Sussex Spaniel

Standard FCI Nº 127

Origine
Grande-Bretagne
Traduction
Prof. R. Triquet. Mise à jour : J. Mulholland / Version originale : (EN)
Groupe
Groupe 8 Chiens rapporteurs de gibier - Chiens leveurs de gibier - Chiens d'eau
Section
Section 2 Chiens leveurs de gibier et broussailleurs
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
vendredi 31 décembre 1954
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 13 octobre 2010
Dernière mise à jour
jeudi 08 décembre 2011
In English, this breed is said
Sussex Spaniel
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Sussex Spaniel
En español, esta raza se dice
Sussex Spaniel
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Sussex Spaniel

Utilisation

Chien leveur de gibier.

Aspect général

Massif, solidement construit, actif, énergique. Le mouvement caractéristique diffère de celui de tous les autres Spaniels, le Sussex Spaniel roulant nettement dans ses allures.

Comportement / caractère

Aptitude naturelle au travail ; donne de la voix en action dans le couvert épais. Bonne nature ; agressivité à proscrire.

Tête

Région crânienne

Tête
Bien proportionnée.
Crâne
Il est large et présente une courbe modérée d’une oreille à l’autre. Il n’est ni plat ni en dôme. Il présente une dépression centrale. Les sourcils sont froncés. L’occiput est bien marquée, mais pas en pointe. 
Stop
Prononcé.

Région faciale

Truffe
Elle est de couleur marron ; les narines sont bien développées.
Mâchoires et dents
Les mâchoires sont fortes et présentent un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c’est-à-dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d’équerre par rapport aux mâchoires.
Yeux
De couleur noisette, assez grands, pas proéminents ; expression douce; si visible, la conjonctive est très discrète.
Oreilles
Epaisses, assez grandes, en forme de lobe, attachées modérément bas, juste au-dessus du niveau des yeux. Elles sont disposées contre la tête.

Cou

Long, fort et légèrement galbé, ne portant pas la tête très au-dessus du niveau du dos. Fanon léger, mais jabot bien marqué.

Corps

Généralité
Tout le tronc est fort et horizontal, du garrot aux hanches, sans que les flancs soient marqués.
Dos
Bien développé et musclé en largeur et en épaisseur.
Rein
Bien développé et musclé en largeur et en épaisseur.
Poitrine
Bien descendue et bien développée. Elle n’est pas trop ronde ni trop large. Les dernières côtes doivent être bien descendues.

Queue

Auparavant la coutume était d’écourter la queue à une longueur de 13-18 cm.
Queue coupée : Attachée bas et jamais portée au dessus du niveau du dos. La queue est couverte d’un poil dense mais sans franges.
Queue non coupée : Attachée bas, de longueur moyenne et pas portée au dessus du niveau du dos. Elle doit s’effiler graduellement vers l’extrémité et être modérément frangée. La queue animée d’un mouvement vif est typique de la race.

Membres

Membres antérieurs

Epaules
Obliques et bien dégagées.
Avant-bras
Plutôt courts et forts. Musclés, pourvus d’une bonne ossature.
Carpe
Bien développés et solides.
Métacarpe
Courts et pourvus d’une bonne ossature.
Pieds antérieurs
Ronds, pourvus de bons coussinets, bien fournis de poils entre les doigts.

Membres postérieurs

Généralités
Les membres postérieurs sont courts et forts et ils ont une bonne ossature. Ils ne paraissent pas plus courts que les antérieurs et ne présentent pas des angulations exagérées.
Cuisses
Musclées et pourvues d’une ossature solide.
Jarret
Gros et forts.
Pieds postérieurs
Ronds, pourvus de bons coussinets, bien fournis de poils entre les doigts.

Allures

Mouvement dégagé à l’avant comme à l’arrière, avec un roulis caractéristique.

Robe

Qualité du poil
Abondant et plat, sans aucune tendance à boucler. Sous-poil très fourni pour résister aux intempéries. Les oreilles sont couvertes d’un poil doux, ondulé mais pas trop abondant. Membres antérieurs et postérieurs modérément bien frangés.
Couleur du poil
Marron (foie) doré intense, le poil passant au doré à l’extrémité le doré domine. Le marron foncé ou la couleur puce sont indésirables.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Idéale de 38 à 41 cm.
Poids
Approximativement 23 kg.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Parmi les membres de la famille Spaniel, le Sussex Spaniel est actuellement un des trois plus rares, bien qu'il soit le premier à avoir été considéré comme une race.

