Boxer

Standard FCI Nº 144

Origine
Allemagne
Traduction
Monique Pras en collaboration avec le Prof. R. Triquet et le Dr. J-M. Paschoud. Revu par J. Mulholland 2008.
Groupe
Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer - Molossoïdes - Chiens de montagne et de bouvier suisse
Section
Section 2.1 Molossoïdes type dogue
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
samedi 01 janvier 1955
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 01 avril 2008
Dernière mise à jour
mercredi 09 juillet 2008
In English, this breed is said
Boxer
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Deutscher Boxer
En español, esta raza se dice
Boxer
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Boxer

Utilisation

Chien d’utilité et de compagnie.

Bref aperçu historique

C’est le petit Bullenbeisser, appelé aussi Bullenbeisser brabançon, qui est considéré comme l’ancêtre immédiat du Boxer. L’élevage du Bullenbeisser était alors dans les mains de chasseurs, à qui il servait pour la chasse. Son travail consistait à saisir le gibier forcé par les chiens courants et à maintenir sa prise, jusqu’à ce que le chasseur arrive et achève l’animal. Pour cette tâche, le chien devait avoir une gueule avec des arcades dentaires aussi larges que possible afin de pouvoir assurer sa prise et la maintenir. Les Bullenbeisser qui possédaient ces caractéristiques étaient donc les plus aptes à remplir leur tâche. Aussi étaient-ils utilisés pour la reproduction, la fonction et l’utilisation étant à l’époque les seuls critères retenus pour l’élevage. Ainsi s’effectua une sélection qui produisit des chiens au museau large et à la truffe remouchée (relevée et repoussée vers l’arrière).

Aspect général

Le Boxer est un chien de taille moyenne, au poil ras, d'aspect ramassé, à la construction carrée et à l'ossature puissante. La musculature est sèche, fortement développée et saillante. Les allures sont vives, pleines de noblesse et de puissance. Le Boxer ne doit sembler ni lourd, ni pataud, mais il ne doit pas non plus manquer de substance, ni paraître léger.

Proportions importantes

Longueur du corps par rapport à la hauteur au garrot : la construction s'inscrit dans un carré, ce qui signifie que les lignes qui la délimitent, une horizontale pour le dos et deux verticales, l'une passant par la pointe de l'épaule, l'autre passant par la pointe de la fesse, forment un carré.
Hauteur de la poitrine par rapport à la hauteur au garrot : la poitrine descend jusqu'aux coudes. La hauteur de la poitrine est égale à la moitié de la hauteur au garrot.
Longueur du dos de nez par rapport à la longueur de la tête : la proportion entre la longueur du nez (mesurée de l'angle interne de l'oeil jusqu'au bout du nez) et la longueur du crâne (mesurée de l'angle interne de l'oeil jusqu'à la pointe de l'occiput) est de 1/2.

Comportement / caractère

Le Boxer doit avoir des nerfs solides, être sûr de lui, calme et équilibré. Son caractère est d'une importance primordiale et on doit y apporter la plus grande attention en élevage. L'attachement et la fidélité dont il fait preuve envers son maître et toute sa famille, sont réputés depuis toujours, ainsi que sa vigilance et son courage indéfectible comme défenseur. Il est sans danger pour sa famille, mais méfiant à l'égard des étrangers, gai et amical quand il joue mais il ignore la crainte quand il se fâche. Il est facile à dresser grâce à sa docilité, à son assurance et à son courage, à son mordant naturel et à ses aptitudes olfactives. Avec cela propre et d'un entretien facile, il est aussi agréable et précieux comme chien de compagnie que comme auxiliaire, comme chien de défense et d'utilité. Son caractère est franc, sans fausseté ni sournoiserie et il conserve ces qualités en vieillissant.

