Basset artésien normand |
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Standard FCI Nº 34 |
Origine |
France | |
Groupe |
Groupe 6 Chiens courants, chiens de recherche au sang et races apparentées | |
Section |
Section 1.3 Chiens courants de petite taille | |
Epreuve |
Avec épreuve de travail | |
Reconnaissance à titre définitif par la FCI |
mardi 29 octobre 1963 | |
Publication du standard officiel en vigueur |
mardi 01 août 2023 | |
Dernière mise à jour |
mardi 29 août 2023 | |
In English, this breed is said |
Norman artesien basset | |
Auf Deutsch, heißt diese Rasse |
Basset artésien normand | |
En español, esta raza se dice |
Basset Artesiano de Normandía | |
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd |
Basset artésien normand |
Utilisation |
Chien de petite vénerie utilisé pour la chasse à tir. Il chasse aussi bien seul qu'en groupe, en donnant de la voix. Ses courtes pattes lui permettent de pénétrer dans une végétation des plus dense, là où le grand chien ne peut aller, et y faire sortir le gibier qui s'y cache. Sa chasse de prédilection est le lapin, mais il peut aussi bien chasser le lièvre comme le chevreuil. Il quête et lance avec une grande sûreté, sa menée n'est pas rapide, mais bruyante et ordonnée. |
Bref aperçu historique |
L'élevage dirigé du basset français à poil ras a commencé dans les années 1870. A partir de bassets ayant apparemment une origine commune, le Couteulx de Canteleu a fixé un type utilitaire à antérieurs droits dit d'Artois tandis que Louis Lane a développé un type plus spectaculaire, à antérieurs tors, dit Normand. Il a fallu attendre 1924 avant de voir l'adoption du nom de basset artésien-normand pour la race et pour le club. Léon Verrier, qui a pris la direction du club en 1927, à l'âge de 77 ans, a voulu renforcer le caractère normand de la race et dans le livre des standards des chiens courants de 1930, où les deux races basset d'Artois et basset artésien-normand, figurent, nous trouvons cette observation au sujet de ce dernier : Le comité de la Société de Vénerie décide et note que le basset artésien-normand ne devrait pas être qu'une étape de transition vers un type Normand, sans trace d'Artois. |
Aspect général |
Chien long par rapport à sa taille, bien planté, bien assemblé, compact, rappelant dans sa tête la noblesse du grand chien normand. |
Proportions importantes |
• Taille/longueur du corps env. 5 : 8 • Hauteur de la poitrine/taille env. 2 : 3 • Largeur du crâne/longueur de la tête env. 1 : 2 • Longueur du chanfrein/longueur du crâne env.10 : 10 |
Comportement / caractère |
Très fin de nez et tenace sur sa voie, magnifiquement gorgé, il permet à son maître de jouir de sa menée, sans être dominé par une trop grande vitesse. Gai et d'une nature très affectueuse. |
Tête |
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Région crânienne |
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Tête |
Dans son ensemble, la tête doit avoir l'air décharnée. | |
Crâne |
En forme de dôme, de moyenne largeur, protubérance occipitale apparente. | |
Stop |
Cassure du front marquée sans exagération. |
Région faciale |
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Truffe |
Noire et large, avançant un peu sur les lèvres, les narines bien ouvertes. | |
Lèvres |
La lèvre supérieure recouvre largement la lèvre inférieure sans, toutefois, être ni trop pendante, ni trop étirée en arrière. | |
Chanfrein |
Le chanfrein est approximativement de même longueur que celle du crâne et légèrement busqué. | |
Mâchoires et dents |
Dentition en ciseaux, c'est à dire, les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien d'équerre par rapport aux mâchoires. | |
Joues |
La peau y dessine un ou deux plis. | |
Yeux |
De forme ovale, grand, foncé (en harmonie avec la robe). Regard calme et sérieux, la conjonctive de la paupière inférieure pouvant sans excès être quelquefois apparente. | |
Oreilles |
Attachées aussi bas que possible, jamais au-dessus de la ligne de l'oeil, étroite à la naissance, bien tirebouchonnées, souples, fines, très longues, atteignant au moins la longueur du museau et se terminant préférence en pointe. |
Cou |
Assez long, avec un peu de fanon, mais sans exagération. |
Corps |
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Dos |
Large et bien soutenu. | |
Rein |
Légèrement harpé. | |
Croupe |
Les hanches sont un peu obliques, donnant une légère inclinaison à la croupe. | |
Poitrine |
