Fox Terrier à poil lisse |
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Standard FCI Nº 12 |
Origine |
Grande-Bretagne | |
Traduction |
Prof. R. Triquet. Mise à jour : J. Mulholland 2012 / Version originale (En) | |
Groupe |
Groupe 3 Terriers | |
Section |
Section 1 Terriers de grande et de moyenne taille | |
Epreuve |
Epreuve de travail facultative | |
Reconnaissance à titre définitif par la FCI |
mercredi 26 juin 1963 | |
Publication du standard officiel en vigueur |
dimanche 30 octobre 2016 | |
Dernière mise à jour |
mardi 07 février 2017 | |
In English, this breed is said |
Fox Terrier Smooth | |
Auf Deutsch, heißt diese Rasse |
Fox Terrier Glatthaar | |
En español, esta raza se dice |
Fox Terrier Pelo liso | |
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd |
Fox Terrier Gladhaar |
Utilisation |
Terrier. |
Bref aperçu historique |
Les deux variétés du Fox terrier, poil lisse et poil dur, sont d’origine britannique et il est probable qu’ils doivent leur existence au même type de chien qui a produit le Bull Terrier et le Manchester Terrier (appelé autrefois le Terrier Noir et feu). L’homogénéité du type a été établie à la fin des années 1800 et le premier standard du Fox Terrier a été écrit en 1876. L’un des plus vif et alerte des terriers, il est resté très sain malgré le raffinement qui l’a amené à être actuellement un excellent chien d’exposition. Il est capable de résister à l’exercice prolongé et est toujours prêt à s’occuper des rats, lapins et, bien entendu, des renards. |
Aspect général |
Actif et plein d’entrain. De l’ossature et de la force en un petit volume. Jamais lourdaud ni grossier dans ses formes. Ni trop haut ni trop court sur pattes. En station debout, le fox-terrier ressemble à un cheval de chasse (hunter) bien construit, au dos court et couvrant beaucoup de terrain. |
Comportement / caractère |
Actif, vif dans ses mouvements, dressé en alerte. Amical, sociable et intrépide. |
Tête |
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Région crânienne |
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Crâne |
Plat, modérément étroit ; sa largeur diminue graduellement vers les yeux. | |
Stop |
Léger. Très peu visible. |
Région faciale |
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Truffe |
Noire. | |
Museau |
Les mâchoires supérieures et inférieures sont fortes et musclées et le museau ne tombe que légèrement sous les yeux. Cette partie du museau est modérément ciselée, de sorte qu'elle ne descend pas en ligne droite à la façon d'un coin. | |
Mâchoires et dents |
Les mâchoires sont fortes et présentent un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c'est à dire que les incisives supérieures recouvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées d'équerre par rapport aux mâchoires. | |
Joues |
Jamais pleines. | |
Yeux |
Foncés, modérément petits assez profondément enfoncés dans l’orbite, de forme aussi arrondie que possible, mais pas proéminents. Expression vive et intelligente. | |
Oreilles |
Petites, en forme de V, elles retombent vers l'avant tout contre les joues. Elles ne pendent pas sur les cotés de la tête. Le pli des oreilles est au-dessus du niveau du crâne. Le pavillon est d'une épaisseur moyenne. |
Cou |
Net, musclé, exempt de fanon, de bonne longueur. Il s'élargit graduellement vers l'épaule. |
Corps |
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Dos |
Court, horizontal, solide, sans laxité. | |
Rein |
Puissant, à peine arqué. | |
Poitrine |
Bien descendue, pas large. | |
Côtes |
Les côtes antérieures sont modérément cintrées. Les côtes postérieures sont longues. |
Queue |
Auparavant la coutume était d’écourter la queue. Queue coupée : Attachée plutôt haut et portée gaiement mais pas sur le dos, ni enroulée. Elle est suffisamment forte. Queue non coupée : Attachée plutôt haut et portée gaiement mais pas sur le dos. Aussi droite que possible. De longueur moyenne pour participer à l’équilibre des formes. |
