Spitz allemand / Keeshond

Standard FCI Nº 97_1

Origine
Allemagne
Traduction
Dr. J.-M. Paschoud et Professeur R. Triquet
Révisé par Skrivanek, Belgium / Version originale : (DE)
Groupe
Groupe 5 Chiens de type Spitz et de type primitif
Section
Section 4 Spitz européens
Epreuve
Sans épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
mardi 01 janvier 1957
Publication du standard officiel en vigueur
mercredi 04 septembre 2019
Dernière mise à jour
vendredi 13 décembre 2019
In English, this breed is said
German Wolfsspitz / Keeshond
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Deutscher Spitz / Keeshond
En español, esta raza se dice
Spitz alemán / Keeshond
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Duitse Spitz / Keeshond

Standard valable pour Spitz allemand / Keeshond, Spitz Miniature, Spitz Toy / Pomeranian

Utilisation

Chien de garde et de compagnie

Bref aperçu historique

Les Spitz allemands qui descendent du chien des tourbières de l’âge de la pierre « Canis familiaris palustris Rütimeyer » et des « chiens des cités lacustres » postérieurs sont la race la plus ancienne de l’Europe centrale.
De nombreuses autres races en descendent. Dans certaines régions non germanophones, le Spitz-loup porte le nom de « Keeshond ».

Aspect général

Les Spitz séduisent par la beauté de leur fourrure redressée par un abondant sous-poil. Le cou pourvu d’une opulente collerette en forme de crinière et la queue touffue portée fièrement sur le dos frappent tout particulièrement. Sa tête aux yeux vifs rappelant celle du renard et ses petites oreilles pointues rapprochées confèrent au Spitz son aspect impertinent caractéristique.

Proportions importantes

Le rapport entre la hauteur au garrot et la longueur du corps du chien est de 1 : 1.
Le rapport entre la longueur du museau et la longueur du crâne est d’environ. 2 : 3.

Comportement / caractère

Le Spitz-loup/Keeshond allemand est toujours attentif, vif et extraordinairement attaché à son maître. Il est très réceptif et facile à éduquer. Sa méfiance innée envers les inconnus et l’absence de tout instinct de chasse font de lui un chien de compagnie et de famille idéal et un gardien pour la maison en ville ou pour la ferme. Il n'est ni peureux ni agressif. Résistance aux intempéries, robustesse et longévité sont d'autres qualités qui le distinguent.

Tête

Région crânienne

Crâne
De grandeur moyenne, le crâne du Spitz, vu de dessus, est le plus large dans sa partie postérieure et va en s’amenuisant en forme de coin jusqu'à la pointe du nez. 
Stop
Modérément à bien marqué, jamais abrupt.

Région faciale

Truffe
Petite et ronde, elle est de couleur noire pur, sauf chez les Spitz à robe marron où elle est de couleur brun-foncé.
Museau
Il est harmonieusement proportionné par rapport au crâne ; il n’est pas trop long. (Chez le Spitz-loup/Keeshond, le Grand Spitz et le Spitz Moyen, le rapport longueur du museau/longueur du crâne est environ de 2/3, chez le petit Spitz et le Spitz nain/Poméranien environ de 2/4).
Lèvres
Les lèvres ne se recouvrent pas. Elles sont bien tendues et ne font pas de pli à la commissure. Elles sont entièrement noires chez les Spitz de toutes les variétés de couleur, sauf chez les chiens de robe marron où elles sont de couleur brun foncé.
Mâchoires et dents
D'un développement normal, les mâchoires présentent un articulé en ciseaux complet formé de 42 dents selon la formule dentaire du chien. Les incisives supérieures recouvrent en contact étroit les incisives inférieures, les dents étant implantées à l'équerre par rapport aux mâchoires. Puissants, les crocs s’emboîtent parfaitement (canines). Un articulé en pince est toléré.
Joues
Les joues sont délicatement arrondies sans être saillantes.
Yeux
De grandeur moyenne, de forme légèrement allongée et en position un peu oblique, les yeux sont de couleur foncée. Les paupières sont pigmentées en noir dans toutes les variétés de couleur, sauf chez les Spitz à robe marron où elles sont de couleur brun foncé.
Oreilles
Les petites oreilles du Spitz sont attachées haut, relativement proches l'une de l'autre, triangulaires et pointues; elles sont toujours portées dressées avec une pointe bien rigide.