Certes, tout au long du XIXe siècle, et même bien avant, les Spaniels présentèrent de nombreuses variétés, modelées par des terroirs différents ou distinguées selon des critères de taille ou de couleur. Cependant, on n'avait aucun scrupule à les croiser entre elles, aussi est-il assez difficile de les individualiser. Les Spaniels étaient avant tout des chiens de travail, et les qualités de chasseur gardèrent longtemps la priorité sur la pureté du modèle morphologique. La sélection des divers types n'intervint qu'à la fin du siècle.

Le Sussex-Spaniel a pourtant été caractérisé et fixé bien avant que la cynophilie ne s'organise. C'est dès 1795, en effet, qu'un certain Mr. Fuller, de Rosehill Park près de la ville d'Hastings, dans le comté du Sussex, entreprit de sélectionner ce chien. Selon ce qui est généralement admis, il se servit de divers Spaniels (plus ou moins bien caractérisés, comme on l'a vu) : on cite régulièrement le Norfolk Spaniel (chien qui n'a jamais accédé à un statut de race) ainsi que le Field Spaniel; on est moins catégorique en ce qui concerne un recours au Springer Spaniel.

Par ces croisements, Mr. Fuller voulait produire un type canin particulier. Ce chien devait être apte à évoluer dans les sous-bois les plus touffus, puissamment construit, tenace et moyennement rapide dans sa quête ; en outre, pour que le chasseur puisse le situer et le suivre parfaitement, il fallait qu'il donne de la voix. Cette dernière qualité, une des principales originalités du Sussex Spaniel, a été fort appréciée. Voici, par exemple, ce qu'en a dit Stonehenge, un des grands auteurs canins du XIXe siècle : « Il est doué d'une voix pleine, qui résonne comme une cloche, dont il varie les tons selon le gibier qu'il a devant lui. Grâce à cette voix, un chasseur expérimenté pourra dire s'il peut s'attendre à tirer de la plume ou du poil, et il distinguera la trace chaude d'une piste ancienne. »

Cette caractéristique explique certainement que son créateur ait désiré que ce chien soit d'une teinte mordorée, camouflage parfait dans les bois en automne. Jusqu'à sa mort, en 1847, Fuller travailla sans relâche à perfectionner le Sussex Spaniel.

On a parfois avancé que ce chien pouvait être issu du Clumber, autre type ancien de Spaniel lourd, ou même qu'il pouvait en être l'ancêtre. Il est vrai que tous deux se ressemblent, mais il n'existe aucune preuve de leur étroite parenté (dans un sens ou dans l'autre). Pas plus qu'il n'est prouvé qu'il y a chez le Sussex du sang de chien courant, même si sa faculté de donner de la voix lorsqu'il suit l'émanation peut le suggérer.

Le Sussex fut ensuite extrêmement recherché. On acheta fort cher les meilleurs sujets, notamment ceux qui se distinguèrent dans les premiers field-trials pour Spaniels, au cours desquels la race s'illustra brillamment. Le Sussex ne tarda pas non plus à figurer dans les expositions : sa première prestation eut lieu au Crystal Palace, à Londres, en 1862.

Malheureusement, vers la fin du XIXe siècle, une épizootie de rage décima le chenil de Rosehill, resté l'élevage le plus important spécialisé dans la race. Pour sauver celle-ci, il semblerait qu'on ait alors fait appel au Black Field Spaniel. En tout cas, le Sussex en sortit fort amoindri et ne put jamais retrouver son ancienne popularité. Il est vrai que, dans l'intervalle, d'autres Spaniels avaient fait leur apparition. Et non des moindres, puisqu'il s'agit du Cocker et du Springer.

