Retriever du Labrador |
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Standard FCI Nº 122 |
Origine |
Canada | |
Traduction |
Prof. R. Triquet. Mise à jour : J. Mulholland. Version originale : (EN) | |
Groupe |
Groupe 8 Chiens rapporteurs de gibier - Chiens leveurs de gibier - Chiens d'eau | |
Section |
Section 1 Rapporteurs de gibier | |
Epreuve |
Avec épreuve de travail | |
Reconnaissance à titre définitif par la FCI |
vendredi 24 décembre 1954 | |
Publication du standard officiel en vigueur |
jeudi 16 juin 2022 | |
Dernière mise à jour |
vendredi 03 mars 2023 | |
In English, this breed is said |
Labrador Retriever | |
Auf Deutsch, heißt diese Rasse |
Labrador Retriever | |
En español, esta raza se dice |
Labrador Retriever | |
In het Nederlands, wordt dit ras gezegd |
Labrador Retriever |
Utilisation |
Chien rapporteur de gibier. |
Bref aperçu historique |
Selon la croyance populaire, le Retriever du Labrador est originaire des côtes de Terre Neuve où les pêcheurs ont été vus utilisant un chien d’apparence similaire pour rapporter les poissons. Excellent chien d’eau, sa robe résistant aux intempéries et sa queue unique, dont la forme est semblable à celle d’une loutre, augmentent cette caractéristique. Par rapport aux autres, le Retriever du Labrador n’est pas une race très ancienne ; son club de race n’a été formé qu’en 1916 et celui du Labrador Jaune en 1925. C’est lors des épreuves du field que le Labrador a connu ses premiers succès, après son introduction en Grande Bretagne à la fin des années 1800 par le Colonel Peter Hawker et le Comte du Malmesbury. Un chien nommé Malmesbury Tramp a été décrit par Lorna, Comtesse Howe, comme étant l’un des ancêtres du Labrador moderne. |
Aspect général |
Fortement charpenté, au rein court, très actif (ce qui exclus les sujets ayant un poids ou une corpulence excessifs). Le crâne est large. La poitrine est bien descendue et les côtes bien développées ; le rein et l’arrière-main sont larges et puissants. |
Comportement / caractère |
Bon caractère, très agile. Nez excellent ; dent douce ; passion pour l’eau. Compagnon fidèle, capable de s’adapter partout. Intelligent, ardent et docile, il ne demande qu’à faire plaisir. Naturel amical, sans aucune trace d’agressivité ; il ne doit pas non plus se montrer craintif à l’excès. |
Tête |
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Région crânienne |
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Crâne |
Large, bien dessiné sans joues épaisses (viandeuses). | |
Stop |
Marqué. |
Région faciale |
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Truffe |
Large, les narines bien développées. | |
Museau |
Puissant ; il n'est pas en sifflet. | |
Mâchoires et dents |
Mâchoires de longueur moyenne ; mâchoires et dents fortes et présentant un articulé en ciseaux parfait, régulier et complet, c'est à dire que les insicives supérieures recourvrent les inférieures dans un contact étroit et sont implantées bien en équerre par rapport aux mâchoires. | |
Yeux |
De dimensions moyennes, exprimant l'intelligence et le bon caractère. De couleur marron ou noisette. | |
Oreilles |
Ni grandes ni lourdes, elles tombent contre la tête et sont attachées plutôt en arrière. |
Cou |
Net, puissant et solide, s'insérant dans les épaules bien placées. |
Corps |
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Ligne du dessus |
La ligne du dessus est horizontale. | |
Rein |
Large, court et fort. | |
Poitrine |
Bien large et bien descendue avec des côtes en plein cintre – cet aspect ne doit pas être dû à un excès de poids. |
Queue |
Trait distintif de la race très épaisse à la nassiance s'effilant progressivement vers l'extrémité, de longueur moyenne, dépourvue de frange, mais recouverte complètement d'un poil court, épais, dense qui donne une apparence de rondeur décrite sous le nom "queue de loutre". Elle peut être portée gaiement, mais elle ne doit pas se recourber sur le dos. |
Membres |
Membres antérieurs |
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Généralités |
Les antérieurs sont droits du coude au sol, qu’ils soient vus de face ou de profil. Membres bien positionnés sous le corps. | |