Membres |
Membres antérieurs |
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Epaules |
Longue et oblique, bien inclinée vers l’arrière ; la pointe de l’épaule est finement dessinée. Le garrot est nettement dégagé. | |
Avant-bras |
Vus sous n’importe quel angle, ils sont droits. Le métacarpe (poignet) n’est pas, ou très peu, visible. L’ossature est forte de toute part. | |
Pieds antérieurs |
Petits, ronds et compacts. Les coussinets sont durs et résistants ; les doigts sont modérément cambrés. Les pieds ne sont ni en dedans ni en dehors. |
Membres postérieurs |
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Généralités |
Fort, musclé, sans croupe avalée ni fléchissement excessif du membre postérieur. | |
Cuisses |
Longues et puissantes. | |
Grassets |
Bien angulés. | |
Jarret |
La pointe des jarrets est bien descendue. | |
Pieds postérieurs |
Petits, ronds et compacts. Coussinets durs et résistants. Les doigts sont modérément cambrés et les pieds ne sont ni en dedans ni en dehors. |
Allures |
Les membres antérieurs et postérieurs se portent droit devant et sont parallèles. Les coudes jouent librement dans l’axe du corps, sans être gênés par les côtes. Les grassets ne sont ni en dedans ni en dehors. Une bonne impulsion est donnée par la bonne flexion des membres postérieurs. |
Robe |
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Qualité du poil |
Droit, plat, lisse, dur, dense et abondant. Le ventre et le dessous des cuisses ne sont pas dégarnis. | |
Couleur du poil |
Le blanc doit dominer ; tout blanc, blanc avec des marques fauves (tan), noires ou noir et fauve ( noir et feu). Les marques bringées, rouges ou marron (foie) sont inacceptables. |
Taille et poids |
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Hauteur au garrot |
Ne dépasse pas 39 cm chez les mâles, les femelles sont légèrement plus petites. | |
Poids |
Mâles 7.5 - 8 kg, femelles 7 - 7.5 kg. |
Défauts |
• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel. • Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité. |
Défauts entrainant l’exclusion |
Chien agressif ou peureux. |
NB : |
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié. • Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires. • Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum. • Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction. |
Bibliographie |
https://www.fci.be/ |
Historique détaillé |
Le Fox Terrier est le plus éminent représentant d'une famille canine essentiellement britannique: les Terriers. C'est aussi le premier d'entre eux qui fut bien défini, ce qui n'est pas pour nuire à son prestige. Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, mentionnait l'existence de petits chiens poursuivant leur proie jusque sous la terre, qu'il nommait « Agassins ». Les Romains avaient d'ailleurs pu observer ces chiens en abordant la Bretagne - la Grande - au 1er siècle après J.-C. Il est donc possible que les Terriers soient véritablement originaires des îles Britanniques. Cependant, des chiens ressemblant à des Terriers, similaires aux Bassets ou aux chiens de type Basenji, ont été remarqués sur des fresques égyptiennes de l'époque du Moyen Empire, ce dont on peut aisément déduire que ce type de chien serait beaucoup plus ancien que les « Agassins ». Les îles Britanniques, riches en étain nécessaire à la fabrication du bronze, entretenaient des relations régulières avec les pays du bassin méditerranéen. Aussi n'est-il pas impossible que des navigateurs phéniciens qui servaient d'intermédiaires dans le commerce avec les Anglo-Saxons aient fait connaître à ces derniers diverses races de chiens, comme les Dogues, les Lévriers et les ancêtres des Terriers. L'Egypte fut donc peut-être le berceau des Terriers, encore que nous ne possédions que trop peu d'éléments pour confirmer cette thèse. Toujours