Cou

De longueur moyenne, le cou, large à l'insertion entre les épaules, a une nuque légèrement galbée. Sans fanon, il est couvert d'une collerette en forme de crinière.

Corps

Ligne du dessus
Elle commence à la pointe des oreilles portées droites et bien dressées et se prolonge après une douce courbure dans le dos court et horizontal. La queue touffue rabattue sur le dos dont elle couvre une partie parachève la silhouette.
Garrot
Le garrot, bien sorti, se fond progressivement dans le dos, qui est aussi court que possible, droit et solide.
Dos
Aussi court que possible, droit, ferme.
Rein
Court, large et puissant.
Croupe
La croupe est large, courte et non avalée.
Poitrine
La poitrine est bien descendue et bombée ; la région sternale est bien développée.
Ligne du dessous
La cage thoracique est développée aussi loin que possible vers l'arrière; le ventre n'est que modérément relevé.

Queue

Attachée haut et de longueur moyenne, la queue, très touffue, est dressée dès sa racine, rabattue vers l'avant et roulée sur le dos, sur lequel elle s'appuie fermement. Une double boucle à l'extrémité de la queue est acceptée.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Ils sont droits et le devant est plutôt large avec une ossature puissante.
Epaules
L'omoplate est longue et oblique vers l'arrière. L'épaule est bien musclée et fermement attachée à la cage thoracique.
Bras
D'une longueur à peu près identique à celle de l’omoplate, il forme avec cette dernière un angle d'environ 90°.
Coudes
L'articulation du coude est solide, bien contre le thorax et tournée ni en dedans ni en dehors.
Avant-bras
De longueur moyenne, vigoureux en comparaison du tronc, parfaitement droit, sa face postérieure est bien garnie de franges.
Métacarpe
Le métacarpe, solide et de longueur moyenne, forme avec l'avant-bras un angle d'environ 20° par rapport à la verticale.
Pieds antérieurs
Les pieds antérieurs sont aussi petits que possible, ronds, avec des doigts serrés et bien cambrés, appelés pieds de chat. La couleur des ongles et des coussinets est aussi foncée que possible.

Membres postérieurs

Généralités
Les membres postérieurs sont très musclés et portent jusqu'au jarret des culottes abondantes. Les postérieurs sont droits et parallèles.
Cuisses
La cuisse et la jambe sont approximativement de même longueur.
Grassets
L'articulation du grasset n'est que modérément angulée; elle est solide et, dans le mouvement, ne se déporte ni vers l'intérieur ni vers l'extérieur.
Métatarse
De longueur moyenne, le métatarse, très robuste, est perpendiculaire au sol.
Pieds postérieurs
Les pieds postérieurs sont aussi petits que possible, ronds, avec les doigts bien serrés et cambrés ( pieds de chat); les coussinets sont résistants. La couleur des ongles et des coussinets est aussi foncée que possible.

Allures

Par l'effet d'une bonne impulsion le mouvement du Spitz-loup/Keeshond allemand est coulant et élastique.

Peau

La peau, bien adhérente au corps, ne forme aucun pli.

Robe

Qualité du poil
Les Spitz-loup/Keeshond allemands ont un poil double : un poil de couverture long, droit, écarté et ferme et un sous-poil court, épais et ouaté. La tête, les oreilles, les faces antérieures des membres antérieurs et postérieurs et les pieds ont un poil court et dense (velouté) ; le reste du corps a un poil long et abondant. Ni ondulé, ni bouclé, ni hirsute, il ne forme pas de raie sur le dos. Le cou et les épaules sont couverts d'une abondante crinière. Les faces postérieures des membres antérieurs sont bien garnies de franges, les membres postérieurs présentent de la croupe au jarret une culotte opulente et la queue est touffue. Le modelage du poil n’est pas visible.
Couleur du poil
Spitz-loup / Keeshond : Gris-loup (gris-ombré). Le gris-loup est un gris argenté charbonné (avec du noir à l'extrémité des poils). Le museau et les oreilles sont foncés. Autour des yeux il y a un dessin, formé d'une ligne noire délicatement dessinée allant en biais de l'angle externe de l'oeil au point d'attache inférieur de l'oreille, associé à des hachures nettes et des dégradés ombrés formant des sourcils courts et expressifs. La crinière et la région des épaules est plus claire. Les membres antérieurs et postérieurs sont d'un gris argenté sans taches noires au-dessous des coudes et des genoux, à l’exception de légères stries sur les doigts. La pointe de la queue est noire, la face inférieure de la queue et les culottes sont d'un gris argenté clair.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Spitz-loup/Keeshond : 49 cm +/- 6 cm.
Poids
Le Spitz-loup/Keeshond doit avoir un poids correspondant à sa taille.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts graves