Epaules |
Longues et obliques vers l’arrière. | |
Bras |
Longueur voisine à celle de la scapula. | |
Avant-bras |
Bonne ossature et droits. |
Membres postérieurs |
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Généralités |
Bien développés, la croupe ne descend pas vers la queue. | |
Grassets |
Bien angulés. | |
Jarret |
L’articulation (pointe) des jarrets est bien descendue. Les jarrets de vache sont à proscrire. |
Pieds |
Ronds, compacts : doigts bien cambrés et coussinets bien développés. |
Allures |
Allures dégagées, couvrant bien du terrain. Les membres antérieurs et postérieurs se déplacent dans des plans parrallèles à l'axe du corps. |
Robe |
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Qualité du poil |
Le poil est un trait distinctif du Labrador. Il est court et dense, sans ondulations ni franges ; il donne au toucher l'impression d'être passablement rêche ; le sous-poil est résistant aux intempéries. | |
Couleur du poil |
Entièrement noir, jaune ou marron (foie-chocolat). Le jaune va du crème clair au roux (du renard), le marron (Foie/chocolat) va d’une teinte claire à une teinte plus foncée. Une petite tache blanche sur la poitrine et à l’arrière du métacarpe est autorisée. |
Taille et poids |
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Hauteur au garrot |
Idéale de 56 à 57 cm chez le mâle et de 54 à 56 cm chez la femelle. |
Défauts |
• Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sa capacité à accomplir son travail traditionnel. • Les défauts doivent être listés en fonction de leur gravité. |
Défauts entrainant l’exclusion |
Chien agressif ou peureux. Toute autre couleur de robe ou combinaison de couleurs. |
NB : |
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d'ordre physique ou comportemental sera disqualifié. • Les défauts mentionnés ci-dessus, lorsqu'ils surviennent à un degré très marqué ou fréquent, sont éliminatoires. • Les mâles doivent avoir deux testicules d'aspect normal complètement descendus dans le scrotum. • Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la reproduction. |
Bibliographie |
https://www.fci.be/ |
Compléments apportés par les visiteurs |
Originally one of the smaller variants of the old St.John's Water Dog, developed in the region off the Greenland coast and Newfoundland in Canada, the Labrador Dog was, alongside its larger cousin, the Newfie, used to help the fishermen by swimming out in the frozen waters and collecting their fishnets, as well as to pull smaller boats and retrieve fish that fell out of the net. The original incarnation of the Labrador wasn't as popular as the Newfoundland or other large St.John's dogs and this variety, known as the Lesser St.John's Dog or Small Water Dog at the time, was rapidly declining in numbers in the late 1700's. The modern Labrador Retriever breed was created in the early 19th century, when a number of surviving specimens was introduced to the Pole harbor in Dorset, onboard the trade ships delivering salted codfish and other merchandise from Canada. In England, hunters crossed these rugged water-loving dogs with a variety of common working and hunting breeds, resulting in an attractive, resilient and obedient stock of reliable gundogs that served as the foundation for the development of the famous breed we know today as the Labrador Retriever. It is uncertain which exact breeds were used in the Labrador's creation, but smaller specimens of the early British stock of Newfoundlands and old English Water Spaniels, as well as the Ca de Bestiar, Laboreiro Cattledog and even some variety of local bulldogges had been suggested. Whatever its true ancestry may be, the Labrador retriever was universally hailed as one of the most intelligent, friendly and obedient breeds ever created. An excellent retriever, the Labrador also became an immensely popular family companion and Show Dog in Britain in the first decade of the 20th century, after receiving official recognition by the English Kennel Club in 1903. It wasn't very long before the breed conquered the United States and was recognized by the AKC in 1917. The Labrador retriever has enjoyed great