Chien de berger yougoslave de Charplanina |
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Standard FCI Nº 41 |
Origine |
Serbie / Macédoine | |
Traduction |
Prof. R. Triquet et Dr. J-M. Paschoud | |
Groupe |
Groupe 2 Chiens de type Pinscher et Schnauzer - Molossoïdes - Chiens de montagne et de bouvier suisse | |
Section |
Section 2.2 Molossoïdes, type montagne | |
Epreuve |
Sans épreuve de travail | |
Reconnaissance à titre définitif par la FCI |
mercredi 24 juillet 1957 | |
Publication du standard officiel en vigueur |
mardi 24 novembre 1970 | |
Dernière mise à jour |
mardi 24 novembre 1970 | |
In English, this breed is said |
Yugoslavian Shepherd Dog Sharplanina | |
Auf Deutsch, heißt diese Rasse |
Jugoslawischer Hirtenhund Sarplaninac | |
En español, esta raza se dice |
Perro de pastor yugoslavo de Charplanina | |
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd |
Joegoslavische Herdershond Charplanina | |
Cette race est aussi connue sous |
Jugoslovenski Ovcarski Pas-Sarplaninac |
Utilisation |
Le Sarplaninac est un des plus anciens gardiens de troupeau affecté à ce travail de nos jours encore. Il protège le troupeau des prédateurs : loups, lynx, ours et les voleurs. Il est si courageux qu'il n'hésite pas à s'opposer à nettement plus puissant que lui. Il va défendre ce qui lui a été confié jusqu'au dernier souffle, se sacrifiant, si nécessaire. |
Bref aperçu historique |
Le Chien de Berger Yougoslave de Charplanina est élevé depuis les temps immémoriaux dans les régions montagneuses du Sud-Est de la Yougoslavie. Ce chien était le plus répandu dans la montagne de Charplanina, ce qui lui a valu son nom de Charplaninatz. Aujourd’hui pourtant ce chien est élevé sur le territoire entier de la Yougoslavie. Cette race est enregistrée auprès de la F.C.I. depuis 1939 sous le numéro 41 et sous le nom suivant : Ilirski Ovcar (Chien de Berger d’Illyrie). En 1957, à la demande de la Fédération Cynologique Yougoslave, l’Assemblée Générale de la F.C.I. a autorisé que le nom de « Chien de Berger d’Illyrie » soit changé en « Chien de Berger Yougoslave de Charplanina ». On ne peut que supposer l’origine de cette race. Vraisemblablement que les chiens de cette race ont été amenés d’Asie en Europe lors des migrations des peuples aux temps préhistoriques et plus tard. Le type primitif de cette race ne s’est conservé que dans les régions où un élevage ovin extensif est encore pratiqué et où ce chien remplit toujours le rôle de gardien et de défenseur du troupeau contre les bêtes fauves. |
Aspect général |
Robuste, fortement charpenté, la taille au-dessus de la moyenne, bien proportionné. Couvert d’un poil long, épais et assez grossier ce qui donne à son corps un aspect plus ramassé. |
Proportions importantes |
Est un peu plus grande que la hauteur au garrot : de 8 à 10% chez le chien, et de 10 à 12% chez la chienne. |
Comportement / caractère |
Forte constitution, tempérament calme, bon caractère, bon défenseur qui n’est pas mordant. Dévoué à son maître et incorruptible. |
Tête |
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Région crânienne |
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Tête |
La tête est proportionnée au corps et mesure environ 25 cm ou environ 40% de la hauteur au garrot. Le crâne est un peu plus long que le museau, respectivement 58 et 42% de la longueur totale de la tête. La femelle a le museau un peu plus long (57 à 43%). Profil supérieur du crâne légèrement convexe et profil du chanfrein droit. Les lignes des deux profils sont convergentes. | |
Crâne |
Partie crânienne de la tête large, avec un sillon médian accusé. Vu de côté et d’en haut, il est légèrement convexe et peu bombé. Arcades sourcilières peu prononcées. Crête occipitale effacée. | |
Stop |
Peu prononcé. |
Région faciale |
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Truffe |
Large et d'une pigmentation noire. | |
Museau |
Plus court que le crâne, large et profond à sa base, il s’amincit légèrement et graduellement. Profil de la mâchoire inférieure : commence par un arc et se confirme par une ligne droite divergente par rapport au profil du chanfrein. | |
Lèvres |
D’une épaisseur moyenne et tendues. La lèvre supérieure déborde légèrement l’inférieure. Les commissures des lèvres bien fermées, jamais renversées. | |
Chanfrein |
Le chanfrein est étroit et large. | |
Mâchoires et dents |
Les dents s'adaptent en ciseaux; la dentition doit, évidemment, être complète. | |
