrés s'intéressaient aux choses de la campagne), l'ancienneté de la race est amplement confirmée, par exemple grâce à l'abondance de proverbes hongrois ayant trait au Puli. M. Szlamka nous en livre quelques-uns, très révélateurs de l'originalité de la race: « Il y a le Puli et les autres chiens », ou : « Le Puli est un Puli et non un chien », et : « Observe ton Puli, tu sauras qui se trouve face à toi! »

Cependant, à mesure que le XIXe siècle avançait, les troupeaux transhumants durent de plus en plus laisser la place aux cultures, et le Puli finit par déserter la campagne hongroise, sauf en quelques régions. On l'employa encore comme chien de garde dans les villages et les fermes, puis, avec l'exode rural, il se retrouva dans les villes, toujours comme chien de garde. Cette tâche de cerbère lui alla si bien que, dans les années 1920 - 1930, la police l'employa avec succès, en choisissant bien sûr les spécimens les plus grands (50 cm au garrot et plus). Le standard actuel mentionne encore cette ancienne affectation.

Cette référence au standard permet d'en venir à la période cynophile de la race. Le premier standard du Puli fut rédigé en 1924 et rendu officiel l'année suivante (il a été revu en 1955, puis en 1966). A la même époque, un club de la race fut fondé, alors qu'auparavant il existait une seule association des éleveurs de chiens de berger hongrois. Rapidement, le Puli devint une des races préférées dans son pays : des statistiques de 1935 nous apprennent qu'il était alors le deuxième en nombre. Le Livre des origines hongrois comptait alors 992 inscriptions de Pulis pour 1 700 inscriptions de Kuvasz (la race de Berger hongrois la plus prisée à l'époque), 972 de Komondors et 293 de Pumis. Dès lors, la race fut rapidement connue en Occident, et en premier lieu aux Etats-Unis, du fait que de nombreux Hongrois s'étaient expatriés outre-Atlantique. Sa robe cordée ayant fait sensation en 1930, il suscita assez d'intérêt pour être officiellement reconnu par I'American Kennel Club dès 1936.

C'est de 1936, également, que date l'inscription du premier spécimen de la race au Livre des origines français. En France, le Puli est cependant resté fort discret jusqu'à une époque récente. En 1960, il n'existait encore pratiquement pas de possibilités d'importation. Ce n'est qu'en 1980, avec la création d'une section des chiens de berger hongrois au sein du Club du Shetland, que la race a pu s'accroître en nombre et commencer à sortir de l'anonymat. Reconnaissance bien nécessaire, car la plupart des ouvrages canins, quand ils n'omettaient pas de signaler l'existence du Puli, en donnaient des descriptions fantaisistes, aussi bien en ce qui concerne son poids, indiqué par exemple comme deux fois trop élevé, que son poil, que certains sujets auraient eu « même long et cordé ». Si, au physique, le Puli n'est certainement pas un chien ordinaire, son caractère n'est pas moins original, ce que laissent d'ailleurs pressentir les proverbes hongrois cités plus haut.

On s'attardera tout d'abord sur son aspect. Lorsque le Puli est couché à quelque distance, on ne peut voir qu'un amas indistinct de poils emmêlés; en s'approchant, peut-être verra-t-on une langue pendante, et en déduira-t-on qu'il s'agit d'un animal. Que ce dernier se lève, et on ne sera guère mieux renseigné : certes, on sait désormais par « quel bout le prendre », puisqu'une masse ronde émerge, qui est à l'évidence une tête, avec sa truffe et sa langue; des oreilles et des yeux, point. De cou, il ne semble pas y en avoir non plus, ni de queue. Et, si c'est un beau sujet âgé de trois ou quatre ans (dont la robe a atteint son complet développement), c'est tout juste s'il y a des membres pour soutenir cette masse poilue, le plus souvent noire ou brun-noir, voire entièrement rousse (dans ce dernier cas, il s'agit d'un noir qui a roussi, et non d'un vrai marron ou bronze, car la truffe reste noire et non brune). Mais voilà que cela s'anime, bondit, comme monté sur ressorts. Le doute n'est alors plus permis, il s'agit bien d'un chien, extrêmement vif, pétulant, témoignant bientôt de son amitié pour ses proches ou repoussant vigoureusement les intrus. On se dit alors qu'une race à l'aspect aussi curieux doit nécessiter des soins très contraignants, ou que sa silhouette doit bien moins à la nature qu'à un toilettage particulier. Erreur! Cette propension qu'a le poil du Puli à former des cordes, des nattes ou des rubans selon les cas est toute naturelle, et il faut seulement que le propriétaire donne, au moment opportun, un petit « coup de pouce ». En l'occurrence, pour les robes qui ont tendance à feutrer, il évitera que les tresses, qui commencent à se former à partir de l'âge de un an (ou un peu avant), ne s'emmêlent, ne se mélangent. Aucun artifice donc dans cette intervention, mais surtout un examen régulier de la robe. Les bains fréquents sont à proscrire, car ils modifieraient la texture du poil. Pour la partie inférieure de la fourrure, qui se salit plus vite, quelques lavages partiels dans l'année peuvent être nécessaires. Sinon, un ou deux bains complets par an doivent être suffisants. Finalement, on peut dire que l'entretien du Puli demande, le plus souvent, moins de temps que celui de la plupart des autres races à poil long.