worldwide popularity throughout the 20th century and has remained the favourite breed of American families to this day. This is an agile and resilient breed, posessing impressive working abilities, which, when coupled with its willingness to please and trainability rarely matched in the canine world, make the Labrador an ideal choice for a service dog, a role that the breed has been fulfilling for many years when employed by the Police or the Military as a drug and explosive detecion dog. When bred properly, the Labrador Retriever is one of the most rewarding family pets and working dogs in the world, but the breed's popularity has resulted in a decline in quality, due to overbreeding and the appearance of bloodlines of questionable origin, especially in America. Uncharacteristic specimens are commonly encountered, slowly destroying the breed's well-deserved good reputation. Various health problems and unstable temperaments have been plaguing the Labrador for quite some time now, but there are still dedicated and serious breeders to be found, doing their best to preserve the true nature and proper type of this wonderful breed. A true Labrador is a rugged and solid dog of the light mastiff type, known for its massive, but muscular and athletic body, with a wide chest and sturdy legs. The muzzle and jaws are powerful and the proper head type is elegantly broad, known as the "Blockhead". However, there are too many untypical specimens with narrow heads and lightly built bodies, as well as being too tall and having shorter coats than preferred. In recent years, there has also been a growing number of aggressive examples reported, which many believe is a sure sign of unpure bloodlines. When raised properly, the Labrador Retriever is an affectionate and playful urban pet, tolerant of other dogs and an obedient and even-tempered companion. The coat is moderately short, flat and very dense. Originally accepted only in solid black, the Labrador eventually became allowed in yellow and brown colourings during the WW1 years. Still the most popular one, the black variety should be uniformly black in colour, although a small white patch on the chest is acceptable. Yellow dogs can range from very light cream to almost red shades, while the brown type varies from liver to chocolate solids. The ideal height is around 23 inches, but taller examples exist. |
Historique détaillé |
Le Labrador est la première race qui, tout en n'étant pas chien de garde et de défense, prétende à l'universalité. En effet, il n'est en général pas besoin qu'un chien brille dans des domaines utilitaires pour faire un excellent compagnon, et qu'une race possède d'illustres « états de service » dans une spécialité ne lui ouvre pas automatiquement les portes du succès. Mais, pour un chien d'abord devenu le plus réputé des Retrievers, le fait d'être utilisé aussi bien dans les luttes anti-drogue et anti-terroriste que comme guide d'aveugles ne manque pas de retentir durablement sur sa réputation. Une race démontrant d'aussi grandes qualités dans des tâches si variées ne peut qu'être excellente dans des rôles plus ordinaires. Ainsi, le Labrador avance sur une voie parallèle à celle du Berger Allemand, dans un style, avec une personnalité et des atouts tout à faits différents. Et, comme le Berger Allemand, il est né à la fin du XIXe siècle, pour connaître le succès après la guerre de 1914-1918. Quant aux origines du Labrador, elles restent enveloppées de brumes épaisses: celles qui ceinturent l'île de Terre-Neuve. Il n'y a pas de doute que le Labrador a effectué un long et profitable stage dans cette terre peu hospitalière. C'est là qu'il a pu se doter d'une résistance hors du commun, d'un goût prononcé pour l'élément liquide, du sens de la recherche et du rapport pour faire plaisir à son maître. Mais il y a peu de chances qu'il en soit originaire, car Terre-Neuve n'a été habitée qu'à partir du XVIIe siècle, et ce n'est sans doute qu'à cette époque que divers types de chiens y furent introduits. Ainsi, les colons britanniques, ayant besoin de chiens de bât et de traîneau, importèrent de l'Ancien Continent de très