Obtenu à la fin du XIX" siècle par le croisement de différentes souches de chiens courants français, le Billy est une reconstitution réussie de ce que pouvait être le fameux Chien Blanc du Roy. C'est un cousin germain du Poitevin, puisqu'il descend du Larye, du Céris et du Montembœuf. Il tire son nom de celui de la propriété qu'occupait voici près de cent ans, au nord de Poitiers, le créateur de la race, Gaston Hublot du Rivault, père de M. Anthony Hublot du Rivault, qui fut un juge très connu de beaucoup de veneurs.
Le premier élevage de Billys de Gaston Hublot du Rivault remonte à l'année 1877, et le célèbre cynophile estimait que la race avait été définitivement fixée en 1886. Plusieurs types de chiens avaient été retenus pour servir de base à la sélection, parmi des lignées aussi exemptes que possible de toute influence anglaise. Il y eut même une tentative d'infusion de sang de Saintongeois avec Magicienne, une très belle lice du comte de Saint-Ligier, mais Gaston Hublot du Rivault revint ensuite aux origines Céris et Montembœuf avec Bellone et Baliveau. En revanche, et contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit par la suite, il n'y a jamais eu de croisement avec des Lévriers. Gaston Hublot du Rivault se montra aussi difficile sur la couleur des reproducteurs choisis que sur leur origine, puisqu'il ne retint que des sujets portant robe blanche ou citron, pour des raisons qu'il définissait lui-même ainsi : « J'insiste sur la robe, qui doit être blanche, orange et claire ou tout à fait claire, mais peut être aussi teintée café au lait très lavé, citron pâle ou encore bleue, acier bleuté. Cette robe unique donnait à mes chiens un cachet fort distingué qu'on ne rencontrait nulle part ailleurs, d'autant plus que leurs beaux yeux bordés de noir et leur truffe de même couleur leur prêtaient une physionomie unique et prisée de tous les amateurs. »
En dépit des efforts de Gaston Hublot du Rivault, l'influence du sang anglais ne put jamais être tout à fait gommée, notamment par le fait de l'apport du Larye et des chiens de Pindray, qui furent un moment utilisés, en particulier avec Camarade VI appartenant au comte d'Oyron. Mais la diversité de ces « alliances » ne retire rien à la beauté et à l'homogénéité de la race ainsi fixée.
Les deux guerres mondiales portèrent un rude coup à l'élevage du Billy, comme du reste à celui de beaucoup de races françaises, et, en 1945, il ne restait pratiquement plus de trace des souches originelles. C'est alors que M. Anthony Hublot du Rivault, fils du créateur du Billy, décida de reprendre l'œuvre entreprise par son père. A partir de Vol-au-Vent et de Volga, deux chiens Guyot qui possédaient de remarquables qualités de chasse et dont les descendants courent encore le chevreuil au sein de l'équipage Saint-Hubert, il réussit, dans les années cinquante, à produire Banco, Belle et surtout la merveilleuse Blondinette, qui lui donna soixante-huit chiots, dont Darius et Dagobert, que l'on retrouve dans la généalogie de la plupart des Billys actuels.
Vers 1960, il y avait de très beaux lots de Billys chez M. Boudet, au vautrait de La Mée, et dans l'élevage de M. Charles Hardy, notamment avec Isard, son fameux chien de chevreuil. C'est de ces sujets que sont issus à l'époque la majorité des chiens du rallye Teillay, du vautrait des Dômes et la plupart de ceux du rallye Kéréol.
Bien qu'ils soient très prisés, les Billys sont aujourd'hui beaucoup moins nombreux, même si l'on peut remarquer dans beaucoup d'équipages de nombreux chiens qui les rappellent, mais qui sont quand même loin des normes définies par Gaston Hublot du Rivault. Le standard du Billy n'a guère évolué au fil des années, mis à part quelques modifications apportées en 1974 et en 1978 par M. Anthony Hublot du Rivault lui-même, qui écrivait après l'avoir revu: « En ce qui concerne le standard, je n'ai pas changé beaucoup de points. Pour l’oreille, j'ai ajouté: "Plutôt courte pour un chien français." Deuxièmement, la taille: 0,60 à 0,70 m; la couleur: blanc citron ou blanc orange, à condition que l'orange ne soit pas trop foncé tirant sur le rouge. Un chien très légèrement bégu ne doit pas être éliminé. Par contre, celui qui l'est fortement doit l'être impitoyablement. »
Les Billys sont avant tout des chiens de chevreuil. Leur caractère ne semble pas vraiment les prédisposer à chasser le sanglier, car ils ne sont guère ardents pour l'attaquer au ferme et le maintenir, même si leur vitesse leur permet de suivre d'assez près leur animal. Car ce sont des pur-sang, faits pour galoper vite et longtemps. Très ardents, très en avant, ils sont également très fins de nez. Bien gorgés, ils crient et s'ameutent bien, faisant preuve en toute circonstance de grandes qualités de chasse. Ce qui n'est guère étonnant quand on relit ce que disait Gaston Hublot du Rivault de leurs ancêtres Montembœuf : « Très criants, voix un peu brève mais aiguë et s'entendant de loin, très fins de nez, rapprocheurs aimant surtout les voies droites, cerf, loup, sanglier, d'un très grand train, d'un fond et d'une vigueur remarquables; chiens très perçants et très chasseurs, se gardant cependant du change naturellement » ou Céris : « Chien très actif, adroit et rusé, expéditif dans les défauts et très débrouillard, très chasseur, un peu fou au départ, mais se calmant vite et de bonne retraite » et ce qu'écrivait des Laryes le comte Le Couteulx de Canteleu : « Leur voix était prolongée mais très claire, la finesse de leur nez était extraordinaire; il s'est avéré que M. de Larye, après avoir chassé le loup tout le jour, le rattrapait souvent le lendemain et le relançait après un rapprocher de plusieurs lieues. » On ne peut rêver meilleures lettres de noblesse pour le Billy. |