Yeux |
En forme d’amande, ni gros ni creux, châtains foncés ou châtains clairs, d’une expression calme mais pénétrante, jamais craintive. Les paupières, ainsi que les muqueuses visibles sont d’une pigmentation noire. | |
Oreilles |
Plantées au niveau du prolongement d'une ligne imaginaire partant du bout du nez et passant par l'angle interne de l'œil, ou un peu plus bas; elles sont pendantes, tombant à plat contre les joues; elles ont la forme d'un V et sont de longueur moyenne; quand on les tend légèrement, elles arrivent jusqu'à l'angle interne de l'œil correspondant; elles sont couvertes d'un poil doux et épais. |
Cou |
Profil supérieur légèrement convexe ou droit dans la partie supérieure du cou. Profil inférieur droit. L’encolure est de longueur moyenne, mais à cause du poil long et touffu, elle paraît plus courte. Elle est large, profonde et musclée, bien attachée à la tête et au corps, et sans démarcation accusée. Elle est légèrement relevée par rapport à la ligne dorsale. Sa peau est tendue et sans fanon. Le poil est touffu, long et rude, formant au niveau du passage à la tête une collerette bien accusée, ce qui apparemment augmente la largeur et la profondeur de cette partie de la tête. |
Corps |
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Généralité |
La ligne de dessus est horizontale ou légèrement en pente en allant du garrot vers la croupe. Chez les chiens élevés en montagne, on tolère que la hauteur de la croupe soit à peine plus grande que celle du garrot, ce qui est pourtant indésirable. La longueur du corps est un peu plus grande que la hauteur au garrot. | |
Garrot |
Légèrement prononcé et large; son attache avec le cou est forte et la démarcation peu apparente. | |
Dos |
Droit, il ne doit être ni trop large ni trop long. Sa partie lombaire est plus courte, large et musclée. | |
Croupe |
De longueur moyenne, oblique, large et bien musclée. | |
Poitrine |
Profonde, son bord inférieur arrivant jusqu'au coude, et de longueur moyenne. Les côtes sont légèrement arquées. Le poitrail est large et musclé. Le tour de poitrine doit être d'au moins 20 % plus grand que la hauteur au garrot. | |
Flanc |
Les flancs assez courts. Le creux du flanc accusé. | |
Ligne du dessous |
Le ventre est de longueur moyenne, oblique, large et bien musclé. |
Queue |
La queue est longue et arrive au moins jusqu’à la pointe du jarret. La ligne supérieure de la croupe, sans démarcation accusée, se continue par celle de la queue. Puissante à sa base, la queue est de plus en plus fine vers son extrémité. Le poil est touffu et, sur le bord inférieur de la queue il est plus long, faisant des franges. La queue est en forme de sabre, en action elle est soulevée. En action, elle peut être portée au-dessus de la ligne du dos. |
Membres |
Membres antérieurs |
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Généralités |
Les membres antérieurs ont un bon aplomb, et sont proportionnés par rapport au corps ; la hauteur de la pointe du coude se situe à 55% de la hauteur au garrot. Les diverses parties des membres antérieurs sont proportionnées entre elles et par rapport au corps. | |
Epaules |
Suffisamment large et longue, bien attachée au corps, légèrement oblique, faisant avec la ligne horizontale un angle de 65°. | |
Bras |
Plus oblique que l'épaule, faisant avec la ligne horizontale un angle de 55°. | |
Coudes |
L'angle du coude est de 145°. Le coude est large, bien placé, très peu écarté des côtes. | |
Avant-bras |
Vertical, ossature et musculature bien développées. Sur la face postérieure, l'avant-bras est couvert de poils longs formant des franges. | |
Carpe |
Large, épais avec une légère démarcation. | |
Métacarpe |
Le métacarpe, légèrement oblique, est large et fort. |
Membres postérieurs |
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Généralités |
L'aplomb des membres postérieurs, vu de derrière, est régulier et quelque peu plus large que celui des membres antérieurs. Vu de profil, il est régulier aussi, avec les angles des articulations suffisamment fermés. | |
Cuisses |
Musclée, forte et arrondie, oblique, faisant avec la ligne horizontale un angle semblable à celui de l'épaule. | |
Grassets |
L'angle du grasset est un peu plus ouvert que l'angle scapulo-huméral. Le grasset est solide et large. | |
Jambes |
Oblique, forte, avec la musculature suffisamment descendue et les franges bien prononcées. | |
Jarret |
