Terrier anglais d'agrément noir et feu

Standard FCI Nº 13

Origine
Grande-Bretagne
Traduction
Prof. R. Triquet
Groupe
Groupe 3 Terriers
Section
Section 4 Terriers d'agrément
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mardi 17 septembre 1963
Publication du standard officiel en vigueur
jeudi 26 mars 2009
Dernière mise à jour
mardi 19 mai 2009
In English, this breed is said
English Toy Terrier
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Englischer Toy Terrier Schwarz und loh
En español, esta raza se dice
Terrier inglés de juguete negro y fuego
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Engelse Toy Terrier

Utilisation

Terrier.

Aspect général

Bien proportionné, élégant et compact, au poil luisant, aux lignes pures.

Comportement / caractère

Les caractéristiques réunies du chien d'agrément et du terrier. Vif, rappelant qu'historiquement il était à la hauteur de sa tâche dans la fosse aux rats. Jamais craintif à l'excès.

Tête

Région crânienne

Tête
Longue et étroite, cunéiforme sans que les muscles des joues soient trop prononcés; bien remplie sous les yeux.
Crâne
Plat. 
Stop
Léger.

Région faciale

Truffe
Noire.
Museau
Va en s'amenuisant doucement pour donner l'impression d'un coin, qu'il soit vu de face ou de profil. Bien que le résultat puisse donner l'illusion d'une prognathie supérieure, toute tendance à présenter un museau en sifflet est à éviter.
Lèvres
Serrées.
Mâchoires et dents
Les mâchoires sont parfaitement ajustées sous des lèvres serrées. Les mâchoires sont fortes et présentent un articulé en ciseaux c'est-à- dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d'équerre par rapport aux mâchoires. Les dents sont fortes et bien rangées.
Joues
Muscles jugaux pas trop prononcés.
Yeux
Foncés, jusqu'à noirs, sans reflet clair de l'iris. Les yeux sont relativement petits, en amande, disposés obliquement et brillants, non proéminents.
Oreilles
Oreilles en flammes de bougie (droites, longues et galbées), aux extrémités légèrement pointues, placées haut à la partie postérieure du crâne et proportionnellement rapprochées. Pour se rendre compte de la longueur de l'oreille, on peut la rabattre vers l'avant : elle ne doit pas atteindre l'oeil. A partir de l'âge de neuf mois, les oreilles doivent être portées droites. Tout l'intérieur du pavillon doit être dirigé vers l'avant. Le cuir de l'oreille est mince.

Cou

Long, gracieux, légèrement galbé. Les épaules sont bien obliques. Le cou s'insère bien dans les épaules et son profil présente une élégante inclinaison. Le fanon est un défaut.

Corps

Généralité
Compact. Tête et membres sont proportionnés, créant ainsi l'équilibre correct.
Dos
Légèrement voussé, de l'arrière du garrot jusqu'au rein, où la ligne du dessus redescend jusqu'à l'attache de la queue.
Rein
Bien remonté.
Poitrine
Etroite et hautes avec des côtes bien cintrées.

Queue

Epaisse à la naissance, elle va en s'effilant jusqu'à la pointe. Attachée bas, elle ne dépasse pas la pointe du jarret. La queue gaie est un défaut si ce caractère est trop accentué.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Les antérieurs tombent d'aplomb et les coudes sont contre la poitrine ce qui donne un devant droit. L'ossature fine est éminemment recherchée.
Epaules
Bien obliques.
Coudes
Bien au corps.

Membres postérieurs

Généralités
Rein bien arrondi et fesses doucement arrondies, ce qui donne un grasset bien angulé. Le chien ne doit pas être sous lui du derrière.
Jarret
Bien descendus, ni en dedans, ni en dehors.

Pieds

Délicats, compacts. Doigts bien séparés, bien cambrés, aux ongles d'un noir de jais. Les deux doigts médiaux des pieds antérieurs sont un peu plus longs que les autres. Pieds de chat à l'arrière. Les pieds de lièvre sont un défaut.

Allures

L'allure idéale à l'avant est apparentée au trot allongé du cheval. Les allures relevées de même que le pas traînant du chien qui "rase le tapis" sont des défauts. L'action des postérieurs est unie, facile et précise pour créer l'impulsion. L'allure doit être harmonieuse, ce qui dénote le chien vraiment bien construit.

