Berger de Beauce

Standard FCI Nº 44

Origine
France
Groupe
Groupe 1 Chiens de berger et de bouvier (sauf chiens de bouvier suisse)
Section
Section 1 Chiens de berger
Epreuve
Avec épreuve de travail
Reconnaissance à titre définitif par la FCI
lundi 25 novembre 1963
Publication du standard officiel en vigueur
mardi 01 août 2023
Dernière mise à jour
mardi 19 septembre 2023
In English, this breed is said
Beauce Sheepdog
Auf Deutsch, heißt diese Rasse
Berger de Beauce
En español, esta raza se dice
Pastor de Beauce
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd
Berger de Beauce

Utilisation

Chien de berger et de garde.

Bref aperçu historique

Chien de Beauce, Beauceron et Bas-Rouge sont les noms retenus à la fin du XIXème siècle pour désigner ces anciens chiens de berger français de plaine, de même type, à face rase, au poil dur et court dont les oreilles étaient écourtées. Le corps était marqué de feu, notamment aux extrémités des quatre pattes, ce qui avait incité les éleveurs d’alors à appeler ces chiens « Bas-Rouge ». La robe était ordinairement noir et feu mais il existait aussi des chiens gris ou entièrement noirs, même entièrement fauves. Ces chiens étaient élevés et sélectionnés pour leur aptitude à conduire et à garder les troupeaux.

Aspect général

Le Beauceron est un chien de grande taille, solide, rustique, puissant, bien charpenté et musclé, sans lourdeur.

Proportions importantes

Le Berger de Beauce est un chien médioligne. La longueur du corps, de la pointe de l’épaule à la pointe de la fesse doit être légèrement supérieure à la hauteur au garrot.
La tête est longue : 2/5 de la hauteur au garrot. La largeur du crâne et la hauteur de la tête sont légèrement inférieures à la moitié de à la longueur de la tête. Le crâne et le chanfrein sont de même longueur.

Comportement / caractère

Chien d’un abord franc et sans peur. L’expression est franche, jamais méchante ni peureuse ni inquiète. Le caractère du Beauceron doit être sage et hardi.

Tête

Région crânienne

Tête
La tête est bien ciselée avec des lignes harmonieuses. Vues de profil, les lignes du crâne et du chanfrein sont sensiblement parallèles.
Crâne
Plat ou légèrement arrondi d’un côté à l’autre. Le sillon médian est peu accusé, la crête occipitale est apparente au sommet du crâne. 
Stop
Peu accusé, à égale distance de l’occiput et de l’extrémité du museau.

Région faciale

Truffe
En rapport avec le museau, bien développée, jamais fendue et toujours noire.
Museau
Ni étroit ni pointu.
Lèvres
Fermes et toujours bien pigmentées. La lèvre supérieure doit venir couvrir la lèvre inférieure sans ballotter. A leur commissure, les lèvres doivent former un très léger commencement de poche qui doit rester ferme.
Mâchoires et dents
Denture forte présentant un articulé en ciseaux.
Yeux
Horizontaux, de forme légèrement ovales. L’iris doit être marron foncé, en tout cas, jamais plus clair que noisette foncé même si les feux sont clairets. Pour la variété arlequin, l’œil vairon est admis.
Oreilles
Haut placées. Les oreilles sont semi-dressées ou tombantes. Elles ne doivent pas être plaquées contre les joues. Elles se présentent plates et plutôt courtes. La longueur de l’oreille doit être égale à la moitié de la longueur de la tête.

Cou

Bien musclé, d’une bonne longueur, raccordé harmonieusement aux épaules.

Corps

Garrot
Bien marqué.
Dos
Le dos est droit.
Rein
Le rein est court, large et bien musclé.
Croupe
La croupe est peu inclinée.
Poitrine
Le périmètre thoracique dépasse la hauteur au garrot de plus de 1/5. La poitrine descend bien jusqu'à la pointe du coude. Elle est large, haute et longue.

Queue

Entière, portée bas, elle descend au moins jusqu'à la pointe du jarret, sans déviation, formant un léger crochet en forme de J. En action, la queue peut être portée au plus haut dans le prolongement de la ligne de dessus.

Membres

Membres antérieurs

Généralités
Ils sont bien d’aplombs, vus de face et de profil.
Epaules
Obliques et moyennement longues.
Avant-bras
Musclés.
Pieds antérieurs
Forts, ronds, compacts. Les ongles sont toujours noirs. Les coussinets sont durs mais cependant élastiques.