solides spécimens, qui constituent la base de la race Terre-Neuve, à l'évidence apparentée aux molosses de type montagne. Par ailleurs, les pêcheurs de Terre-Neuve, pour repêcher le poisson s'échappant des filets ou se décrochant des lignes, ont été aidés par des chiens de taille moindre mais très adaptés à l'eau. Pour se procurer ces chiens, ils n'ont pas pu puiser dans ce que la population canine européenne offrait de spécialistes aquatiques (tels le Barbet, le Chien d'eau Portugais ou les Water Spaniels) puisqu'aucun d'entre eux ne ressemble, de près ou de loin, au Labrador. S'ils ne sont pas venus de l'est, ces chiens sont, en toute logique, arrivés par l'ouest: la côte américaine n'est située, somme toute, qu'à quelques encablures de Terre-Neuve. En se fondant sur les points communs entre la race Terre-Neuve et les Retrievers (Chesapeake Bay, Golden, Flat Coated, Curly Coated et Labrador, bien entendu), on peut brosser le portrait vraisemblable de l'ancêtre du Labrador: un chien de taille moyenne mais très robustement bâti, avec une tête large aux oreilles tombantes mais pas très grandes, recouvert d'une pelisse plus remarquable par sa densité et son imperméabilité que par sa longueur. Malheureusement, cette supposition n'est étayée par aucun témoignage d'époque. Nul explorateur ou colon un peu curieux, sinon lettré, n'a laissé de trace écrite de ce type de chien, natif des côtes nord-américaines. Cette part de mystère n'autorise cependant pas à donner un crédit supérieur à d'autres hypothèses sur l'origine du Labrador. On a, par exemple, parlé de chiens scandinaves, en s'appuyant sur le fait que les Vikings ont été les premiers à découvrir ces régions. Mais on peut penser que leurs chiens n'ont pas laissé plus de traces que leurs installations. On sait aussi que les pêcheurs basques, dès le XVIe siècle, soit bien avant l'installation des Britanniques se rendaient jusqu'à Terre-Neuve. De là à imaginer que ces Basques ont laissé des Chiens des Pyrénées ou des Barbets, cela paraît assez chimérique. Quant à la troisième supposition, selon laquelle le Labrador serait issu du croisement entre un chien et une loutre, elle relève ni plus ni moins de la plus pure fantaisie. Le Labrador est donc malgré tout, vraisemblablement, issu de chiens américains, ainsi que sa dénomination invite d'ailleurs à le penser, et l'autorise, même, contrairement à ce qui se produit pour de nombreuses races canines. Ces chiens aidaient les tribus indiennes à pêcher dans les eaux poissonneuses mais diablement froides des rivages de la région qui a donné son nom à notre Retriever. Des pêcheurs occidentaux n'ont sans doute pas tardé à comprendre tout l'intérêt de se munir d'aussi rudes et enthousiastes compagnons, même s'ils ne payaient apparemment pas de mine. La modestie de tous ces acteurs, Indiens, pêcheurs et chiens, est sans doute la cause de ce qu'aucune relation écrite de leur histoire n'est parvenue jusqu'à nous. Cependant, le Labrador faillit bien disparaître. En outre, s'il débarqua sur l'Ancien Continent, s'il existe aujourd'hui, c'est bien grâce à un paradoxe, puisqu'on le doit aux mesures prises par l'administration terre-neuvienne pour limiter, de façon drastique, le nombre de chiens sur l'île. A la fin du XVIIIe siècle, la présence des chiens, tant des gros pour le trait que des plus petits pour la pêche, n'était plus indispensable. Des voies de circulation sillonnaient l'île, la pêche devenait quasiment industrielle. En 1780, le gouverneur Edwards décida de limiter à un par foyer le nombre des chiens, et en 1815, la mesure n'étant pas jugée assez incitative, la Cour des cessions redoubla de sévérité: tout chien non muselé devait être abattu. Que reprochait-on aux chiens? On ne le sait pas au juste. Etaient-ils vraiment trop nombreux? Auraient-ils gêné l'élevage des moutons? Toujours est-il que le message fut alors bien compris et que les Terre-Neuviens se débarrassèrent de la plupart de leurs chiens. Beaucoup traversèrent l'Atlantique et se retrouvèrent sur les quais de Poole, le principal port d'attache des morutiers britanniques, pour trouver un nouveau maître. Les plus