est-il que les Terriers étaient bel et bien installés en Grande-Bretagne au XVIe siècle. En effet, leur existence est signalée en 1570 par Johannes Caius, le médecin de la grande reine Elisabeth Ire, qui compléta l'œuvre du naturaliste suisse Conrad Gesner, Historia animalium, en décrivant les types de chiens qui étaient alors répandus en Angleterre. De Canibus Britannicis, modeste contribution dans son principe, connut un grand succès, tant auprès de la reine et des seigneurs qu'auprès d'un nombre important de simples sujets, puisque l'ouvrage, qui avait été rédigé en latin, fut traduit en anglais dès 1576 et constamment réédité jusqu'en 1880, ce qui montre la très grande qualité des descriptions fournies par le docteur Joannes Caius - ou John Keys de son nom anglais. A propos du Terrier, le savant écrivait: « Il existe aussi des chiens pour la chasse au renard ou au blaireau, et nous les appelons « terrars » parce qu'ils s'insèrent dans le sol en épouvantant, en excitant et en mordant le gibier, jusqu'à ce qu'ils le réduisent en morceaux avec leurs dents, au sein même de la terre; ou bien ils le tirent de force des méandres obscurs des humides tanières et des cavernes fermées; ou encore ils lui font une telle peur qu'ils le poussent à quitter soudainement le refuge pour en chercher un autre qui ne soit pas attaqué; et l'animal, renard, blaireau ou autre, se trouve finalement pris au piège dans les instruments et filets disposés à cet effet à côté de l'ouverture du terrier. » Et Joannes Caius classait les « terrars » parmi les chiens de gentilshommes, aux côtés des hounds et des Lévriers. La chasse sous terre, précisons-le, n'était pas seulement pratiquée en Grande-Bretagne, mais aussi dans d'autres pays. En effet, on trouve, dans un texte mérovingien daté de 630, la mention d'un chien chassant sous terre appelé Bibarhund et qui devait être considéré comme une race de grande valeur puisque sa mort (par main d'homme) était punie d'une forte amende. Par ailleurs, au XIVe siècle, Gaston Phébus évoquait aussi la chasse sous terre et Henri de Ferrières parlait du « chien tanier » qui faisait « saillir » le renard de son antre. La première description du déterrage est d'ailleurs française. On la trouve dans le célèbre Traité de la Vénerie, paru en 1550 et rédigé par Jacques du Fouilloux, un seigneur poitevin. Plus tard, en 1683) Jacques Epée de Sélincourt en fit une autre dans son ouvrage Le Parfait Chasseur. Quant au traité de George Turberville paru en 1575) il indiquait expressément (rejoignant J. Caius) qu'en Grande-Bretagne, de même qu'en France, le dé terrage était partie intégrante de l'art de la vénerie. Notons au passage que ce dernier traité (Noble Art de la vénerie ou chasse à courre), bien qu'étant écrit par un auteur anglais, fut rédigé dans la langue française, ce qui laisse supposer que la vénerie était alors un art essentiellement français. Nous savons aussi que Jacques 1er d'Angleterre envoya vers 1600 des Terriers à la cour de France. Cependant, nous ignorons quel type de chien était utilisé au déterrage. Si certains indices donnent à penser qu'il s'agissait en France de chiens bassets issus des chiens courants, il semble, d'après Turberville, que les Anglais aient préféré des petits chiens plus vifs et plus mordants. En fait, tous ces « terrars » devaient varier considérablement d'un terroir à l'autre, ce qui expliquerait d'ailleurs la rareté des descriptions anciennes de ces chiens, alors que les exposés sur le déterrage abondent dès le début du Moyen Age. René Depoux, un grand spécialiste de la chasse sous terre, suggère que cette activité ne devait pas composer un motif suffisant de sélection, car des chiens très divers pouvaient être employés avec succès au déterrage, à une condition toutefois: leur taille devait être aussi petite que leur courage était grand. Cette chasse était dangereuse et faisait de nombreux