Bulldog anglais |
||
Standard FCI Nº 149 |
Origine |
Grande-Bretagne | |
Traduction |
R. Triquet. Mise à jour J. Mulholland. / Version originale : (EN) | |
Groupe |
Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer - Molossoïdes - Chiens de montagne et de bouvier suisse | |
Section |
Section 2.1 Molossoïdes, type Dogue | |
Epreuve |
Sans épreuve de travail | |
Reconnaissance à titre définitif par la FCI |
lundi 14 mars 1955 | |
Publication du standard officiel en vigueur |
mercredi 13 octobre 2010 | |
Dernière mise à jour |
mercredi 27 mars 2013 | |
In English, this breed is said |
English Bulldog | |
Auf Deutsch, heißt diese Rasse |
Englische Bulldogge | |
En español, esta raza se dice |
Bulldog Inglés | |
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd |
Engelse Bulldog |
Utilisation |
Chien de dissuasion et de compagnie. |
Bref aperçu historique |
La première classification du Bulldog dans la catégorie de « chien de taureau » date des années 1630. Cependant, on trouve des mentions antérieures de types similaires appelés « bandogs » qui est un terme réservé de nos jours à un type de chien de combat. Utilisé à l’origine pour combattre des taureaux, le Bulldog a également fait son chemin au travers des arènes de combat de chiens. C’est à partir de 1835 que sa morphologie à évoluée vers celle que l’on connaît aujourd’hui avec un museau plus court et un corps plus trapu. C’est un chien d’une laideur séduisante avec une expression de pugiliste qui cache une nature aimante et affectueuse envers sa famille et ses amis. L’une des plus anciennes races indigènes, le Bulldog est considéré comme le chien national de la Grande Bretagne et est associé à travers le monde avec le déterminisme légendaire des Britanniques et le fameux John Bull. |
Aspect général |
Chien à poil lisse, assez trapu, plutôt près de terre, large, puissant, compact. Tête assez forte par rapport à la taille du chien. Aucun caractère ne doit être accusé par rapport aux autres au point de détruire l’harmonie générale ou de donner au chien une apparence difforme ou de gêner le mouvement. La face est relativement courte, le museau large, tronqué et incliné légèrement vers le haut sans exagération. La détresse respiratoire est un défaut éliminatoire. Le corps est relativement court, bien soudé sans tendance à être obèse. Les membres sont forts, bien musclés, athlétiques. L’arrière-main est haut et fort. La femelle n’est pas aussi impressionnante ni aussi développée que le mâle. |
Comportement / caractère |
Donne une impression de détermination, de force et d’activité. Vif, hardi, fidèle, digne de confiance, courageux, terrible d’aspect mais doué d’une nature affectueuse. |
Tête |
||
Région crânienne |
||
Tête |
Vue de profil, la tête paraît très haute et modérément courte de l’occiput à l’extrémité du nez. Le front est plat ; la peau du front et de la tête est un peu lâche et finement ridée sans excès. Le front n’est pas proéminent et ne surplombe pas la face. La face, de l’avant des zygomatiques à la truffe est relativement courte et sa peau peut être légèrement ridée. La distance de la commissure interne de l’œil (ou du centre du stop, entre les yeux) à l’extrémité de la truffe ne doit pas être inférieure à la distance de l’extrémité de la truffe au bord de la lèvre inférieure. | |
Crâne |
La circonférence est relativement importante. Crâne fort. Vu de face, il paraît haut de la commissure de la mâchoire inférieure au sommet du crâne, et, également très large et carré. Du stop, un sillon s’étend jusqu’au milieu du crâne et on peut le suivre jusqu’au sommet. | |
Stop |
Prononcé. |
Région faciale |
||
Face |
Vus de devant, les différents traits de la face doivent être également équilibrés de chaque côté d’une ligne médiane imaginaire. | |
Truffe |