De section ovalisée, profonde, sternum bien prolongé en arrière et saillant devant, avec poitrail développé. | |
Côtes |
Côtes longues, s’étendant bien en arrière. | |
Flanc |
Flancs pleins. La ligne sternale est nettement au-dessous des coudes. |
Queue |
Plutôt longue, forte à la naissance et s’amenuisant progressivement. Au repos, le bout de la queue doit atteindre tout juste le sol. Elle est portée en sabre, mais ne retombant jamais sur le dessus et son extrémité ne doit pas être en panache. A ce sujet, il est absolument interdit de modifier l'aspect de la queue des chiens exposés. |
Membres |
Membres antérieurs |
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Généralités |
Les membres antérieurs sont courts et gros. Ils sont demi-tors ou un peu moins que demi-tors, pourvu qu'il y ait une amorce de torsion suffisamment visible. Quelques plis de peau, sans excès, sur les poignets doivent être considérés comme une qualité. | |
Epaules |
Musclées et obliques. | |
Coudes |
Bien collés au corps. |
Membres postérieurs |
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Généralités |
De derrière, une ligne verticale partant de la pointe de la fesse passe par le milieu de la jambe, du jarret, du métatarse et du pied. | |
Cuisses |
Gigotées et musclées. | |
Jarret |
Forts, assez descendus, un peu coudés, ce qui place le pied postérieur légèrement sous le chien lorsque celui-ci est au repos. Une petite poche de peau à la pointe du calcanéum, formé par la laxité de la peau, n'est pas un défaut. | |
Métatarse |
Courts et forts. |
Pieds |
De forme ovale, un peu allongés ; doigts assez serrés et posés d’aplomb de façon à porter bien à terre. |
Allures |
Régulières, assez aisées. Calme dans son mouvement. |
Peau |
Souple et fine. |
Robe |
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Qualité du poil |
Ras, court et serré sans être trop fin. | |
Couleur du poil |
Fauve à manteau noir et blanc ("Tricolore") ou fauve et blanc ("bicolore"). Dans le premier cas, la tête devra être largement couverte de fauve roux et conserver un rond de poils plus foncés sur chaque tempe. Le manteau (ou les taches qui subsistent en cas d'extension de la panachure) sera composé de poils noirs ou zonés (réalisant alors les anciens qualificatifs de "poil de lièvre" ou "poil de blaireau"). |
Taille et poids |
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Hauteur au garrot |
De 30 à 36 cm avec une tolérance de 1 cm sur les limites préconisées pour les sujets exceptionnels. | |
Poids |
De 15 à 20 kg. |
Défauts |
• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel. • Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité. |
Défauts généraux |
Crâne plat. Front large. Sillon médian trop marqué. Oeil clair, rond, globuleux, laissant trop voir la conjonctive. Oreilles plates, trop rondes, épaisses ou attachées haut et large. Encolure courte. Dos mou ou creux. Appendice xiphoïde rentré ou absent. Côtes plates ou déformées. Queue trop longue, déviée ou grossière. Epaule droite, courte, insuffisamment musclée. Coudes en dehors. Carpes qui se touchent ou bouletés. Métacarpes panards ou exagérément tors. Pieds affaissés. Doigts écartés. Cuisses plates. Jarrets clos, trop ouverts. Poil mou, distinctement long ou frangé. Tête charbonnée. Sujet craintif. |
Défauts entrainant l’exclusion |
Sujets peureux ou agressif. Forte anomalie anatomique. Tare héréditaire invalidante et repérable. Manque de type. Prognathisme supérieur ou inférieur. Oeil très clair. Sternum trop court à l’arrière avec absence d’appendice xiphoïde. Côtes fortement déformées. Antérieurs entièrement droits. Membres top frêles. Tête trop charbonnée. Mouchetures noires trop nombreuses, donnant au blanc de la robe une teinte bleutée. Hauteur au garrot autre que celle donnée dans le standard. |
NB : |
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié. • Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires. • Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum. • Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction. |
Bibliographie |
https://www.fci.be/ |
Historique détaillé |