 Défauts de construction.
 Tête trop plate.
 Tête en forme de pomme accusée.
 Truffe, paupières et lèvres de couleur chair (ladre).
 Défaut de denture, absence de dents.
 Yeux trop grands ou trop clairs.
 Yeux proéminents.
 Absence du dessin caractéristique de la face.
 Allures défectueuses.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou chien peureux.
 Persistance de la fontanelle.
 Prognathisme supérieur ou inférieur, occlusion croisée.
 Entropion ou ectropion.
 Oreilles dressées partiellement.
 Petites taches ou marques blanches bien visibles.

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

https://www.fci.be/

Historique détaillé

Connus autrefois comme les Loulous, en France, les Spitz ont perdu cette appellation. Du même coup, ils sont un peu tombés dans l'anonymat, qui ne convient pourtant pas à ces chiens taillés pour la célébrité. Car, chez eux, tout appelle le succès et l'admiration. Leur aspect d'abord : avec leur tête de renard et leur somptueuse fourrure, ils ne risquent pas de passer inaperçus. Leur caractère ensuite vifs, malins, parfois impétueux, toujours affectueux, un tel tempérament ne peut que séduire les amateurs de chiens bien dans leur poil. Après avoir abandonné un nom chargé de tradition, les Loulous semblent être tombés dans le creux de la vague. Mais, tels qu'on les connaît, ils ne devraient pas y rester longtemps.

Non contents d'avoir été parmi les chiens les plus prisés et les plus hauts en couleur à une certaine époque, les Spitz sont sans conteste les chiens domestiques les plus anciens. En effet, descendants directs du fameux Chien des Tourbières (Canis Familiaris palustris) du Néolithique, ils furent les premiers à peupler, aux côtés des hommes, les villages lacustres de l'Europe préhistorique.

La Suisse, le Jura, la Grande-Bretagne, le Danemark ont tous leurs vestiges nationaux de ce type canin. Mieux! Agés de dix mille ans, les ancêtres des Spitz ont aussi donné naissance à tous les chiens actuels de type lupoïde, à savoir ressemblant plus ou moins au loup. Museau pointu, oreilles dressées, queue touffue souvent enroulée sur le dos, telles sont les principales caractéristiques de ces chiens, aujourd'hui regroupés dans le cinquième groupe de la nomenclature canine : celui des Chiens de type Spitz et de type primitif. Appelés à garder, chasser, tirer des traîneaux, tenir compagnie aux nomades restés au campement, les Spitz et leurs « cousins » ont prouvé qu'ils savaient tout faire. Mais où sont donc nés ces chiens primitifs? Il est difficile de le dire, des traces ayant été retrouvées en Orient, en Afrique, dans le Grand Nord sibérien, sur les rives de la Baltique. Ils ont malheureusement disparu de toutes ces régions, remplacés par leurs propres descendants, plus spécialisés.

Les Spitz se sont répandus en Europe, notamment aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique et en France (en Alsace surtout). Des variétés de couleurs diverses et de tailles différentes se sont développées selon les régions et aussi en fonction de l'évolution due aux croisements et aux sélections. Ainsi, les Spitz blancs étaient particulièrement présents en Poméranie, entre Prusse, Pologne et Baltique, tandis que les noirs étaient élevés dans le Wurtemberg, comté riche d'un important passé cynophile. Là, ils sont utilisés pour la garde ou pour le trait, ici, ils deviennent chiens d'équipages. A l'instar des Pinschers et des Schnauzers, ils suivent les chevaux, et bien rares sont les diligences qui n'ont pas leur Spitz.

