Quel comportement face à un animal malade ?Tout comportement en situation d’interaction a valeur de message, la maladie aussi pourrait bien en être un... * B. CYRULNIK "Les animaux de compagnie peuvent être des symptômes de troubles psychiatriques" Le Monde 26/09/99 ** R DANTZER « L’illusion psychosomatique» O. Jacob *** B. CYRULNIK «L’ensorcellement du monde» O. Jacob **** B. CYRULNIK «Sous le signe du lien» Hachette/Pluriel Je tiens tout particulièrement à remercier Madame Danièle Mirat, comportementaliste |
Tout comportement inhabituel chez son animal doit alerter ses maîtres ; c’est en effet un message : quelque chose se passe...
Le chien et le chat sont particulièrement ritualisés dans leurs comportements du quotidien, souvent «réglés comme du papier à musique» pour réagir à nos emplois du temps qui dictent les leurs.
C’est d’ailleurs dans la « routine » que nos animaux familiers se sécurisent et qu’ils se sentent le mieux ; l’habituel, le prévisible, les rassurent.
Au rythme de nos allées et venues, entièrement dépendant, le chien se fabrique un emploi du temps canin perso, tout organisé autour de nos activités humaines, professionnelles ou autres. Idem pour le chat, même si celui-ci peut sortir parfois et donc être un peu plus libre.
Toute modification singulière des conduites de nos compagnons, de leur aspect physique et leur regard doit donc retenir l’attention du maître.
Si l’animal a :
• la «mine abattue», ne mange plus, ne joue plus...
• un manque d’entrain à sortir en promenade (pour le chien)...
• des habitudes d’hygiène qui se sont dégradées (pour le chat)...
• s’il cherche à se cacher ou s’isoler…
• s’il est agité, halète fortement, change de position constamment...
• s’il geint, boîte, s’essouffle, vomit, tousse, crache, a la diarrhée...
Autant de comportements qui signalent l’inconfort, la douleur, le malaise manifeste et qui doivent donc nous alerter
Sans se précipiter chez son vétérinaire au moindre gémissement, il y a lieu de faire preuve de calme et discernement ; répondre promptement s’il y a urgence ou plutôt prendre un peu le temps d’examiner la situation.
Les maîtres d’animaux familiers se sentent souvent démunis face à la maladie de leur compagnon, un peu comme ces parents avec leur bébé malade, qui ne peut expliquer ni son mal ni son ressenti.
Il est parfois difficile de faire la part des choses devant le changement remarqué : est-ce le signe annonciateur de maladie grave ou «cela va t’il passer rapidement ? »
Téléphoner à son vétérinaire et lui décrire les symptômes remarqués sera sage et permettra d’agir rapidement et de moins s’inquiéter.
Ces praticiens nous ont appris à avoir le réflexe de prendre la température de notre animal qui semble mal en point.
Les normales pour chiens et chats se situent entre 38°5/39°. En dessous de 37°5 ou au-dessus de 39°9, il y a lieu de s’alarmer et faire examiner l’animal au plus vite.
Les vétérinaires nous ont appris aussi à repérer certains symptômes qui les guideront vers un diagnostic plus rapide ; ils nous informent par exemple /
• Qu’en été, une respiration rapide, des halètements sonores et une démarche chancelante peuvent être les signes d’un coup de chaleur.
• Un chien abattu sans appétit, dont les urines deviennent foncées, peut faire penser à une piroplasmose transmise par une tique infectée.
• Un chien de grande taille, prostré, faisant de vains efforts pour vomir, peut faire un retournement d’estomac (complication survenant souvent après l’absorption d’une grande quantité d’aliment ou d’eau, suivie d’effort physique intense) Il sera nécessaire d’opérer sur l’heure pour sauver l’animal.
• Un chat qui n’arrive plus à déglutir peut faire une angine ou une affection de l’appareil digestif (dents, larynx...)
• Un animal qui boit énormément, s’essouffle facilement…une affection des reins ou autre maladie.
• Un animal qui boîte s’est peut-être fait une entorse, une fracture (mais avant de s’alarmer, il est bon de regarder s’il n’a pas un caillou, une épine dans la patte, un gland entre les coussinets!)
Lorsque le maître a imaginé le pire, la tension retombe un peu chez le vétérinaire avec lequel s’est nouée une relation de confiance.
Mais les visites chez ce praticien enchantent rarement nos compagnons. Nous voulons les soigner pour les voir guérir, mais ils n’ont aucune possibilité de comprendre le sens d’interventions médicales parfois douloureuses.