L'apparition d'un chien Basset correspond à un véritable « accident de la nature », une mutation qui entraîne le raccourcissement des pattes et qui fait naître, au sein d'une portée de chiots normalement constitués, un individu qui diffère des autres par sa morphologie « ras de terre ». D'ailleurs, l'inverse peut aussi se produire, le Basset retournant de temps en temps au type originel « normal » sous l'effet d'une mutation inverse. Il est donc logique de penser que les Bassets existent depuis aussi longtemps que le chien lui-même. On a ainsi identifié des ossements de Bassets dans une grotte préhistorique située près de Vence, dans les Alpes-Maritimes, et des figures rupestres, datant de cinq à six millénaires avant J. -C., ont été interprétées comme la représentation de « onze Bassets tenant au ferme un sanglier qu'un tireur à l'arc vise ». Les Egyptiens connaissaient le Basset, ce qu'atteste la chienne à pattes courtes de Beni-Hassan. En revanche, il semble que les chiens de l'Antiquité gréco-romaine, signalés notamment par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, étaient des Terriers. Mais le bassétisme, s'il était toléré, n'était alors nullement recherché ni, a fortiori, cultivé. Malgré la brève description de Gaston Phébus qui, au XIVe siècle, dans son Livre de la Chasse, mentionne « le Basset qui était à poil ras ou à poil long et dont on se servait pour la chasse aux conins (lapins) », il fallut attendre le XVIe siècle pour que les Bassets soient considérés comme une race à part entière, et le XIXe siècle pour que les chasseurs comprennent tout le parti qu'ils pouvaient tirer des jambes courtes et torses de ces animaux (on peut d'ailleurs noter que, sur les deux miniatures du livre de Phébus qui illustrent le phénomène, aucun des chiens représentés n'a de jambe torse). C'est Jacques du Fouilloux qui, au XVIe siècle, décrit pour la première fois en détails dans son traité de la chasse à courre ces « chiens de terre, autrement dits Bassets ». La France s'affirme ainsi, dès cette époque lointaine, comme le berceau de la race. Du Fouilloux en distingue deux variétés: « Il faut entendre que nous avons deux espèces de Bassets, desquels nous dirons être venus des pays des Flandres et d'Artois. Les uns ont les jambes torses et le poil court. Les autres ont les jambes droites et le poil gros, comme les Barbets. Ceux qui ont les jambes torses se coulent plus aisément dans la terre que les autres et sont meilleurs pour les blaireaux, d'autant qu'ils tiennent plus longtemps sous terre que les autres. Ceux qui ont les jambes droites courent comme des chiens courants mais avec plus de fureur et de hardiesse sous terre que les autres, mais ils n'y demeurent pas longtemps. » C'est vers cette époque également que se situent les origines du Basset des Ardennes et du Basset de Normandie, ainsi que des Bassets Fauves de Bretagne, Griffons Vendéens, Saintongeois, Bleus de Gascogne, des Vosges et de la Forêt-Noire. Proclamant l'abolition des privilèges, la Révolution française met brutalement un terme à cette passion des aristocrates que constitue la chasse à courre. Certaines races ne s'en relèveront jamais, et, quand la Restauration permet un nouvel essor de la vénerie et de l'entretien des équipages, deux races de Bassets ont disparu (le Saintongeois et l'Ardennais), deux autres se font très rares (le Basset Fauve de Bretagne et le Basset Bleu de Gascogne), tandis que s'affirment le Basset d'Artois, le Basset de Normandie et le Basset Griffon Vendéen. Le Basset Artésien-Normand résulte du croisement, dans la seconde moitié du siècle dernier, des Bassets d'Artois et de Normandie, sous l'impulsion de deux éleveurs de grand renom: Louis Lane, établi près de Rouen, et le comte Le Couteulx de Canteleu. Les deux hommes suivirent chacun un idéal personnel pour aboutir à la constitution de deux élevages réputés et à la naissance de deux races très différentes qui ne tardèrent pas à évincer les souches originelles : les Bassets Lane, correspondant à une rénovation des anciens types normands, et les Bassets Le Couteulx, dérivés des Bassets d'Artois. Les caractéristiques distinctives de ces deux variétés sont les suivantes : - le Basset Lane est un Basset lourd, bien plus gros que le Le Couteulx, « très coiffé » ; les jambes sont torses et aussi grosses que chez les chiens d'équipage; les oreilles sont minces; le fouet est fin, porté en cierge; la robe est le plus souvent blanc et orange (tête dans le jaune clair), parfois tricolore; - le Basset Le Couteulx se différencie du précédent par une allure plus élégante, une silhouette et une tête plus légères; les jambes sont presque droites (quelquefois mi-torses) et fines; les oreilles sont épaisses; le fouet est moins long et porté plus droit; la robe est tricolore, le plus souvent à manteau noir. Il semble que les Lane furent pendant un temps plus prisés que les Le Couteulx, car l'élevage