Lorsque les cynologues commencèrent à remarquer le Border Terrier, au milieu du XlX" siècle, ce chien était depuis fort longtemps déjà un élément familier des campagnes du Cumberland et du Westmorland, dans le nord de l'Angleterre. Des gravures du XVIIe siècle montrent en effet qu'il avait su s'attirer les sympathies des seigneurs qui chassaient à courre le renard, mais aussi celles des paysans qui avaient trouvé en lui un gardien intraitable des animaux de basse-cour et des moutons.
Protecteur des troupeaux contre les prédateurs, se substituant en quelque sorte aux bergers que l'habitat dispersé de ces régions brumeuses au climat rude empêchait d'être toujours sur place pour veiller sur leur cheptel, le Border Terrier allait contribuer à la sauvegarde du patrimoine des paysans anglais pour qui la laine (connue dans le monde entier sous le nom de cheviot, du nom des monts dont est originaire le Border) constituait la richesse première. Très populaire, le Border Terrier devint par là même le héros de récits et de légendes dans lesquels les auteurs se plaisaient à dresser de lui un tableau apologétique.
Appelé autrefois Reedwater Terrier (Terrier des rivières à roseaux) ou Coquetdale Terrier (Terrier du vallon coquet), le Border Terrier tire son nom actuel (qu'il reçut vers 1880) de sa région originelle, aux confins de l'Angleterre (border voulant dire frontière en anglais). Quant à connaître ses ancêtres proprement dits, les cynologues, après bien des discussions, s'accordent aujourd'hui à admettre qu'il a des liens de parenté avec le BedIington, le Dandie Dinmont, le Lakeland Terrier, ces trois chiens étant nés dans des régions rapprochées les unes des autres, ainsi qu'avec le Redesdale, un White Terrier aujourd'hui disparu, auquel les chiots Borders doivent certaines petites taches blanches.
Apprécié de plusieurs familles du Northumberland, notamment des Dodd et des Robson, qui élevèrent divers sujets avant de les croiser, les Border Terriers participèrent au début du siècle à diverses expositions dans les Border Counties, et plus particulièrement dans le Northumberland. C'est à cette époque que des cynophiles, enthousiasmés par l'aptitude de ces chiens au travail et craignant qu'ils ne souffrent de la concurrence d'autres races de Terriers, décidèrent de créer le Northumberland Border Terrier Club, quelques années avant que le British Kennel Club enregistre le premier Border Terrier dans la catégorie des chiens peu connus et étrangers (en 1913). Ce chien répondait au nom de Moss Trooper (Cavalier des tourbières), un nom que sa propriétaire Miss May Rew lui avait probablement donné en référence aussi bien à son pays d'origine, marécageux et vallonné, qu'aux qualités dont il était doué. Le Club créa son propre registre en marge des instances officielles britanniques, mais son audience décrut peu à peu. En 1920, le Northumberland Border Terrier Club avait cessé d'exister, au moment même où un autre club, le Border Terrier Club, voyait le jour. Ce dernier est toujours en activité aujourd'hui, et il peut être considéré comme le véritable club de la race. C'est cette même année que le Kennel Club reconnut officiellement le Border Terrier. Le Club établit un premier standard, qui modifiait d'ailleurs très peu ses caractéristiques originelles, faisant du Border-Terrier un chien de travail mais aussi d'exposition.
Le Border Terrier jouit d'un certain renom en Suède, mais c'est naturellement dans son pays d'origine et dans l'Empire britannique qu'il s'est surtout implanté, jusques et y compris en Afrique du Sud. En France, enfin, et ceci confirme le caractère confidentiel de la race, il n'y a eu que 76 inscriptions au Livre des origines depuis 1920. La dernière portée déclarée, de 4 chiots, remonte au 31 octobre 1986. On peut en déduire qu'il y a actuellement une vingtaine de Border Terriers dans l'Hexagone. |