animalerie 
Cette histoire banale – puisqu’il ne s’agit que d’un chien sans nom et qu’elle n’empêchera pas les visiteurs de franchir les portes de ces commerces honteux et de s’extasier sur la souffrance de ces animaux en cages, cette histoire commence environ 8 semaines avant que vous ne pénétriez dans l’animalerie.

"Ici, il fait humide, froid et surtout sombre…si sombre !
Mon nom est : chienne de la 3ème cage de gauche.
C’est comme ça qu’ « ils » disent quand ils parlent de moi.
J’ai 3 ans et je suis enceinte d’environ 60 jours et j’ai si faim.
Heureusement, je crois que je recevrai encore quelque chose à me mettre sous la dent.
Un morceau de pain sûrement, mais j’ai depuis longtemps perdu l’espoir d’un repas plus substantiel et j’ai appris à m’en contenter.
Nous sommes environ 25 chiennes ici, toutes plus ou moins apparentées.
Ma maman se trouve 3 cages plus loin mais nous ne nous voyons jamais.
Nous ne sortons des cages qu’au moment de la saillie, et encore, le plus souvent, « ils » amènent le mâle ici. Il est enfermé 6 cages plus loin.
Je me demande souvent à quoi le monde extérieur ressemble. Est-ce partout aussi sombre et froid ?
J’ai tellement faim et personne ne vient.
Je sens les contractions de mon ventre, mes bébés ne tarderont plus, ils sont impatients, mais ici, l’expression « voir le jour » n’existe pas et je les retiendrais bien encore un peu.
Je n’ignore pas ce qui se passe en moi.
Après 5 portées sur un peu plus de 2 ans, j’ai l’habitude, tu sais."

Quelques jours plus tard...

"Mes chiots sont nés, je ne sais pas trop bien quand : le jour ou la nuit ?
C’est tout noir ici, alors on perd vite la notion du temps.
Il y a 3 mâles et 5 femelles.
Une des petites avait l’air si malade, elle n’a pas survécu 24h.
J’ai pleuré et gémi pour appeler à l’aide mais personne n’est venu.
Bien plus tard, « ils » ont emporté son petit corps sans vie en pestant sur « cette foutue chienne »
Je me demande bien où elle est maintenant.
Je suis toujours affamée et mes chiots aussi.
C’est dur, très dur, sombre et froid.
Mais la présence de ces petites vies autour de moi remplit mon cœur d’un peu de joie.
Pourtant, ils sont si étrangement calmes.
Aurais-je commis une faute, mon ventre me fait si mal."

Cinq semaines plus tard...

"Je suis seule.
Hier « cet homme » m’a enlevé mes chiots.
Ils sont si petits, trop petits.
J’ai essayé de protester mais une claque sur la tête et un coup de pied dans le ventre m’ont fait taire.
J’avais espéré que cette fois au moins, ce serait différent.
L’heure de la séparation n’avait pas encore sonné.
Où sont-ils maintenant ?
Ils ne connaissent rien du monde extérieur.
Il y a tant de choses que j’aurais voulu leur apprendre mais je n’ai jamais connu que cette cage !
J’y suis née et je ne l’ai jamais quitté.
Mon ventre me fait terriblement souffrir.
La solitude est insupportable.
Jamais personne pour jouer, jamais une main amicale ne s’est posée sur moi. J’ai sûrement commis une faute.
Pourtant, j’accueille gentiment « cet homme » dans l’espoir d’un mot gentil, une petite caresse.
Je dois certainement avoir commis une faute.
Mon ventre me fait tellement mal.
J’espère que mes petits sauront se débrouiller, je leur ai si peu appris dans cette cage.
3 d’entre eux sont si malades, j’espère qu’ils s’en sortiront.
La douleur devient de plus en plus intense, je gémis de douleur mais personne ne viendra à mon secours.
Je suis seule et misérable.
Quel crime ai-je donc commis ?
La douleur augmente encore au fil des heures.
Je brûle de fièvre, j’ai cessé de geindre. Mais personne ne vient.
Comme d’habitude, j’affronte seule ma détresse.
J’ai chaud et puis froid, si chaud et encore si froid.
J’ai mal, si mal.
Je ne sais pas combien de temps je tiendrai.
J’aurais voulu garder mes bébés encore un peu, et voir le monde extérieur au moins une fois.
Fait-il aussi sombre là-bas ?
La douleur est intenable.
Je crois que je vais m’endormir pour ne jamais me réveiller.
Mais tu sais, ma maman m’a raconté l’histoire d’un monde avec des arbres, des pelouses verdoyantes et la chaude lumière du soleil…
Il y avait d’autres chiens pour jouer…
Qui sait…peut-être que c’est là que je vais…"

Quelques heures plus tard, « l’homme » est venu, il a grommelé un juron contre cette sale bête de chienne et appelé en disant : « hé, ici, y en a une de crevée»…

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