Lane faisait montre d'une remarquable homogénéité; on jugeait le sang Le Couteulx moins pur, car le comte utilisait parfois d'autres chiens courants en croisement (en particulier le Beagle, ce qui explique la fréquence du manteau noir dans la robe Le Couteulx). Le phénomène inverse se produisit en Angleterre, où le Basset Le Couteulx, qui s'était fait une réputation de meilleur chasseur, fut importé avec succès et fut le point de départ de l'élevage britannique. Vers 1874, le Basset Lane fut repris par Léon Verrier. La variété très répandue qu'il produisit, dite « Basset Verrier », se distinguait par sa longueur et par l'embellissement de sa « coiffure », obtenu en sélectionnant une oreille longue tire-bouchonnée. Le Basset Artésien Normand doit beaucoup à la famille Verrier. A la fin du XIXe siècle, quelques éleveurs préconisèrent de croiser le Lane et le Le Couteulx : le type Lane étant très difficile à maintenir en élevage consanguin, l'infusion de sang Le Couteulx permettrait, pensaient-ils, d'éviter la dégénérescence. Et, de fait, il apparut très vite que le produit de ce croisement présentait un grand intérêt. De l'union d'un mâle pur Lane et d'une femelle pure Le Couteulx naquirent des chiens dont le stock génétique se composait de 50 % de celui du père et de 50 % de celui de la mère. En croisant ensuite un mâle pur Lane et une femelle 50•% Lane et 50 % Le Couteulx, on obtenait des chiens 75 % Lane et 25 % Le Couteulx. De tels chiens représentent pour le docteur Pinel (éleveur dans les années 1875-1890) un type idéal de Basset: le sang Lane marque fortement sa descendance; il lui confère une solide constitution, alliant puissance et énergie, un tempérament sage malgré une grande résistance à la fatigue, et il lui donne une voix formidable, sonore, « bien gorgée ». Le sang Le Couteulx, en affinant la morphologie Lane et en redressant un peu les jambes, rend le Basset plus agile, augmente son train, et lui transmet son instinct très chasseur. Pinel cite en exemple le mâle Presto, 75 % Lane, 25 % Le Couteulx : il mesure 32 cm au garrot et pèse 22 kg, c'est-à-dire qu'il se situe de façon optimale entre les conformations Lane et Le Couteulx, qui sont de 30 à 35 cm au garrot et de 25 kg pour le Lane, de 30 cm au garrot et de 20 à 24 kg pour le Le Couteulx. Ce type nouveau se fixera rapidement, évoluant vers le Basset Artésien Normand tel qu'on le connaît aujourd'hui. La proportion d'ancien sang normand a bien sûr diminué par rapport aux 75 % originels, mais il est fondamental que l'Artésien Normand reste profondément empreint du type Lane, garant de robustesse. Cette influence est encore bien visible chez certains sujets qui ont su garder une morphologie adaptée à la chasse. Le succès qu'obtint ce chien fut tel qu'il ne tarda pas à supplanter complètement les souches qui lui avaient donné naissance et ce, malgré les réticences acharnées de quelques amateurs très puristes. Léon Verrier, le docteur Pinel et Jules Machart furent parmi les premiers sélectionneurs de Bassets Artésiens Normands. De ce dernier, qui chassait à courre à pied avec ses Bassets et qui arrivait assez fréquemment à forcer son lièvre ; ce qui valut à son élevage d'assez gros débouchés Outre-Manche ; Léon Verrier écrivit : « Ses Bassets ne semblent plus avoir de parenté avec les Lane et les Le Couteulx. Ils ont énormément de type, une très belle oreille, les taches du corps gris blaireau, beaucoup de fanon. » C'est en 1886 que la Société centrale canine fonda le Club du Basset français dont la présidence revint, tout naturellement, au grand veneur qu'était le comte Le Couteulx de Canteleu, M. Konnink s'occupant des Bassets à poil ras et le comte d'Elva étant plus particulièrement chargé des Bassets à poil long. Les responsables du club ne s'intéressèrent du reste pas uniquement à la conformation des chiens, puisque, en 1902, une motion fut votée en faveur de l'organisation d'épreuves de travail; mais les moyens financiers disponibles ne permirent pas la réalisation de ce vœu. En 1907, Paul Dezamy créa le Club du Basset Griffon Vendéen. Les amateurs de Bassets d'Artois firent de même en 1910 sous l'égide du vicomte de Peufeilhoux, le Club du Basset français continuant à s'occuper du Basset Bleu de Gascogne et du Basset Fauve de Bretagne. Après une vingtaine d'années de discussions et de polémiques au sein du Club du Basset d'Artois entre les grands éleveurs (représentés par MM. de La Burthe, Léon Verrier, de Peufeilhoux, Hannoire, Baillet, Duval