Robe

Qualité du poil
Dense, serré et luisant. On exigera un poil court et dense.
Couleur du poil
Noir et feu (noir marqué de fauve). Le noir est un noir d’ébène, la couleur feu (fauve) rappelle celle d'une châtaigne nouvelle au ton chaud. Les couleurs ne s'interpénètrent pas ni ne se fondent l'une dans l'autre, mais leur ligne de partage est nette et bien définie. Sur les membres antérieurs, la couleur feu monte devant jusqu'au carpe. Elle monte sur les faces internes et postérieures des antérieurs jusqu'à un point situé juste sous les coudes. Un mince trait noir (appelé "coup de crayon") remonte chaque doigt et il y a une marque noire ("marque du pouce") nettement dessinée au centre de chaque canon métacarpien et sous le menton.
L'avant et la face interne des membres postérieurs sont bien feu, une barre noire divisant la partie feu au centre de la jambe. La couleur feu prononcée sur la partie externe des postérieurs appelée "culottes" est un défaut. Le museau est bien feu. La truffe est noire et le noir se prolonge sur le sommet du chanfrein, s'incurvant sous les yeux vers la base de la gorge. Il y a une tache feu au-dessus de chaque oeil et une petite tache feu sur chaque joue. La mâchoire inférieure et la gorge sont feu. Le bord des lèvres est noir. Le poil à l'intérieur de l'oreille est couleur feu. Derrière l'oreille, le poil couleur feu est un défaut. Légère marque feu de chaque côté du poitrail. Couleur feu sous la queue, à sa naissance, et à l'anus. La présence de poils blancs formant une tache en un point quelconque est à proscrire.

Taille et poids

Hauteur au garrot
De 25 à 30 cm.
Poids
De 2,7 à 3,6 kg.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Agressif ou peureux.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Si ce chien est fort rare, la multiplicité des dénominations dont il a été doté au cours de son histoire n'y est sans doute pas étrangère. Il a débuté dans le monde des expositions canines comme variété de Manchester Terrier. On l'a ensuite connu sous les noms de Black and Tan Toy, de Miniature Black and Tan. Aujourd'hui, il est l'English Black and Tan en Grande-Bretagne et le Terrier anglais d’agrément noir et feu en France et dans les pays faisant partie de la Fédération cynologique internationale comme membres fédérés. Aux Etats-Unis, il est le Manchester-Terrier variété Terrier anglais d’agrément noir et feu. La question de sa dénomination est donc quelque peu confuse. Pourtant, son histoire est limpide et aussi fort ancienne, bien qu'on n'ait, en général, que trop tendance à faire des races miniatures des « fantaisies » récentes.

Des chiens ratiers de très petite taille, il en existe depuis de nombreux siècles dans bien des pays. On a oublié que ce type canin prit une part inestimable dans la résistance à deux des grandes invasions que l'Europe occidentale dut subir et qui, pour n'être point guerrières, n'en eurent pas moins un fort impact, en particulier économique. Il est question ici de l'arrivée en cohortes innombrables des rats noirs, à partir du XIe siècle, puis des rats gris, ou surmulots, plus redoutables encore, car plus grégaires et capables de prospérer dans tous les milieux, dans la première partie du XVIIIe siècle. Sans ces rongeurs, le chat, longtemps considéré comme maléfique sinon diabolique, n'aurait pu prospérer en Europe. Mais la mauvaise réputation de ce félin, dans un premier temps, puis l'invasion du surmulot, dont le chat vient difficilement à bout, expliquent le recours fréquent à l'espèce canine.

C'est ainsi que, dès le Moyen Age, apparurent des chiens le plus souvent à poil court et de format le plus réduit possible, capables de s'introduire dans les recoins les plus inaccessibles. Certes, leur sélection n'était qu'approximative, et l'existence à cette époque d'une race de ratiers bien établie, clairement caractérisée quant à la taille et aux formes, ne saurait être prouvée. Néanmoins, on peut considérer que le chien ratier était bien au point en Grande-Bretagne vers la fin du XVIIIe siècle et qu'il se présentait sous des types proches des Manchester et Toy actuels. Les sujets les plus petits, qui naissaient souvent dans des portées de taille normale, étaient très recherchés (on pouvait loger certains d'entre eux dans la poche d'une veste). D'ailleurs, en 1570, dans De Canibus Britannicis, célèbre énumération des chiens britanniques de son temps, le docteur Johannes Caius évoquait déjà le ratier, en précisant même qu'il avait le poil court, de couleur noir et feu.

