Poitevin

Standard FCI Nº 24

Origine
France
Traduction
Texte adapté au Standard Modèle par le Dr. J.-M. Paschoud
Groupe
Groupe 6 Chiens courants, chiens de recherche au sang et races apparentées
Section
Section 1.1 Chiens courants de grande taille
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
lundi 30 septembre 1963
Publication du standard officiel en vigueur
vendredi 17 novembre 1978
Dernière mise à jour
lundi 06 janvier 1997
In English, this breed is said
Poitevin
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Poitevin
En español, esta raza se dice
Poitevin
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Poitevin

Utilisation

Chien courant.

Aspect général

Chien très distingué, réunissant à un haut degré de perfection la force, l'élégance et la légèreté sous un ensemble de couleurs des plus séduisantes.

Tête

Région crânienne

Tête
Allongée, sans excès, pas très large, les os saillants avec une légère petite bosse en arrière du crâne.
Crâne
Plutôt plat que bombé et descendant en pente très peu sensible sur le chanfrein. 

Région faciale

Truffe
Très forte, large et proéminente.
Lèvres
La lèvre supérieure couvrant bien l'inférieure.
Chanfrein
Légèrement busqué, allongé sans excès.
Yeux
Grands, bruns, encerclés de noir, le regard expressif.
Oreilles
De largeur moyenne, fines, attachées un peu bas, demi-longues, légèrement tournées.

Cou

Long, mince et sans fanon.

Corps

Dos
Bien musclé et très bien attaché.
Rein
Musclé.
Poitrine
Très profonde et proportionnellement plus haute que large.
Côtes
La côte longue.
Flanc
Légèrement relevé mais assez de boyau.

Queue

De longueur moyenne, fine et non espiée, bien attachée sur le rein, élégamment portée et décrivant une légère courbe.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Droits, bien musclés, secs et forts, plats et larges.
Epaules
Longues, plates et obliques, collées à la poitrine
Pieds antérieurs
Le pied de loup, plutôt allongé, très résistant.

Membres postérieurs

Généralités
Hanches obliquant légèrement, bien remplies et d’une bonne longueur.
Cuisses
Très musclées.
Jarret
Près de terre, bien d'aplomb mais légèrement coudés.
Pieds postérieurs
Comme aux antérieurs.

Allures

Très facile, chien galopant facilement, bondissant avec légèreté et passant bien dans les fourrés.

Peau

Nez noir, testicules variant du blanc au noir.

Robe

Qualité du poil
Court et brillant. Le poil louvard se trouve chez beaucoup de sujets.
Couleur du poil
Tricolore, à manteau noir ou à larges taches, et quelquefois blanc et orange.

Taille et poids

Hauteur au garrot
De 62 à 72 cm pour les mâles et de 60 à 70 cm pour les femelles.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Chiens blanc et noir.
 Fanon.
 Les chiens légèrement bégus ne sont pas à éliminer ; à qualité égale on doit préférer le chien qui a la mâchoire normale.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

https://www.fci.be/

Historique détaillé

Dans son remarquable Manuel de la vénerie française, publié en 1890, le comte Le Couteulx de Canteleu parlait encore des « bâtards du Haut-Poitou ». Il faut noter que ces chiens, aujourd'hui dénommés Poitevins, n'existaient alors tout au plus que depuis une quarantaine d'années. C'est en effet à partir de 1842 que le vicomte Emile de La Besge créa la race, et ce, à la suite d'incidents dramatiques.

Ce gentilhomme avait commencé à chasser dès 1830, lorsqu'il avait dix-huit ans. Il avait fait l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, mais son père, royaliste intransigeant, préférait le voir courir le loup plutôt que de le laisser servir dans une armée révolutionnaire. Le vicomte Émile entreprit donc un élevage à partir de descendants des grands Chiens Blancs du Roy, croisés avec des Laryes ; ces derniers, selon certains, étant issus de chiens tricolores irlandais (mais ce n'est pas l'opinion de Le Couteulx; la question reste à élucider).