Comment un animal pourrait-il comprendre et apprécier que c’est pour son bien qu’on lui fait subir des soins déplaisants ?
Ils sont peu coopératifs pour certains, et on les comprend !
Ils n’aiment pas qu’on les enferme, les attache, les muselle, les immobilise écrasés sur une table, les pique ou leur enfonce instruments ou produits dans les orifices naturels, etc…idem pour les êtres humains d’ailleurs, bien qu’ils aient la capacité de s’expliquer ces nécessités !
Les animaux eux, vivent toute cette sollicitude comme une atteinte à leur bien-être, à leur intégrité physique.
Dès leur plus jeune âge, quelques apprentissages appropriés peuvent les aider à mieux vivre ces passages parfois obligés dans ce lieu aux odeurs fortes et non familières.
On peut commencer par :
• Habituer tôt le jeune animal à être manipulé par différentes personnes, doucement, debout, couché, avec des caresses ; d’une voix enjouée obtenir gentiment son calme et prendre garde à ne pas lui faire vivre négativement tout contrôle régulier des yeux, oreilles, pattes…obtenir progressivement sa docilité par terre pour ces soins, puis ensuite sur une table, et gratifier la docilité d’une petite friandise.
• Habituer également de manière ludique, le chiot ou le chaton à entrer, occuper et ressortir de sa boîte de transport, en y jouant avec lui par exemple. Ou bien la laisser ouverte près de son lieu de couchage pour qu’il la découvre par lui-même : cette boîte n’est ainsi plus associée d’avance à un fatal mauvais traitement.
• Familiariser très tôt le chiot à la muselière, en la banalisant et gratifiant l’animal en mettant une gourmandise au fond. On peut s’y prendre de même avec un adulte, en la lui faisant porter de courts instants, sans raison ou en jouant avec lui, en le caressant.
• Le transport en voiture doit être associé aux sorties agréables comme la promenade par exemple, et pas juste réservé aux visites chez le vétérinaire (c’est souvent le cas pour le chat qui reconnaît déjà la boîte comme signe annonciateur de misères)
Grâce à ces quelques apprentissages, les soins chez le vétérinaire seront déjà vécus un peu moins durement.
La détresse émotive ne naîtra pas d’avance dans la boîte de transport ; monter sur la table d’examen, être manipulé, inspecté, porter sa muselière (si elle est nécessaire)…tout cela ne sera pas forcément promesse de tourments mais gestes de bienveillance.
Lors de ces visites, un animal perçoit très bien l’attention renforcée, l’inquiétude, les émotions négatives du maître, et il est évident que notre anxiété ne l’aide pas, bien au contraire.
Son bien être commande davantage une certaine neutralité de notre part ; inutile de vouloir le rassurer par exemple quand il tremble, ce qui aboutit à l’effet inverse, c'est-à-dire le conforter dans le fait qu’il a raison d’être effrayé !
Dans ces circonstances ou d’autres, nous aidons l’animal qui a peur si nous banalisons ce moment et s’il ne rencontre rien d’autre que notre calme.
Une fois le diagnostic établi, le maître suivra scrupuleusement les prescriptions du vétérinaire. Les soins doivent être effectués sans excès, avec douceur sans forcer l’attention que l’on porte à l’animal malade.
Plutôt qu’employer la manière forte pour administrer un médicament ou réaliser un soin, veillez à aborder l’animal d’une voix incitatrice et gaie.
Pas non plus question de l’attirer à vous avec une friandise par exemple, pour le capturer traîtreusement et lui faire ensuite subir vos manipulations. Vous n’instaurez pas la confiance et risquez de retarder la guérison de votre compagnon.
Au contraire, prenez le temps de le faire venir vers vous gentiment, et vous aurez plus de chance d’obtenir sa coopération, par la promesse de vos attentions et caresses.
Les interactions basées sur la confiance ont toujours une fonction tranquillisante, à l’inverse celles basées sur la tromperie sont toxiques et angoissantes.
Si l’animal souffre, certains soins sont parfois douloureux.
Comprenez alors qu’il peut se retourner sur la main qui l’agresse ; anticipez dans ce cas, et prévoyez alors de vous protéger.
Par contre, ne négligez jamais de caresser de la voix et de la main, l’animal qui a été patient et docile quand vous avez vérifié, par exemple, points de sutures, écoulements ou infections possibles après une opération.