grands, spectaculaires avec leur beau et long pelage, accaparèrent l'attention, et on leur attribua, outre la force, de grandes capacités de chiens d'eau, capacités quelquefois un peu usurpées, car on confondait les grands chiens de l'intérieur, avec ceux, plus petits, du rivage. En principe, ces derniers étaient appelés « Terre-Neuve de SaintJohn's », mais on peut supposer que chacun avait intérêt à entretenir la confusion: lorsque le chien était un peu petit, il n'en avait pas moins le goût de l'eau, alors que, très grand mais pas porté à plonger, il n'en était pas moins très beau. On peut aussi penser qu'il y eut sur l'île bien des mélanges entre ces types de chiens, ce qui ne facilita pas une distinction nette. Les authentiques Terre-Neuve de Saint John's étaient-ils condamnés à disparaître, ou du moins à se fondre parmi les chiens sauveteurs ou prétendus tels? Heureusement, il n'en fut rien, car ils intéressèrent les chasseurs, qui n'avaient pas besoin de chiens énormes, qui ne s'attachaient pas à la beauté de leurs auxiliaires, mais qui désiraient un retrouveur de gibier, capable d'aller chercher la pièce dans une eau glaciale et profonde. Ce sont donc les chasseurs qui, en adoptant ce chien un peu commun d'allure, au seul vu de ses qualités utilitaires, l'ont sauvé de la disparition. Mais ces chasseurs n'étaient pas n'importe qui; il ne faut pas les confondre avec ceux qui, modestement, se contentent d'un compagnon polyvalent, évoluant « sous le fusil ». C'étaient des landlords ayant à leur disposition de vastes domaines privés, très giboyeux, et les armes les plus sophistiquées du moment. On comprend qu'ils se soient montrés très exigeants quant aux performances de leurs auxiliaires. Leurs chiens d'arrêt devinrent donc très spécialisés, dotés d'un flair de plus en plus fin, et possédant des aptitudes athlétiques aussi exceptionnelles; ils ne gardaient pas le nez collé au sol, n'adoptaient plus le petit trot qui va de pair, mais ils galopaient, le nez en quête de l'émanation haute, plus subtile et plus fugitive. Ces éminents spécialistes ont pour noms Pointers et Setters. Evidemment, il ne fallait pas leur demander de stopper leur quête aussi rapide que stylée pour aller rapporter le gibier tiré, car c'était contrarier leur nature et leur dressage : ce travail nécessite d'examiner soigneusement chaque fourré, de suivre patiemment l'oiseau blessé qui s'enfuit, ou encore de traverser la rivière pour rapporter celui qui est tombé de l'autre côté de la rive. Et puis, comment être capable à la fois de tenir l'arrêt, de couler et d'observer avec précision le point de chute du gibier? Et si le chien se remet à l'arrêt, cela peut durer longtemps. Et il est un autre style de chasse, pour ceux qui s'intéressent surtout à leurs qualités de fine gâchette : la battue. Malgré un personnel nombreux, il arrive souvent que le tableau ne corresponde pas au nombre de pièces tombées. Dans chaque cas, il manque un personnage, un chien qui complète le travail des chiens d'arrêt, ou qui remplace avantageusement les hommes battant le buisson. Les grands chasseurs britanniques s'avisèrent que certains chiens en provenance de Terre-Neuve présentaient de remarquables dispositions, car, en plus d'une incroyable résistance à la fatigue et aux intempéries, ils montraient grand plaisir à rapporter à leur maître ce qu'il leur lançait ou leur désignait, même dans l'eau froide et profonde, là où le risque de perdre du gibier est le plus important. Certes, ces arrivants n'étaient pas des chiens de chasse à proprement parler, il leur manquait sans doute un peu de nez. Ils étaient également très divers d'apparence. Pour remédier à ces inconvénients, il y avait deux solutions: ou bien on croisait ces chiens avec des races de chasse, en leur conférant du même coup plus de flair, de plus grandes qualités de chasse, une plus belle allure ; c'était la voie la plus rapide ; ou bien on décidait de sélectionner, patiemment, en améliorant, en éliminant, ce qui promettait d'être plus long. Par la première méthode, on produisit le Flat Coated, le Curly Coated, le Golden, qui, c'est normal, furent sans conteste les premiers