blessés, sans parler des morts, et il fallait fréquemment avoir recours à des chiens du menu peuple comme les ratiers et autres chiens de taille modeste, pour éviter que les races plus nobles ne soient décimées. Le déterrage, travail de longue haleine et souvent harassant, ne constituait finalement qu'une des branches mineures de la vénerie, et il se trouva quelque peu délaissé par les grands seigneurs accaparés par le courre du gros gibier. En revanche, les petits gentils hommes campagnards, parmi lesquels se recrutaient les chasseurs les plus passionnés, pratiquaient souvent le déterrage avec, en outre, le souci de préserver le gibier sur leurs terres et donc de détruire les prédateurs. Le Terrier fut progressivement promu en Angleterre, lorsque, par suite de la raréfaction du cerf, la chasse à courre commença à évoluer vers le foxhunting, qui est une sorte de course de vitesse engagée entre Maître Goupil et les hounds et suivie par la gentry, qui avait ainsi l'occasion de sauter toutes sortes d'obstacles et de piquer de grands galops à travers la campagne. Le renard, rapide et futé, parvenait le plus souvent à rejoindre son terrier, et il fallait alors l'en déloger au plus vite, afin de ne pas interrompre la chasse et de permettre aux cavaliers de poursuivre leur exercice équestre. Nous possédons de nombreux écrits sur cette évolution du dé terrage - comme activité auxiliaire mais indispensable du courre du renard -, notamment ceux de Nicholas Cox, dans The Gentleman 's Recreation (1677), de Jacobs (Compleate Sportsman, 1718), ainsi que le Sporting Dictionary de 1803. Deux types primordiaux de Terriers étaient alors utilisés : les Terriers bassets, revêtus d'un pelage épais et hirsute, se trouvaient dans les régions accidentées et sauvages, où les maîtres suivaient leurs chiens à pied, tandis que les Terriers à jambes plus longues étaient employés là où on pratiquait la chasse à cheval et où il fallait que ces chiens soient à même de suivre le train soutenu des hounds. Thomas Bell, dans son History a] British Quadrupeds, paru en 1837, confirme l'existence de ces deux types, et il décrit d'une part un Terrier Anglais, à poil lisse, de formes symétriques et fines, à robe noir et feu et, d'autre part, un Terrier Ecossais, aux membres courts, épais, à poil rêche, de couleurs variées, mais le plus souvent blanc sale ou gris. La véritable sélection du Fox Terrier a commencé, de façon sérieuse, vers la fin du XVIIIe siècle, malgré ce qu'a pu en dire le révérend Rosselyn Bruce, un des premiers spécialistes de la race, qui avouait n'avoir aucun renseignement sur ce chien avant 1850. Sans doute, Bruce n'avait pas remarqué, par exemple, une toile de Sartorius le Vieux datant de 1796 et qui représente indiscutablement un Fox Terrier noir et feu, de même qu'il n'avait pas eu connaissance d'un mémoire de Peter Beckford qui, avant 1800, affirmait avoir possédé des Terriers de couleur noir et blanc, et noir et feu. Les Fox Terriers sont issus des Anciens Terriers Anglais Noir et Feu (Old English Black and Tan Terriers) - lesquels ont été aussi à l'origine du Manchester Terrier -, qui furent croisés avec des Beagles, des Terriers blancs que l'on connaît également sous le nom de Old English White Terriers, et sans doute avec le vieux type du Bulldog, alors bien différent de celui que nous connaissons aujourd'hui et qui était souvent petit (d'ailleurs, on s'employait ensuite à éliminer les caractéristiques physiques du chien de combat). Ces croisements visaient essentiellement à donner au chien une robe à dominante blanche, plus repérable et qui évitait de fâcheuses confusions avec le renard. Ils tendaient également à produire un petit chien, possédant beaucoup de « cran », mais aussi bâti pour la vitesse et ayant du fond, capable de soutenir le train d'enfer que lui imposaient les Fox Hounds, Par ailleurs, les Terriers devaient faire preuve d'assurance