A ce propos, il convient de citer J. Dhers : « C'est lui le Loulou des diligences, l'adjudant du coche, le coureur d'impériale, aboyant, frétillant, encombrant, aimé de tous! Je me rappelle qu'à cette époque toutes les diligences, tous les camionneurs avaient un de ces petits diables blancs, noirs ou gris qui le plus souvent, d'un va-et-vient rapide, incessant, et toujours en aboyant, faisait une navette rapide du siège à la sellette, longeant l'échine, s'asseyant souvent sur la croupe. »

Les Spitz les plus grands sont connus depuis des siècles dans le nord de l'Allemagne ainsi qu'aux Pays-Bas, où ils étaient la spécialité des bateliers. Fièrement campés à la proue des péniches néerlandaises, ils devinrent, dit-on, le symbole des patriotes opposés à la maison d'Orange, vers la fin du XVIIIe siècle, et ils auraient alors été appelés Keeshonds (ou Keeshonden) d'après le nom du chef de ces patriotes, William Kees van Gyselaar. Arrivés en Grande-Bretagne au début du XXe siècle (grâce à une certaine Mrs. Digby), les Keeshonds y prospérèrent. Le premier Club y fut fondé en 1925. Les Britanniques affirmèrent une préférence marquée pour les sujets gris, qu'ils sélectionnèrent au détriment des blancs, des noirs et des fauves, couleurs cependant encore admises en Hollande à l'époque.

Parallèlement, les Spitz, ceux de petite taille notamment, ont une autre histoire, pour le moins prestigieuse, dans un rôle de compagnie. L'un d'entre eux fut le compagnon du grand Wolfgang Amadeus lui-même, qui ne fut d'ailleurs pas le seul artiste à l'apprécier, puisque Michel-Ange en avait possédé un, lui aussi. En France, la popularité du Spitz grimpa en flèche sous l'Empire, car il fut un des chiens favoris de Joséphine. Napoléon III, quant à lui, eut bien des déboires avec le Spitz d'Eugénie, qui avait pour habitude de s'enfuir ou de se cacher de façon particulièrement habile. La police dut maintes fois ramener ce petit diable au palais. Le Spitz s'est aussi fait le compagnon de simples citoyens, pas des moindres tout de même puisqu'il s'agit de Courteline et d'Emile Zola. Les sujets nains jouissaient alors d'un immense succès sous le nom de Loulous de Poméranie.

Mais ce sont les Britanniques qui allaient donner au Spitz de petit format son heure de gloire. Déjà, au XVIIIe siècle, le roi George III avait, par son exemple, suscité un certain engouement pour ces chiens, mais c'est la reine Victoria qui fut à l'origine du mouvement irrésistible qui aboutit à la renommée et à la miniaturisation de la race. En voyage à Florence en 1888, elle en revint avec Gona, un Volpino (Petit spitz Italien) blanc. La souveraine s'éprit à tel point de ce chien qu'elle alla jusqu'à fonder un chenil où on élèverait ceux de sa race, en lui fixant un poids moyen de 5,5 à 7 kilos, et elle présenta fréquemment des sujets en expositions. Or, les Anglais ne connaissaient alors les Spitz que dans un plus grand format, et ce fut une réelle gageure que de réduire les chiens à la taille recommandée par la reine. Pari tenu cependant, puisque, avant la fin du siècle, les éleveurs britanniques étaient parvenus à produire des sujets de 3 kilos à la fourrure exceptionnelle. Mais ce serait mal connaître les Anglais que de penser qu'ils allaient s'arrêter là. Ils cherchèrent à améliorer encore leurs chiens minuscules en les affublant des couleurs les plus diverses, du bleu à l'isabelle, en passant par toutes les teintes pastel possibles. Contrairement à leurs expériences précédentes, cet essai se révéla un échec cuisant. Les chiens se délavaient ou fonçaient avec le temps, ce qui n'avait rien de très esthétique. Pourtant, les années vingt peuvent s'enorgueillir d'un des plus jolis mini-chiens que la cynophilie ait jamais engendrés, en la « personne » de Sable Mite. Un riche Américain en offrit 500 livres (somme impressionnante à l'époque), mais sa proposition fut refusée, tant les Anglais tenaient à leurs Spitz.

Dans la première moitié du XXe siècle, la situation était donc quelque peu compliquée. Les Anglais s'attribuaient l'apanage des Spitz miniatures (les Pomeranians), et, s'ils s'accordaient avec les Néerlandais pour donner aux plus grands le nom de Keeshonds, leur standard était le seul à exiger la couleur grise pour cette variété. En France, on connaissait les Loulous (dont le Club fut fondé en 1955), les Grands Loulous, qui devinrent les Grands Spitz; on distinguait les Keeshonds et les Wolfspitz (Spitz-loups) qui, eux, provenaient d'Allemagne. En effet, les Allemands revendiquaient la paternité de tous ces chiens. Dès 1899, ils avaient décrété le Spitz race nationale et créé un club destiné à sauvegarder ce patrimoine canin. Une solution s'imposait. En 1960, la Fédération cynologique internationale, saisie, trancha en faveur de l'Allemagne et reconnut à tous les Spitz la nationalité allemande.