Large et assez ouvert (angle d’environ 130°). | |
Métatarse |
Un peu moins oblique que le métacarpe. On y trouve rarement des ergots, mais, s'ils existent, il faut les enlever. |
Pieds |
Pieds forts, de forme ovale, avec les doigts arqués et bien serrés. Les ongles sont noirs et solides. Tubercules digitaux et plantaires (soles) fermes mais souples, noires et pigmentation foncée. |
Allures |
Le pas est long et souple. L’allure préférée est le trot, avec de hautes enjambées et des longueurs moyennes. Au galop, il se montre un peu lourd, mais avec les sauts longs, couvrant bien le terrain. |
Peau |
La peau est d’épaisseur moyenne, élastique et bien tendue sur les différentes parties du corps. Sans fanon. Toutes les muqueuses visibles sont noires ou d’une pigmentation foncée. |
Robe |
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Qualité du poil |
La tête, les oreilles et les parties antérieures des membres sont couvertes de poils courts. Le cou, le corps, les parties postérieures des membres et la queue sont couverts de poils longs, presque plats et un peu grossiers. Sous le poil, on trouve le sous-poil, court, plus fin, très touffu et abondant. La longueur du poil sur le garrot est de 10 à 12 cm et on ne permet pas qu'il soit plus court que 7 cm. | |
Couleur du poil |
Le Sarplaninac est unicolore. Toutes les nuances des couleurs sont autorisées, depuis le blanc jusqu'au brun foncé presque noir. Les couleurs les plus estimées sont le gris verdâtre (gris fer) et le gris foncé. La robe pie ou les taches blanches ne sont pas permises. Chez les chiens pigmentés, de petites marques blanches sur le poitrail et les doigts sont permises, mais indésirables, et la teinte de fond est le plus accentuée sur les parties supérieures de la tête, du cou et du tronc; sur les parties inférieures du corps, il existe une dégradation de la teinte, et aux parties inférieures des membres la teinte est plus claire, passant à la couleur gris sale ou jaunâtre; ces dégradations de la teinte ne peuvent être en aucun cas bien délimitées, donnant l'aspect des marques claires ou de la robe pie. |
Taille et poids |
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Hauteur au garrot |
Chez le chien, en moyenne de 62 cm, et chez la chienne, de 58 cm. On préfère les chiens de grande taille. Les chiens en-dessous de 56 cm et les chiennes en-dessous de 54 cm sont exclus de la reproduction. | |
Poids |
Le poids est de 35 à 45 kg pour le chien, et de 30 à 40 kg pour la chienne. |
Défauts |
• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel. • Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité. |
Défauts généraux |
La largeur insuffisante de la partie crânienne de la tête. Le museau un peu plus long . Les mâchoires bien développées. La largeur et la profondeur (hauteur) de la poitrine insuffisantes. Les côtes plates ou trop arquées. Les vices d’aplomb peu prononcés. Le poil un peu plus court, pourvu que les franges soient bien apparentes. Les marques blanches sur le poitrail et les pieds. Un léger raccourcissement de la queue. Le pied de lièvre. Ainsi que les autres petits défauts physiques. |
Défauts graves |
Le museau trop long ou trop pointu. Les oreilles plantées haut ou s’écartant de la tête (insuffisamment plaquées contre les joues). Mâchoires en tenaille. Dos ensellé. Queue portée de côté. Constitution lymphatique. Ainsi que les autres graves défauts physiques. |
Défauts entrainant l’exclusion |
Agressif ou peureux. Manque de dents prémolaires. Une grande différence entre la longueur du corps et la hauteur au garrot. La hauteur au garrot insuffisante. La longueur du poil inférieure à 7 cm. Grandes marques blanches (robe pie), rayures (bringé). Dépigmentation des muqueuses visibles et des yeux. Les signes de dégénérescence (brachygnathisme ou prognathisme, queue courte de naissance ou chiens anoures, dos ensellé et autres signes de dégénérescence). |
NB : |
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié. • Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires. • Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum. • Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction. |
Bibliographie |
http://www.fci.be/ |
Historique détaillé |