Truffe et narines grandes, larges et de couleur noire – en aucun cas de couleur foie ou rouge ou brune. Les narines sont grandes, larges et ouvertes et présentent entre elles une ligne droite verticale, bien définie. | |
Museau |
Le museau est court, large, retroussé et très épais de la commissure de l’œil à la commissure des lèvres. Si présent, le bourrelet (régulier ou cassé) derrière la truffe ne doit jamais nuire ou obscurcir les yeux ou la truffe. Les narines pincées et un bourrelet excessif au-dessus de la truffe sont inacceptables et doivent être lourdement pénalisés. | |
Lèvres |
Les babines sont épaisses, larges, pendantes et très descendues, couvrant complètement la mâchoire inférieure sur les côtés mais non sur le devant. Elles rejoignent la lèvre inférieure devant et recouvrent entièrement les dents. | |
Mâchoires et dents |
Les mâchoires sont larges, massives et carrées. La mâchoire inférieure avance légèrement devant la mâchoire supérieure et se courbe modérément vers le haut. Les six incisives sont rangées régulièrement entre les canines. Les canines sont bien séparées. Les dents sont fortes et solides ; elles ne sont pas visibles quand la bouche est fermée. De face, la mâchoire inférieure doit être centrée sous la mâchoire supérieure à laquelle elle est parallèle. | |
Joues |
Les joues sont bien arrondies et s’étendent latéralement au delà des yeux. | |
Yeux |
Vus de face, les yeux sont situés bas dans le crâne, bien éloignés des oreilles. Les yeux et le stop sont sur une même ligne droite perpendiculaire au sillon frontal. Ils sont très écartés mais leurs commissures externes sont à l’intérieur du contour des joues. Ils sont de forme ronde, de dimension modérée, ni enfoncés, ni proéminents ; ils sont de couleur très sombre – presque noirs – ils ne laissent pas voir de blanc (sclérotique) quand ils regardent droit devant. Absence de tare oculaire manifeste. | |
Oreilles |
Attachées haut – c’est-à-dire que le bord antérieur de chaque oreille, vue de face, rejoint le contour du crâne à l’angle supérieur dudit contour, de telle sorte que les oreilles sont aussi écartées que possible et qu’elles sont placées aussi haut et aussi loin des yeux que possible. Elles sont petites et minces. L’oreille en rose est correcte c’est-à-dire qu’elle se replie vers l’intérieur dans sa partie postérieure, le bord antéro-supérieur se recourbant vers l’extérieur et vers l’arrière, découvrant en partie l’intérieur du conduit externe de l’oreille. |
Cou |
De longueur modérée, très épais, puissant et fort à l’attache. Il est convexe dans son profil supérieur avec un peu de peau lâche, épaisse et ridée dans la région de la gorge formant un léger fanon de chaque côté. |
Corps |
||
Ligne du dessus |
Le dos offre une légère déclivité juste derrière le garrot (sa partie la plus basse) d’où la colonne vertébrale remonte jusqu’au rein (dont le sommet est plus haut que le garrot) puis s’incurve à nouveau plus brusquement jusqu’à la queue en formant une légère arcure (appelée dos de carpe) qui est un trait distinctif de la race. | |
Dos |
Court et fort, large aux épaules. | |
Poitrine |
Large, saillante et bien descendue. Côtes bien cerclées vers l’arrière du thorax. La région sternale est ronde et haute. Elle est bien descendue entre les membres antérieurs. Les côtes ne sont pas plates mais bien arrondies. | |
Ligne du dessous |
Le ventre est rentré et non pas avalé. |
Queue |
Attachée bas, la queue part en saillie, plutôt droite, puis s’incline vers le bas. Elle est ronde, lisse et dépourvue de frange ou de poils rudes. De longueur modérée – plutôt courte que longue – épaisse à la base, elle s’amincit rapidement en une fine pointe. Elle est portée bas, sans courbe marquée vers le haut à l’extrémité. Elle n’est jamais portée au-dessus du dos. L’absence de queue, une queue incarnée ou une queue extrêmement serrée sont à proscrire. |
Membres |
Membres antérieurs |
||
Généralités |