Membres postérieurs

Généralités
Bien d’aplomb vus de profil et de derrière.
Cuisses
Large et musclée.
Jarret
Fort, descendu pas trop près de terre, la pointe se situant aux environs de ¼ de la hauteur du chien au garrot, formant avec la jambe un angle bien ouvert.
Métatarse
Les métatarses sont presque verticaux, légèrement en arrière de la pointe de la fesse.
Pieds postérieurs
Forts, ronds, compacts.
Ergots : Par tradition, les bergers ont tenus à conserver le double ergot. Les ergots forment des pouces bien séparés avec ongles, assez près du pied.

Allures

Souples et dégagées. Les membres restent bien en ligne. Le Berger de Beauce doit avoir un trot allongé avec une bonne amplitude du mouvement.

Robe

Qualité du poil
Ras sur la tête, fort, court, gros, ferme et couché sur le corps, de 3 à 4 cm de long. Les fesses et le dessous de la queue sont légèrement mais obligatoirement frangés. Sous-poil court, fin, dense et duveteux, de préférence gris-souris, très serré, qui n’apparaît pas au travers du poil de couverture.
Couleur du poil
Noir et feu (noir marqué de fauve) :
Bas rouges. La couleur noire est très franche, les feux doivent être écureuil.
Les marques feu se répartissent comme suit :
• pastilles au dessus des yeux
• sur les côtés du museau, diminuant progressivement sur les joues sans jamais atteindre le dessous de l’oreille
• au poitrail ; deux taches sont préférées
• la gorge
• sous la queue
• sur les membres, se perdant progressivement en montant sans toutefois envahir plus de 1/3 du membre, montant un peu plus haut à l’intérieur des membres.
Arlequin (bleu bigarré marqué de fauve) :
Gris, noir et feu, la robe est en parties égales gris et noir, les taches étant bien réparties, avec parfois plus de noir que de gris. Même répartition des feux que pour la variété noir et feu.
Tache blanche discrète tolérée au poitrail.

Taille et poids

Hauteur au garrot
Mâles : 65 cm à 70 cm au garrot.
Femelles : 61 cm à 68 cm au garrot.

Défauts

• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel.
• Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité.

Défauts entrainant l’exclusion

 Chien agressif ou très peureux.
 Taille sortant des limites du standard.
 Ossature très légère.
 Oeil trop clair, ou vairon (sauf pour les arlequins).
 Truffe fendue, de couleur autre que noire, ladre.
 Prognathisme avec perte de contact, absence de 3 dents et plus (les PC1 ne sont pas prises en compte).
 Oreilles naturelles totalement dressées et fermes.
 Membres postérieurs excessivement panards.
 Ergot simple ou absence totale d’ergots aux membres postérieurs.
 Queue écourtée ou enroulée sur le dos.
Robe :
 Couleur et texture autres que définies par le standard.
 Absence totale de feux.
 Poil hirsute.
 Nette tache blanche, bien visible au poitrail.
Variété arlequin :
 Trop de gris, noir d’un côté, gris de l’autre, tête toute grise (absence de noir).

NB :

• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié.
• Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction.

Bibliographie

http://www.fci.be/

Historique détaillé

Contrairement à ce que suggère son nom officiel, le Beauceron, ou Bas-Rouge, n'est pas plus né en Beauce que le Briard n'est originaire de Brie. Ces appellations dénuées de valeur scientifique ne furent retenues à la fin du siècle dernier que parce qu'elles permettaient de distinguer de façon commode deux chiens issus d'un même groupe originel très ancien, celui des Bergers français de plaine. Différentes par leur morphologie et par leur robe ; l'une était à poil plutôt long et l'autre à poil plutôt court ; ces deux variétés s'étaient développées pour répondre à des besoins distincts, comme l'explique bien cet extrait du Cours d'agriculture publié en 1809 par l'abbé Rozier : « Dans les pays de plaine, de coteaux découverts et dans les promenades de jour des bêtes de laine, le chien de Brie est celui qui est employé. Pour les pays de bois ou de montagne accidentés ou parsemés d'épais buissons et pour la garde de nuit, enfin pour tous les lieux et les moments qui favorisent la voracité des loups, les bergers devront joindre au chien de Brie des défenseurs plus robustes, des mâtins de forte race. Un bon mâtin est vif, hardi, capable d'attaquer et de terrasser un loup. »

Et l'abbé poursuivait, nous donnant la première description précise de ce qui pourrait être l'ancêtre de notre Beauceron : « Ces qualités se rencontrent dans les mâtins au poil fourni et épais, aux yeux et aux narines noires, aux lèvres d'un rouge obscur, à la tête forte, au front large, au col gros, aux grandes jambes, aux doigts écartés, aux ongles durs et courts. L'éducation de ce chien n'est pas la même que celle du chien de Brie. Elle doit l'animer au combat. »