de La Croix et Villate des Prugnes), la Société centrale canine et la Société de vénerie, les premiers standards pour les Bassets furent rédigés par un comité composé de MM. Cornu Langy, Paul Dezamy, Léon Verrier et Hubert d'Andigné. En 1924, le Club du Basset d'Artois change de nom et devient le Club du Basset Artésien Normand, prenant ainsi acte de la prépondérance de cette race au détriment de celle des Bassets d'Artois, dont le Livre des standards de la Société centrale canine ne parle du reste plus après 1930. Les présidents successifs du club ; le vicomte de Peufeilhoux jusqu'en 1927, puis Léon Verrier, M. de La Burthe (ancien président du Club du Porcelaine) et surtout M. Rothéa, constamment réélu de 1936 à 1970 et qui possédait l'affixe de Bois Renault et l'équipage de Trotte-Menu - s'attachèrent à développer les qualités de chasse du Basset Artésien Normand et à clarifier la confusion qui perdurait entre le Basset d'Artois ancien type, peu à peu sacrifié malgré ses grandes qualités, et son successeur moderne. Parallèlement, et grâce à des élevages comme ceux de MM. Audrechy (du Parc aux Biches), Boin (des Rameaux de Cuisy), Femel (du Champ d'Oise!) et Leblanc (de la Petite Sologne), le Basset Artésien Normand accédait à la notoriété sans rien perdre de ses qualités intrinsèques. Depuis quinze ans, le nombre de sujets de valeur n'a cessé d'augmenter, témoin les 928 Bassets Artésiens Normands inscrits au LOF pour la seule année 1986. Dans les années soixante, la mode s'est même emparée de ce chien qui, promu animal de compagnie, fut baptisé par un magazine féminin « le Buster Keaton des chiens, le chien triste qui fait rire Paris ». Il serait regrettable que ce succès entraîne une dégénérescence de la race; déjà, on voit trop de sujets au crâne plat, aux aplombs antérieurs asymétriques, avec une mauvaise position des pieds, des côtes carénées, des appendices xyphoïdes retroussés, sans parler de la qualité médiocre des aplombs postérieurs. Il est donc important, s'ils veulent s'éviter de cruelles déconvenues, que les chasseurs amateurs de Bassets Artésiens Normands s'adressent au club de la race pour se procurer des produits de lignées irréprochables. Créé à partir de deux variétés de Bassets anciens, celle du type Lane qui penchait plutôt vers le type normand, et celle du type Le Couteulx, un chien très chasseur plutôt proche de la race artésienne, le Basset Artésien Normand combine harmonieusement les dispositions de ces deux lignées que Le Couteulx de Canteleu décrivait ainsi : « Les chiens Picards ou Artois étaient les meilleurs qu'on ait jamais vus; ils couraient le lièvre en tous pays, car tous étaient justes sur la voie, requêtant merveilleusement et rapprochant un lièvre passé d'une heure dans la sécheresse; ils avaient de très belles gorges et des voix hautaines, [alors que les chiens Normands étaient très collés à la voie, lents d'allure mais ayant beaucoup de fond, rapprochant admirablement, chassant parfaitement toute espèce de bêtes, très mordants, se créançant bien et facilement. » On comprend pourquoi l'union de ces variétés a créé un chien alliant des qualités de chasse exceptionnelles à une homogénéité qui fait toute la beauté de cette race. Comme tous les chiens français, le Basset Artésien Normand a une grande finesse de nez. Il colle assez bien à la voie et a une belle gorge malgré sa petite taille. Il convient très bien à tous les gibiers, tout en marquant une préférence pour le lapin et le lièvre. Il s'ameute bien, mais c'est surtout comme auxiliaire des chasseurs qui ne possèdent qu'un ou deux chiens qu'il donne toute sa mesure. Il aime vivre près de son maître et partagera volontiers les jeux des enfants. Un éleveur réputé et fin chasseur écrivait ainsi : « Vivez avec vos Bassets et vous verrez qu'ils arriveront à deviner vos pensées et à prévenir vos désirs. Admis au foyer, ce chien sera plus intelligent, plus soumis et plus fidèle que celui qui vivra éloigné du contact du maître. Il est certain qu'il est impossible de garder tous ses chiens avec soi quand on en possède un certain nombre; dans ce cas, la vie au chenil s'impose. Mais vous, modeste chasseur qui possédez un ou deux Bassets, faites-les vivre avec vous ! » Très apprécié depuis quelques années comme chien de compagnie, le Basset Artésien Normand a besoin de beaucoup d'exercice physique malgré son format réduit. Et, s'il ne chasse pas, il risque fort de perdre les qualités qui font l'intérêt même de la race. |