Tête

Région crânienne

Tête
C'est la tête qui donne au Boxer son aspect caractéristique. Elle doit être proportionnée au reste du corps et ne paraître ni trop légère ni trop lourde. Le museau doit être aussi large et puissant que possible. La beauté de la tête repose sur le rapport harmonieux entre le museau et le crâne. Quelque soit l'angle sous lequel on examine la tête, de face, de dessus ou de profil, le museau doit toujours rester proportionné au crâne, c'est-à-dire ne jamais paraître trop petit. La tête doit être sèche, donc ne pas présenter de rides. Il est toutefois naturel que des rides se forment sur le crâne lorsque le chien est en éveil. Les rides qui, de chaque côté, partent de la racine du nez vers le bas, sont, elles, marquées en permanence. Le masque sombre se limite au museau et doit se détacher nettement de la couleur de la tête, afin de ne pas assombrir l'expression de la face.
Crâne
Le crâne doit être aussi étroit et cubique que possible. Il est légèrement bombé, ni trop court en forme de boule, ni plat, ni trop large, l’occiput pas trop haut. Le sillon frontal n’est que faiblement marqué ; il en doit pas être trop profond, surtout entre les yeux. 
Stop
Le front forme avec le chanfrein une cassure nettement marquée.

Région faciale

Truffe
Large, noire, très légèrement remouchée ; les narines sont largement ouvertes. L’extrémité de la truffe est placée un peu plus haut que la racine du nez.
Museau
Il doit être puissamment développé dans les trois dimensions de l’espace, et donc ne paraître ni pointu, ni étroit, ni court, ni plat. Ses caractéristiques sont influencées par a) la forme des mâchoires, b) l’implantation des crocs et c) le dessin des lèvres. Les crocs sont implantés aussi loin que possible l’un de l’autre et sont d’une bonne longueur.
De ce fait, la face antérieure du museau devient large, presque carrée et forme un angle obtus avec le chanfrein. Devant, le bord de la lèvre supérieure repose sur le bord de la lèvre inférieure. Le menton, ensemble formé par la partie recourbée vers le haut de la mâchoire inférieure et la lèvre inférieure, ne doit pas dépasser exagérément la lèvre supérieure, mais il ne doit, encore moins, être masqué par elle ; de face comme de profil, le menton doit être bien marqué. La gueule fermée, les crocs comme les incisives de la mâchoire inférieure ne doivent pas être visibles, la langue non plus. Le raphé médian de la lèvre supérieure est bien visible.
Lèvres
Les babines complètent la forme du museau. La lèvre supérieure est épaisse, renflée et vient combler le décalage formé par la mâchoire inférieure plus longue ; elle est supportée par les crocs de cette dernière.
Chanfrein
Le chanfrein ne doit pas être renfoncé comme chez le bulldog, mais ne doit pas non plus être tombant.
Mâchoires et dents
La mâchoire inférieure dépasse la mâchoire supérieure en se recourbant légèrement vers le haut; le Boxer est prognathe. La mâchoire supérieure est large à son point d'attache avec le crâne et ne perd que très peu de largeur vers l'avant. La denture est puissante et saine. Les incisives sont disposées en ligne droite le plus régulièrement possible, les crocs bien écartés l'un de l'autre et de bonne taille.
Joues
Le développement des joues doit être en rapport avec la mâchoire puissante, sans toutefois faire trop fortement saillie; elles vont plutôt se fondre dans le museau en formant un léger arrondi.
Yeux
Les yeux foncés ne doivent être ni trop petits, ni globuleux, ni enfoncés dans l'orbite; le regard reflète l'énergie et l'intelligence sans paraître menaçant ni perçant. Les bords des paupières doivent être de couleur foncée.
Oreilles
Les oreilles laissées naturelles doivent être de dimension appropriée ; attachées de chaque côté du crâne en son point le plus haut, elles sont appliquées contre la joue quand le chien est au repos et retombent vers l’avant en formant nettement un pli, surtout lorsque le chien est attentif.

Cou

Sa ligne supérieure dessine, depuis la nuque bien marquée, une courbe élégante jusqu'au garrot. Le cou doit être d'une longueur généreuse, rond, puissant, musculeux et sec.