Il ne faudrait pas déduire de ce qui précède que les deux « races» décrites par l'abbé Rozier étaient déjà fixées. Bien au contraire, la plus grande diversité ; pour ne pas dire la plus grande hétérogénéité ; devait alors régner au sein de chacune d'entre elles. Mais il est clair qu'une forme de sélection efficace, bien qu'empirique, avait déjà été pratiquée de longue date par les bergers et les éleveurs de bétail pour aboutir à la création de deux chiens différents, voués, pour l'un, à la conduite du troupeau et, pour l'autre, à sa garde et à sa défense. La première exposition canine Française, organisée en 1863 au Jardin d'acclimatation de Paris dans le cadre de l'Exposition universelle, fut très révélatrice à cet égard, comme en témoigne le rapport officiel rédigé à cette occasion par M. de Quatrefages, membre éminent de l'Institut, qui relève : « La variété qui comprenait le plus grand nombre d'individus était celle de ces chiens de haute taille, à oreilles droites, à poil noir et fauve, ayant toutes les formes du loup qu'ils sont appelés à combattre. Deux individus représentaient la variété griffonne à forme de barbet. Il s'agirait là évidemment du chien de Brie. »

Cette distinction entre le Briard et cet autre chien, non nommé mais dont on pressent qu'il ne peut qu'être la préfiguration de notre Bas-Rouge, est reprise vingt ans après par Pierre Mégnin dans son célèbre ouvrage Le Chien, histoire, hygiène, médecine. Mégnin, vétérinaire militaire dont les travaux sur les Bergers français furent aussi déterminants pour ces races que les recherches d'un Von Stephanitz sur le Berger Allemand ou d'un Heim sur les Bouviers suisses, cite en effet aux côtés du chien de Brie une variété « de grande taille ; jusqu'à 75 cm ; à poil de moyenne longueur, fauve en dessous, brun ou presque noir sur le dos et sur la tête ».

En 1888, dans les colonnes du journal L’Eleveur qu'il a lui-même créé, Mégnin introduit pour la première fois l'appellation « Berger de Beauce » pour décrire l'ancien type à tête et extrémités rases. En 1893, dans une conférence prononcée à la Société d'acclimatation, il emploie à nouveau ce terme et déclare : « Nous avons en France au moins quatre races de berger : le vieux chien de berger français, que nous avons nommé chien de Beauce, le chien de Brie, le chien du Languedoc et le chien des Alpes ou des Pyrénées. »

Les expositions canines organisées à partir de cette date reprennent cette terminologie, et prévoient dès lors deux catégories, l'une pour les sujets à poil long, l'autre pour les chiens à poil court. Mais c'est en 1896 seulement que l'on se préoccupa d'unifier le type dans chaque variété, et que fut constituée à l'instigation d'un certain Sauret, industriel d'Elbeuf passionné par les travaux de Mégnin, une commission chargée de déterminer les qualités qu'il convenait de fixer chez les Bergers français de plaine. Réunie dans la grande salle du marché des abattoirs de La Villette sous la présidence d'un éleveur, Emmanuel Boulet, cette commission était composée de personnalités en vue, parmi lesquelles MM. Menaut, inspecteur général au ministère de I'Agriculture, Dechambre, professeur de zootechnie à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, Edwars, directeur du Museum d'histoire naturelle, et de nombreux vétérinaires, éleveurs et agriculteurs. C'est à cette occasion que furent adoptés définitivement les noms de Berger de Beauce et de Berger de Brie.

Un an plus tard, Emmanuel Boulet fonde le Club français du Chien de Berger, avec l'appui et les subventions du ministère de l'Agriculture, et fait adopter un premier standard du Beauceron, d'ailleurs assez éloigné de celui que nous connaissons aujourd'hui. S'il institue des normes officielles, ce standard ne fait pas pour autant disparaître toute dissension, et jusqu'aux années vingt amateurs et éleveurs s'opposeront sur de nombreux points, notamment la longueur et la texture du poil, la couleur de la robe, et surtout la taille idéale. La création, le 24 avril 1911, de l'Association des amis du Beauceron, à l'instigation d'un spécialiste incontesté, M. Siraudin, et de deux vétérinaires célèbres, les docteurs Héroult et Mégnin, permet d'apaiser les controverses et amorce l'évolution du Beauceron vers son type d'aujourd'hui: celui d'un chien à poil « court, gros et lisse » et à taille raisonnable, ce qu'écrivait Siraudin lui-même dans Le Chien de Berger de Beauce, un ouvrage qui allait devenir la bible des amateurs : « Il ne faut pas chercher à faire trop grand, 0,65 m de hauteur est bien suffisant. Passé ces mesures, le chien devient trop grand pour un gardien de troupeau. Il est lourd et de plus inapte pour le service de la sentinelle. »