Il a surmonté sa peur en vous faisant confiance, les soins suivants en seront facilités.
Après avoir bien récupéré d’un acte chirurgical, certains animaux sont heureux de pouvoir jouer et sauter de nouveau ! c’est aux maîtres de juguler ces fougues pour éviter les complications (même chose pour un cardiaque !)
Et s’il est capital que nos compagnons aient à la maison «une place à eux» pour se reposer, quand ils sont malades ils ont encore davantage droit à la quiétude. Sans forcément le changer de place, veillez plutôt à réduire bruit et agitation autour de l’animal et faites respecter son repos, aux enfants en particulier.
Le plus souvent le traitement permet d’enrayer l’affection. Malgré tous ces soins, il arrive parfois que la maladie ou la boiterie récidive.
Qui n’a pas connu une chienne à la «claudication diplomatique» ? Bien que guéri, l’animal utilise ce stratagème pour attirer l’attention et ce comportement lui apporte la sollicitude affectueuse obtenue lors des soins post-opératoires, ou pour se rendre pitoyable lorsqu’il est grondé.
D’autres fois, ce sont les mêmes gastrites, diarrhées ou dermatoses qui reviennent.
Chiens et chats qui vivent avec les humains, se laissent imprégner telle une «éponge affective»* par leur environnement dont font partie les maîtres et leurs problèmes.
Émotionnellement en première ligne, ils partagent leurs tracas, contrariétés et conflits.
Ils subissent leur anthropomorphisme, leur méconnaissance des spécificités de leur espèce canine ou féline.
Le chien, animal social auquel un statut hiérarchique clair doit être offert pour son confort relationnel, se voit souvent attribuer maladroitement les privilèges de la dominance par ses maîtres, qui prétendent ensuite exiger son obéissance.
A cette place intenable, le chien déploie des comportements désordonnés en proie à des émotions contradictoires.
Or des émotions non gouvernées finissent toujours par provoquer des troubles métaboliques **, et pour peu que ces émotions soient durables, ces troubles métaboliques finissent par provoquer des maladies organiques.
La peau semble le récepteur le plus sensible à ces modifications bio émotionnelles. Le tube digestif est lui aussi un excellent récepteur d’émotions…l’appareil urinaire…le cœur *** ... Résultat, l’animal se gratte ou se lèche nerveusement, tousse, boîte, aboie, miaule, demande la porte, tourne après sa queue, urine ou défèque dans la maison…
Le chat plus indépendant que le chien arrive à prendre plus de distance face aux problèmes des humains, sauf s’il vit une relation symbiotique avec son maître.
Tzarine, chatte de la race «Sacré de Birmanie» vit seule avec Brigitte très angoissée qui la caresse ou la cajole de manière excessive. Elle se lèche certaines parties du corps et de la queue et ces léchages stéréotypés vont jusqu'à l’automutilation, laissant apparaître des plaques d'alopécie.
Malgré plusieurs traitements dermatologiques ordonnés par le vétérinaire, elle n’est pas guérie. Dès son retour du travail, plus Brigitte «chouchoute» et inspecte le pelage de la chatte, et plus la Birmane se mutile.
Le toilettage a normalement chez le félin une fonction anxiolytique. Dans le cas d’angoisse vécue par l’animal, ce toilettage outrancier devient une activité de substitution pour se calmer. Les caresses excessives de Brigitte, ainsi que les attentions et les contrôles anxieux du poil de la chatte, perpétuent son comportement de léchage.
Nombre d’affections sont donc les symptômes de dysfonctionnements de la relation homme/animal ou de problèmes personnels de membres de la famille (instance de divorce ou conflit momentané...)
Face à toute maladie de l’animal familier le maître devrait re-situer cette «plainte» dans le système relationnel et se poser les questions suivantes :
• Qu’est-ce qui a changé dans l’environnement de l’animal ?
• N’y a t il pas actuellement un problème personnel ou familial qui me fait réagir différemment face à lui ?
• Quelle est mon attitude envers mon animal ?
• Ne suis-je pas trop anxieux pour lui ?
• Mon attachement pour lui n’est-il pas excessif, est-ce que je ne le cajole pas trop ?
• Ne me suis-je pas appuyé sur l’entretien et le maintien de cet attachement qui ne laisse pas devenir mon animal plus autonome et équilibré ?