L'Europe centrale abrite plusieurs races de chiens qui, par leur aspect et leur fonction de gardien de troupeaux, se ressemblent plus ou moins. On est donc tenté de leur rechercher soit des origines communes, soit une évolution commune, par le jeu des croisements successifs. C'est ainsi que le Berger de Charplanina évoque le Berger du Caucase, un de ces gros chiens puissants et incorruptibles, à qui l'on demandait autrefois de défendre les troupeaux contre les loups. Et, tout naturellement, les sujets modernes ont gardé cette allure de chiens de combat si caractéristique. Le Berger de Charplanina, ou Berger Yougoslave, encore appelé Charplaninatz ou plus simplement Charpla, tire son nom de la chaîne montagneuse Sar Planina qui s'étend du sud de la Serbie et du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine vers le nord-est de l'Albanie. C'est sur ce haut plateau de 60 kilomètres de large, perché à 2600 mètres d'altitude et balayé par un rude climat que la race s'est développée. La découverte d'un dessin représentant ce chien dans un monastère du haut Moyen Age montre en outre que le Berger Yougoslave vit depuis fort longtemps dans ces régions. Selon le professeur Pavlovitch, ancien directeur de l'école vétérinaire de Belgrade, le Charplaninatz aurait pour ascendant le Dogue du Tibet, lequel aurait été introduit sur ces terres lors des invasions mongoles. Ce grand spécialiste, en compagnie de quelques étudiants, s'est par ailleurs rendu dans les montagnes du Sar Planina pour observer les nombreux chiens qui y vivent. Il les a mesurés et photographiés, puis il a établi des moyennes qui ont permis de rédiger l'actuel standard de la race. S'il est exact que le Charplaninatz évoque par bien des aspects le Dogue du Tibet, nombre de cynologues font remarquer que les invasions mongoles n'ont jamais atteint la Yougoslavie et que, de toute façon, elles ont été bien postérieures à ce haut Moyen Age dont daterait la plus ancienne représentation de ce chien; ils pensent que ce sont les troupes du général carthaginois Hannibal qui, lors de leur périple contre Rome, auraient essaimé un peu partout des chiens de guerre, de type Mâtin de Naples, dont le croisement avec des races locales aurait donné les premiers Charplaninatz. Faute de documents pour l'étayer, cette hypothèse reste aussi peu vraisemblable que la première, et il est préférable de s'en tenir à un seul fait, lui, indubitable: depuis quinze siècles, l'aspect de ce chien n'a quasiment pas changé; il a gardé sa musculature imposante qui lui permet de défendre son maître et les troupeaux confiés à sa garde. Estimé pour l'ensemble de ses aptitudes, le Charplaninatz est devenu en quelque sorte le chien national yougoslave. Les témoignages historiques plaidant en sa faveur sont d'ailleurs bien antérieurs à la naissance de l'État yougoslave. On trouve ainsi dans les récits du capitaine Cagnet sur la retraite de Russie des Charplaninatz chargés de protéger les cantinières des chasseurs de Dalmatie. Plus près de nous, ces chiens n'ont pas craint de s'attaquer, pendant la dernière guerre, aux chevaux de l'armée allemande, si bien que, aujourd'hui encore, pas moins de 200 bergers de Charplanina sont employés par l'armée et les services des douanes yougoslaves. Comptant environ 10000 sujets, l'élevage est sérieusement organisé. Fiers de leurs chiens, les Yougoslaves n'acceptent d'exporter que des spécimens de qualité et à des éleveurs étrangers qui ont su gagner leur confiance. Actuellement, après la Yougoslavie, la France dispose certainement du plus beau cheptel européen de Bergers de Charplanina, dans la mesure où le nombre d'inscriptions au LOF n'a cessé de progresser depuis une dizaine d'années: 2 en 1979, 6 en 1981, 24 en 1982, 60 en 1983, 109 en 1984, 129 en 1985 et 224 en 1986. « C'est le seul chien qui soit capable de mourir sans se plaindre », affirment les Yougoslaves lorsqu'ils ont à mettre en évidence les qualités du Berger de Charplanina. C'est dire à quel point le courage, la bravoure, la force sont chez lui légendaires. Si l'on a encouragé l'aspect athlétique, la puissance musculaire du Charplaninatz, c'est bien entendu parce que la tâche que l'on souhaitait lui confier l'exigeait. Le jour, des chiens de berger, petits et alertes, orientaient les mouvements des troupeaux, mais, la nuit, le Charplaninatz devenait le maître des hauts pâturages sur lesquels il vivait. Il guettait alors l'approche, toujours à craindre, d'un loup ou d'un ours, donnait l'alerte lorsqu'il estimait le danger sérieux et n'hésitait pas à engager le combat. Aujourd'hui, le Berger de Charplanina n'a rien perdu de son