Mis en sommeil pendant la Grande Guerre (conflit au cours duquel le Beauceron rendra d'ailleurs de grands services aux armées comme estafette, sentinelle, chien de patrouille, d'attaque, de trait, ou même auxiliaire sanitaire), le Club reprend ses activités en 1920, sous l'impulsion du docteur Hérout et de son président, M. Dretzen. Un nouveau standard est rédigé par le professeur Paul Dechambre, et est adopté en 1921 ; il est à la base de celui en vigueur actuellement.

L'élevage fera dès lors des progrès constants, tant sur le plan de la quantité que sur celui de la qualité des sujets produits. Le Beauceron est à présent l'un des chiens les plus appréciés dans notre pays, car cet ancien chasseur de loups et conducteur de troupeaux a su se reconvertir dans une profession ou le travail ne manque pas: celle de chien de garde et de défense, qu'il exerce d'ailleurs avec talent, puisque, après une période de « passage à vide », il a remporté plusieurs titres de champion de France dans les concours spécialisés. Des résultats à la mesure de ses qualités premières: équilibre, courage et rusticité.

Comme tous les chiens de berger qui ont réellement travaillé ; ou qui travaillent encore ; le Beauceron est solide, endurant, acharné à la tâche. Tout le contraire en somme d'un animal de salon. Mais sous ses dehors rugueux, voire inquiétants, il est en fait très sociable, curieux, sans méfiance excessive, et il sait se montrer indifférent à ce qui ne le gêne ni ne l'effraie. Doté d'un naturel indépendant, il n'en témoigne pas moins d'un attachement total à son maître. Encore faut-il que ce dernier ait su mériter son respect. Avec le Bas-Rouge, plus peut-être qu'avec d'autres chiens, il faut en effet savoir doser avec discernement affection et fermeté, récompense et punition.

Intelligent, possédant une mémoire sans faille, le Beauceron n'acceptera jamais la contrainte imbécile, mais il accomplira sans rechigner les missions les plus rudes, à la condition qu'il ait le sentiment de plaire ainsi à son maître.

Faut-il s'en étonner chez un animal à qui bergers et conducteurs de troupeaux confiaient jadis la surveillance de leur cheptel et de leur ferme ? Le Beauceron est un gardien né, et malheur à celui qui tentera de s'introduire sans y avoir été invité sur le territoire qu'il défend. Sa morphologie, sa taille, sa puissance font de lui le plus efficace et le plus dissuasif des cerbères. Si l'on ajoute à cela sa rusticité naturelle qui lui permet de vivre et de coucher à l'extérieur pour peu qu'on lui aménage une niche confortable, on comprend pourquoi il est l'un des chiens les plus appréciés des propriétaires de villas ou de pavillons isolés. Il ne faut pas pour autant le tenir à l'écart de la maison, ni lui refuser systématiquement l'entrée de l'habitation familiale. Comme tous les chiens de bergers, qui, par définition, ont toujours partagé la vie de l'homme, le Beauceron a besoin de la présence de ses maîtres. Et c'est en vivant à leurs côtés dès son plus jeune âge qu'il trouvera l'équilibre indispensable à son bonheur et à celui de son entourage.

Le Beauceron n'aime guère l'oisiveté et la mollesse. Mieux vaut donc éviter d'en acquérir un si l'on mène une vie sédentaire en appartement. Ce sportif hyperactif a, par nature, besoin de se sentir utile. Garder un jardin, une maison, accompagner son maître sur son lieu de travail, dans ses déplacements et ses promenades, chez des amis, être son complice dans la pratique de son sport favori, la vie quotidienne nous offre mille et une occasions de lui faire comprendre qu'il fait partie de la famille et que celle-ci compte sur lui.

Avec les enfants, le Beauceron se montre prudent et réservé, mais il n'a rien de la peluche vivante qui attire tant les plus petits - une caractéristique qui le rapproche d'ailleurs du Berger Allemand. En revanche, il peut devenir un vrai partenaire pour les plus grands, pourvu que ces derniers aient compris qu'un chien n'est pas un jouet, mais un animal doté d'une personnalité et d'une certaine autonomie.