A la naissance, le bébé Puli possède un poil court, brillant, frisé et bouclé. Deux mois plus tard, la robe est devenue plus longue (de 4 à 8 cm) et fournie, elle est toujours douce au toucher, mais elle ne boucle plus que légèrement. A la puberté, nouvelle « métamorphose » : le « poil de jeune» est remplacé par celui d'adulte, où le sous-poil, appelé « poil floconneux » dans le standard, va commencer à faire feutrer la robe. Dès ce moment, il faudra éviter les interventions fréquentes de la brosse (du genre d'une brosse en chiendent) jusqu'alors utilisée. Si la robe a tendance à corder, elle ne nécessitera presque plus aucun entretien. Si, au contraire, elle a tendance à feutrer par larges plaques, il faudra y mettre régulièrement les doigts, pour ôter le poil mort et surtout pour faciliter la formation de « rubans ». Entre ces deux extrêmes, il existe d'autres types de robes, avec des tresses ou des rubans plus ou moins larges. Ces différences sont liées à l'abondance du sous-poil par rapport à celle du poil de jarre. Elles sont aussi d'ordre génétique. On notera enfin que le complet développement de la robe n'est atteint qu'à partir de l'âge de deux ou trois ans.

Mais l'originalité de son système pileux ne doit pas occulter le caractère très typé du Puli. C'est tout d'abord un chien très vivant, nullement gêné dans ses mouvements par son épaisse toison, aimant se dépenser en pleine nature ou au jardin, et, en plus, c'est un excellent sauteur. Son galop, très saccadé, est tout à fait curieux, mais apparemment efficace. Ce chien rustique dans l'âme, qu'aucune intempérie ne saurait dissuader de sortir, peut s'accommoder d'une vie citadine, à condition de bénéficier de sorties fréquentes.

Le deuxième trait de caractère qui saute immédiatement aux yeux est son aptitude très développée à la garde. Sa méfiance est innée, et, le cas échéant, il peut faire preuve d'initiative et de courage. Rien ne lui échappe, et il n'hésite pas à le signaler. Si on le laisse livré toute la journée à lui-même, il est possible qu'il devienne un bavard impénitent, mais on pourra corriger ce défaut au moyen d'une éducation appropriée, et en lui proposant diverses activités : les chiens aboyeurs, à quelque race qu'ils appartiennent, sont le plus souvent des chiens qui trompent leur ennui. Au total, on peut considérer le Puli comme un très bon chien de garde. Il compense sa taille modérée par un aspect déroutant qui impressionne.

Ces dispositions pour la garde sont complétées par une bonne réceptivité au dressage: à ce sujet, ses dons d'observation et sa grande mémoire ont souvent et justement été soulignés. Néanmoins, il faut tenir compte de son tempérament fier, indépendant, exclusif: donc, pas de punitions injustes ou disproportionnées, pas d'exercices longs et répétitifs. On travaillera dans la joie et la complicité. Ces conseils sont évidemment valables pour toutes les races, mais il faut noter que le Puli est imperméable à une éducation « mécanique » et coercitive. Au contraire, en tablant sur sa tendance à s'attacher à son maître, sur son goût du jeu (dans ce domaine il fait assaut d'invention et de pétulance avec les enfants de la famille), on peut certainement obtenir d'excellents résultats: le Puli a été chien de police dans son pays, on ne l'oublie pas, et, aux Etats-Unis, de nombreux Pulik sont formés avec succès à l'obédience et même à la défense. Le Puli partage sa robe très curieuse avec l'immense Komondor. Sa diffusion est facilitée par son gabarit modéré: une quarantaine de centimètres au garrot pour un poids compris entre 10 et 15 kilos. En aucun cas) cependant, on ne peut le considérer comme un « petit chien », grâce à son tempérament affirmé. Pour peu que son maître et ses proches fassent l'effort de le comprendre, il peut s'adapter aux conditions de vie les plus diverses. L'intérêt qu'on lui a manifesté ces dix dernières années n'a rien d'un feu de paille, d'une mode éphémère: le Puli est original par quelque bout qu'on le prenne. Son aspect surprend, certes, au premier abord, mais c'est tout au long de sa vie que son intelligence, ses capacités d'initiative et sa facilité d'adaptation étonneront. Et, comme sa bonne santé s'accompagne de longévité, on peut prédire que les futurs acquéreurs de Puli ne regretteront pas leur choix.

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