• Est-ce que je ne projette pas sur lui des désirs inconscients, des fantasmes que l’animal ne peut ni réaliser ni assumer ? (Ceux-ci influencent la manière d’être avec le chien ou le chat et interfèrent sur les affects et la santé de ces derniers) B. CYRULNIK l’explique dans «le cas Pupuce»**** et dans «le chien de remplacement»*** qui se réfugie dans la maladie parce que son maître le vit à travers son premier chien décédé et idéalisé.
Le chien et le chat sont particulièrement ritualisés dans leurs comportements du quotidien, souvent «réglés comme du papier à musique» pour réagir à nos emplois du temps qui dictent les leurs.
C’est d’ailleurs dans la « routine » que nos animaux familiers se sécurisent et qu’ils se sentent le mieux ; l’habituel, le prévisible, les rassurent.
Au rythme de nos allées et venues, entièrement dépendant, le chien se fabrique un emploi du temps canin perso, tout organisé autour de nos activités humaines, professionnelles ou autres. Idem pour le chat, même si celui-ci peut sortir parfois et donc être un peu plus libre.
Toute modification singulière des conduites de nos compagnons, de leur aspect physique et leur regard doit donc retenir l’attention du maître.
Si l’animal a :
• la «mine abattue», ne mange plus, ne joue plus...
• un manque d’entrain à sortir en promenade (pour le chien)...
• des habitudes d’hygiène qui se sont dégradées (pour le chat)...
• s’il cherche à se cacher ou s’isoler…
• s’il est agité, halète fortement, change de position constamment...
• s’il geint, boîte, s’essouffle, vomit, tousse, crache, a la diarrhée...
Autant de comportements qui signalent l’inconfort, la douleur, le malaise manifeste et qui doivent donc nous alerter
Sans se précipiter chez son vétérinaire au moindre gémissement, il y a lieu de faire preuve de calme et discernement ; répondre promptement s’il y a urgence ou plutôt prendre un peu le temps d’examiner la situation.
Les maîtres d’animaux familiers se sentent souvent démunis face à la maladie de leur compagnon, un peu comme ces parents avec leur bébé malade, qui ne peut expliquer ni son mal ni son ressenti.
Il est parfois difficile de faire la part des choses devant le changement remarqué : est-ce le signe annonciateur de maladie grave ou «cela va t’il passer rapidement ? »
Téléphoner à son vétérinaire et lui décrire les symptômes remarqués sera sage et permettra d’agir rapidement et de moins s’inquiéter.
Ces praticiens nous ont appris à avoir le réflexe de prendre la température de notre animal qui semble mal en point.
Les normales pour chiens et chats se situent entre 38°5/39°. En dessous de 37°5 ou au-dessus de 39°9, il y a lieu de s’alarmer et faire examiner l’animal au plus vite.
Les vétérinaires nous ont appris aussi à repérer certains symptômes qui les guideront vers un diagnostic plus rapide ; ils nous informent par exemple /
• Qu’en été, une respiration rapide, des halètements sonores et une démarche chancelante peuvent être les signes d’un coup de chaleur.
• Un chien abattu sans appétit, dont les urines deviennent foncées, peut faire penser à une piroplasmose transmise par une tique infectée.
• Un chien de grande taille, prostré, faisant de vains efforts pour vomir, peut faire un retournement d’estomac (complication survenant souvent après l’absorption d’une grande quantité d’aliment ou d’eau, suivie d’effort physique intense) Il sera nécessaire d’opérer sur l’heure pour sauver l’animal.
• Un chat qui n’arrive plus à déglutir peut faire une angine ou une affection de l’appareil digestif (dents, larynx...)
• Un animal qui boit énormément, s’essouffle facilement…une affection des reins ou autre maladie.
• Un animal qui boîte s’est peut-être fait une entorse, une fracture (mais avant de s’alarmer, il est bon de regarder s’il n’a pas un caillou, une épine dans la patte, un gland entre les coussinets!)
Lorsque le maître a imaginé le pire, la tension retombe un peu chez le vétérinaire avec lequel s’est nouée une relation de confiance.
Mais les visites chez ce praticien enchantent rarement nos compagnons. Nous voulons les soigner pour les voir guérir, mais ils n’ont aucune possibilité de comprendre le sens d’interventions médicales parfois douloureuses.
Comment un animal pourrait-il comprendre et apprécier que c’est pour son bien qu’on lui fait subir des soins déplaisants ?
Ils sont peu coopératifs pour certains, et on les comprend !