Aujourd'hui, réunis dans un seul groupe, avec un seul standard pour cinq variétés, une seule origine officielle, et « seulement » deux Clubs de race en France, les Spitz ont retrouvé leur cohérence. Et, surtout, une identité facilement reconnaissable, même pour le cynophile le plus novice. N'ayant plus à aller chercher les Spitz Moyen, Petit et Nain dans le groupe des chiens de compagnie, et le Grand et le Spitz-Loup dans celui des chiens d'utilité, le public va enfin pouvoir redécouvrir ces chiens si attachants. Car, quel qu'il soit, un Spitz est toujours un merveilleux compagnon. Les tailles et les couleurs diffèrent, mais le tempérament reste le même : celui du chien qui accompagne l'Homme depuis l'aube des temps. Un vrai gage de qualité.

Certaines morphologies sont révélatrices. Celle du Spitz en fait assurément partie. Il suffit de regarder sa petite tête de renard, ses yeux pétillants de malice, ses oreilles fièrement dressées pour deviner le tempérament vif de ce chien. De même, le nom de Spitz, qui veut dire pointu en allemand, traduit parfaitement le caractère curieux et espiègle de ceux que l'on appelait les Loulous. Le corps, compact et solide, garni d'une somptueuse fourrure, respire l'assurance et la dignité.

Mais qui est vraiment le Spitz? On l'imagine volontiers petit, hargneux, criard. Il n'en est rien. D'une part, il existe cinq variétés de Spitz, la plus grande pouvant atteindre une taille de 60 centimètres, et, d'autre part, ce chien sait être une merveille de tendresse et de calme à ses heures. D'accord, il donne volontiers de la voix, mais c'est plus là l'expression de sa nature joyeuse que la manifestation d'une quelconque agressivité. Le Spitz est bien trop sûr de lui pour cela. Il est vrai qu'il reste souvent distant envers les étrangers, mais, par les temps qui courent, quand voleurs de chiens et pourvoyeurs de laboratoires pullulent, qui voudrait s'en plaindre? Le grand Spitz qui fait entendre sa voix derrière la grille d'un pavillon est généralement écouté, et son regard franc et déterminé vient à bout de bien des mauvaises intentions. Car, chiens de garde, les premiers Spitz, ceux qui accompagnaient nos ancêtres il y a de cela dix mille ans, l'étaient. Et chiens de chasse. Et chiens de trait, par descendants interposés. En fait, les Spitz sont capables de remplir toutes les tâches que l'on veut bien leur confier.

Pourquoi sont-ils aujourd'hui des chiens de compagnie? Parce qu'ils se montrent remarquables dans ce rôle, tout simplement. Que dire du Spitz à la maison? Il est très présent, toujours sur le qui-vive, accourant immédiatement au moindre bruit. Fatigant, le Spitz? Peut-être un peu, si on est habitué à des chiens beaucoup plus calmes. Avec lui, on n'a certainement pas le temps de s'ennuyer. Aime-t-il jouer ? On dit de ce chien qu'il atteint sa pleine maturité, physique comme psychique, assez tard : autant dire que c'est un joueur invétéré, toujours prêt pour une bonne partie de balle ou de course. Car les Spitz sont aussi des athlètes. Il faut les voir, même les Nains, se servir de leurs robustes pattes pour galoper dans les bois et les champs. Bien sûr, les petits sont un peu moins rustiques que les grands, mais cela ne les empêche pas de se défouler à l'occasion. Les longues balades en forêt conviennent aux grands, qui ont plus d'endurance. Les petits aimeront des promenades plus courtes, mais tout aussi intenses. Malheur aux rongeurs rencontrés en chemin. Certains Spitz ne méprisent pas l'infortunée souris qui viendrait à leur tomber sous le museau.