Les membres antérieurs sont courts par rapport aux postérieurs mais pas au point de faire paraître le dos long ou de nuire à l’activité du chien. | |
Epaules |
Les épaules sont larges, obliques et bien descendues, très puissantes et musclées et donnent l’impression d’avoir été rapportées au corps. | |
Coudes |
Les coudes sont bas et bien détachés des côtes. | |
Avant-bras |
Très forts et solides, bien développés, bien écartés, épais, musclés et droits. Les os sont forts et droits et non arqués ou tors. | |
Métacarpe |
Courts, droits et forts. | |
Pieds antérieurs |
Droits et tournés très légèrement vers l’extérieur ; de taille moyenne et modérément ronds. Les doigts sont compacts et épais, bien séparés, faisant saillir les jointures qui sont hautes. |
Membres postérieurs |
||
Généralités |
Forts et musclés légèrement plus longs que les antérieurs. Longs et musclés du rein au jarret. | |
Grassets |
Ronds et très légèrement écartés du corps. | |
Jarret |
Les jarrets sont légèrement coudés et bien descendus. | |
Pieds postérieurs |
Les pieds postérieurs sont ronds et compacts. Les doigts, compacts et épais, sont bien séparés, faisant saillir les jointures qui sont hautes. |
Allures |
Le chien semble marcher à petits pas rapides sur la pointe des pieds, les pieds postérieurs n’étant pas levés haut et semblant raser le sol. Quand le chien court, l’une ou l’autre des épaules est assez avancée. La correction des allures est de la plus extrême importance. |
Robe |
||
Qualité du poil |
De texture fine, court, serré et lisse. Il n’est dur que parce qu’il est court et serré (ce n’est pas un poil « fil de fer »). | |
Couleur du poil |
Robe unicolore ou « suie » (c’est-à-dire unicolore avec le masque ou le museau noir). Il n’y a que des couleurs uniformes (qui doivent être brillantes et pures), à savoir : rouge dans ses différents tons, fauve, fauve pâle, etc. bringé, blanc et robe panachée (combinaison de blanc avec l’une quelconque des couleurs précédentes). Les couleurs foie, noir, noir et feu sont absolument à écarter. |
Taille et poids |
||
Poids |
Il est de 25 kg pour le mâle et de 23 kg pour la femelle. |
Défauts |
• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel. • Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité. |
Défauts entrainant l’exclusion |
Chien peureux ou agressif. |
NB : |
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié. • Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires. • Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum. • Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction. |
Bibliographie |
https://www.fci.be/ |
Historique détaillé |
Le Bulldog est l'un des plus extraordinaires représentants de l'espèce canine. Cet ancien combattant de taureaux, plein de courage et de pugnacité ; deux qualités que, au fil des ans, les éleveurs se sont efforcés de mettre en valeur ; est devenu le symbole de la nation britannique. Son nom nous indique que ce chien, avant de devenir l'inséparable compagnon de John Bull, fut chien de taureau, selon la tradition, fort ancienne, qui avait pour but premier l'amélioration de la qualité de la viande, les chevillards s'étant rendu compte que cette dernière était plus tendre et plus savoureuse si l'on avait fait courir le taureau avant de l'abattre. A cette fin, les bouchers utilisaient de forts mâtins, des chiens assez courageux pour s'opposer aux fougues taurines, et, en Grande-Bretagne, ce rôle fut dévolu aux ancêtres du Mastiff. Les origines antiques du Mastiff divisent les cynophiles. Certains d'entre eux, en effet, pensent que les Phéniciens et les Romains l'auraient implanté en Grande-Bretagne lors de leurs pérégrinations dans l'Europe du Nord. Si cette hypothèse peut paraître à première vue intéressante, force est d'admettre qu'elle s'oppose aux dires de César lui-même, notamment dans ses Commentaires, à propos de la conquête de la Bretagne (entendons Grande-Bretagne), où il précise que des Molosses celtes avaient été lancés à l'assaut des légions romaines et avaient très largement contribué à semer la panique dans leurs rangs. Il est donc plus probable que de tels Molosses existaient déjà en Grande-Bretagne ; et ce dès l'expansion celtique ; et que les Romains les importèrent pour les faire combattre dans les cirques, plutôt que de faire connaître aux populations des îles Britanniques leurs pugnaces d'Epire. Cette explication est d'autant plus plausible que le chroniqueur romain Gratius Faliscus indique, en l'an 8 avant J.