Toujours est-il que la meute prospéra jusqu'en 1842, date à laquelle la rage commença à dévaster le chenil que M. de La Besge entretenait en forêt de Moulière, entre Châtellerault et Poitiers. Seuls un chien et deux chiennes qui étaient restés au chenil de Persac, résidence du vicomte, furent épargnés. M. de La Besge fit alors venir six chiens anglais, mais il se révéla que deux d'entre eux ne voulaient guère se frotter aux épines, aussi se résolut-il à les céder à M. de La Débutrie, en Vendée. A ce moment, il restait au vicomte deux chiens célèbres, d'origine anglaise, Talbot et Rochester, ainsi que deux chiennes françaises, Tartane et Turbulente. Talbot et Turbulente donnèrent naissance, notamment, à Fringante, une chienne qui eut une grande réputation du fait de sa finesse de nez et de sa vitesse. C'est elle qui fut saillie par Traveller, un superbe chien anglais que La Besge s'était procuré chez Le Couteulx en échange d'un quart-sang nommé Vaillant. De ce couple sont censés être issus tous les Chiens du Haut-Poitou actuels, qui ont été homologués en 1957 comme race Poitevine.

L'un des plus célèbres descendants de Fringante et de Traveller fut Faublas. La Besge en dit: « C'était l'expression complète de la force, de la puissance, jointes à la légèreté et à une distinction incomparable. Comme qualité, il joignait à une finesse de nez merveilleuse une voix et une menée magnifiques, et, comme vitesse et comme vigueur, il n'a jamais, je crois, été égalé. Je lui ai vu prendre seul un grand loup au bout de six heures, après avoir reçu au bout de trois heures un relais de chiens très vigoureux, puis à lui seul aussi deux grands louvarts. »

Ces origines des Poitevins ne font cependant pas l'unanimité. Ainsi, le comte Henri de la Porte les situe en d'autres lieux et à une date antérieure puisqu'il affirme que, dès 1835, ses oncles Auguste et Paul avaient déjà fixé la race à partir de deux sujets : Ténor et Ravissante. Il reconnaît néanmoins qu'il y avait déjà beaucoup de races dans le Haut-Poitou, pays où la chasse aux chiens courants est prospère: outre les Laryes, c'est là que s'étaient développés les Céris, les Couhés, les Foudras.

En définitive, il est vraisemblable que ces divers chiens sont à l'origine de ceux que M. de La Besge père donna à son fils pour le persuader de chasser plutôt que de s'engager dans une armée républicaine, et que les Poitevins actuels descendent des bâtards élevés par le vicomte, donc de Fringante et de Traveller.

Le Poitevin est donc initialement un croisement de chien français et de chien anglais, à la silhouette particulièrement distinguée. Cette silhouette s'explique si l'on admet l'hypothèse selon laquelle les Laryes avaient des Greyhounds, autrement dit des Lévriers, dans leur ascendance. Quatre retrempes anglaises en quarante ans n'ont guère changé l'aspect des chiens de M. de La Besge, et on retrouve aujourd'hui leurs descendants dans nombre d'équipages. Le docteur Guillet, qui fut le plus grand spécialiste du chien d'ordre, en avait un lot exceptionnel au rallye Kéréol.

C'est avant tout pour chasser le loup que M. de La Besge avait formé ses chiens. Son principal souci était qu'ils passent bien dans les ajoncs, car il est vrai que la Moulière, qui constituait le cœur de son territoire, comportait, à cette époque, beaucoup de landes très piquantes : elles occupaient les sites déboisés pour l'exploitation de la « meule » ; pierre pour les moulins ; d'où la forêt tire son nom. Mais il fallait aussi rendre les chiens capables de prendre de grands loups, ce à quoi ne parvenaient, selon les chroniqueurs d'alors, que deux grands veneurs: Le Couteulx et, bien sûr, le vicomte Emile! Ces derniers s'échangeaient d'ailleurs régulièrement des chiens.