Corps

Généralité
Carré. Le tronc repose sur des membres robustes et droits.
Garrot
Le garrot doit être bien sorti.
Dos
L’ensemble dos et rein doit être court, solide, droit, large et fortement musclé.
Croupe
Légèrement inclinée, à peine arrondie et large. Le bassin doit être long et large surtout chez les chiennes.
Poitrine
Elle est haute et descend jusqu’aux coudes ; sa hauteur est égale à la moitié de la hauteur au garrot. Poitrail bien développé.
Côtes
Côtes bien arrondies sans être cylindriques s’étendant loin vers l’arrière.
Flanc
Flancs courts, tendus et légèrement relevés.
Ligne du dessous
Dessine une courbe élégante vers l’arrière.

Queue

Attachée plutôt haut que bas. La queue est de longueur normale et reste naturelle.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Vus de face, les antérieurs, verticaux et parallèles, doivent présenter une forte ossature.
Epaules
Longues et obliques, bien attachées au thorax, pas trop chargées de muscles.
Bras
Long, il forme un angle droit avec l’omoplate.
Coudes
Ni trop serré contre le thorax, ni décollé.
Avant-bras
Vertical, long, sec et musclé.
Carpe
Fort, bien marqué sans être bouleté.
Métacarpe
Court, presque perpendiculaire au sol.
Pieds antérieurs
Petits, ronds ; doigts serrés ; coussinets épais et durs.

Membres postérieurs

Généralités
Très fortement musclés, avec une musculature dure et très saillante. Vus de derrière, les membres postérieurs doivent être droits.
Cuisses
Longue et large. Angles des articulations de la hanche et du genou aussi peu obtus que possible.
Grassets
En station normale, le genou doit avancer suffisamment pour être tangent à une droite perpendiculaire au sol abaissée de la pointe de la hanche.
Jambes
Très musculeuse.
Jarret
Fort, bien marqué, sans que la pointe soit retroussée. L’angle du jarret doit être d’environ 140°.
Métatarse
Court, faiblement incliné, de 95-100° par rapport au sol.
Pieds postérieurs
Un peu plus allongés que ceux de devant. Doigts serrés avec des coussinets épais et durs.

Allures

Vives, pleines de force et de noblesse.

Peau

Sèche, élastique, sans plis.

Robe

Qualité du poil
Ras, dur, brillant et serré.
Couleur du poil
Fauve ou bringé. Les nuances du fauve vont du jaune clair jusqu’au rouge cerf foncé, mais ce sont les tons intermédiaires qui sont les plus beaux (le fauve rouge). Le masque est noir. La variété bringée présente, dans le sens des côtes, des rayures foncées ou noires sur un fond de robe fauve qui peut passer par toutes les nuances décrites plus haut. Ces rayures doivent se détacher nettement du fond de la robe. En principe, les marques blanches ne sont pas à rejeter ; elles peuvent même être d’un effet très agréable.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Taille mesurée du garrot selon une verticale passant par le coude. Mâles 57-63 cm, femelles 53-59 cm.
Poids
Mâles supérieur à 30 kg (pour une taille d’environ 60 cm au garrot). Femelles environ 25 kg (pour une taille d’environ 56 cm au garrot).