et de courage pour se faire respecter des hounds qui ne les ménageaient pas. Le Fox Terrier actuel descend directement de ces chiens travaillant dans les meutes de chiens courants: les grands ancêtres en proviennent presque tous. Ainsi, Old Jock venait de l'équipage du Grove Hunt, son père, Jack, appartenait au capitaine Percy William, master de l'équipage Rufford, et sa mère, Grove Pepper, était la chienne du piqueux Jack Morgan, de l'équipage du Grove Hunt. Old Trap provenait du Oackley Hunt, Joe du Belvoir Hunt, et Nettie, une des femelles qui eut par la suite une très grande influence sur la race, venait du Grove Hunt. Finalement, il n'y a guère que Tartar, autre grand ancêtre de la race, qui apparaisse d'origine incertaine; on pense qu'il faisait partie de l'élevage d'un Mr. Stevenson, spécialisé dans le Bull Terrier. Les Fox Terriers à Poil Lisse furent les premiers à être présentés en exposition et reconnus, dès 1863, à Birmingham, car ils possédaient l'avantage d'être prisés par les gens chics, la plupart adeptes du fox hunting. Grâce à l'historien de la race Desmond O'Connel, qui publia, en 1907, un chapitre très documenté dans The New Book of the Dog, on peut connaître avec précision les premiers éleveurs de cette race, et le cas est suffisamment rare pour mériter d'être souligné. Il y eut ainsi un certain Mr. Murchison qui acquit Old Jock et l'exposa en 1862; Mr. Gibson possédait Tyke et Old Foiler; Mr. Luck Turner était propriétaire de chiens issus du Belvoir Hunt et qui produisirent les premiers champions: Joe, Olive et Spice. Un premier standard du Fox Terrier (incluant les deux variétés) vit le jour en 1876 et le Club du Fox Terrier fut créé la même année sur l'initiative de Mr. Harding Cox. C'est d'ailleurs l'un des plus anciens clubs spéciaux, et parmi ses membres fondateurs se trouvent des éleveurs qui connurent par la suite une grande renommée, comme ce fut le cas de Mr. Burbridge (affixe Hutton) : à sa mort, en 1892, les cent trente Terriers de son chenil furent vendus aux enchères, et une somme colossale fut récoltée: le cham- pion Hutton Tartar, notamment, fut adjugé pour un prix record. Il faut citer encore Mr. Clarck, Mr. Redmond et Mr. Vicary, ces éleveurs qui engagèrent une lutte aussi acharnée que courtoise pour produire des champions de grand prix, sans oublier Conan Doyle, qui fut un éleveur émérite, lorsque Sherlock Holmes et Moriarty lui en laissaient le temps ! Le Fox Terrier à Poil Lisse, puisque c'est de ce type dont il s'agit jusqu'ici, participa, parallèlement à sa carrière cynophile, à un épisode quelque peu oublié, le rabbit coursing, sport canin pour lequel il fut requis en raison de sa vélocité. Cependant, on chercha à augmenter encore sa vitesse et, pour ce faire, un éleveur eut l'idée de croiser ses Fox avec des petits Lévriers, donnant naissance à des sujets effectivement imbattables. Les résultats de ces croisements produisirent des chiens de plus en plus « Lévriers » et de moins en moins « Fox », qui furent appelés « cohippets ». Le Whippet (dont les premières inscriptions au Kennel Club remontent à 1892) allait bientôt naître, et notre Fox en est indiscutablement l'un des ancêtres. Le Fox Terrier à Poil Dur, comme son homologue à Poil Lisse, possède également son historien attitré en la personne de Walter S. Glynn, qui rédigea un chapitre sur la race dans The New Book of The Dog de 1907. A l'époque des premières expositions, ce chien fut moins à l'honneur que le Fox à Poil Lisse, car il fut d'abord sélectionné par des éleveurs modestes, surtout au nord de l'Angleterre, qui n'avaient pas la possibilité de lui faire une grande publicité. La reconnaissance du Poil Dur n'intervint que dix ans après celle du Poil Lisse, mais elle fut le point de départ d'une réputation qui allait le mener loin. Parmi les premiers grands éleveurs du Fox à Poil Dur, il faut citer MM. Maxwell et Cassel, Carrick, George Raper, Warton, et la duchesse de Newcastle (affixe of Notts), qui fut pour beaucoup dans le succès du Poil Dur, en faisant notamment un chien « fashioriable », et qui produisit le premier grand champion, Cackler of Notts. Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, le Fox à Poil Lisse conserva la palme de la popularité, avant que le Fox à Poil Dur ne la lui ravisse en 1920 : le trimming, qui donne à ce dernier sa silhouette si caractéristique, venait, en effet, d'être mis au point, ce qui ne manqua pas d'enthousiasmer le grand public et les amateurs d'expositions qui eurent ainsi matière à démontrer leur savoir-faire. Dès la fin du siècle dernier, les Fox Terriers étaient sans doute les chiens les plus répandus Outre Manche, constituant moins des auxiliaires de chasse que des chiens de compagnie, ainsi qu'on peut le penser notamment à la lecture des écrits (publiés en 1899) d'Alfred de Sauvenière, à qui nous devons par ailleurs nombre d'informations relatives au rabbit coursing, qu'il introduisit avec un certain succès dans notre pays. « Partout dans les rues, dans les parcs, sur les promenades, on voit de ces petits quadrupèdes, ornés de beaux colliers de cuir blanc ou jaune, propres, le poil luisant, l'allure vive et dégagée, l'œil et l'oreille alertes, trottinant derrière leurs maîtres en amis favoris, bien plus qu'en serviteurs soumis », écrivait-il. Et ce spécialiste du rabbit coursing affirmait aussi que « le Fox Terrier est le quadrupède le plus en faveur qui ait jamais existé ». Cette affirmation ne faisait référence qu'à l'impact du Fox dans la bonne société, ce qui lui donne ce caractère un peu prématuré. Mais le Fox dépassa bien vite ce statut de chien chic pour devenir, notamment après les années 20, un animal très populaire, jouissant d'une aura internationale. Les Etats-Unis, la Belgique, l'Italie et la France, en effet, n'avaient pas tardé à lui accorder une large place. Dans l'Hexagone, le Fox fut régulièrement importé dès 1892, son introduction étant favorisée par l'anglophilie très en vogue dans la bonne société. D'ailleurs, la mode du Fox s'affirma dans les milieux du cheval et de la chasse à courre qui étaient en relation permanente avec les Anglais. C'était aussi l'époque où on pratiquait le rabbit coursing : les entraîneurs et les jockeys, notamment à Chantilly, se livraient à des paris avec les Fox, compagnons des pur-sang et dératiseurs acharnés, qu'ils n'avaient qu'à sortir des écuries pour pouvoir les lancer. En 1906, les premiers spécialistes français du Fox créèrent la Réunion des amateurs de Fox Terriers (la RAF). La plupart de ces fondateurs employaient leurs chiens pour la chasse sous terre, aussi n'hésitèrent-ils pas à importer d'Outre Manche des sujets de grande qualité, recherchant pour les Fox à Poil Dur, par exemple, des chiens portant l'affixe of Notts. L'élevage français du Fox débuta sous la devise « beau et bon à la fois ». En effet, on commença à adjoindre aux concours de beauté des épreuves sur « terriers artificiels » afin de sélectionner les qualités naturelles des Terriers. C'est ainsi que, dans l'entre deux guerres, naquit la belle renommée des éleveurs français, parmi lesquels il faut citer MM. André Bazin, Joannès Carret, Louis de Lachomette, Max Ecorcheville et Julien Dormeuil. Après la Seconde Guerre mondiale, reprenant la même ligne directrice, l'élevage français réimporta des chiens de qualité, en ayant toujours en vue l'utilisation de la race pour le déterrage. Dans cette période, l'élevage de Mme de Mental (affixe de Libron et son équipage Rallye du Croc-ferme) et celui de Mme Soudée, longtemps présidente de la RAF (affixe de Malvau, équipage Chope la Vilaine Bête), furent sans doute parmi les plus célèbres. Mais cette sélection cynophile de qualité ne constituait plus alors qu'une partie de l'élevage, car, entre-temps, la race avait rencontré une grande