Ratier ou Terrier? Pour éviter tout malentendu, il convient de rappeler que le mot « Terrier » ne doit pas être entendu dans une acception trop restrictive. Il évoque un type de caractère: ainsi, bien que le Manchester et le Toy n'aient pas habituellement servi à chasser jusque sous terre le renard ou le blaireau, ce sont de « vrais » et purs Terriers.

Les ratiers britanniques se retrouvent donc au début du XIXe siècle dans les grandes cités industrielles des comtés du centre et du nord de l'Angleterre. Ils sont les compagnons favoris des gens de condition modeste remplissant leur fonction de dératiseurs, ils se révèlent aussi de vigilants gardiens et ne sont pas onéreux à entretenir. C'est alors qu'une singulière « distraction » se répand parmi leurs rudes propriétaires, mineurs de fond, ouvriers de la métallurgie, du textile et de la céramique: les concours de ratiers, ou ratkilling matches. Ce nouveau sport naquit sans doute dans quelque terrain vague, où deux ouvriers durent parier sur les mérites respectifs de leurs chiens. Bientôt, des concours furent organisés dans des salles spécialement aménagées, comportant une fosse aux parois de planches, éventuellement entourée de gradins, notamment pour le confort d'un plus grand nombre de parieurs. Les Manchester et Terrier anglais d’agrément noir et feus (ils n'avaient pas encore de nom) furent les incontestables champions de cette discipline.

En 1990, on a peut-être un peu de peine à imaginer notre charmant et petit Toy dans une fosse où grouillent une centaine de rats ! Et, pourtant, nombreuses sont les chroniques qui vantent les exploits de ces petits chiens, guère plus gros - le fait est à signaler - que les spécimens actuels, puisque leur poids moyen tournait autour de 3 kilos.

La carrière du Terrier anglais d’agrément noir et feu en expositions et comme chien d'agrément a été nettement moins brillante. Non qu'il ait démérité de quelque manière. Pour le rendre présentable, d'ailleurs, il aurait suffi de donner un peu plus d'élégance et de régularité à ses lignes, de raviver ses couleurs. Mais sans doute était-ce trop simple.

Au lieu de cela, on prétendit avoir été dans l'obligation de recourir à d'autres races - au King Charles Spaniel pour la couleur, au Whippet ou au Petit Lévrier Italien pour affiner sa morphologie et même au Teckel -, tout cela parce qu'il serait devenu très rare. Au bord de l'extinction, le Terrier anglais d’agrément noir et feu, alors que, vers 1850, il était encore fort populaire ? Voilà qui n'est pas vraisemblable. La réalité est qu'on était sans doute gêné par son passé de ratier, chien modeste par excellence, et qu'on voulait l'occulter.

La race fut présentée en expositions vers 1880. Bientôt, on sélectionna des sujets de plus en plus petits, et ces fragiles miniatures obtinrent un certain succès aux alentours de 1900. Il s'ensuivit certaines critiques, à vrai dire justifiées. Il faut tout de même noter que cette vogue fut relativement éphémère dans la longue histoire du Toy. Dès 1922, le Kennel Club lui accordait des registres distincts, et un standard revenait à une taille et un poids moins extrêmes, ce qui n'empêcha pas de voir encore occasionnellement des spécimens d'à peine 2,5 livres anglaises (1,1 kg). L'idéal devint un chien au crâne plat (et non en pomme), aux yeux plutôt petits et en amande (pas globuleux et ronds), au poil dense (et non rare), aux mâchoires sans prognathisme, aux dents régulières et bien plantées.

Pourtant, en 1922, il n'y eut pas plus de 36 sujets inscrits, la race devenant rare. Depuis, elle ne s'est jamais départie d'une grande discrétion dans son pays. Avant la Seconde Guerre mondiale, le record des inscriptions ne fut que de 135 (en 1935); après, le maximum a été de 185 (en 1950). Pour expliquer cette rareté, on peut invoquer les changements de nom (l'actuel ne date que de 1962) ainsi que les exigences draconiennes du standard au sujet de la robe: pour nul autre chien (sauf pour son cousin le Manchester), le paragraphe décrivant la couleur n'est aussi long et minutieux. Finalement, le Terrier anglais d’agrément noir et feu ne manque peut-être que d'exotisme et d'extravagance !