-C., que ces derniers avaient été amenés spécialement en Grande-Bretagne pour être confrontés aux Molosses de Cornwall (Cornouailles), lesquels sortirent toujours victorieux. Il faut savoir en outre que les tribus celtes qui dévastèrent les cités grecques et romaines avaient été aidées par des chiens au gabarit imposant. Au Musée de Copenhague, d'ailleurs, sont exposées quelques très belles pièces de l'art celtique, notamment des chaudrons sur lesquels sont représentés des Molosses à l'aspect monstrueux. Quoi qu'il en soit, les affrontements entre taureaux et chiens se transformèrent bien vite au Moyen Age en un divertissement des plus excitants, à telle enseigne qu'ils furent élevés au rang d'épreuves sportives. Toutefois, dès cette époque, la noblesse allait se réserver l'exclusivité de l'usage du Mastiff, les « Lois de la forêt » édictées en 1272 prévoyant même l'amputation de trois doigts des pattes de devant de tous les matins de forte corpulence appartenant aux vilains. Dès lors, tous ceux qui n'avaient pas l'honneur d'appartenir aux classes élevées britanniques n'avaient plus d'autre solution, pour continuer d'organiser des bull baitings, que d'employer des chiens de taille plus petite, mais non moins combatifs pour cela : de cette initiative naquit le Bulldog. Ainsi, Edouard de Langley (1344 - 1412), officier du roi Henry IV et chargé « des cours, des taureaux et des Mastiffs », signale dans le Mayster of Came un « Mastiff de deuxième catégorie » tacheté, aux oreilles pendantes et aux yeux petits, qui avait la réputation de ne jamais lâcher la bête coiffée par lui. Un animal qui annonçait en fait le Bulldog. Dès le début du XVIe siècle, on mentionne les exploits du Bold-Dog ; chien plein d'audace ; tandis qu'en 1586 Willy Harrison dit du Band-Dog que c'était « un chien au corps puissant, à la figure sanguinaire et effrayante, au caractère bizarre, entêté, [et quel quatre chiens suffisaient pour liquider un ours puissant » (propos rapportés par Dhers et Rufer). Quelles que soient les dénominations de l'époque, l'existence du Bulldog au XVIe siècle ne fait donc plus aucun doute ; un animal dont le rôle essentiel est de combattre les animaux les plus divers. Ce n'est qu'en 1632, toutefois, qu'apparaît pour la première fois le terme de Bulldog. Un certain Preston Eaton, établi à Saint-Sebastien en Espagne, demande par courrier à son ami de Londres, George Willighan, qu'il lui fasse parvenir « un Mastiff et deux gros Bulldogs », afin de comparer les exploits des chiens anglais à ceux des fameux Dogues de Burgos, eux aussi combattants valeureux des taureaux. Les combats d'animaux sont en fait devenus une véritable institution sous le règne d'Élisabeth Ière (1558 - 1603). La souveraine avait d'ailleurs fait du mardi le jour consacré à ces festivités et ne manquait aucune occasion d'aller encourager chaque semaine ses Mastiffs aux prises avec des taureaux, des ours, des lions et autres fauves. Ces combats ne font toutefois pas l'unanimité. Si, pour Cromwell, il s'agit d'une « douce et réconfortante récréation destinée au divertissement d'un peuple paisible », pour Samuel Pepys, rédacteur de 1660 à 1669 d'un journal sur la vie londonienne, « c'est un plaisir brutal et dégoûtant ». Si bien que, peu à peu, et quoique leur chien national suscite de la fierté chez