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts généraux

COMPORTEMENT / CARACTERE
 Manque de caractère.
TETE
 Manque de noblesse et d’expression ; face sombre ; tête de Pinscher ou de Bouledogue.
 Chanfrein tombant ; nez de cuir (truffe lisse, brillante, sans grains) ; truffe qui change de couleur selon les conditions atmosphériques ; truffe claire.
 Museau trop pointu ou trop léger ; dents ou langue visibles le museau fermé ; sujet baveur.
 Torsion ou déviation latérale de la mâchoire inférieure ; implantation dentaire défectueuse ; denture faible ou défectueuse par suite de maladie.
 Oeil clair dit d’oiseau de proie ; troisième paupière dépigmentée.
 Oreilles flottantes, à demi-dressées ou droites, oreilles en rose.
COU
 Court, épais ; présence de fanon.
CORPS
 Devant trop large ou trop près du sol.
 Dos mal attaché, dos de carpe, dos ensellé, maigre.
 Rein long, étroit, affaissé, mal attaché à la croupe, voussé.
 Croupe tombante ; bassin étroit.
 Ventre tombant ; flancs creux.
QUEUE
 Attache trop basse ; queue cassée.
MEMBRES ANTERIEURS
 Membres et pieds dits Louis XV.
 Epaules mal attachées.
 Coudes décollés.
 Carpes faibles.
 Pieds de lièvres, pieds ouverts, écrasés.
MEMBRES POSTERIEURS
 Musculature faible ; arrière-main trop ou trop peu angulé ; angle du jarret trop fermé avec métatarse trop oblique.
 Jarrets de vache ou en tonneau ; jarrets serrés.
 Présence d’ergots.
 Pieds de lièvre ; pieds ouverts, écrasés.
ALLURES
 Démarche de canard ; allures couvrant peu de terrain ; raides.
 Chien qui va l’amble.
COULEUR
 Masque s’étendant au-delà du museau.
 Bringeures trop denses ou trop clairsemées.
 Répartition inesthétique des marques blanches, par exemple tête entièrement blanche ou blanche d’un côté.
 Couleur blanche qui excède un tiers de la robe.
 Couleurs fondues.
 Fond de robe sale ; autres couleurs.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Queue naturellement courte.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Le Boxer est une race allemande dont la création ne date que de la fin du XIXe siècle. Pourtant, ses origines remontent à la nuit des temps, lorsque l'homme chassait et guerroyait en compagnie de Molosses.

Dès l'Antiquité, en effet, puis au Moyen Age, on trouve la trace de chiens puissamment construits, très hétérogènes de type, utilisés pour leur force et leur agressivité. La plupart des peuples antiques et des grands stratèges militaires constituèrent de véritables légions canines, utiles dans leurs conquêtes. C'est ainsi, notamment, que les Hyksos, populations venues d'Asie, importèrent en Egypte de redoutables Molosses, ou que Philippe de Macédoine, père d'Alexandre le Grand, se servit de Mâtins pour gagner des batailles. En 101 avant J.-C., les Romains eux-mêmes eurent à lutter contre de puissants chiens qu'avaient emmenés avec eux les Cimbres, une peuplade originaire d'Europe du Nord. Bien plus tard, enfin, à l'époque de la Renaissance, Henri VIII d'Angleterre réussit à battre les armées de Charles Quint grâce à des phalanges de plus de cinq cents Dogues armés de colliers à pointes de fer, de lames d'acier, recouverts d'armures de métal ou de cuir.

Ce type de chien-soldat avait été employé aussi pour forcer le gros gibier, comme l'ours ou le taureau sauvage. Puis, au fil des siècles, alors que l'homme n'avait plus véritablement besoin de chasser pour vivre et que, parallèlement, les techniques de combat évoluaient, ces animaux durent s'adapter à de nouvelles tâches. Ainsi, en fonction des us et coutumes des populations, différents types de chiens se fixèrent peu à peu dans toute l'Europe, la plupart d'entre eux se reconvertissant en chiens de garde, les autres devenant, bien malgré eux, les vedettes de combats de foire au cours desquels on les obligeait à affronter des taureaux et des animaux sauvages. Ces Dogues allaient donner naissance aux ancêtres du Mastiff et du Bulldog en Grande-Bretagne, du Dogue de Bordeaux dans le sud-ouest de la France et, outre-Rhin, du Dogue Allemand et du Bullenbeisser, ce dernier étant à l'origine du Boxer que nous connaissons aujourd'hui.