Retrievers à apparaître. L'autre chemin allait conduire au Labrador. Les confrontations entre les diverses races de Retrievers donnèrent souvent• raison à la seconde solution, mais il fallut quand même soixante-dix ans pour parvenir à l'affirmation de cette suprématie. Ce laps de temps est celui qui s'écoula entre les années 1820-1830, lorsque lord Malmesbury, lord Scott et d'autres nobles de Grande-Bretagne commencèrent à choisir leurs premiers Labradors parmi les chiens fraîchement débarqués de Terre-Neuve, et la fin du siècle dernier, quand la race commença à s'imposer en field-trials. Si l'on note que le progrès du Labrador était lié à celui des Pointers et Setters, qu'il fallait faire le tri entre tous les chiens terre-neuviens, d'aspect et de qualité très variables, tout ce temps, finalement, était bien nécessaire pour qu'un modeste chien de pêcheur devienne un brillant chien de chasse. Toute personne avertie ne peut donc que s'étonner d'entendre dire que le Labrador est un « brave père tranquille », prototype du chien de compagnie s'adaptant à tous les environnements, y compris les plus urbanisés. C'est comme si l'on prétendait tout simplement gommer les décennies de patiente sélection qui ont véritablement créé la race. On ne saurait nier, cependant, que la distance entre le chien des Terre-Neuve et le Retriever est moins grande que l'étendue qui sépare ledit Retriever et l'oisif citadin qu'on voudrait parfois le voir devenir, et demeurer. Reconnue officiellement par le Kennel Club en 1903, la race vivra sa période de pleine maturité pendant l'entre-deux-guerres : le Labrador triomphe alors aussi bien dans les concours de travail que sur les rings d'expositions, parvenant aux plus hautes marches des podiums (notamment à Cruft). Il est à ce moment le symbole de la haute société britannique, férue de chasse : lord Knutsford, la comtesse Howe, qui ont le plus contribué au perfectionnement du Labrador, ne souriraient-ils pas d'incrédulité si, aujourd'hui, on leur affirmait que leur race favorite est devenue une des plus populaires au monde, elle qui fut créée par et pour une élite de chasseurs. C'est pourtant bien ce qui est arrivé, notamment dans le monde anglo-saxon, des Etats-Unis à la Grande-Bretagne en passant par l'Australie, où le Labrador figure depuis nombre d'années dans les toutes premières places du box-office canin. Sans doute, un avenir aussi brillant est-il réservé à ce chien en France, où les premiers sujets se sont installés dès 1896. A partir de 1930, ses effectifs ont pris une valeur plus significative, grâce à la famille de Rothschild, et, depuis le début des années quatre-vingt, ils s'accroissent notablement. Le Labrador doit une partie de son succès à ce qu'il apparaît à la fois comme un chien chic, et même snob, n'ayons pas peur des mots, et comme un chien simple, brave de tempérament et à l'élégance discrète. S'il avait affiché une mise plus voyante, sa vogue aurait été moins grande; et le résultat aurait été le même s'il avait été uniquement le compagnon de personnes modestes. Bien évidemment, sa popularité ne résulte pas seulement de ce contraste, car il la doit aussi à d'éminentes et très appréciables qualités, qui découlent directement de son emploi originel. Un bon Retriever ; et le Labrador a prouvé qu'il était un des meilleurs, sinon le meilleur ; doit être obéissant, facile à dresser, capable de comprendre vite et bien, doué d'une grande mémoire, et, plus encore, il lui faut aimer obéir et travailler pour son maître (et non pour lui-même). De fait, le Labrador fait partie des chiens « précoces », qui ne tardent pas (vers huit ou dix mois) à savoir remplir leur tâche avec efficacité ou, en tant que compagnon, à assimiler parfaitement toutes les bases du savoir-vivre canin. Son métier premier exige qu'il suive son maître pas à pas, qu'il observe tous ses gestes et ses indications, c'est-à-dire qu'il ne voie la chasse qu'à travers ses yeux, alors que d'autres éminents auxiliaires du chasseur prennent un plaisir plus personnel à leur travail, lequel correspond plus directement à leur instinct, à savoir la quête du gibier. Il ne faudrait