Aiment-ils les enfants? Non. Ils les adorent! À condition, bien entendu, que ceux-ci se montrent respectueux des animaux, ce qui devrait toujours être le cas. Les Grands Spitz et les Moyens conviennent très bien aux familles avec des enfants. Les jeux pourront être animés sans que le chien n'en souffre. Les Petits et les Nains sont en revanche plus conseillés aux personnes seules, qui sauront mieux les choyer. Bien que plus délicats, ils ne sont pas fragiles. Jouissant d'une bonne santé, ils ont une longévité remarquable : de quatorze à dix-huit ans. Contrairement à beaucoup de chiens nordiques, les Spitz ne sont pas fugueurs. Ils sont bien trop attachés à leur foyer pour s'en éloigner. Et leur sens poussé du devoir les pousse à garder la maison vide plutôt qu'à l'abandonner au profit de courses folles dans les environs.

Autre point sensible qu'ils partagent avec la plupart des chiens de leur groupe, les rapports intraspécifiques, à savoir avec les autres chiens. Là encore, les Spitz sont exceptionnels. Sûrs d'eux sans agressivité, ils ne se laissent pas « démonter » par des costauds cherchant à les impressionner. Même les Nains font preuve d'un courage peu commun. Il peut arriver qu'un Spitz se laisse entraîner au combat par une provocation trop poussée, mais quelle race peut se vanter du contraire? Pour ce qui est des autres animaux familiers, les chats par exemple, il convient de les y habituer jeunes si l'on souhaite les faire cohabiter.

Le Spitz aime-t-il les transports? En tout cas, il garde activement ce qu'il vient très vite à considérer comme « sa » voiture. Les transports en commun sont possibles, puisque, à part le Grand et le Loup, tous les Spitz ont la taille réglementaire et peuvent au besoin se glisser quelques minutes dans un panier selon les règlements du chemin de fer ou du métro. En raison de leur petite taille, ils peuvent même éventuellement accéder aux cabines d'avion, ceci à la discrétion du commandant de bord. Quant au bateau, le Spitz-loup l'a assez emprunté alors qu’il s'appelait encore Keeshond pour y être à l'aise. Bref, emmener le Spitz en vacances ne pose pas de problème.

Devant toutes ces qualités, on est tenté d'imaginer un défaut caché. Le Spitz est-il bien réceptif à l'éducation, par exemple? Au risque de sembler avoir perdu toute impartialité, il faut répondre oui. En effet, les Spitz sont particulièrement doués pour apprendre ce que leur maître voudra leur enseigner. N'ont-ils pas longtemps été, à côté du Caniche, d'excellents chiens de cirque? Montrer au Spitz toutes sortes de tours ne peut que le ravir. Doué d'une intelligence fort développée, il ne supporte pas l'inactivité intellectuelle et va jusqu'à inventer les farces les plus extraordinaires si ses maîtres ne lui prodiguent pas la stimulation mentale nécessaire. De plus, le Spitz est docile. Certes, il semble volontiers agité, brouillon, mais ce n'est qu'une apparence. Soumis à un apprentissage bien mené, il se fait un élève des plus attentifs. En l'éduquant, on fait de son Spitz un petit animal sociable et agréable à avoir en sa compagnie. Initié aux ordres essentiels ; assis, couché, pas bouger, au pied ; il pourra suivre son maître partout sans jamais constituer une gêne. Quant à sa propension à aboyer, elle peut être rapidement corrigée par une éducation appropriée.

Côté entretien, le Spitz n'est pas non plus un chien compliqué. Rustique, il est peu souvent malade et fait un assez mauvais client pour le vétérinaire. Plus gourmet que gourmand, il n'exige pas une nourriture coûteuse, d'autant qu'il faut lui éviter l'obésité, qui le défigurerait. Sa fourrure fait la fortune des toiletteurs? Faux! Elle réclame somme toute assez peu d'entretien. Bien sûr, il faut en prendre soin régulièrement, mais un bon brossage deux ou trois fois par semaine peut suffire. Quant au bain, il est déconseillé, car il détruit pour plusieurs semaines le suint naturel de la peau et la fragilise. Les shampooings à sec sont appropriés, car ils permettent de garder un chien propre sans pour autant avoir à le mouiller.

Alors, le Spitz est-il le chien idéal? Pourquoi pas? S'il n'est plus très populaire aujourd'hui, il était très en faveur autrefois, et cela pourrait bien être de nouveau le cas dans les années à venir, car quiconque apprécie la beauté, l'esprit et la gentillesse ne peut que l'aimer, ce Loulou-là.

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