Le Bullenbeisser, autrefois également appelé ; selon d'anciens textes germaniques ; canis ursiritus (chien d'ours), canis porcatoris (chien de sanglier), devait vite franchir les frontières, et, dans la seconde moitié du XlXe siècle, on le rencontrait aux Pays-Bas, en Belgique et dans l'est de la France. On distinguait alors le Bullenbeisser de Dantzig et le Bullenbeisser brabançon, de taille plus petite, que deux éleveurs décrivaient ainsi en 1877 dans le journal Der Hund und seine fagd : « C'est un chien imposant, fort, sérieux. Il représente le chien le plus intelligent de la race des Dogues et mesure près de 55 cm. Il a le museau court, large et retroussé, creusé de sillons, les babines pendantes. La tête est large, son diamètre est plus large que celle de n'importe quelle autre race. Les yeux sont légèrement obliques et un peu recouverts par la peau du front. Il a des rides sur le front et les joues. Les oreilles ne sont pas coupées. Le dos est droit. La couleur est fauve, avec des rayures couleur loup. »

A l'évidence, cette description fait penser à un chien de type Dogue, mais qui peut correspondre aussi bien au Mastiff anglais qu'au futur Boxer et, pourquoi pas, au Bulldog. Et c'est d'ailleurs en Grande-Bretagne qu'il faut rechercher l'autre origine du Boxer contemporain. Les Britanniques rappellent en effet souvent que c'est grâce à un Bulldog répondant au nom de Tom que le premier Boxer vit le jour. Elizabeth Sommerfield, célèbre éleveuse d'outre-Manche, présente ainsi cet ancêtre illustre dans son ouvrage intitulé The Boxer : « En 1890, le docteur Toennissen vivait à Munich et possédait un Bulldog Anglais nommé Tom. Malheureusement personne ne dispose d'un portrait de ce chien, mais une chose est certaine : il était aussi blanc que neige. Il est également établi qu'il avait l'allure des Bulldogs de la fin du XIXe siècle. En fait, il ressemblait beaucoup plus au Boxer actuel qu'au Bulldog que nous rencontrons aujourd'hui en exposition. »

Une chienne blanche de type Bullenbeisser appelée Alts fut ensuite accouplée à Tom, et de cette union naquit Flocki, le premier Boxer répertorié sous ce nom au Livres des origines du Boxer. Pourtant, Flocki n'était vraisemblablement pas un chien exceptionnel. Dans Dogues et Bouledogues, le docteur Maurice Luquet alla même jusqu'à écrire qu'il s'agissait en fait d'un « genre de bâtard de Bulldog ».

En 1895, à l'occasion de l'exposition canine qui se déroulait à Munich, quelques amateurs imposèrent tout à la fois la race et le nom qu'elle porte aujourd'hui. Elizabeth Sommerfield raconte comment un certain Friedrich Roberth, originaire de Vienne en Autriche, éleveur d'Airedales mais aussi amateur de chiens à poil court, vint en 1895 à Munich accompagné de deux amis, Elard Kônig et R. Hopner, et comment tous trois réussirent à convaincre le Club allemand du Saint-Bernard de présenter une classe « Boxer » lors de la manifestation canine qui se tenait dans cette ville. Quatre chiens furent ainsi engagés dans cette catégorie, mais seul Flocki passa à la postérité.

La création du Deutscher Boxer Klub et la première exposition organisée sous son égide permirent de réunir une vingtaine de sujets dès l'année suivante. Et même s'ils étaient relativement hétérogènes ; les uns étant blancs, les autres fauves avec des marques bringées ; un nombre non négligeable de ces animaux ressemblaient à l'évidence aux Bulldogs, c'est-à-dire qu'ils étaient plus grands, moins lourds que les Boxers d'aujourd'hui.

Au lendemain de l'exposition munichoise, les amateurs allemands décidèrent de rédiger le premier standard de la race. Il ne leur fallut pas moins de six années pour aboutir à un texte acceptable, qui fut enfin adopté officiellement en 1905. Entre-temps, la première revue consacrée exclusivement au Boxer avait été créée en 1904, au moment même où l'élevage avait amorcé un essor significatif.