cependant pas faire du Labrador seulement un valet empressé. A ses dons d'observation (cette faculté qu'a le Retriever de repérer avec exactitude le point de chute du gibier est appelée le marking), à sa mémoire il joint l'endurance et le courage (quand il s'agit de plonger dans l'eau glacée), ainsi que le sens de l'initiative. Certaines de ces qualités le prédisposaient à devenir un excellent chien de compagnie. Sa robustesse n'est pas pour en faire un client assidu des cabinets vétérinaires, et son poil dense ne nécessite qu'un minimum d'entretien. Il est grand, ou plutôt il n'est pas petit, et surtout fort, actif, à l'évidence débordant d'énergie et sportif. Tolérant, affectueux, s'éduquant sans difficultés, ayant beaucoup d'affinités avec les enfants, capable de s'adapter à bien des situations : que demander de plus? Ce n'est pas véritablement un chien de garde, même s'il a, comme tous ses congénères, le sens du territoire. Ainsi, dans un pavillon isolé, il fera très valablement office de gardien, avec sa grosse voix et sa corpulence, mais sans agressivité exagérée, alors que, dans une maison où la porte est constamment ouverte aux amis et aux visiteurs, c'est sa nature sociable qui sera particulièrement appréciée. Cet hôte privilégié de l'Elysée qui, depuis soixante ans, s'est vu attacher le nom de Rothschild se satisfait pleinement de conditions de vie plus modestes. Un petit jardin lui suffit, pourvu que ses maîtres l'associent à leur vie, car on peut l'emmener partout : il ne cherche pas chicane aux autres chiens, il ne risque pas de mordre l'inconnu qui, attiré par son aspect sympathique, voudrait le caresser. Et rien ne lui fera plus plaisir que de longues promenades dans la nature ; on notera à ce propos qu'il n'est pas difficile de lui apprendre le rappel et qu'il n'est pas fugueur. Avec les enfants, il sera heureux de se dépenser, de défouler son trop-plein d'énergie, de déployer sa patience et sa gentillesse, ce qui ne l'empêchera pas de se faire respecter des petits diables, grâce à son gabarit. Y a-t-il possibilité d'aller se baigner? Voilà qui peut le combler de bonheur. Mais il faut savoir que son goût inné de l'eau ne dispense pas d'un minimum de prudence : un Labrador de deux ans qui n'a jamais vu d'eau, et qu'on pousse soudain de force, risque de n'apprécier que modérément l'expérience; de même, si on longe par hasard une rivière, son premier mouvement ne sera peut-être pas de piquer une tête dans l'eau. Mais, une fois les premiers contacts avec l'élément liquide établis dans des conditions favorables, il raffolera des baignades, il étonnera tout le monde par son énergie, sa résistance à la fatigue et son indifférence au froid. Cela est clair, mais il n'est pas inutile de le souligner haut et fort: en dépit de toute bonne volonté, le Labrador, ne saurait, pour s'épanouir, se contenter d'une vie exclusivement citadine et sédentaire, ni d'une existence solitaire. Sous son apparente bonhomie, ses rondeurs plaisantes (lesquelles sont en fait une protection naturelle contre le froid), c'est un vrai sportif, né pour travailler en équipe avec son maître en pleine nature et quelles que soient les conditions. Il lui faut donc nécessairement de l'exercice (et pas seulement de rapides sorties), la possibilité de faire le fou sur une pelouse. Mais encore, il a besoin de vivre auprès de ses maîtres. Autant que d'utiliser ses capacités athlétiques, il aime à faire plaisir à la famille, se rendre utile, même si ce n'est pas obligatoirement en chassant. En tout cas, il n'apprécie pas la solitude ou l'indifférence. Livré à lui-même une grande partie de la journée, ce chien sans problèmes et calme ne resterait pas débonnaire et risquerait fort de commettre des dégâts. Nul n'est parfait. Le Labrador ne naît pas tout éduqué et pondéré. Il fait certes son possible pour agréer aux désirs de ses maîtres, mais ce ne sera pas un modèle de sagesse si on ne fait pas preuve à son égard d'un peu de fermeté, de patience, si on ne fait pas l'effort de lui inculquer la base de l'éducation canine. Passer brusquement de l'indulgence, de l'indifférence à des coups de colère, à des excès