Ils n’aiment pas qu’on les enferme, les attache, les muselle, les immobilise écrasés sur une table, les pique ou leur enfonce instruments ou produits dans les orifices naturels, etc…idem pour les êtres humains d’ailleurs, bien qu’ils aient la capacité de s’expliquer ces nécessités !
Les animaux eux, vivent toute cette sollicitude comme une atteinte à leur bien-être, à leur intégrité physique.
Dès leur plus jeune âge, quelques apprentissages appropriés peuvent les aider à mieux vivre ces passages parfois obligés dans ce lieu aux odeurs fortes et non familières.
On peut commencer par :
• Habituer tôt le jeune animal à être manipulé par différentes personnes, doucement, debout, couché, avec des caresses ; d’une voix enjouée obtenir gentiment son calme et prendre garde à ne pas lui faire vivre négativement tout contrôle régulier des yeux, oreilles, pattes…obtenir progressivement sa docilité par terre pour ces soins, puis ensuite sur une table, et gratifier la docilité d’une petite friandise.
• Habituer également de manière ludique, le chiot ou le chaton à entrer, occuper et ressortir de sa boîte de transport, en y jouant avec lui par exemple. Ou bien la laisser ouverte près de son lieu de couchage pour qu’il la découvre par lui-même : cette boîte n’est ainsi plus associée d’avance à un fatal mauvais traitement.
• Familiariser très tôt le chiot à la muselière, en la banalisant et gratifiant l’animal en mettant une gourmandise au fond. On peut s’y prendre de même avec un adulte, en la lui faisant porter de courts instants, sans raison ou en jouant avec lui, en le caressant.
• Le transport en voiture doit être associé aux sorties agréables comme la promenade par exemple, et pas juste réservé aux visites chez le vétérinaire (c’est souvent le cas pour le chat qui reconnaît déjà la boîte comme signe annonciateur de misères)
Grâce à ces quelques apprentissages, les soins chez le vétérinaire seront déjà vécus un peu moins durement.
La détresse émotive ne naîtra pas d’avance dans la boîte de transport ; monter sur la table d’examen, être manipulé, inspecté, porter sa muselière (si elle est nécessaire)…tout cela ne sera pas forcément promesse de tourments mais gestes de bienveillance.
Lors de ces visites, un animal perçoit très bien l’attention renforcée, l’inquiétude, les émotions négatives du maître, et il est évident que notre anxiété ne l’aide pas, bien au contraire.
Son bien être commande davantage une certaine neutralité de notre part ; inutile de vouloir le rassurer par exemple quand il tremble, ce qui aboutit à l’effet inverse, c'est-à-dire le conforter dans le fait qu’il a raison d’être effrayé !
Dans ces circonstances ou d’autres, nous aidons l’animal qui a peur si nous banalisons ce moment et s’il ne rencontre rien d’autre que notre calme.
Une fois le diagnostic établi, le maître suivra scrupuleusement les prescriptions du vétérinaire. Les soins doivent être effectués sans excès, avec douceur sans forcer l’attention que l’on porte à l’animal malade.
Plutôt qu’employer la manière forte pour administrer un médicament ou réaliser un soin, veillez à aborder l’animal d’une voix incitatrice et gaie.
Pas non plus question de l’attirer à vous avec une friandise par exemple, pour le capturer traîtreusement et lui faire ensuite subir vos manipulations. Vous n’instaurez pas la confiance et risquez de retarder la guérison de votre compagnon.
Au contraire, prenez le temps de le faire venir vers vous gentiment, et vous aurez plus de chance d’obtenir sa coopération, par la promesse de vos attentions et caresses.
Les interactions basées sur la confiance ont toujours une fonction tranquillisante, à l’inverse celles basées sur la tromperie sont toxiques et angoissantes.
Si l’animal souffre, certains soins sont parfois douloureux.
Comprenez alors qu’il peut se retourner sur la main qui l’agresse ; anticipez dans ce cas, et prévoyez alors de vous protéger.
Par contre, ne négligez jamais de caresser de la voix et de la main, l’animal qui a été patient et docile quand vous avez vérifié, par exemple, points de sutures, écoulements ou infections possibles après une opération.
Il a surmonté sa peur en vous faisant confiance, les soins suivants en seront facilités.
Après avoir bien récupéré d’un acte chirurgical, certains animaux sont heureux de pouvoir jouer et sauter de nouveau ! c’est aux maîtres de juguler ces fougues pour éviter les complications (même chose pour un cardiaque !)