La Première Guerre mondiale allait malheureusement causer un lourd préjudice à l'élevage allemand, et ce n'est qu'au début des années vingt que, sous la houlette de Fritz Muller, le Boxer fut reconnu comme chien de travail. La progression de la race en Allemagne fut dès lors régulière jusqu'à la Seconde Guerre mondiale : alors que 30 000 inscriptions avaient été enregistrées au Livre des origines en 1933, on en recensait 38 000 en 1938. L'utilité du Boxer était désormais admise, si bien qu'à l'issue du conflit nombre de reproducteurs furent achetés par les forces alliées installées en Europe, notamment par les troupes américaines, qui les introduisirent outre-Atlantique. Conscients du préjudice que pouvait entraîner une telle hémorragie, les cynophiles allemands limitèrent les exportations et s'efforcèrent de favoriser l'élevage national ; ce qui empêcha les Américains d'acheter l'un des plus beaux spécimens de la race, Heiner von Zwergeck, pour lequel ils étaient pourtant prêts à dépenser deux mille dollars. En 1968, le Livre d'élevage tenu par le Club allemand totalisait 80 000 inscriptions. Cet effectif est aujourd'hui supérieur à 150000.

Depuis la fondation du Boxer Club de France à Strasbourg en 1922, le Boxer est connu dans le monde entier, confirmant par là même le succès de l'élevage allemand. La vogue sans précédent du Berger Allemand et du Boxer a montré que, avec un standard étudié et une bonne adaptation aux besoins du public, une race pouvait s'imposer partout. Les cynophiles qui cherchaient un chien du type Dogue, mais pas trop encombrant et aussi élégant que possible, ont trouvé dans le Boxer la concrétisation de leurs aspirations, qu'Elizabeth Sommerfield, avec un humour tout britannique, décrit en ces termes : « Ils ne veulent pas n'importe quel chien, pas non plus un chien trop difficile à soigner, pas trop difficile à nourrir, pas un chien trop grand, pas trop petit. Il doit en outre aimer les enfants, être fidèle et bon gardien. Le Boxer peut répondre à toutes ces attentes. »

Le Boxer a tout naturellement hérité de son ancêtre Bullenbeisser un courage et une énergie très nettement au-dessus de la moyenne. De nos jours, il n'est toutefois plus un chien de combat, car, dès le début du siècle, les éleveurs allemands ont cherché à adoucir son caractère pour en faire un animal parfaitement adapté à notre civilisation moderne. On demande aux sujets d'aujourd'hui d'être sociables et dociles, tout en étant capables de défendre leur maître à tout moment, en tout lieu et dans n'importe quelle circonstance. Et si le Boxer est un animal de compagnie très agréable, il sait aussi, quand la situation l'exige, se transformer en un redoutable chien de défense.

Elizabeth Sommerfield cite ainsi un Boxer exporté au Kenya pour y être utilisé comme gardien, et qui y trouva la mort en défendant son maître, après que les couteaux des agresseurs l'eurent très grièvement blessé sans pour autant le détourner de son devoir ; exemple qui illustre parfaitement la personnalité de ce chien. Dans la vie quotidienne, fort heureusement, il est rare que le Boxer ait à affronter une telle situation, mais il est bon ; et réconfortant ; de savoir qu'il est capable de montrer un si grand courage. D'autant que sa morphologie athlétique, sa puissante musculature et son faciès peu engageant ont de quoi faire réfléchir les plus téméraires.