Les grands loups menaient parfois les veneurs sur 100 kilomètres, aussi il pouvait être nécessaire d'arrêter la meute au cœur de la nuit pour la remettre à la voie au petit matin. On ne peut que s'émerveiller des qualités qui étaient alors exigées des chiens, parmi lesquelles la finesse de nez était primordiale. En ce qui concerne le Poitevin, Henri de La Porte, le neveu de ceux qui élevèrent Ténor et Ravissante, précise: « Son nez, long et arqué, annonce par sa conformation la puissance de son odorat; il évente à de grandes distances, et rapproche en galopant des voies de loup assez fortes. » Et cet auteur insiste, tout comme La Besge, sur l'opiniâtreté de la race, même lorsqu'elle doit passer dans les branches ou les ajoncs.

Mais, pour saisir toutes les qualités des chiens de Persac, il faut reprendre les récits du vicomte Emile. Persac était donc le nom de la propriété où était situé son chenil, sur les bords de la Vienne, tout juste au sud de Lussac. La forêt de Gouex était à sa porte, et la Moulière, la Braconne, les forêts de Rancon, de Brigueuil ou de Mareuil n'étaient qu'à quelques lieues. C'est sur ces territoires que, en 1863, La Besge put comparer la valeur de ses chiens à celle des Fox-Hounds du duc de Beaufort.

Cette année-là, en effet, le duc vint d'Angleterre pour tenter de forcer quelques-uns de nos louvarts avec une meute de soixante chiens. Lorsque la meute de Badminton ; tel était son nom ; arriva en Poitou, tous les grands veneurs de la région étaient là : le baron de Champchevrier, MM. Roux de Reilhac, de Montbron, etc. Bref, ils étaient entre cent et cent cinquante cavaliers pour appuyer les chiens du duc, mais, malgré le remarquable travail des rapprocheurs de MM. Guichard, les chiens anglais ne voulurent jamais prendre la voie du loup!

Donc, quarante-huit heures après, voilà que Ténébro, Mauresque, etc., du lallye Persac, furent découplés en forêt de Verrières. A sept heures, le piqueur mit sur pied un louvart qu'emmenèrent aussitôt Stentor, Mauresque et Talbot. Les trois chiens lui imposèrent un train d'enfer jusque vers dix heures, moment où le reste de la meute fut mis à la voie. Vers midi, tous les chiens tombèrent en défaut, au bord d'une petite rivière. Le vicomte fit ses devants, ses arrières, sans résultat. Mais il lui manquait le fameux Ténébro. Brusquement, on l'entendit donner de la voix quelque 100 mètres en avant: le chien avait tout seul retrouve la voie du loup, qui se fit prendre quelques minutes après.

Tels sont les chiens du Poitou: très fins de nez, capables de reprendre une voie après plusieurs heures de défaut, passant partout, y compris dans les ajoncs qui étaient la hantise de M. de La Besge. Mais les chiens de Persac se démarquaient aussi dans la voie du cerf ou du chevreuil. C'est encore la célèbre Mauresque qui, un jour, relança seule un cerf attaqué en forêt de Mareuil et qui s'était tapi dans le « bois au roi », au-dessus de Bonneuil-Matours, d'où les animaux se mirent à jaillir de toutes parts lorsqu'arriva la meute. Aussitôt rejointe par son frère Ténébro, elle força avec lui le cerf à sauter le mur du domaine de Mariville, qui bordait le bourg à l'est de la Vienne. Ténébro réussit lui aussi à passer l'obstacle, qui ne devait pas faire moins de 2 mètres de haut, et força l'animal sur le toit d'une maison située à flancs de coteaux!

On laissera la conclusion à Henri de La Porte: « Je souhaite à mes ennemis vingt-cinq bons chiens de cette race, et je suis persuadé que la réconciliation sera bientôt faite! »

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