certains, telle poète Christopher Smart selon qui « de tous les chiens, ils sont les meilleurs », le Bulldog est de plus en plus honni d'une partie de la population britannique. Un journaliste du British Field Sport va jusqu'à écrire en 1818 que ce chien est « consacré uniquement aux fins les plus barbares et les plus détestables, qu'il est la honte de son espèce, que l'on ne peut invoquer son utilité, son humanité, ni même le simple bon sens, en un mot que la disparition de la race est à souhaiter ». En 1835, le Parlement britannique interdit donc le bull baiting, et, même si ce sport ne disparaît pas totalement des comtés les plus éloignés de Londres avant la fin du XIXe siècle, l'élevage du Bulldog est petit à petit abandonné. Ce n'est que dans les combats entre chiens ; eux aussi interdits mais qui peuvent plus facilement se dérouler dans des arrière-cours de pubs, des granges ou des caves privées ; que certains sujets sont reconvertis. Mais ils se montrent peu adaptés à ce genre de sport; sans que leur agressivité et leur courage ne soient en cause, on leur reproche de ne pas être assez spectaculaires et on leur préfère les Bull Terriers issus de Bulldogs et de Terriers. Au milieu du XlXe siècle, le Bulldog était en voie de disparition et, en 1859, la race était absente de la première exposition canine. Ce n'est qu'à l'exposition de Birmingham, l'année suivante, puis à celles de Sheffield et de Londres, que des sujets furent présentés pour la première fois. Ce fut là une grande victoire, qui poussa quelques éleveurs et amateurs de Bulldogs à fonder un club, en 1864. Sous le pseudonyme de « Philo Kuon » (l'Ami du chien), ils rédigèrent un standard qui fut publié l'année suivante par le trésorier du Club, Sam Wickens. Si le standard décrivait à l'évidence un Bulldog de cette époque, c'est-à-dire un animal large et compact assez proche du Boxer, il est tout aussi certain que les rédacteurs avaient comme idéal un animal assez différent. Dès lors, les éleveurs, qui n'avaient pas connu les anciens chiens de combat et qui suivaient à la lettre le standard, allaient s'orienter vers un autre type de chien, plus bas sur pattes, encore plus compact, plus court, à la tête plus massive et au museau effacé. Cette transformation fut au cœur d'un long débat, qui n'est d'ailleurs toujours pas clos. C'est ainsi qu'en 1893, dans son ouvrage déterminant Non-Sporting Dogs, Rawdon Lee écrivait : « Le temps peut malmener terriblement les monuments historiques, mais jamais encore il n'avait avili quelque chose d'une façon aussi burlesque que notre symbole national : le Bulldog britannique. Sélectionnés dans un but précis (aujourd'hui supprimé depuis longtemps), les sujets actuels sont le résultat d'une sélection portant sur des choses qu'on ne trouve chez aucun autre chien. Rien ne corrobore l'affirmation selon laquelle ils sont élevés aujourd'hui tels qu'ils se présentaient il y a soixante ans. » Que reprochait-on donc avec tant de véhémence aux premiers éleveurs pour qu'ils soient comparés à de burlesques vandales? Tout simplement de faire de ce chien pas comme les autres le contraire de tous les chiens. Autrement dit, de fabriquer un monstre destiné à personnifier courage et puissance, mais soufflant et râlant dès qu'il devait fournir le moindre effort. Et il est vrai que le danger d'en faire un infirme, en le voulant toujours plus typique, plane sans cesse sur ce chien. Mais c'est peut-être également cela qui passionne les éleveurs : arriver à produire un animal aussi large, massif, compact et court que possible sans trop sacrifier à sa santé. Fort curieusement, le standard du Bulldog est resté globalement le même; seules quelques modifications ont été apportées: en 1950, le poids a été porté de 22,7 à 25 kg ; en 1987, quelques adjectifs et adverbes ont été ajoutés dans l'intention de mettre un frein aux interprétations outrancières. Pourtant, le Bulldog de 1875 ressemble peu à celui des années vingt, lui-même jugé trop haut sur pattes, pas assez large, avec une tête trop petite lorsque l'on montre des reproductions aux éleveurs actuels. La renommée de ce chien ayant grandi malgré les efforts de quelques cynophiles « raisonnables », comme Rawdon Lee, pour fustiger le Bulldog moderne, c'est à ce symbole que les Britanniques eurent recours pour rappeler les qualités de la bonne vieille Angleterre au moment de ses heures les plus sombres. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si Churchill lui-même adopta un tel chien. Le Bulldog est aujourd'hui l'une des races les plus populaires en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Dans les autres pays, il est un peu moins estimé, mais gageons que les quelques fervents amateurs de ce chien si particulier sauront le faire apprécier. Sous ses airs sérieux, perpétuellement soucieux, le chiot Bulldog est en fait un véritable clown plein de vitalité, gambadant, sautant, puis, sans raison apparente, s'affalant sur le ventre et s'endormant, presque béat. A l'âge adulte, il reste ce chien heureux de vivre, sous un masque sévère et grognon, sour disent les Anglais, c'est-à-dire « renfrogné ». Le Bulldog est en réalité attentif à tout ce qui se passe autour de lui et sensible: qu'on le dispute injustement, et il en sera bouleversé pour le reste de la journée. Lui, ancien chien de combat, il ne supporte pas la brutalité; il recherche avant tout l'affection humaine, craignant plus que tout la solitude. Il faut donc l'entourer de tendresse et chercher très tôt à épanouir son excellent caractère, en l'éduquant en douceur et en faisant appel à toutes les ressources de son intelligence. Avec les enfants, il est des plus complaisants et des plus patients. Ce poids lourd sait parfaitement doser sa puissance ; il convient simplement de prendre garde que les jeux n'aillent pas jusqu'à l'épuiser. S'il joue les pitres sans condescendance aucune dans l'intimité de sa famille, il sait aussi être grave et digne lorsque les circonstances l'exigent: qu'un étranger survienne, il deviendra un animal déterminé et vigilant (sans agressivité toutefois); et que cet étranger soit accueilli par son maître, alors il ne sera pas en reste pour lui exprimer son amitié, à sa façon, c'est-à-dire en ronchonnant et en fronçant les sourcils. Le Bulldog est encore un animal patient, gentil et paisible mais en aucun cas servile, fier ou obséquieux. Il fait partie des chiens à qui l'on attribue un certain sens de l'humour. Il sait en outre être calme, jamais bruyant, aboyant peu mais toujours à bon escient, et se montrant tolérant avec ses congénères pourvu qu'ils ne l'agressent pas. Autant qu'à son physique étonnant ; certains lui concèdent d'avoir la beauté des laids ; les amateurs de Bulldog tiennent à son tempérament sûr, tour à tour débonnaire ou vigilant. Lors de la Nationale d'élevage du Club français, il est prévu un test de caractère, permettant de vérifier et de préserver l'équilibre du chien, qui consiste à faire agresser son maître par un inconnu : sans faire montre d'aucune peur, l'animal doit au contraire faire preuve d'autorité. Enfin, le Bulldog est doué d'un tempérament attachant et, ne serait-ce que pour cela, il mérite tout notre respect. On l'a beaucoup dénigré, presque toujours à tort, mais c'est aussi parce qu'il suscite les passions. Le propriétaire d'un Bulldog, qui doit être averti des particularités de la race, doit lui faire prendre de l'exercice, sans le forcer ni le surmener, en respectant son rythme, de façon à le muscler et à lui permettre d'augmenter sa capacité respiratoire. Il faut éviter à ce chien de s'exciter exagérément ; le stress est chez lui fréquent ; et surtout de l'exposer à la chaleur, son principal ennemi contre lequel il n'est pas armé. En un mot, c'est un chien pour connaisseur. |