L'attachement qu'éprouve le Boxer à l'égard de son maître est tout aussi légendaire que le plaisir qu'il ressent à partager les jeux des enfants. Son exubérance est bien connue, et il a même parfois du mal à rester en place; c'est l'une des raisons pour lesquelles, même si sa fougue est plus sympathique que véritablement gênante, il n'est guère le compagnon indiqué pour les personnes âgées. En principe, pourtant, si l'animal est éduqué très tôt et si son maître sait faire preuve de fermeté, aucune difficulté majeure n'est à redouter, et l'on peut obtenir les meilleurs résultats. Il n'est certes pas question d'en faire une bête dangereuse, c'est-à-dire un animal incontrôlable, mais, en. lui faisant passer un brevet de chien de défense, on lui apprendra à se maîtriser, à acquérir des réflexes sûrs, à obéir à un ordre précis et, bien entendu, à protéger son maître. Après un entraînement spécialisé, tous les Boxers peuvent subir ces épreuves, sans pour autant devenir des chiens de combat. Une confusion existe parfois dans l'esprit du public à ce sujet, et il est important de rétablir la vérité : tous les Boxers brevetés « chiens de défense » sont parfaitement aptes à vivre en famille, à jouer avec les enfants et à se promener ; ils ont simplement un savoir-faire que ne possèdent pas forcément tous leurs congénères.

En Allemagne, les épreuves de sélection sont évidemment fondées sur les caractères morphologiques mais elles sont complétées par des épreuves sévères d'évaluation de caractère. On s'assure ainsi que le chien possède l'instinct de défense, du mordant et un bon équilibre nerveux. Il doit pouvoir entendre un coup de feu sans se détourner de sa tâche (ce test existe également en France lors du passage du brevet de chien de défense). Ce n'est qu'après qu'il aura passé avec succès ces épreuves qu'il pourra être utilisé par la police, au même titre d'ailleurs que le Berger Allemand, le Dobermann ou le Rottweiler.

Le Boxer n'est pas fait pour vivre en appartement. Il a besoin d'espace, d'un jardin où il pourra se dépenser toute la journée, avant de rentrer le soir dans la demeure familiale. Le maître d'un tel chien doit de toute façon lui offrir de longues promenades au cours desquelles il pourra courir, marcher, s'extérioriser pleinement. Attention tout de même! il peut avoir tendance à se montrer peu commode avec d'autres animaux, et le maître devra toujours être en mesure de le rappeler si l'envie le prend de trop affirmer sa domination : le Boxer est certes civilisé, mais c'est un Dogue quand même.

Heureusement, cet animal se dresse facilement, car il est intelligent. Et, s'il aime se divertir, sauter, bondir, rapporter un bâton qu'on lui lance, jouer à la balle avec ses jeunes maîtres, en un mot montrer qu'il existe et qu'il adore que l'on s'occupe de lui, ce n'est pas une raison pour céder à tous ses caprices. Le Boxer est très musclé, très sûr de lui, mais il ne faut pas le laisser risquer de blesser un enfant, une personne âgée, ou de casser le mobilier, sous prétexte qu'il s'amuse.

Jean Batot, ancien président du Boxer Club de France, écrivait voilà plusieurs années: « S'il est vrai que l'aristocratie est dans le sang et non dans le rang, le Boxer est le fier et digne héritier d'une noblesse millénaire. » Ce propos élogieux, qui nous renvoie à un passé glorieux, souligne également à juste titre que, sous l'animal racé d'aujourd'hui, le Molosse intrépide de jadis n'a pas complètement disparu.

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    Le SIDA du chat   A l'instar du SIDA de l'homme, il existe un virus d'immunodéficience acquise chez le chat. Il s'agit du FIV (virus d'immunodéficience féline). Bien qu'il appartienne à la même famille que le HIV, aucune donnée actuelle ne suggère une possible transmission à l'homme.Votre chat peut contracter le virus FIV s'il est mordu par un...
  • Gestation et naissance de chiots

    Gestation et naissance de chiots   Assister à la naissance de chiots et suivre leur éducation sont des expériences formidables. Mais pour vivre ces évènements sereinement, il est nécessaire d'acquérir quelques connaissances de base. Si le cycle de la chienne dure en moyenne 7 mois, il existe néanmoins de grandes différences entre les races et les...
  • La vaccination de votre animal de compagnie