A l'issue de la Première Guerre mondiale, le Sussex Spaniel se retrouva donc dans une situation difficile. Patiemment, ses amateurs reconstituèrent ses effectifs, et, en 1939, il paraissait avoir reconquis une partie de son lustre passé. Hélas, la guerre de 1939 - 1945 anéantit tous ces efforts. En 1947, le Kennel Club ne pouvait inscrire plus de dix sujets sur ses registres, et, pendant les deux décennies qui suivirent, le nombre annuel d'inscriptions ne dépassa pas la vingtaine.

Un problème se posa alors : la forte consanguinité de tous les représentants de la race. De plus, il était impossible de recourir à l'élevage étranger, comme ce fut le cas pour le Mastiff, par exemple. En 1970, les Etats-Unis, deuxième pays d'élevage du Sussex, n'avaient pu inscrire que quatre spécimens. Les passionnés, résolus malgré tout à empêcher l'extinction de la race, se heurtèrent à toutes sortes d'obstacles et de complications : faible prolificité, problèmes de stérilité ou d'accouplement. C'est pour le Sussex que, une des premières fois en Grande-Bretagne, on recourut à l'insémination artificielle.

En 1964, un accouplement (accidentel) entre un mâle et une femelle de même portée produisit trois chiots de qualité exceptionnelle, ce qui donna un nouvel élan ; ou du moins un certain répit à la race, étant donné que ces chiens « combinaient le sang de toutes les lignées existant dans la race ».

Aujourd'hui, sans qu'on n'ait jamais mis en doute les qualités du Sussex ni l'intérêt qu'il offre pour certains types de chasse, et bien qu'il se trouve toujours des amateurs déterminés à le sauver de la disparition, la question de sa survie se pose tout de même à plus ou moins long terme. On notera avec satisfaction que le chiffre enregistré chaque année au Kennel Club oscille actuellement entre cinquante et cent. En France, si la race est tout à fait rare, trois éleveurs se dévouent à sa cause, montrant régulièrement leurs sujets dans les manifestations canines et proposant occasionnellement des chiots.

Le Sussex n'est guère plus grand qu'un Cocker, puisqu'il mesure environ 40 centimètres au garrot. Mais il est beaucoup plus long de corps, nettement plus massif et fortement musclé. Ainsi, s'il est essentiellement pondéré de caractère, ce chien est aussi très énergique à la chasse et résistant à la fatigue. Grâce à sa petite taille, il n'a pas son pareil pour se frayer un chemin dans les plus épais ronciers. Du fait de sa puissance, il peut aussi s'en extraire sans difficulté. C'est avant tout l'auxiliaire de celui qui chasse en sous-bois et dans les territoires couverts d'une épaisse végétation.

Il garde tous les avantages propres aux Spaniels, notamment une quête « à portée de fusil », active et minutieuse, avec en plus un avantage très appréciable : il est le seul Spaniel à donner de la voix lorsqu'il a connaissance du gibier. Ainsi, l'inconvénient de sa robe unicolore et mimétique n'en est plus un (il est bien connu que la plupart des utilisateurs de Spaniels préfèrent traditionnellement les sujets à robe en partie blanche).

Le Sussex est aussi un retriever de première force : à son naturel très chasseur, à ses aptitudes au dressage, il joint une grande robustesse, qui lui permet de rapporter tous les gibiers dans toutes les conditions. Sa robe, qui n'est certes pas un handicap pour la chasse, est aussi un atout: outre qu'elle lui est spécifique et le fait reconnaître immédiatement entre tous les Spaniels, elle lui donne beaucoup de cachet. Comme il est également doté d'un excellent caractère, il se révèle donc un compagnon de choix. Le Sussex possède ce regard irrésistible des Spaniels, très expressif, tendre, un brin mélancolique, d'autant que sa tête est massive. Il respire la gentillesse, le sérieux, la fidélité.

Qui voudrait l'adopter n'a nul besoin d'être chasseur. Bien que son tempérament soit calme, son maître veillera à lui procurer suffisamment d'exercice ou, mieux, de balades champêtres, ce qui sera bénéfique pour son caractère aussi bien que pour sa ligne. Ne serait-il pas déplorable qu'un Spaniel aussi talentueux ; solide chasseur, beau et brave compagnon ; vienne à quitter la scène?