Et s’il est capital que nos compagnons aient à la maison «une place à eux» pour se reposer, quand ils sont malades ils ont encore davantage droit à la quiétude. Sans forcément le changer de place, veillez plutôt à réduire bruit et agitation autour de l’animal et faites respecter son repos, aux enfants en particulier.
Le plus souvent le traitement permet d’enrayer l’affection. Malgré tous ces soins, il arrive parfois que la maladie ou la boiterie récidive.
Qui n’a pas connu une chienne à la «claudication diplomatique» ? Bien que guéri, l’animal utilise ce stratagème pour attirer l’attention et ce comportement lui apporte la sollicitude affectueuse obtenue lors des soins post-opératoires, ou pour se rendre pitoyable lorsqu’il est grondé.
D’autres fois, ce sont les mêmes gastrites, diarrhées ou dermatoses qui reviennent.
Chiens et chats qui vivent avec les humains, se laissent imprégner telle une «éponge affective»* par leur environnement dont font partie les maîtres et leurs problèmes.
Émotionnellement en première ligne, ils partagent leurs tracas, contrariétés et conflits.
Ils subissent leur anthropomorphisme, leur méconnaissance des spécificités de leur espèce canine ou féline.
Le chien, animal social auquel un statut hiérarchique clair doit être offert pour son confort relationnel, se voit souvent attribuer maladroitement les privilèges de la dominance par ses maîtres, qui prétendent ensuite exiger son obéissance.
A cette place intenable, le chien déploie des comportements désordonnés en proie à des émotions contradictoires.
Or des émotions non gouvernées finissent toujours par provoquer des troubles métaboliques **, et pour peu que ces émotions soient durables, ces troubles métaboliques finissent par provoquer des maladies organiques.
La peau semble le récepteur le plus sensible à ces modifications bio émotionnelles. Le tube digestif est lui aussi un excellent récepteur d’émotions…l’appareil urinaire…le cœur *** ... Résultat, l’animal se gratte ou se lèche nerveusement, tousse, boîte, aboie, miaule, demande la porte, tourne après sa queue, urine ou défèque dans la maison…
Le chat plus indépendant que le chien arrive à prendre plus de distance face aux problèmes des humains, sauf s’il vit une relation symbiotique avec son maître.
Tzarine, chatte de la race «Sacré de Birmanie» vit seule avec Brigitte très angoissée qui la caresse ou la cajole de manière excessive. Elle se lèche certaines parties du corps et de la queue et ces léchages stéréotypés vont jusqu'à l’automutilation, laissant apparaître des plaques d'alopécie.
Malgré plusieurs traitements dermatologiques ordonnés par le vétérinaire, elle n’est pas guérie. Dès son retour du travail, plus Brigitte «chouchoute» et inspecte le pelage de la chatte, et plus la Birmane se mutile.
Le toilettage a normalement chez le félin une fonction anxiolytique. Dans le cas d’angoisse vécue par l’animal, ce toilettage outrancier devient une activité de substitution pour se calmer. Les caresses excessives de Brigitte, ainsi que les attentions et les contrôles anxieux du poil de la chatte, perpétuent son comportement de léchage.
Nombre d’affections sont donc les symptômes de dysfonctionnements de la relation homme/animal ou de problèmes personnels de membres de la famille (instance de divorce ou conflit momentané...)
Face à toute maladie de l’animal familier le maître devrait re-situer cette «plainte» dans le système relationnel et se poser les questions suivantes :
• Qu’est-ce qui a changé dans l’environnement de l’animal ?
• N’y a t il pas actuellement un problème personnel ou familial qui me fait réagir différemment face à lui ?
• Quelle est mon attitude envers mon animal ?
• Ne suis-je pas trop anxieux pour lui ?
• Mon attachement pour lui n’est-il pas excessif, est-ce que je ne le cajole pas trop ?
• Ne me suis-je pas appuyé sur l’entretien et le maintien de cet attachement qui ne laisse pas devenir mon animal plus autonome et équilibré ?
• Est-ce que je ne projette pas sur lui des désirs inconscients, des fantasmes que l’animal ne peut ni réaliser ni assumer ? (Ceux-ci influencent la manière d’être avec le chien ou le chat et interfèrent sur les affects et la santé de ces derniers) B. CYRULNIK l’explique dans «le cas Pupuce»**** et dans «le chien de remplacement»*** qui se réfugie dans la maladie parce que son maître le vit à travers son premier chien décédé et idéalisé.