    La vaccination de votre animal de compagnie   Bon nombre d'entre nous ont déjà connu le triste événement qu'est la perte d'un animal de compagnie. Parmi les innombrables causes de mortalité, on trouve les maladies infectieuses. Il est donc sage, pour son animal et pour ceux des autres, de participer au contrôle sanitaire de ces maladies en le faisant...
  • L'anxiété de séparation du chien

    L'anxiété de séparation du chien   Votre chien est gentil et calme quand il se trouve à vos côtés. Mais lorsque vous vous absentez, votre retour s'accompagne d'un tableau de désolation: canapés dévorés, sol souillé par l'urine et les fèces, et voisins exténués par les nuisances sonores. Ca ne peut plus durer ! Le chien « coupé du monde »Malgré...
  • Premiers soins en cas d'urgence

    Premiers soins en cas d'urgence   En cas d'urgence, gardez votre sang-froid et conduisez votre chien le plus rapidement possible chez le vétérinaire. Téléphonez avant de vous y rendre. Si le bureau de votre vétérinaire n'est pas ouvert, téléphonez à la clinique ouverte la plus près de chez-vous. Gardez les numéros d'urgence près de votre téléphone. Même...
  • Les problèmes dentaires possible chez le chien

    Les problèmes dentaires possible chez le chien   Les chiots ont 28 dents de lait et les chiens adultes ont 42 dents permanentes. Les dents de lait commencent à apparaître vers l'âge de 4 semaines et elles tombent graduellement entre la 14e et 30e semaine. Pendant ce temps, les chiots mangent moins et mâchouillent davantage. Des jouets pour chiens en...
  • Dysplasie de la hanche

    Dysplasie de la hanche Définition La dysplasie de la hanche est un relâchement des ligaments joignant les deux paries de l'articulation de la hanche : la tête du fémur et l'acétabulum. Ce relâchement des ligaments se traduit par une mauvaise répartition des pressions au niveau de l'articulation ce qui entraîne des lésions (très douloureuses) du...
  • Soyez prudent durant les fêtes pour vos animaux

    Soyez prudent durant les fêtes pour vos animaux   Le temps des fêtes Pour cette première chronique je vais vous entretenir des dangers du temps des fêtes. Rappelez-vous toujours que la première chose à faire lorsque vous pensez que votre animal peut être en danger est de vous adresser à votre vétérinaire.GLAÇONS ET GUIRLANDESAttention aux...
  • Les vers du cœur

    Les vers du cœur   Incidence La maladie du ver du cœur causée par Dirofilaria immitis se rencontre principalement chez le chien mais a aussi été observée chez le chat, le cheval, le renne, l'humain, le furet et l'ours noir. L'incidence la plus élevée demeure dans les états sud-est des Etats-Unis mais on diagnostique une centaine de cas par année au...
  • Le diabète sucré chez le chat et le chien

    Le diabète sucré chez le chat et le chien   Qu'est-ce que le diabète?Le diabète sucré est une maladie qui résulte d'une déficience primaire en insuline. L'insuline est une hormone produite par le pancréas, une glande située dans l'abdomen près du duodénum (petit intestin).Dans le pancréas, des petits groupes de cellules nommés îlots produisent des...
  • Accouplement et problème orthopédique

    Accouplement et problème orthopédique   Il existe une maladie héréditaire de nature orthopédique pour chaque race de chien. Certains caractères sont transmis par un seul gêne dominant ou récessif et d'autre sont polygéniques, c'est à dire transmis par plusieurs gênes. Il est plus difficile de contrôler la transmission des caractères polygéniques...
  • L'hygiène buccale

    L'hygiène buccale La plupart des animaux âgés souffrent de problèmes au niveau des dents et des gencives. Les chiens font rarement des caries. Les problèmes les plus fréquents sont le tartre, les calculs et les gingivites. Le tartre s'accumule sur les dents et s'il n'est pas enlevé régulièrement, il finira par affecter la gencive. Ceci entraine...