popularité qui n'allait cesser de s'accroître jusque dans les années soixante. Cette vogue du Fox, qui débuta après la Première Guerre mondiale, fut celle du Fox à Poil Dur. Le Fox à Poil Lisse, quant à lui, restait toujours un chien de chasse apprécié par les déterreurs - en raison de son entretien bien moins contraignant - ainsi qu'un chien d'expositions. Le Poil Dur fut durant une dizaine d'années le chien le plus à la mode en Grande-Bretagne, et Stanley Dangerfield jugea sévèrement les conséquences d'une telle aura: « Pendant ce temps, non seulement on reconnaît que son tempérament se détériora légèrement, mais encore bien des gens, esclaves de la mode, découvrirent qu'ils possédaient un compagnon qu'ils ne comprenaient pas et avec lequel ils ne s'accordaient guère. » Cet engouement traversa la Manche, mais les meilleurs sujets n'arrivèrent pas pour autant en France où peu de propriétaires surent prendre en compte les exigences du toilettage. Ce chien « sculpté », à la silhouette vraiment nouvelle, quelque peu « cubiste », correspondait à l'évolution des goûts de la société de l'entre-deux-guerres, et il devint aussi un des premiers chiens de compagnie citadin, à cause de sa petite taille, même si par ailleurs les « vraies » races de compagnie restaient des chiens de luxe et de manchon. Le caricaturiste Pol Rab avec son héros Ric, un Fox blanc, facétieux commentateur des événements de l'époque avec Rac, un Scottish noir, a bien symbolisé cette popularité. Un autre dessinateur, Hergé, a illustré la seconde vague de la mode du Fox comme chien de compagnie avec son fameux Milou, fidèle compagnon et ami de Tintin dès 1929. Le Fox est certainement l'une des races qui s'est le plus modifiée entre 1862, date à laquelle elle fut pour la première fois présentée en exposition, et l'époque où elle fut au faîte de sa gloire, dans les années 20 et 30. Cette évolution n'apparaît d'ailleurs pas dans le standard de la race, rédigé pour la première fois en 1876, car les standards anglais sont suffisamment flous et imprécis pour permettre de modifier la silhouette du chien sans qu'il soit besoin de transformer une ligne de sa description officielle. Les plus anciennes photographies que nous possédions nous présentent un chien de lignes assez carrées, mais d'encolure courte et peu épaisse, portant une tête plutôt commune, avec une cage thoracique large et profonde, bref, un animal bien différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. La sélection s'est efforcée de faire du Fox un chien bâti comme un petit cheval, en hunter plus précisément, qui est un cheval de chasse. La rédaction du standard est tout à fait explicite à ce sujet, et on peut noter avec curiosité que, pour la high society, les références en matière de races canines étaient les Fox Hounds et les Greyhounds. Le Fox a progressivement perdu son crâne rond, son museau court et pointu; son encolure et sa tête sont devenues très longues, son dos plus court et son poitrail moins « éclaté ». Les éleveurs anglais ont même notablement exagéré cette silhouette en produisant des chiens très courts, aux membres et aux articulations raides et droits, qui donnent une démarche sautillante : ce sont des caricatures. Le gabarit du Fox donna également lieu à de nombreuses controverses, car ce chien, comme beaucoup, a eu tendance à grandir grâce au progrès de l'élevage et de l'alimentation, au point de rencontrer certaines difficultés à pénétrer et se mouvoir dans un terrier, ce qui est son travail originel, et il ne fut pas toujours facile d'obtenir un chien à la fois « bâti en hunter » et suffisamment petit. Le Fox est néanmoins un superbe athlète, où la compacité et la robustesse se conjuguent harmonieusement à l'élégance et à la finesse. Ce chien est un très bon sauteur, très véloce - il est le plus rapide des petits chiens -, extrêmement résistant et armé d'une mâchoire redoutable. |