comportement ancestral. Lorsqu'il entre dans une famille, c'est en quelque sorte dans une meute qu'il pénètre, attitude typiquement canine qui se traduit chez lui par une volonté tout à fait naturelle de protéger ses maîtres et leurs biens. Nul besoin de le dresser pour en faire un gardien irréprochable. Il s'agit chez lui d'une aptitude innée. Spontanément, il s'interpose dès qu'un inconnu franchit sans y avoir été invité le seuil de la propriété dont il a la garde. Il n'est pas pour autant agressif et ne mord pas sans raison. C'est un chien conscient de sa force et de son attitude aussi impressionnante que dissuasive, et il n'éprouve aucun besoin de se montrer hargneux. D'ailleurs, toute personne qui se trouve face à un Charplaninatz lui barrant le passage jugera d'elle-même qu'il est inutile d'insister. L'équilibre nerveux et psychologique de ce chien est tel qu'on ne connaît pas d'accident grave pouvant lui être imputé. Cette garantie n'est pas négligeable lorsque l'on songe à en acquérir un, notamment pour la garde d'une propriété. C'est précisément cet équilibre, cette formidable assurance dont fait preuve le Charplaninatz, qui incitent les éleveurs français à penser que la race, pourtant introduite dans l'Hexagone seulement au tout début des années quatre-vingt, pourrait progressivement se substituer au Berger Allemand, tout du moins pour certaines missions. Il ne faut pas en conclure que gardien né, soit en permanence sur le qui-vIve, remuant, allant et venant en tous sens. Bien au contraire, lorsqu'il vit parmi les siens, le Charplaninatz offre l'image tranquille d'un grand chien, souvent couché, placide, une attitude que certains apparenteraient même un peu hâtivement à de la fainéantise. Pourtant, que l'on ne s'y trompe pas: toujours, il veille et, s'il se met à aboyer soudainement où s'il se dirige d'un pas alerte vers la porte, c'est que quelqu'un est là. Il ne se déplacera jamais sans raison. Certains sujets, d'ailleurs, aiment à somnoler le jour, montrant par là même qu'ils ont gardé le souvenir de l'époque de leurs ancêtres, où c'est la nuit qui pouvait être synonyme de danger. Mais, si on le tire de sa torpeur, le Charplaninatz acceptera volontiers de jouer, notamment avec les enfants, envers lesquels, toutefois, il se montrera toujours attentif, tout en n'hésitant pas à se faire le complice de leurs rires et de leurs espiègleries. Là encore, il convient de rappeler un conseil élémentaire de prudence face à un chien de plus de 40 kilos: il peut malencontreusement renverser un enfant en bas âge, sans qu'il faille voir là une quelconque expression d'agressivité ou de jalousie. En fait, à l'égard des humains, petits ou grands, le Charplaninatz se montre équilibré, ayant conscience de la place qu'il doit respecter. Natif d'une région montagneuse, doté d'une fourrure particulièrement épaisse, le Charplaninatz est à l'évidence un chien très rustique. Il a la réputation de pouvoir supporter des températures allant de - 40 à + 40°C, d'être peu sujet aux maladies, aucune maladie spécifique de la race n'étant jamais apparue. Ce n'est pas par hasard, en effet, si de nombreux Charplaninatz, pour le plus grand plaisir de ceux qui les aiment, vivent jusqu'à l'âge avancé de vingt ans, ce qui est exceptionnel pour un chien. Pour ce qui est de son entretien, il ne demande aucune attention particulière. Le poil ne fait pas de nœuds, et il suffit de le brosser régulièrement pour lui garder sa douceur et son volume. Malgré son gabarit nettement au-dessus de la moyenne, le Charplaninatz n'est guère exigeant non plus quant à son alimentation. Habitué à des conditions de vie difficiles, ce chien était autrefois nourri de pain et de lait, et il sait, aujourd'hui encore, se contenter de peu. Bien qu'il soit capable de se tenir tranquille, le Berger Yougoslave n'est pas pour autant heureux en appartement. Ce grand chien a besoin de se dépenser régulièrement: courir, entretenir ses muscles, libérer son énergie en parcourant de vastes espaces: telles sont les conditions essentielles pour que son rythme naturel soit respecté. Et, même s'il vit dans un jardin, il ne faut pas négliger de l'emmener en forêt, à la campagne, partout où il pourra jouir d'un terrain que sa nature réclame. Enfin, qu'il soit un intraitable gardien n'empêche pas qu'il sache se montrer très affectueux envers ses maîtres et, bien sûr, qu'il ait besoin de chaleur et d'affection. |