de sévérité, voilà la meilleure façon de le heurter. Si le Labrador est sans nul doute un facteur d'équilibre dans une famille, il faut que cette dernière y mette un peu du sien. Outre son intelligence, le Labrador a été doté d'un flair exceptionnel. Dans divers pays, les services de l'armée, de la police, des douanes ont reconnu la valeur de ce chien pour toutes les fonctions ; et elles sont nombreuses ; autres que celles de gardien et de défenseur. Sa rusticité, le peu d'entretien qu'il exige, sa propension à travailler, son aptitude à apprendre s'allient à une finesse de nez qui lui permet de détecter toutes sortes d'objets et de substances. Il est donc devenu le chien détecteur de drogues le plus utilisé. On a pu constater qu'il décelait, à l'état de traces, la présence de toutes les drogues, dans les cachettes les plus ingénieuses, même lorsque mêlées à des substances très odorantes telles que l'ail ou l'oignon. C'est aussi un détecteur d'explosifs hors pair, même si ce travail est en parfaite contradiction avec son atavisme de rapporteur, puisqu'il s'agit de ne surtout pas se saisir de l'engin meurtrier après en avoir marqué l'emplacement. En Grande-Bretagne, où l'armée est, depuis de longues années, confrontée au terrorisme, on lui fait rechercher des armes: dans ce cas, c'est la présence de graisse qui lui permet de les détecter. On a ainsi vu un Labrador trouver des mitraillettes scellées dans un mur. Bien sûr, le chien ne s'attarde pas sur les armes qui sont à leur place normale, tel un fusil de chasse pendu à son râtelier. Une tâche déjà mise en œuvre dans d'autres pays est en cours d'expérimentation en France, dans la gendarmerie : repérer, dans un lieu public, l'individu porteur d'une arme à feu; grâce à son physique, le Labrador n'inquiète pas le malfrat, car il se contente de remuer de la queue quand il a senti un revolver. Ce chien peut rendre encore d'autres services appréciables : chercher des survivants dans des décombres, détecter les fuites de gaz. Sa vocation humanitaire de chien-guide d'aveugle, où sa pondération, ses capacités d'initiative font merveille, ont certainement grandement contribué à sa popularité. Dans ce domaine également, Il est le leader. On pourrait aussi citer ses performances dans des disciplines plus sportives qu'utilitaires, comme l'Obedience (concours d'obéissance, principalement répandus dans les pays anglo-saxons). Quant à insister sur son rôle traditionnel de retriever, cela n'est peut-être pas indispensable. Bien entendu, peu de chasseurs sont à même de posséder plusieurs chiens (chien d'arrêt et Retriever), mais le Labrador est, par excellence, l'auxiliaire des battues, qui fait honneur à son propriétaire par son obéissance et ses qualités de retrouveur, de rapporteur à la dent douce, assez fort pour ramener sans fatigue une grosse pièce, ne rechignant pas à traverser une rivière. Certains, enfin, utilisent le Labrador de façon peu orthodoxe, en lui demandant de quêter et de broussailler. Il s'en acquitte généralement fort bien. Les compliments ne tarissent pas, mais ils conviennent fort bien à ce chien capable de travailler dans les conditions les plus diverses, qui représente certainement le type du chien d'aujourd'hui et de demain, racé sans ostentation et sans artifice, chez lequel les questions de comportement ne sont pas laissées à l'arrière-plan par des considérations esthétiques. Le Labrador est l'image du bon et brave chien qui, aussi bien, sait se montrer attentif et prompt à comprendre, du compagnon calme mais capable de déployer une formidable énergie. Sa vogue est amplement méritée; il est à souhaiter qu'elle n'entame pas son capital de sympathie et d'équilibre. Pour conclure, on ne peut que donner raison aux amateurs les plus résolus du Labrador, qui s'attachent à maintenir et consolider sa vocation première de retriever, en organisant des field-trials ; à la française, le chien tenu en laisse, ou à l'anglaise, en liberté ; et en recherchant des reproducteurs récompensés en « travail ». Si cette spécialité a permis la sélection d'un chien disposant d'autant de qualités, pourquoi faudrait-il la délaisser? |